samedi 31 janvier 2009

Le “laboureur de Dieu“. - 3. T.O. Vendredi imp. - (Marc 4.26.34)

«Voyez ce grain de blé, semble nous dire Notre Seigneur ; il va germer, la tige va pousser, il va donner du blé, que le semeur y pense ou non…, "qu'il dorme ou qu'il veille"» (Mc 4/27).

La remarque est d'importance. Le paysan n'a pas besoin de tirer lui-même chaque jour sur la tige pour qu'elle grandisse. Elle grandit toute seule, indépendamment de lui, en vertu de sa propre force vitale.

Certes, il a fallu la préparation du labour et des semailles, les travaux de la moisson. Cependant, l'énergie qui accomplit le travail essentiel est autre, c'est celle qui habite mystérieusement le grain de blé. Elle ne vient ni du laboureur, ni du semeur. Sa croissance est indépendante de leurs inquiétudes ou agitations. Ils doivent s'armer de patience en attendant que l’heure de la moisson vienne !

Il en va de même pour le Royaume de Dieu. L'énergie vitale qui fait grandir ce Royaume en nous et parmi les hommes dépasse de très loin nos ressources humaines, elle vient de Dieu.

Certes, nous n'avons pas à rester inactifs. La Parabole n'invite pas à la paresse ; nous devons être laboureurs et semeurs… Mais, ne l'oublions pas, lorsque le Royaume de Dieu est “en jeu“, il ne s'agit plus seulement de notre œuvre. C'est d'abord et surtout l'œuvre de Dieu…

Et il nous est bon, à nous qui sommes facilement pressés devant… les “lenteurs de l'Eglise“ (dit-on parfois), les difficultés de notre vie chrétienne ou celles des plus jeunes, de com­prendre que Dieu est patient, qu'il accepte, pour son œuvre de salut parmi les hommes, cette loi de lente croissance qui régit toute vie.

Je sais bien, par expérience, qu'il est parfois dif­ficile de partager cette patience, cette confiance, cette espérance en l'heure de Dieu… Nous voulons bien semer, mais nous voudrions voir la Moisson…; et entre ces deux moments, nous croyons que c'est à nous d'agir ; nous voulons intervenir, tirer sur la tige pour qu'elle grandisse ! Le Seigneur nous dit : «Qu'il dorme ou qu'il se lève, la Semence germe et gran­dit…».

Je ne sais ce que, chacun d'entre vous peut penser face aux diverses difficultés rencontrées.

Personnellement, j'y vois un triple appel :
  • Un appel à l'action : Pour faire grandir le Royaume de Dieu, là où nous sommes, Dieu nous demande de labourer, semer, arroser. Le chré­tien est le collaborateur de Dieu. Que faisons-nous ?
  • Un appel à l'humilité : C'est bien d’appeler à l'engagement, à la générosité apostolique. A condition, toutefois, de ne pas oublier l'action permanente de la grâce. St Paul le disait déjà : «Celui qui plante n'est rien, celui qui ar­rose pas davantage… mais celui qui donne la croissance, c'est Dieu» (I Cor 3/7).
  • Un appel à la Foi et à l'Espérance : nous sommes asso­ciés à l'œuvre de Dieu, au miracle du grain qui pousse tout seul, au miracle des hommes de partout qui deviennent enfants de Dieu. Cessons de nous inquiéter, de vouloir presser le pas ; faisons confiance à l'action invisible de Dieu.

Travail, engagement, certes ! Mais aussi et surtout : humilité, foi, espérance, confiance ! Confiance en Dieu !

L’espérance ! - 3 T.O. Jeudi imp. - (Mc 4.21-25)

A la suite de la parabole d’hier, de ce grain de blé tombé en terre qui, malgré les apparences, se multiplie et porte des fruits, la lecture d’aujourd’hui engage à toujours garder espérance : “Continuons, sans fléchir, d’affirmer votre espérance. Car il est fidèle Celui qui a promis. Soyons attentifs les uns aux autres pour nous stimuler à aimer et à bien agir“.

Espérer contre toute espérance, disait St Paul.

Oui, toute la Bible crie l'Espérance, une espérance têtue, plus vivace que tous les défaitismes. Non pas l'espoir qu'inventent les hommes pour ne pas mourir. L'Espérance vient au secours de l'espoir comme on greffe un rameau sauvage. L'Espérance dit à l'espoir : «Tu ne te trompais pas. Le seul tort de ton rêve, c'est d'attendre trop peu !». Peut-être, parfois, faut-il que l'espoir craque pour que commence l'Espérance.

Certes, les motifs de découragements sont innombrables. L'inventaire des ténèbres de la condition humaine pourrait engendrer en nous le cynisme le plus total. On ne peut pas nier le mal. Oh, que non ! Et même, certains sont entraînés jusque dans les bas-fonds de la condition humaine et vont jusqu’à la boue la plus boueuse. Le Christ lui-même a été jusque là ! Alors, dans le labyrinthe des ténèbres, il faut emporter le fil d'Ariane de la Parole de Dieu.

C’est l’une des recommandations de l’évangile d’aujourd’hui : “Si quelqu’un a des oreilles, qu’il entende“. Qu’il entende la Parole de Dieu ! “Ayez donc un cœur qui écoute“, dira St Luc.

Ecouter véritablement ! “Audire“ Ecouter conduit à obéir (ob-audire : même étymologie) à Dieu, c’est-à-dire à découvrir sa volonté aimante à notre égard. C’est ainsi que nous parviendrons à être de plus en plus à son “image et à la ressemblance“ … au jour éternel.

« Dieu Saint, Dieu FORT! » - 3 T.O. Lundi imp. - (Mc 3.22-30)

Quand on est étonné et que l’on ne comprend pas, on prend pourtant trop facilement - et malheureusement - position pour ou contre, car il faut bien - orgueilleusement le plus souvent - donner une explication. C’est fréquent cela. Pourtant, il n’y a aucune honte à dire parfois : “Je ne sais pas“ !

Ainsi, les concitoyens de Jésus, ceux de Nazareth, à qui on rapporte ses paroles et surtout ses actes de guérison se positionnent facilement vis-à-vis de ce garçon qu’ils ont vu grandir et qu’ils sont sensés bien connaître. Certains diront : “Tout ce qu’il fait est admirable !“. Et d’autres, évidemment et avec superbe : “Il a perdu la tête“ (Evangile de Samedi).

Aujourd’hui, l’évangile nous présente des scribes qui viennent pour une enquête sans doute au sujet de ce Jésus déroutant et peut-être inquiétant ; ce n’est pas la première fois ! (cf. Jean 1.10. Et très vite, ces scribes de conclure avec arrogance : “Il est possédé par Béelzéboul !“. Au fond, c’est la même interprétation que celle de la parenté de Jésus (“Il a perdu la tête“) ; mais on pourrait dire que les scribes la formulent “en théologiens“. C’est quand même beaucoup plus grave. “C’est par le chef des démons qu’il chasse les démons“. Il y a là déjà un progrès dans l’hostilité par rapport aux scènes de “controverse“ de la section précédente : on traite Jésus de suppôt de Satan. Rien que cela.

Jésus répond par deux paraboles (première fois que le mot est employé en St Marc). L’une nous est très compréhensible : “Si une famille est divisée, cette famille ne peut pas tenir“. C’est d’actualité malheureusement ! L’autre est plus osée : il s’agit d’un cambriolage. Est-ce une bonne comparaison ? En fait, cette comparaison est au service d’un seul aspect : le fait qu’un “plus fort“ est à l’œuvre. Et le “plus fort“ ici ne peut désigner que Jésus. Jésus est plus fort que Satan ! Une anecdote : Quand Jean XXIII annonça l’ouverture d’un Concile, un de ses cardinaux lui dit : “Vous allez déchaîner le diable“. Et le bon Pape Jean de répondre : “Oui, je sais, je sais ! Mais nous sommes (avec le Christ) plus forts que le diable !“. Nous-mêmes avons-nous suffisamment foi en cette réalité. Unis au Christ, nous avons la force même de Dieu !

Ne pas croire à cette réalité, en tant que chrétiens, c’est peut-être le “péché contre l’Esprit Saint“ dont il est question ensuite. Dieu est en nous depuis notre baptême. Il nous conduit par son Esprit : “Seuls sont enfants de Dieu ceux qui se laissent conduire par son Esprit“ (Rm 8.14). Nous ressentons cette présence agissante de l’Esprit, sa force en nous. Et non seulement nous n’agissons pas en conséquence par faiblesse - bien sûr ! -, mais nous nions cette présence en nous ! Nous n’en tenons pas compte, et consciemment.

Mais, “si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité Jésus Christ d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous“.

La « Montagne » ! - 2 T.O. Mardi imp. - (Mc 3.13-19)

“Jésus s’en alla dans la montagne et il appelle auprès de lui ceux qu’il voulait“

“La montagne“ est dans la Bible et dans les évangiles plus un lieu théologique qu’un lieu topologique. Et cela depuis Abraham qui, à l’appel de Dieu, partit avec Isaac, vers la montagne de Moriah pour y sacrifier son fils (préfiguration de la croix et de la résurrection) : “Même un mort, se disait-il, Dieu est capable de le ressusciter. Aussi, dans une sorte de préfiguration, il retrouva son fils !“. (Heb 11.17).

Ce fut ensuite le départ des Hébreux d’Egypte vers la montagne du Sinaï afin de passer de la “servitude“ (esclavage) au “service“ de Dieu (même jeu de mots en hébreu). Là, au Sinaï, Dieu fit alliance avec le peuple !

Et ce peuple, après quarante ans, se stabilisa en la “terre promise“ au tour de la montagne de Sion, “ce lieu que Dieu avait choisi pour y faire habiter son Nom“. Voilà l’important ! Elle n’est pas haute, cette montagne de Sion, mais Dieu l’a choisie ! “Montagne de Bashan (Hermon), montagnes sourcilleuses, pourquoi jalouser la montagne que Dieu a choisie ?“ (Ps. 68.16).

Jésus lui-même reprendra ce même parcours de montagne en montagne à la suite de Moïse (et d’Elie également).

C’est la première fois, en notre passage d’aujourd’hui, qu’il est question d’une montagne en St Marc. Or, près du lac, il n’y a pas de montagne véritable. D’ailleurs, il n’y a aucune précision de lieu. Peu importe. La “montagne“ est le lieu de la solitude, de la prière, de la proximité avec Dieu. Jésus monte donc sur une montagne pour signifier qu’il va accomplir quelque chose d’important de sa mission : l’institution du groupe des douze apôtres qu’il enverra ensuite dans le monde entier.

Puis Jésus se dirigera vers les hauteurs de l’Hermon. Là, aura lieu un autre événement important : la Confession de Pierre. Jusque là, partout à la vue de Jésus, on demandait - d’après Marc - : “mais qui est donc cet homme“ qui parle comme jamais homme n’a parlé et qui accomplit des merveilles ? Dans les montagnes du Nord, c’est Jésus qui pose la question : “Pour vous, qui suis-je ?“ Et Pierre répond admirablement au nom des Douze : “Tu es le Christ !“. (8.29) C’est la fondation de l’Eglise.

Et quelques jours après, encore sur une “haute montagne“ Jésus leur dévoile le sens de l’“Exode“ qu’il va accomplir à Jérusalem (son mystère pascal). C’est la Transfiguration.

Enfin, résolument dira St Luc, il se dirigera pour accomplir sa “Pâques“ vers Jérusalem, cette montagne que “Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom“ et ainsi se dévoiler au monde entier.

Si, dans la Bible, la montagne est souvent lieu de solitude, de détresse, de tentation, c’est également le lieu où Dieu parle. Dieu dira par le prophète Amos : “Au désert, je parlerai“ (en hébreu il y a un jeu de mot : “midbar dibarti“). Dieu parle. Et il se révèle toujours de façon personnelle afin que chacun le suive à travers son mystère pascal vers la solitude de la mort, certes, mais surtout vers la VIE.

“Ce Dieu est pour nous le Dieu des victoires et les portes de la mort sont à Dieu, le Seigneur“ (Ps 68.21).

En écrivant ainsi, je pense particulièrement à ceux qui traversent de dures combats - physiques ou spirituels - comme des “combats à mort“ ou à ceux qui approchent de la mort à ce monde. Je pense à ceux-là et me permets de leur dire la parole du Christ : “Pour vous, je suis le VIVANT !“.

“La « BONNE NOUVELLE » pour tous “ ! - 2 T.O. Jeudi imp. - (Mc 3.7-12)

Nous suivons, en cette année liturgique, l’évangile selon St Marc. Cet évangile connaît aujourd’hui un grand intérêt. Certains voient dans cet intérêt “un signe des temps“. Ne serait-ce pas, a-t-on dit, que notre époque vit la situation ecclésiale qu’ont connue Marc et les siens ? On peut dire que l’Eglise, çà et là, redevient ce qu’elle était à l’époque de Marc (à Rome) : minoritaire, réprimée, parfois persécutée au point d’être menacée dans sa survie. C’est pourquoi il est permis de considérer l’actualité de Marc comme un signe des temps. Marc nous interpelle par-delà les siècles qui nous séparent pour nous entraîner avec l’espérance qui l’anime au milieu de la crise : “Celui qui tiendra jusqu’à la fin sera sauvé !“ (13.13).

Aussi - c’est simplement un conseil -, prenez le temps de lire cet évangile, tranquillement, d’un bout à l’autre. Cela demande environ une heure 15 mn. C’est le seul moyen d’en saisir le fil conducteur, de percevoir le développement des thèmes, les intentions de Marc.

L’intention de Marc est claire, dès les premiers mots : “Commencement de l’évangile (Bonne Nouvelle) de Jésus, Christ, Fils de Dieu“. Tout est déjà dit. Marc définit là son programme.

Alors que Matthieu parle d’un livre, Luc d’un récit, Marc propose le mot “Bonne Nouvelle“ qu’il emploie assez fréquemment et presque toujours dans la bouche de Jésus.

Et ce mot “Jésus“ est suivi de deux qualificatifs :
  • Christ : traduction de l’hébreux “Messie“ : “consacré par l’onction“.
  • Fils de Dieu.

Ces mots disent non seulement l’intention de Marc, mais sa foi et celle de ses lecteurs, face au paganisme ambiant. C’est notre foi !

Notre passage d’aujourd’hui est le commencement des activités de Jésus. Ce sommaire, très général, sur les guérisons et les exorcismes de Jésus est un admirable tableau de Marc qui décrit bien la scène. Il veut montrer l’effet puissant et l’attraction exercée par Jésus et sa puissance pour guérir, exorciser.

Il faut bien remarquer également : on vient non seulement de la Galilée, mais de toutes les régions, celles habitées par les Juifs, et celles habitées par les païens. Cet universalisme est à noter. Il est important chez Marc. L’énumération veut embrasser toutes les régions. Le parcours est circulaire : on va du Nord au Sud : Galilée – Judée - Jordanie, puis à l’est (Transjordanie) pour remonter au Nord ouest : Tyr et Sidon. Toute cette foule représente Israël mais surtout toute l’humanité malade dont Jésus est le médecin. Ce rassemblement prépare l’institution des Douze qui va suivre. Ils seront envoyés dans le monde entier.

De plus, on est au bord de la mer (lac). Il y a un vif contraste avec la scène précédente qui se passait à l’intérieur d’une Synagogue. Contraste aussi entre l’hostilité dont Jésus est l’objet dans les scènes précédentes et cet enthousiasme des foules au bord du lac.

Sans m’attarder sur cette présentation, je me permets de poser cette question : Et nous, que faisons-nous pour cette foule qui nous entoure aujourd’hui et qui est si loin de Dieu, comme au temps de Marc ? L’évangéliste nous invite à l’essentiel : transmettre une “Bonne Nouvelle“ - celle de Jésus, Christ et Fils de Dieu !

jeudi 22 janvier 2009

Roi et prêtre de la Création - 2 T.O. Mercredi imp. - (Heb 7.1…17)

On peut imaginer. Jésus passait souvent dans la vallée du Cédron, en contrebas du mont des Oliviers et près de Jérusalem sise sur cette petite colline de Sion que “Dieu a choisi pour y faire résider son Nom“.

On peut imaginer : Jésus passe dans cette vallée appelée encore “vallée des rois“ ! Et là, se souvenant certainement de son ancêtre David qui a fait la conquête de cette petite colline de Sion, “la montagne de Dieu“, il pense aussi à Abraham, l’ancêtre de tout son peuple, à Abraham, “notre père dans la foi“ marchant vers le mont Moriah - et c’est peut-être encore Sion - pour “voir celui qui nous voit sans cesse“ !

Alors, on peut encore imaginer : dans cette “vallée des rois“, Jésus refait, comme Abraham, la rencontre avec ce mystérieux personnage, Melchisédech, rois de Salem, est-il dit – c’est encore Jérusalem sans doute.

Ce Melchisédech est roi ! Comme à Adam, Dieu lui a donné les biens de ce monde.

Ce Melchisédech est prêtre : Comme Adam en avait reçu vocation, il fait hommage à Dieu de tout ce que le Créateur lui a donné.

On peut imaginer : dans cette “vallée des rois“, près de Jérusalem où il va faire hommage, offrande de tout lui-même à son Père au nom de toute la Création, Jésus s’identifie à ce mystérieux personnage des premiers temps, roi et prêtre, selon la vocation d’Adam.

Jésus se retourne en quelque sorte avec ce mystérieux personnage vers l’Alpha de l’histoire, le commencement.
  • Comme Adam (et son descendant Abraham), “sans père, sans mère, sans généalogie“, Jésus ramasse en lui-même, comme prêtre, toute la création pour en faire hommage au Créateur, à la manière de Melchisédech.
  • Comme Adam (et son descendant Abraham), Jésus est roi…, roi de justice pour “ajuster“ toute chose à Dieu ; il est roi… de paix en partageant avec justice les biens du Créateur à tous les hommes sans exception, à la manière de Melchisédech.

Et c’est là qu’on peut non plus imaginer mais penser : Jésus réconforté comme Abraham par ce mystérieux personnage Melchisédech, après avoir jeté un regard vers l’Alpha de l’histoire, reprend sa route vers l’Oméga de l’histoire, en tant que roi et prêtre “à la manière de Melchisédech“ : en lui, il reprend toute la création - il en est le roi - pour en faire, en sa personne, hommage à Dieu son père - car il est le prêtre par excellence -. - Il se dirige vers Jérusalem avec tout le cortège de l’humanité “pour voir celui qui nous voit sans cesse“. Il va vers cette Jérusalem, “la ville pourvue de fondations dont Dieu est l’Architecte et le constructeur“ (Heb 11.10).

Et nous, chrétiens, incorporés au Christ, vivons avec lui dans le temps présent comme “roi de la Création“, mais en faisant cependant hommage de toute notre vie au Créateur.

Et avec le Christ, nous parviendrons de plus en plus à discerner la présence de Dieu en notre vie, marchant avec lui, vers la Jérusalem céleste pour parvenir finalement, en tant que roi et prêtre, à “voir celui qui nous voit sans cesse“.

Tout est à vous, disait St Paul. Mais vous, vous êtes au Christ, Roi eet prêtre à la manière de Melchisédech. Car le Christ, lui, est à Dieu !

mardi 20 janvier 2009

Le CHABBAT ! - 2 T.O. Mardi imp. (Mc 2.23-28)

Quel est donc le sens du chabbat si critiqué, semble-t-il, au temps de Notre Seigneur et aujourd’hui encore, peut-être ?

Il faut d’abord relire le passage de l’Exode (31.12sv) : “Vous observerez mes chabbats, car c’est un signe entre vous et moi d’âge en âge pour qu’on reconnaisse que c’est moi le Seigneur qui vous sanctifie… Pendant six jours, on fera son ouvrage ; mais le septième jour, c’est le chabbat, le jour de repos consacré au Seigneur… pour en faire, d’âge en âge, une alliance éternelle… Il est le signe qu’en six jours le Seigneur a fait le ciel et la terre, mais que le septième jour, il a chômé et repris son souffle…“

Dieu a tout créé. Il a créé l’homme “à son image et ressemblance“. Il l’a donc associé et l’associe à son projet créateur. Oui, Dieu a un projet : il met l’humanité en marche vers une ville dont lui est “l’architecte et le fondateur“ (Heb. 11.10). Cette ville sera faite de “pierres précieuses“. Et il n’y a pas deux pierres précieuses semblables (Apoc. 21).

ais au lieu de rentrer dans le projet de Dieu avec enthousiasme, avec foi, confiance et amour, les hommes “s’amusent“, si je puis dire, à élaborer des contre-projets. Ils font des “brisques“ pour construire à leurs idées, une ville, une tour de Babel… : “Faisons des briques et construisons une ville…, une tour… Faisons-nous un nom !“. (Gen 11).

Que se passe-t-il alors immanquablement ? Au lieu de remonter vers son Créateur dans un élan harmonieux d’action de grâces, le monde, par la faute de l’homme qui est bien le roi de la création mais qui oublie d’en être le prêtre, qui oublie d’en faire hommage à Dieu, retombe alors dans le chaos, dans la multiplicité du chaos. Et l’homme lui-même ne comprend plus rien… Il était fait pour les épanouissements d’une fécondité extraordinaire grâce à son alliance avec son Créateur. Et le voilà qu’il tombe dans les esclavages de la production : “faire des briques“ et encore des “briques“. Et “faire des briques“, c’est élaborer son système à soi : on adore l’œuvre de ses mains.

Nous sommes faits pour un bon usage de la création dans l’action de grâces et aussi le partage. C’est la vocation de l’homme à la fois royale et sacerdotale. Il prend possession du monde et, par ses diverses activités, il l’élève vers Dieu son Créateur. A ce moment-là, il y a une harmonie qui s’établit : chaque homme peut trouver sa place. Sinon l’homme se précipite égoïstement sur les biens de consommation, sur les “briques“ qu’il a faites en dehors du projet de Dieu… Il en devient même esclave comme au temps de l’Egypte. Et c’est la division, la guerre.

Oui, l’action de grâce est la clef de l’harmonie universelle : “Tu béniras ton Dieu…“ ; tu feras la bénédiction (sens du mot eucharistie).

“Bénis le Seigneur, ô mon âme ! Seigneur, mon Dieu tu es si grand !“ (Ps 104)

L’homme est fait pour chanter, pour rebondir de tout son être dans un sentiment de reconnaissance. De par sa condition initiale, il est un “être royal et sacerdotal“ : il prend possession du monde (il en est le roi) et il doit rebondir dans l’action de grâce (il en est le prêtre). Il “fait hommage à Dieu“ de toute la Création.


“Toute ma vie, je chanterai le Seigneur ;
le reste de mes jours, je jouerai pour mon Dieu.
Que mon poème lui soit agréable.
Et que le Seigneur fasse ma joie“ (Ps 104. 33-35).

Pour un Juif (mot dont la racine veut dire “merci“, en quelque sorte), user des biens de la création en oubliant d’en “rendre grâce“, c’est un vol. Aussi toute la vie juive est rythmée par des bénédictions. Depuis le Concile Vatican II, l’Eglise a repris la formule juive de la bénédiction du pain et du vin au début de l’Eucharistie : “Béni sois-tu, Roi de l’Univers, qui fais sortir le pain de la terre. Béni sois-tu, Roi de l’Univers, qui donne le fruit de la vigne“. Jésus institue l’Eucharistie dans le cadre du repas d’action de grâce.

Nous sommes faits pour “rebondir“ de tout notre être dans l’action de grâce, en écho à la Parole de Dieu qui est faite pour descendre jusque dans nos entrailles… (Cf Ez. 3.1 sv).

“Par lui, avec lui et en lui, dans l’Esprit Saint, tout honneur et toute gloire au Père“. Voilà le sens du chabbat. Et pour nous, le Dimanche ? Jour du Seigneur ?

dimanche 18 janvier 2009

Que Cherchez-vous, Qui Cherchez-vous ? - 02 T.O. 09 B – Dimanche

St Jean sait écrire et bien écrire. Tout son évangile en témoigne. Il ne laisse rien au hasard. Tout a une signification : les premiers mots, les précisions, jusqu’à la construction des épisodes qu’il raconte.

Ainsi, quand St Jean fait parler Jésus pour la première fois au seuil de sa vie publique, et quand il le refait parler pour la première fois au seuil de sa vie de Ressuscité au matin de Pâques, il nous transmet une même parole, une interrogation identique. Cette sorte d’inclusion littéraire veut marquer l’importance de cette parole du Seigneur, parole qu’il ne cessera de répéter tout au long de sa vie terrestre, parole qu’il ne cesse nous adresser du début à la fin de notre existence mortelle. Aux deux disciples qui le suivent, Jésus leur demande : “Que cherchez-vous ?“. Et à Marie-Madeleine tout en pleurs près du tombeau, Jésus formule la même interrogation : “Qui cherches-tu ?“. Comme à tous ceux qu’il avait rencontrés et qui lui demandaient quelque chose, il sollicitait une réponse à cette même interrogation : “Que cherchez-vous - Qui cherchez-vous ?“ .

Et nous-mêmes, si nous voulons suivre le Christ, aujourd’hui et demain, c’est cette même question qu’il nous faut entendre et recevoir. C’est à cette même interrogation qu’il nous faut répondre : “Que cherchez-vous - Qui cherchez-vous ?“ . Véritablement !

Quand on vieillit - et l’on vieillit tous les jours, n’est-ce pas - force nous est de réduire nos ambitions. C’est évident ! Dans l’enfance, la jeunesse, on voudrait embrasser le monde entier. On a des ambitions intellectuelles ; on voudrait faire de sa tête une encyclopédie vivante. On a des ambitions matérielles, sociales, voire religieuses de toutes sortes. Et il n’est pas rare d’entendre un enfant vouloir devenir tour à tour pilote de ligne, chirurgien, général et même - pourquoi pas ? - président de la République ? Bien sûr ! C’est que l’enfant a naturellement des ambitions… Et heureusement, d’une certaine manière !

Quand on avance dans la vie, il faut bien “en rabattre“ ! On s’aperçoit vite que nous n’avons pas assez de vigueur, assez de force pour tout embrasser ! Et alors, la sagesse aidant et l’âge aussi, on se dit : “il faut aller à l’essentiel !“. Mais où est cet essentiel : “Que cherchez-vous - Qui cherchez-vous ?

Oui, le Seigneur, tout en respectant notre liberté, ne cesse de nous poser la question des questions : “Que cherchez-vous vraiment ?“. Quelles sont vos intentions profondes, vos désirs les plus secrets, vos points de repères ? Quel est pour vous cet “essentiel“ de votre vie pour lequel vous seriez prêts à tout sacrifier ? Quel est le but de votre recherche ? En espérant que c’est bien vous qui menez votre vie et non point que ce soit la vie qui vous mène.

Mais si nous voulons répondre en toute vérité, il faut d’abord savoir écouter. On a dit que notre civilisation est une civilisation de l’image. Et c’est vrai depuis le cinéma, la télévision, internet… Mais c’est aussi une civilisation de l’oreille : mille paroles, mille bruits nous sollicitent inlassablement du matin au soir. Certains finissent même par y prendre goût au point qu’ils ne peuvent plus rien faire sans une “fond-sonore“ ! Le bruit, la parole nous envahissent littéralement. On entend beaucoup ! Mais savons-nous écouter ? Pourrions-nous dire comme le petit Samuel : “Parle, Seigneur, ton serviteur écoute !“.

Oui, je le crois, pour percevoir l’essentiel de la vie, pour pouvoir répondre à la question du Christ : “Que cherchez-vous - Qui cherchez-vous ?“ , il faut faire silence, faire taire bien des bruits à l’extérieur comme à l’intérieur de nous-mêmes, faire taire bien des bruits autant que nous le pouvons et écouter…, écouter de l’oreille du cœur. “Faites-donc attention à la manière dont vous écoutez, dira St Luc, ayez donc un cœur qui écoute“. Ce n’est souvent qu’à cette condition que Dieu pourra se faire entendre. Nombreux sont ceux qui n’apprirent à écouter, à rencontrer Dieu que dans le silence d’un désert, correspondant à cette invitation de Dieu à travers le prophète Osée : “Au désert, je lui parlerai“. Et dans l’hébreu, il y a un jeu de mot significatif : “mitbar, dibarti“ - “au désert, je parlerai“.

Oui, il faut, dans un silence intérieur, savoir écouter ; alors, il est possible de lancer cette supplication : “Parle, Seigneur, ton serviteur écoute !“. - Il est dit encore : “Quiconque invoquera le Nom du Seigneur sera sauvé !“. Et St Paul de demander : “Mais comment l’invoquer sans avoir cru en lui ? Et comment croire en lui sans l’avoir écouté ?“.

Oui, il faut savoir écouter pour découvrir l’essentiel de notre vie et pour pouvoir alors répondre à la question permanente du Seigneur : “Que cherchez-vous - Qui cherchez-vous ?“

Oui, écouter… Ecouter Dieu qui, sans cesse, nous parle, à travers les splendeurs de sa création, à travers la Bible, ses envoyés qui, toujours, invitent non pas simplement à entendre, mais à écouter non pas tellement eux-mêmes, mais le Christ, le “Maître intérieur !“. St Augustin avait bien perçu l’importance de cette écoute intérieure pour quiconque voulait répondre véritablement à cette question : “Que cherchez-vous - Qui cherchez-vous ?“ . - “Le son de notre voix peut attirer l’attention, disait-il, (c’est le rôle de tout prédicateur même imparfait), mais s’il n’y a personne à l’intérieur de vous qui puisse être écouté, vain est le son de notre voix. Car, n’avez-vous pas tous entendu mes propos ? Or, - il n’était pas dupe ce grand prédicateur - combien s’en iront d’ici sans avoir reçu d’enseignement ? Le rôle de celui qui parle est simplement extérieur : une sorte d’aide, d’appel à l’attention. Mais il a sa chaire dans le ciel celui qui instruit les cœurs. Il n’y a qu’un seul Maître, le Christ. Qu’il vous parle donc lui-même à l’intérieur de vous-même. Et puissiez-vous l’écouter“.

Comme Abraham, comme Moïse, comme le petit Samuel (malgré son âge), le disciple du Christ est d’abord celui qui écoute l’appel de Dieu. Et après avoir écouté réellement, on ne peut que suivre Jésus comme les deux disciples dont parle l’Evangile. Ayant écouté, ils eurent immédiate-ment un grand désir : “Maître, où demeures-tu ? - Venez et vous verrez ! – Ils allèrent, ils virent ; et ils demeurèrent auprès de lui, ce jour-là“. L’écoute conduit à une rencontre, à une union ! N’est-ce pas cela la foi ? Ah ! Il s’en souvient bien, St Jean, de cette rencontre ! Il note même l’heure : “C’était environ la dixième heure“ - quatre heures de l’après-midi ! Il demeura avec Jésus ! “Demeurer“, c’est une autre caractéristique de l’union à Dieu. St Jean le note souvent.

Aujourd’hui, si nous voulons écouter le Christ, nous serons capable de répondre à sa question fondamentale : “Que cherchez-vous –-Qui cherchez-vous ?“. - Et nous dirons : “Vous, Seigneur !“. Et nous accepterons de le suivre : “Venez et vous verrez, dit Jésus. Et les deux disciples demeurèrent avec lui“… pour toujours. Et ils furent tellement enthousiasmés qu’ils allèrent chercher Simon, le frère d’André à qui Jésus dit d’emblée : “Tu t’appelleras désormais Pierre !“. Jésus change le nom de Simon, c’est-à-dire il change son être profond ! C’est tellement évident depuis cet épisode jusqu’à nos jours : l’événement se reproduit sans cesse. Dès que quelqu’un s’attache à lui, Jésus change les manières de voir, de penser, de choisir. Il change le regard et finalement toute la vie. Pensons à Ste Thérèse d’Avila, François d’Assise, Charles de Foucault … et une multitude d’autres. Saisis par le Christ, ils l’ont écouté, ils l’ont suivi ; et ils ont été radicalement transformés, retournés de fond en comble.

Ainsi, à chacun d’entre nous, nous qui, en quelque sorte, l’avons suivi jusqu’en cette cathédrale, le Christ, comme en se retournant, demande, “Que cherchez-vous - Qui cherchez-vous ?“. Puissions-nous répondre : “Seigneur, où demeures-tu ?“. Alors à chacun, de façon personnelle, il dira : “Venez et vous verrez“. Et St Jean précise la suite : “Ils y allèrent… ; ils demeurèrent avec lui… ; et ils le suivirent“.

vendredi 16 janvier 2009

Etre DEBOUT ! - 1 T.O. Vendredi imp. - (Mc 2.1-12)

Depuis le début de l’évangile selon St Marc, il y a comme un refrain qui revient sans cesse à nos oreilles : “Lève-toi !”

D’abord il est question d'un possédé que l'esprit mauvais secouait. Jésus en fait un homme debout.

Ensuite, c’est la guérison de la belle-mère de Simon-Pierre. Elle était au lit. Jésus s’approche et la fait se lever. Aussitôt, elle se met au service de Jésus et de ses disciples ! C'est dire qu'elle était bien debout et vaillante.

Hier, c’était l’histoire d’un lépreux. Jésus le guérit, si bien qu'il se met à courir partout, proclamant la nouvelle de sa guérison. L'ex-lépreux n'est plus un homme mutilé, exclu de la société, mais un vivant bien debout dans la société des hommes.

Aujourd'hui, nous avons un double “Lève-toi !” Non seulement “Lève-toi”, ton péché n'est plus en toi, la lourdeur qui paralysait les jointures de ton cœur et de ton âme ne sont plus ; mais “lève-toi” de ton grabat, de ta maladie. Ne sois plus un homme mort, dans la position des allongés, mais un homme debout, capable de ridiculiser le symbole de la mort en portant sous le bras ton brancard.

Puis, à nouveau, Jésus est dans la maison de Pierre. Et l’évangéliste note : “Il annonçait LA PAROLE”. En d'autres termes on pourrait dire que Jésus s'annonce lui-même. Il se dit lui-même, non seulement par ce qu'il dit, mais par le seul fait qu'il soit là. St Jean ne dira-t-il pas plus tard : Jésus est la PAROLE faite Chair, le Verbe fait chair, la Parole venue chez les hommes…

LA PAROLE ! Cela rappelle le vieux texte de la Bible sur les origines de l'homme. Dieu DIT UNE PAROLE : et les masses informes deviennent terre et mer. Dieu DIT UNE PAROLE : et la lune, le soleil apparaissent. Dieu DIT UNE PAROLE : et les êtres vivants se multiplient. Dieu DIT UNE PAROLE : faisons l'homme à notre image... et l'homme se tient debout. Oui, DIEU PARLE et sa PAROLE n'est que vie. Aussi, quand le Fils de Dieu, Jésus, Parole, Verbe de Dieu annonce la PAROLE au milieu de ses amis, il dit Dieu, il dit la vie ; la vie du Père et la sienne et celle qu'ensemble, ils nous donnent.

Aussi, nous devinons qu'avant même que les gens n'arrivent avec leur brancard et leur paralytique, la vie est là, plus forte que la mort. La mort, elle, a besoin de porteurs et d'ingéniosité pour démolir un toit et arriver devant Jésus…

Car Jésus est bien Celui qui guérit, mais plus encore, il est Celui par qui toute vie s'exprime, Celui par qui la vie de Dieu se manifeste : “pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir de pardonner (ce que Dieu seul peut faire) je te l'ordonne...”. Jésus commande au mal qui est péché et au mal qui est maladie ; et il le fait à la manière de Dieu. Il le fait aussi à la manière humaine pour que tous comprennent bien.

Le “lève-toi” semble nous dire : quitte ton mal qui t'embarrasse, qui te paralyse, et sois signe de vie. “L'homme se leva, prit aussitôt son brancard et sortit devant tout le monde.” Le paralytique n'avait pu entrer à de la foule et voilà que maintenant, par la Parole de Jésus, il se lève et peut sortir “devant tout le monde”. On a même l'impression qu'il sort facilement, que personne ne le gêne, alors même qu'il a son brancard sous le bras !

Ce qu’il faut retenir, c'est que Jésus peut dire “lève-toi” parce qu'il est la vie et qu'il ne peut accepter de voir la mort. Jésus fera plus tard l'expérience de la mort, mais c'est la vie qui l'emportera. C’est comme une première annonce du mystère pascal.

Il faudrait rester en silence et prier pour que chacun puisse voir les lieux où il lutte pour que la vie l’emporte sur les forces du mal quelles qu’elles soient. Chacun devrait pouvoir murmurer à Jésus : “lève-moi”, viens, relève-moi... je suis le paralytique...” Et encore : “Fais que je sois aussi le porteur des paralytiques que je rencontre au point de savoir démolir les terrasses et traverser les obstacles... afin que la vie surgisse et éclate par-delà tous les obstacles de mort... ”

jeudi 15 janvier 2009

Jésus irrité ! - 1 T.O. Mardi imp. - (Mc 1.40-45)

On m’a appris qu’il y a une règle d’or dans la lecture de l’Evangile : les versions les plus difficiles sont souvent les plus authentiques. L’évangile d’aujourd’hui, en donne un exemple : “Un lépreux supplie Jésus… Pris de pitié, Jésus étend la main…”. Or des manuscrits, nombreux et plus anciens rapportent : “Jésus, non pas “pris de pitié”, mais “irrité”. “Irrité“, Jésus étend la main…”. Difficile à comprendre ! Et plus loin : une fois le lépreux guéri, Jésus le chasse ; il est encore “irrité” ! Décidément ! Comment comprendre ? Je risque une explication. Ce lépreux ressemble comme un frère à bien des gens (nous-mêmes) qui sollicitent une intervention divine !

Réfléchissons : Jésus se présente comme celui qui vient apporter la “Bonne Nouvelle” de Dieu. Et il s'impatiente devant la lenteur des foules et même des disciples qui ont du mal à comprendre son message. En fait, les gens viennent à lui surtout parce qu'il opère des miracles. La première journée de prédication de Jésus à Capharnaüm est significative : Jésus enseigne, certes ; mais ce qui frappe surtout ce sont les nombreuses guérisons qu'il opère. Et naturellement, elles suscitent enthousiasme : "Tout le monde te cherche." Jésus se dérobe, se réfugie dans un lieu désert et là il prie. Quand les disciples le découvrent, il insiste sur sa mission spécifique : "Allons ailleurs dans les bourgs voisins, pour que j'y proclame aussi la Bonne Nouvelle car c'est pour cela que je suis sorti." C'est au cours de cette prédication que se situe la rencontre du lépreux.

Il est très bien ce lépreux : il croit en Jésus : "Si tu le veux, tu peux me purifier." On ne voit pas tout de suite pourquoi une telle confiance met Jésus en colère. Répondant mot pour mot, et brusquement, Jésus lui dit : "Je le veux, sois purifié." Et immédiatement, la “colère“ revient : "S'irritant contre lui, Jésus le chassa aussitôt. "

Jésus a le sentiment d'une “embrouille” : il est venu apporter la Bonne Nouvelle et les gens ne retiennent que son pouvoir de guérisseur. Il est venu parler de Dieu-Père et l'on attend ses miracles. C'est ce reproche qu'il formulera explicitement un jour : "Vous me cherchez parce que vous avez mangé des pains à satiété" (Jn 6/26). Il y a comme un malentendu ; et l'essentiel de la mission de Jésus est négligé. Pourtant, Jésus continuera à prodiguer guérisons, miracles.

L'efficacité de ces miracles n'est pourtant pas évidente. Il suffit de se souvenir d'une autre affaire, celle de dix lépreux. Jésus agit avec eux comme avec le lépreux de Capharnaüm. Mais un seul sur dix - un Samaritain - revient, comprenant le sens du miracle et reconnaissant l'action de Dieu dans le geste de Jésus… Un sur dix !

Et nous-mêmes ? On demande facilement des actes de guérisons, mais recherche-t-on à approfondir la “Bonne Nouvelle” du Christ ? Ceux qui n'ont besoin de rien ne viennent guère à Jésus. Seuls les « souffrants » réclament son intervention bienfaisante sans pour autant s'attacher à son message… Mais, Jésus lui-même n’a-t-il pas dit également : "Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos" (Mth 11/28).

Jésus a continué de faire les gestes de guérison, de compassion. Nous-mêmes devons continuer à le faire. Accomplir modestement de petits gestes qui empêchent les autres de souffrir est parfois le seul témoignage à notre portée. Ces gestes de miséricorde peuvent devenir signes de l'amour de Dieu, pour ceux qui peuvent l'entendre, comme le lépreux samaritain. Ne méprisons pas ces modestes signes, même s'ils ne convertissent pas toujours. Beaucoup en ont besoin. Simplement, il faut savoir, il faut dire, il faut montrer que, pour ceux qui le veulent, Jésus apporte autre chose. Il veut nous mener jusqu'à Dieu, Père ! Participer à sa Vie !

Et nous-mêmes, avons-nous compris ? Dans tout mouvement de conversion, il y a, en un premier temps, enthousiasme pour le Christ qui libère, sauve… Justes sentiments, mais sont-ils solides ? Vient un second temps où il s'agit de découvrir qui est Jésus, vraiment. Oui, après l'éblouissement, vient le temps de l’approfondissement. Jésus le dit : “J'aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous n'avez pas encore la force de les porter” (Jn 16, 12). Ce n'est pas un reproche. Non, mais Jésus le sait : il faut du temps pour que notre foi trouve sa force, sa vigueur et puisse aller plus avant dans la découverte du mystère de Dieu.

mercredi 14 janvier 2009

La belle-mère de Pierre ! - 1 T.O. Mercredi imp. ( Mc 1.29-39)

Toutes les “belle-mères” ne sont pas acariates, autoritaires, jalouses. Celle de Pierre dont il est question dans l’évangile, est restée si célèbre et sympathique que trois évangélistes rapportent l’épisode.

Ils ont voulu, certainement, rendre hommage à cette femme du peuple qui fut la première à offrir l’hospitalité à Jésus, à ses apôtres, transformant sa maison en premier presbytère, en première église.

Cette belle-mère deviendra le modèle de ces admi-rables femmes de l’Eglise primitive, si accueillantes et missionnaires, de toutes celles qui, au long des siècles, ont travaillé au Royaume de Dieu avec dévouement et abnégation. Et il me semble que notre époque a encore et surtout besoin du rôle de la femme chrétienne en famille, au travail, en tous lieux et moments.

Certes, nous ne pouvons oublier Marie, la femme par excellence. Mais n’est-ce pas une femme de Samarie que Notre Seigneur initia d’abord au mystère du Royaume de Dieu ? - Ce sont des femmes qu’on trouve au pied de la croix, au tombeau, au matin de Pâques. Et elles n’eurent que peu de part dans les épisodes d’hypocrisie, de haine, d’abandon, de lâcheté que nous rapportent les évangiles. - St Paul que l’on taxe parfois de misogyne, manifeste louanges et reconnaissances à l’adresse des femmes. Et non seulement à l’égard des Philippiennes qui l’ont beaucoup aidé - Lydie et ses compagnes - (à qui il demande cependant de vivre “en bonne intelligence” !). - Mais il approuve les services rendus par Chloé à Corinthe, et par Phébée à qui il confiera sa “lettre aux Romains”. Il accepte la manière d’agir de la femme de Rufus qui eut pour lui des égards maternels. Il loue ces veuves, courageuses, qui se dévouent pour la Communauté chrétienne ! - Et on ne peut passer en revue tous les siècles chrétiens, jalonnées de grandes figures féminines… Pensons à Thérèse, Catherine, Claire et tant d’autres… Pensons à l’immense action des Congrégations féminines, au 19ème siècle, qui eurent un rôle si important pour maintenir la foi en notre pays, après la bourrasque de la Révolution et les grands bouleversements de l’ère industriel

Oui, il faut le souligner. Car, une question se pose en permanence : comment se manifestera, dans les années qui viennent, ce grand rôle de la vocation chrétienne féminine ? Il n’est pas pensable que le rôle tenu par les femmes dans l’évangélisation s’arrête ! Certes, il y a déjà quelques réponses, telle Mère Térésa et d’autres. Mais je suis certain que Dieu pose la question aux jeunes filles, aux femmes ! Il n’est peut-être pas facile aujourd’hui de s’orienter !

Mais une chose est sûre : Dieu appelle sans cesse, les hommes comme les femmes. Il n’est pas question d’opposer celles-ci à ceux-là. C’est toujours stérile. Il est simplement à souligner que chacun et chacune a une vocation propre pour transmettre le message du Christ ressuscité. En avons-nous tous conscience ?

mardi 13 janvier 2009

« Qui est cet homme qui ? » ! - 1 T.O. Mardi imp. (Heb. 2.5-12 Mc 1.21-28)

On peut considérer l’évangile de Marc construit en deux phases :
  • D’abord cette interrogation au sujet de Jésus : mais qui donc est cet homme qui parle, qui agit si admirablement ?
  • Et l’autre phase, au grand « tournant » de la « confession de Pierre », avec cette autre interrogation, celle de Jésus cette fois : Et pour vous qui suis-je ? Et à partir de ce moment Jésus se dirige résolument vers Jérusalem.

La première interrogation est toujours actuelle : Les hommes se demandent toujours qui est Jésus.

La deuxième interrogation nous est toujours adressée. Et notre réponse doit orienter les hommes à répondre à la première : Pour moi, qui est Jésus ?

Oui, qui donc est cet homme ? Car ce Jésus est si « admirable » ! « On était frappé par son enseignement, car il parlait en homme qui a autorité… », en homme remarquable, parfait. En effet, Jésus est bien cet homme tel que Dieu l’a voulu au matin de la création. Tertullien a cette réflexion très imagée et poétique à propos de la création : « Les mains de Dieu étaient à l’ouvrage : elles touchaient, pétrissaient, étiraient, façonnaient la glaise qui ne cessait de s’ennoblir à chaque impression des mains divines. - Imagine-toi Dieu occupé, appliqué tout entier à cette création : mains, esprit, activité, conseil, sagesse, providence, amour surtout orientaient son travail ! - C’est qu’à travers ce limon qu’il pétrissait, Dieu entrevoyait déjà le Christ qui un jour serait homme : Verbe fait chair, comme cette terre qu’il avait entre les mains ». Oui, Jésus est vraiment cet homme créé « à l’image et à la ressemblance de Dieu ». En le voyant, en l’écoutant, on ne pouvait donc que se poser cette question : « Qui donc est cet homme qui… ».

Seuls, au début de l’évangile de Marc, les « esprits mauvais » à qui Jésus commande, pouvaient répondre : « Tu es le Saint, le Saint de Dieu ! », réponse que demandera Jésus à Pierre, réponse qui sera manifeste à la fin de l’évangile dans l’accomplissement du mystère pascal du Christ : sa mort et sa résurrection.

C’est également tout l’enseignement de la première lecture (Hébreux 2.5sv) : Jésus est vraiment cet homme, cet homme à qui Dieu donne en partage toute sa création : « Qu’est-ce que l’homme ? De gloire et d’honneur tu l’as couronné. Tu as tout mis sous ses pieds ».

Mais, parce que l’homme s’est détourné de Dieu, parce qu’il na pas voulu reconnaître « le don de Dieu », parce qu’il s’est cru lui-même créateur, parce qu’il pas rendu hommage à Dieu de tout ce qui existait, « nous ne voyons pas encore que tout lui a été soumis ». Au contraire, à cause de son orgueil, il s’est abaissé.

Jésus, homme parmi les hommes, a été jusqu’à l’abaissement de l’homme afin de le relever jusqu’à la gloire de Dieu. La vocation de l’homme se réalise pleinement dans le mystère pascal du Christ. Et désormais, parce que le Sanctificateur et les sanctifiés ont tous même origine (à la fois de Dieu et d’Adam), Jésus, Dieu et homme, ne rougit pas de les appeler ses frères.

Sachons, par la force de l’Eucharistie qui fait « mémoire » du mystère pascal du Christ, nous placer dans cette perspective du Créateur et du Rédempteur : homme, nous pouvons jouir de toute la création à condition que toutes nos actions soient comme un hommage à Dieu, malgré parfois les circonstances difficiles : et c’est ainsi qu’avec le Christ, nous parviendrons à la gloire divine.

lundi 12 janvier 2009

“L’Epoux et l’Epouse “ ! - 2 T.O. Lundi imp. (Mc 2.18-22)

L’évangile rappelle une controverse qui permit à Jésus d’aller plus loin dans la révélation de sa personne. L’incident eut probablement lieu un jour de jeûne facultatif. Les disciples de Jean-Baptiste qui pratiquaient les dures pénitences de leur Maître et les pharisiens reprochent à Jésus son manque d’austérité. En bon oriental, Jésus s’explique par une parabole : est-il imaginable que les amis de l’époux jeûnent le jour de son mariage ?

Mais de quelles noces s’agit-il et de quel époux ? St Augustin répond : « Le Fils de Dieu est venu dans le monde pour des noces ! Et quelles noces ! Les noces de Dieu avec l’humanité… Le Fils de Dieu est en effet l’Epoux, et l’Epouse est la nature humaine ». Oui l’Epoux c’est Jésus, Dieu fait homme ; l’épouse, ce sont tous ceux qui l’accueillent par la foi.

D’ailleurs, tout au long de l’histoire du peuple d’Israël, la Bible raconte comment Dieu a préparé son peuple à la venue de son Fils : ce fut comme de longues fiançailles que le prophète Osée surtout évoque : « Tu seras ma fiancée, dit Dieu à son peuple, et ce sera pour toujours. Tu seras ma fiancée, et je t’apporterai la justice et le droit, l’amour et la tendresse, la fidélité et la connaissance de ton Seigneur ». (Os. 2.21-22).

Mais il s’agit de noces bien singulières ! Par Jésus, l’époux est bien « avec nous » : « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde ». Mais celui qui est « avec » sera aussi « absent », loin d’eux : « là où je vais, vous ne pouvez pas venir ». – « Mais là où je vais, vous y serez, vous aussi, un jour, avec moi ! ».

C’est la situation complexe du chrétien qui possède déjà mais non parfaitement... : le Christ se manifeste bien mais dans une certaine absence. Ste Elisabeth de la Trinité écrivait : « La foi, c’est le face à face dans les ténèbres, la possession à l’état obscur ».

Oui, c’est le paradoxe de notre vie chrétienne. Et il est parfois humainement très douloureux. Beaucoup de saints l’ont expérimenté jusqu’à l’extrême… Ste Thérèse de Lisieux quelque temps avant sa mort… Mère Térésa… et bien d’autres.

La foi, notre foi - il ne faut pas s’en étonner - est souvent une « mise à l’épreuve » : elle nous fait nous réjouir de la présence du Christ parmi nous, mais dans l’obscurité. Il est là, mais invisiblement, « lui que vous aimez sans l’avoir vu, en qui vous croyez sans le voir encore », écrira St Pierre. (I Pet 1.8).

Toute la Bible en témoigne : notre pèlerinage terrestre (pèlerinage, en hébreu : « rééya », du mot « raa » : voir) est une tension permanente vers Dieu que l’on désire voir ! A l’exemple du pèlerin du ps. 83 : « mon cœur et ma chair (=tout mon être) crient de joie vers le Dieu vivant». Ce pèlerin marche, il marche de « hauteur en hauteur », c’est-à-dire de « vertu en vertu ». Et il ne cesse de dire : « Quand verrai-je la face de Dieu ?(1) ». Son désir est tellement ardent que c’est comme s’il voyait déjà !

Nous sommes dans cette situation, celle encore d’Abraham, notre père dans la foi à qui il est dit : « Va vers le pays que je te ferai voir ! ». Et d’après l’hébreu, il faudrait traduire : « Va-t-en pour toi ! », tant l’amour de Dieu qui appelle vers un pays à voir n’est pas captatif. C’est un amour qui affirme au contraire : « Va-t-en pour toi !» Va ton chemin, épanouis tout ce que j’ai mis en toi quand je t’ai créé “à mon image et ressemblance“ - « Va-t-en pour toi !“ Pour ton bonheur ! Et le bonheur, c’est voir Dieu !

Et Abraham part… « Par la foi, Abraham, mis à l’épreuve, a offert Isaac ; il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses et qu’on lui avait dit : « C’est par Isaac qu’une descendance te sera assurée ». Même un mort, se disait-il, Dieu est capable de le ressusciter… »(Heb 11.17).

C’est ce que la foi des psalmistes chantera également :
  • « Ce Dieu est pour nous le Dieu des victoires, et les portes de la mort sont à Dieu le Seigneur ». (ps.68.21)
  • « Notre Dieu nous conduit au-delà de la mort » (Ps 48.15).

Et Si, comme Abraham, les circonstances de la vie mettent fortement à l’épreuve, demeure cependant chez le croyant, malgré la souffrance, cette certitude de rencontrer Dieu, de le voir : « Ah ! si seulement on écrivait mes paroles !... Je sais, moi, que mon Rédempteur est vivant… et qu’après avoir détruit cette peau qui est mienne, c’est dans ma chair que je verrai Dieu. C’est moi qui le verrai, oui, moi ! Mes yeux le verront, lui… ! Mon cœur en brûle au fond de moi ». (Job 19.25sv).

Je sais – ô combien - que la souffrance peut troubler l’œil de la foi qui alors perd son acuité ; et l’élan est comme alors arrêté pour aller « voir celui qui nous voit sans cesse ».

Et si vous êtes dans cette situation bien compréhensible, suivez cependant le conseil de St Bernard : « Tu désires voir ! Ecoutes d’abord ! ». Car cette connaissance imparfaite qui nous arrive déjà par l’oreille nous rajeunit déjà à l’image de l’éternelle jeunesse de Dieu ; elle fera place à la connaissance parfaite que l’on aura par la vision. Alors, le pouvoir transformant de la connaissance s’exercera au maximum et nous serons, comme disent les Pères de l’Eglise, « divinisés ».

« Car ma parole ne retourne pas vers moi sans résultat… »(Is . 55.10)

(1) A noter que la tradition juive a corrigé : voir Dieu ici bas ! Non, ce n’est pas possible. On a donc corrigé par le passif tout en gardant le complément d’objet direct : m-à-m. : « quand serais-je vu la face de Dieu ? ».

samedi 10 janvier 2009

“Il est venu par l’eau et par le sang “ ! - (I Jn 5.5.13)

Pas seulement l’eau, mais l’eau et le sang !“.

Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit !“.

Que veut donc dire St Jean par ces paroles quelque peu énigmatiques ?

Sans doute veut-il résumer, là, à la fin de sa lettre, à la fin de sa vie toute sa prédication fondée sur deux événements majeurs de la vie du Christ, l’un au début de sa vie publique et l’autre à la fin, deux événements qui le révèlent « Fils de Dieu fait homme »
  • « Il est venu par l’eau » : il s’agit du baptême de Notre Seigneur dans le Jourdain. Jésus se manifeste là comme « Fils de Dieu » et « Fils d’homme ». Et c’est l’Esprit de Dieu qui en témoigne : « J’ai vu l’Esprit de Dieu descendre du ciel et demeurer sur lui », dira Jean-Baptiste.
  • « Il est venu par le sang ». Il s’agit de la mort et de la résurrection du Christ « issu selon la chair de la lignée de David, dira St Paul, et établi, selon l’Esprit Saint, Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts » (Rm 1.4).

« Il est venu par l’eau ». – Au baptême par Jean-Baptiste, Matthieu, Marc et Luc soulignent que l’Esprit-Saint descend sur Jésus et qu’une voix se fait entendre déclarant sa divinité : « Tu es mon Fils bien-aimé », le Fils de Dieu (Mc 1.11).

Or, au temps de Jean, l’accent étant mis sur la divinité du Christ, certains courants de pensée minimisaient beaucoup la réalité de l’humanité du Christ. Aussi l’apôtre ajoute : « pas seulement l’eau, mais le sang ». - Il reprenait certainement là un approfondissement de la réflexion de Jean-Baptiste (dont il avait d’abord été le disciple) qu’il est le seul à avoir transmis : « Voici l’Agneau de Dieu ! », avait déclaré le Précurseur. Or, en hébreu comme en araméen, le même mot peut se traduire autant par « agneau » que par « serviteur ». Et l’idée de « serviteur » évoque immédiatement l’image du « Serviteur souffrant » décrit par Isaïe (ch. 52-53), ce « Serviteur » qui assume les péchés de la multitude et qui, innocent, s’offre comme un « agneau » que l’on mène à l’abattoir. Et l’« agneau », c’est aussi cet agneau que l’on avait immolé dans chaque famille en la nuit qui précédait le « passage » (pâques) du Peuple hébreu de la « servitude » d’Egypte au « service » du Seigneur.

Par ce langage, St Jean, à la suite de Jean-Baptiste, souligne bien que si Jésus est bien « Fils de Dieu » - ce que la « voix » a manifesté lors de son baptême dans le Jourdain -, il est bien aussi pleinement homme, « Serviteur souffrant » qui, par son sacrifice humain, fait entrer dans la gloire de Dieu : « non seulement l’eau, mais l’eau et le sang ».

Pour donner une explication de ce langage, on peut reprendre une autre image bien familière à la pensée juive : Au moment de son baptême, Jésus, Fils de Dieu, est bien descendu dans le Jourdain (dont le mot signifie : descendre), il est en quelque sorte descendu jusqu’au point le plus bas du parcours de ce fleuve, jusqu’à la mer morte (lieu de Sodome et Gomorrhe, lieu symbolique du péché du monde)… Il est descendu jusqu’à la bassesse de notre humanité pécheresse.

Et par la force divine, par la force de ce baptême qu’il va « transformé », il est remonté… « Lui qui est de condition divine…, il s’est dépouillé prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes…, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix. – C’est pourquoi Dieu l’a élevé et lui a conféré le Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus… toute langue confesse que le Seigneur, c’est Jésus-Christ, à la gloire de Dieu le Père » (Phil. 2. 6sv)…il est remonté du Jourdain portant le péché du monde. Il est remonté vers Jérusalem (ce lieu que Dieu avait choisi « pour y faire résider son Nom »), il est remonté vers le temple : « Détruisez ce temple et je le rebâtirai en trois jours ». – Par cette descente et cette remontée, par ce baptême dont l’Esprit Saint témoigne, il a enlevé le péché du monde pour que nous puissions entrer en un nouveau Temple qui est son propre Corps ressuscité et glorieux.

jeudi 8 janvier 2009

Il “radotait“ le secret du monde ! - (I Jn 4.19 - 5.4)

Le début de la lecture d’aujourd’hui est la conclusion de ce que St Jean nous a déjà dit : C’est parce que Dieu nous aime que nous devons aimer nos frères. Le motif de notre amour fraternel, c’est l’amour que Dieu nous porte ! Il faut le constater : le Nouveau Testament insiste beaucoup plus sur l’amour des frères que sur l’amour de Dieu ! Cela paraît extraordinaire ! Et non ! Puisque la charité fraternelle est la seule réponse valable à l’amour que Dieu a pour nous. Aussi : “si quelqu’un dit « j’aime Dieu » et qu’il déteste son frère, c’est un menteur…“. C’est l’une des phrases les plus fortes du Nouveau Testament.

Et St jean d’insister : « son frère qu’il voit »! Il faut donc le voir, le regarder ! C’est tellement facile, n’est-ce pas, de croiser quelqu’un en ne le regardant pas, en ne le voyant pas, surtout s’il nous est quelque peu désagréable.

Jérôme, dans son commentaire de la lettre aux Galates, écrivait : « Le Bienheureux Jean évangéliste vécut à Ephèse jusqu’à un âge avancé. A peine ses disciples pouvait-il le porter à l’église ; et lui ne pouvait prendre longuement la parole. Aussi, à chaque réunion, avait-il l’habitude de ne rien d’autre que ceci : « mes enfants, aimez-vous les uns les autres ». A la fin, ses disciples fatigués d’entendre toujours le même discours (les vieux, ça “radote“ toujours, c’est bien connu !) finirent par lui dire : « Maître, pourquoi nous dis-tu toujours la même chose ? ». Il répondit : « parce que c’est le commandement du Seigneur. Ne ferait-on que l’accomplir, ce serait suffisant » ». Oui, St Jean « radotait », mais il « radotait » le secret du monde !

Ensuite, St Jean (ch 5) reprend le thème de la foi. Il est tellement important à ses yeux puisque la charité implique la foi ! « Tout homme qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est vraiment né de Dieu. Et celui qui aime le Père (celui donc qui engendre, de qui nous sommes nés) aime aussi celui qui est né de lui » : non seulement Jésus, reconnu comme le Christ, Fils de Dieu fait homme, mais chaque frère !

Et il est à remarquer que St Jean emploie le singulier : le frère, « celui qui est né de lui (de Dieu) ». Car le chrétien, en effet, n’aime pas ses frères « en vrac », si je puis dire, en masse, en collectivité. Il les aime personnellement ! L’amour de la masse, de la collectivité me paraît très suspect ; c’est souvent un alibi pour ne pas aimer les personnes. Il s’agit d’aimer chaque personne. D’ailleurs, au nom d’un groupe, d’une classe, on sous-entend, plus ou moins inconsciemment, qu’il faut détester l’autre groupe, l’autre classe. Evidemment ! C’est toujours cette bipolarisation qui empoisonne nos sociétés : gauche-droite ; vieux-jeunes ; intégristes-progressistes… etc, etc. Et bien non ! Chaque personne est aimable, à aimer.

Et, de plus, il faut bien comprendre cette phrase de St Jean : “Nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu lorsque nous aimons Dieu…“. Il s’agit, là encore, de l’amour de charité ! La formule courante : “Aimer ses frères pour l’amour de Dieu“ est pratiquement un contresens à ce que St Jean dit. En tous les cas, elle est dangereuse et irrecevable pour un incroyant qui répondra très logiquement : “C’est Dieu que vous aimez ou les hommes ? Si c’est pour l’amour de Dieu que vous les aimez, ce n’est pas pour eux que vous aimez !“. La formule est donc mauvaise. La réalité, c’est que aimer Dieu, ce sera en même temps aimer de charité son frère. Et il n’y a pas là de confusion : quand j’aime mon frère de charité, je veux pour lui qu’il soit en Dieu (« ut in Deo sit »). C’est donc vraiment lui que j’aime pour qu’il atteigne sa perfection, sa plénitude (qu’il soit « à l’image et ressemblance de Dieu »). Et quand j’aime Dieu, je désire que Dieu soit connu et aimé de tous ceux qu’il aime ; et c’est bien pour lui également que je le veux. Et il n’y a pas là de confusion. St Irénée l’a bien exprimé dans sa fameuse formule : « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant », vivant de la charité divine (« Gloria Dei vivens homo ! »). C’est donc à la fois d’un unique amour que j’aime Dieu en personne et l’homme en personne !

Une dernière remarque : les commandements de Dieu (aimer) ne sont pas un fardeau. Ils sont pesants quand nous voulons les accomplir par nous-mêmes, par nos propres forces. Mais celui qui est né de Dieu, qui reçoit la charité de Dieu, il les accomplit dans l’aisance qui vient de la charité. Et puis, si c’est vraiment de charité que nous aimons, cet amour-là donne des ailes… Et cet amour-là est toujours vainqueur de la victoire du Christ lui-même, le vainqueur du monde !

mercredi 7 janvier 2009

« Dieu, personne ne l’a jamais vu ! »

Conclusion d’hier : Puisque « Dieu est Amour », il nous faut nous exercer à aimer, mais à aimer de l’amour même de Dieu. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », disait Jésus. Et le Christ nous a aimés de l’amour même qu’il recevait de son Père dans l’Esprit Saint.

Mais tout d’abord, St Jean écrit ce que nous entendons souvent : « Dieu, personne ne l’a jamais vu, contemplé ! ». - Et c’est vrai ! La contemplation de Dieu en plénitude, ce sera pour le JOUR, le JOUR UNIQUE (héb. : erad), le JOUR ETERNEL, comme nous disons facilement. Alors, « nous le verrons tel qu’il est, comme lui nous voit sans cesse ! ».

Et pourtant, nous parlons de la « VIE CONTEMPLATIVE » des moines, des prêtres et de tel ou tel chrétien : « C’est un contemplatif », dit-on alors. Mais il faut s’entendre. La « vie contemplative » ici-bas ne procure pas la « vision » de Dieu ; elle donne des moyens qui nous préparent, qui nous forment à la plénitude de la contemplation au ciel : « Voir Dieu comme il nous voit ! ». Et il est bien logique que si nous désirons « voir Dieu », nous devons prendre déjà les moyens qui nous conduisent à cette vision céleste

Et parmi ces moyens,
  • Il y a d’abord la PRIERE LITURGIQUE. Parce que, au cœur de cette prière de l’Eglise, nous avons la présence même de Dieu en Jésus Christ. Jamais nous ne sommes plus près de Dieu que lorsque nous entendons le Célébrant dire : « Ceci est mon Corps ! ». Nous ne mesurons pas suffisamment alors que le ciel descend sur terre. Et ce que Dieu dit, il le fait en même temps, toujours. Et, là, ce qu’il fait, il nous le dit ! Cette présence divine accommode peu à peu l’œil de notre foi qui perçoit déjà ce que l’œil charnel ne peut voir ici-bas ! Et tout le reste de la liturgie, à n’importe quel moment, ne prend de valeur que par rapport à cette “vision de foi“. Toute la liturgie est centrée sur cette « contemplation de Dieu » qui se rend présent à nous.
  • Un des grands moyens, à la suite de la liturgie, est l’écoute et la proclamation de la « PAROLE DE DIEU » (dans toute la Bible). Personnellement, j’aime bien cette expression que l’on trouve surtout à la fin du Deutéronome : Quand Moïse transmettait la « Parole de Dieu », il parlait, est-il dit, « sur les lèvres de Dieu » (al pi Adonaï). Et si nous prenions conscience de cette place éminente que nous avons quand nous lisons ou - bien davantage - quand nous proclamons la « Parole de Dieu » !
  • Mais il y a encore bien d’autres moyens qui nous préparent à « voir Dieu ». Il y a la PRIERE PERSONNELLE sous toutes ses formes. Par ce moyen, le chrétien appelle Dieu à « demeurer » déjà en lui… Beaucoup, parmi ceux que la vie accapare, connaissent ce que l’on appelle couramment « la prière du pèlerin russe » : cette élévation de tout son être vers Dieu de façon extrêmement courte mais fréquente. Essayez et vous verrez alors que Dieu se fait, un jour ou l’autre, très proche de cette catégorie de priants !
  • Et puis, il ne faut surtout pas exclure de notre « vie contemplative » ici-bas nos diverses ACTIVITES elles-mêmes. Elles peuvent nous préparer à « voir Dieu comme il nous voit sans cesse »

Il y a un exemple un peu naïf mais significatif. Je ne me souviens plus de qui il s’agissait. En tous les cas, c’était un simple cuisinier. « Je fais ma petite omelette, disait-il. Et puis, quand je l’ai faite et bien faite, je me prosterne en rendant grâce à Dieu de ce qu’il m’est venu la grâce de faire mon omelette ! ». La grâce de faire une omelette ! Naturellement, aujourd’hui, le patron d’un restaurant n’apprécierait sans doute pas une telle pratique chez son cuisinier. Mais une « prostration » d’action de grâce peut n’exister que dans l’âme et de façon fugace ! La grâce de faire une omelette ! Pourquoi pas ? Surtout s’il y a des convives qu’on peut invisiblement envelopper dans cette action de grâce ! Tout le monde y gagne !

Ainsi, même les affaires très temporelles peuvent devenir spirituelles. A une responsable de Communauté qui se plaignait fort des tracas matériels de sa charge, Ste Catherine de Sienne répondit : « Les choses ne sont temporelles qu’autant qu’on le veuille bien. Vous trouvez votre activité bien temporelle ! Rendez-la spirituelle avec l’Esprit-Saint en vous ! ».

mardi 6 janvier 2009

Aimer de charité ! Puisque DIEU est AMOUR ! - (I Jn 4.7-10)

“Dieu est Amour !“

Lorsque l’hébreu a été traduit en grec, pour transcrire le concept « aimer », on n’a pas choisi le mot “eros“ (amour banal, désir…), mais un mot neutre, plat : « agapè » souvent employé pour marquer une différence (Je préfère les pommes aux poires). Cette recherche d’un mot juste souligne en même temps la difficulté de parler de l’Amour de Dieu et de ne pas en parler n’importe comment.

Quand on est passé au latin, on a préféré le mot « caritas », ce mot qui habituellement indiquait l’attachement à une chose d’autant qu’elle était chère, qu’elle avait du prix !

Le français a décalqué : charité. Le drame en notre langue, c’est que le mot « charité » s’est très vite chargé de connotations liées aux pratiques de l’aumône (« faire la charité »), si bien qu’il est presque devenu inutilisable. - Quant au mot « amour », il est tellement mis à toutes les sauces des divers comportements amoureux de l’homme qu’il devient indigne de Dieu !

Alors comment parler de l’Amour de Dieu ? C’est une réelle difficulté !

Il n’empêche : Dieu aime ! Cette affirmation apparaît déjà dans l’A.T. avec un vocabulaire qui exprime souvent la passion : « brûlé d’amour », « être enflammé », « soupirer », « languir »…, langage que l’on trouve surtout chez Osée : Dieu aime tellement sa prostituée (Israël avec ses idoles) qu’il finira par en faire une vierge ! Jérémie a parlé, lui, des fiançailles d’Israël avec Dieu, au désert. Le Deutéronome enjoindra de répondre à l’amour de Dieu par de l’amour. Et Isaïe s’attardera à la comparaison conjugale… Et il y a, bien sûr, tout le Cantique des cantiques…

Cependant, personne n’avait dit brutalement comme St Jean : « Dieu est Amour ! ». Autrement dit, Dieu ne pose pas de temps à autre des actes d’amour… Non, Dieu est un Acte permanent d’Amour. Et tout ce que Dieu fait, toutes ses manifestations, tout ce qui vient de Dieu doit être rattaché à cet Amour permanent de Dieu :
  • la création, bien sûr, est une œuvre permanente de l’Amour de Dieu.
  • l’Incarnation - manifestation suprême de Dieu -, Rédemption…, etc…
  • et même ce que l’on appelle le “jugement dernier“ est et sera une œuvre permanente de l’Amour de Dieu.

Et l’enfer ? L’enfer - parlons-en -, « c’est Dieu qui dit à l’homme : « que ta volonté soit faite » (Maurice Blondel) ». Dieu dira toujours : je ne peux pas t’obliger à m’aimer, puisque l’amour est un acte libre. Mais toi, tu ne peux pas m’interdire de t’aimer, que tu en souffres ou non ; tu ne peux pas m’empêcher d’être ce que je suis : Amour. Finalement la souffrance du damné (s’il y en a) vient profondément de ce que l’amour de Dieu le brûle. Le Saint, lui, est consumé dans l’amour de Dieu qui l’élève « à son image et ressemblance » ; de même, le damné, en quelque sorte, même s’il refuse l’amour de Dieu, doit supporter que Dieu l’aime : c’est sa brûlure ! Car Dieu est Dieu. Et Dieu est Amour.

On ne peut donc pas échapper à l’amour de Dieu. Dieu est ; et il est en acte permanent d’amour ! Et l’Eglise affirme - c’est d’une logique implacable - : si nous pouvons répondre « oui » à l’amour de Dieu, c’est que nous pouvons également dire « non ». Et inversement. Aussi l’Eglise affirme-t-elle logiquement que la « damnation » (l’enfer) est possible. Elle n’a jamais dit pour autant qu’un seul était damné. C’est le secret de Dieu.

Et St Paul a raison de conclure sur ce sujet : « Dieu nous a tous enfermés dans la désobéissance afin de faire miséricorde à tous » (Rm. 11.32 - cf Rm 3.19 sv ; Gal. 3.22). Autrement dit, que nous soyons Juifs, Grecs, païens… noirs ou blancs…, puissants ou manants… etc…, nous sommes tous sous la miséricorde aimante de Dieu !

lundi 5 janvier 2009

Aimer de charité !

Voici le commandement de Dieu, dit St Jean : « avoir foi en son Fils Jésus Christ et nous aimer les uns les autres… ». St Jean semble souligner : d’abord la foi et ensuite la charité !

On peut alors se demander : pourquoi d’abord croire avant de s’exercer à aimer ? Tout simplement parce pour faire des actes de charité explicites, il faut faire des actes de foi !

Il faut, en effet, distinguer « amour » et « charité ». C’est ce qu’on oublie un peu trop facilement ; et on baptise trop vite un acte d’ « amour » du nom de « charité » !

Un chrétien doit sans cesse poser des actes de foi, c’est-à-dire regarder tout homme d’un regard inspiré par la foi pour l’aimer de charité, pour l’aimer de l’amour même de Dieu. Il doit poser un acte de foi pour pouvoir dépasser le regard simplement naturel, spontané qu’il pose facilement sur son frère, afin de mieux le regarder à la façon même de Dieu !

St Jean de la Croix avait bien compris cela : Au ciel, disait-il, nous nous verrons en la beauté même de Dieu ; nous nous verrons les uns les autres en la beauté même de Dieu. Et nous verrons nos frères en la beauté même de Dieu.

Ici bas, il nous faut déjà nous exercer à ce regard en Dieu, sinon nous vivons au gré de nos humeurs qui attirent ou repoussent. Facilement, selon nos tendances naturelles, non contrôlées, un frère peut nous être antipathique, indifférent ou aimable. Et selon les circonstances, des relations faciles ou difficiles s’établissent les uns avec les autres… selon nos humeurs ! Et notre vie sera remplie de nos humeurs bonnes ou mauvaises.

Le Christ, lui, a aimé tous ceux qu’il rencontrait de l’amour même de son Père:
  • Il a aimé d’un amour divin ceux qu’’il aimait d’un amour naturel comme Marthe, Marie et Lazare, tant l’amitié “naturelle“ peut et même doit devenir « spirituelle »… et annoncer le ciel.
  • Il a aimé ceux qu’il rencontrait… indifféremment. Interpellé par l’un ou l’autre, très souvent il est d’abord question de foi ; puis, son « amour de charité », l’amour même de Dieu en lui agissait : il guérissait, enseignait…, relevait… etc.
  • Il a aimé d’un amour divin au milieu même des oppositions qu’il rencontrait (les pharisiens etc…), des intrigues qui se nouaient contre lui. Et même lorsqu’il se « fâchait » (épisode des vendeurs du temple, par exemple), c’était comme une expression provocante de l’amour de Dieu dont il voulait témoigner en toutes circonstances

Bien plus, au moment de sa mort, une de ses dernières paroles fut : « Père, pardonne-leur… ! »

De telles paroles ne peuvent être prononcées qu’avec l’amour même de Dieu qui regarde tout homme comme étant destiné à devenir « à son image et ressemblance » ! Dieu nous regarde toujours tel qu’il nous désire… ; et ce regard est en même temps un appel à aller vers lui… !

C’est l’œuvre de l’Esprit Saint en nous. C’est ce que St Jean dit aussitôt après.

Demandons toujours l’aide de l’Esprit Saint pour vraiment aimer, c’est-à-dire aimer de l’amour même de Dieu !