vendredi 27 février 2009

Commandement, Loi et Liberté - Vendredi ap. Cendres.- (Isaïe. 58 ;1-9)

Ils jeûnent ! Ils s’humilient ! Mais ils ne pratiquent pas ma loi pour autant. Ils n’obéissaient pas !…

Il est toujours question de loi, d’obéissance ! Langage difficile aujourd’hui que St Paul décrypte dans sa lettre aux Romains (ch. 7):

Pensant très probablement à Adam et donc à tout homme, l’apôtre affirme que sans les commandements (la Loi), il n’y aurait pas eu de transgression (de faute). Si la Loi ne m’avait pas dit : « Tu ne convoiteras pas ! », je n’aurais pas connu la convoitise ! Mais le commandement étant venu, la tendance au mal qui est en moi, saisissant l’occasion, m’a séduit. C’est bien connu : il suffit parfois de dire à un enfant : “ne fais pas ceci“ pour qu’il le fasse ! A cause du commandement, dit Paul, le péché a pris vie en moi !

Alors, les commandements (La loi) sont mauvais ? Certes pas ! Paul, ce zélateur de la Loi… ne va pas dire le contraire ! Mais, dit-il, la convoitise s’est servie de la Loi pour manifester sa virulence de sorte que “ce que je veux, je ne le fais pas; et ce que je hais, je le fais“. Pourtant, je prends plaisir à la Loi de Dieu, dira-t-il. Mais je découvre en même temps une autre loi qui m’entrave.

Malheur à moi. Mais non ! A cause du Christ, Fils de Dieu envoyé par le Père dans la condition de notre chair de péché. - N’oublions pas : Paul est un converti qui a fait l’expérience du mystère de l’amour de Dieu, face à ce qu’il appellera le mystère d’iniquité (le péché). En mourant sur la croix, il a tué en sa chair, en l’homme, la convoitise du péché pour nous donner son Esprit d’Amour afin de parvenir à sa ressemblance, lui le Fils de Dieu !

Et c’est l’objet de toute une pédagogie de Dieu à notre égard. Elle nous fait découvrir que la Loi divine ne doit pas s’imposer à nous de l’extérieur comme une contrainte. Mais, par la force de l’Esprit du Christ en nous, elle doit passer de l’extérieur à l’intérieur de nous-mêmes pour accomplir la volonté de Dieu dans les spontanéités de notre liberté. C’est alors, nous ne sommes plus des esclaves sous une Loi (qui révèle le “mystère d’iniquité - le péché - en nous), mais des êtres libres dans un régime de grâce !

Le P. Congard emploie une belle comparaison : Les lois divines à notre égard sont en gros, dit-il, les mêmes que nous découvrons dans l’évolution de la nature : il y a d’abord des êtres qui n’ont rien de solide (mollusques) ; puis arrivent les êtres qui ont un solide, mais à l’extérieur d’eux-mêmes (comme les escargots). Et au fur et à mesure que l’on avance dans l’évolution, le solide passe de l’extérieur à l’intérieur. Et on arrive aux vertébrés qui peuvent courir, danser, voler… librement.

Spirituellement, nous ne sommes pas encore des vertébrés ! Peut-être seulement des escargots ! Et nous avons encore besoin d’être des “chrétiens de l’Ancien Testament“, comme dit Pascal, besoin d’une carapace extérieur qui prépare notre squelette intérieur pour que l’on puisse tenir librement debout avec le Christ ressuscité.

Les commandements nous aident seulement à jouer devant Dieu notre partition musicale dans les spontanéités de notre liberté. Que voulez-vous, avant de chanter avec allégresse et spontanéité vocale et cordiale, il faut bien se soumettre aux lois et règlements du chant. Mais un jour vient où ces règlements deviennent en nous comme une seconde nature. C’est alors que nous pourrons chanter librement comme les anges dans le ciel !

Liberté - Jeudi ap. Cendres.- (Deut. 30.15-20)

“Si tu écoutes les commandements de ton Dieu… Si tu marches dans ses voies… !“ C’est ainsi que Dieu s’adressait à son peuple avant de lui transmettre ses “dix commandements“. Je te propose… A toi de choisir…

On n’aime pas beaucoup ce langage aujourd’hui ! Des commandements et encore des commandements… Et notre liberté ? qu’en fait-on ?

On oublie que Dieu seul est libre parce qu’il est Dieu et qu’il ne doit à personne son existence.

Une liberté créée est donc un paradoxe, puisqu’elle suppose une origine non libre (Je n’ai pas demandé à venir à l’existence !). Une liberté créée est avant tout une vocation à devenir libre… à travers une histoire, à travers d’innombrables options et décisions. Jour après jour, nous réalisons notre liberté par divers choix. (“Le bon choix pour la France !“, réflexion que s’était permis naguère un candidat à la présidence de la République, et qui fut plus ou moins bien perçue ! )

Une liberté créée est une liberté qui se construit - comme celle d’un adolescent face à ses parents -, une liberté qui se construit dans le dessein d’un autre : Dieu !

C’est là qu’est notre problème majeur : le rêve de l’homme est celui d’une liberté totale ! Or une liberté créée s’inscrit par hypothèse dans le dessein d’un autre. L’homme est doté d’une vocation qui s’impose en quelque sorte à sa liberté, mais d’une vocation à laquelle cependant il répondra librement. “Si tu veux… Choisis… A toi de voir“ !

Ce discours en irrite beaucoup. C’est vrai que nous avons une liberté limitée, que nous sommes libres sous condition, c’est-à-dire que nous sommes conditionnés, ne serait-ce donc que par le fait d’avoir reçu l’être. De plus tous les parents et éducateurs… conditionnent… ! Et du coup, on dit que nous ne sommes pas libres. Si, mais dans une certaine marge, une liberté non divine, une liberté créée, une liberté sous condition. Alors, tout le problème c’est de tenir ouverte le plus possible notre marge de liberté, en lui faisant prendre conscience de ses conditionnements, en nous les faisant assumer.

Mais l’homme moderne décrète : c’est mauvais. Puisque ce n’est pas la liberté totale, ce n’est pas de liberté du tout. Tout ou rien ! C’est une réaction adolescente, voire infantile. Ce n’est jamais tout ou rien dans l’existence. Les chevaliers de l’absolu sont dangereux quand ils mettent cet absolu en ce monde. Quand ils le mettent hors de ce monde, c’est le vrai absolu ; et cela oblige à relativiser beaucoup de choses.

Cette situation est-elle révoltante ? On peut le comprendre.

Et tout homme, tout chrétien passe un jour ou l’autre par cette révolte avant d’accepter d’être “contraints“ de devenir libre selon le dessein d’un Autre. Comme pour l’adolescent avec ses parents, même si comparaison n’est pas raison… ; mais elle met sur la voie… Dieu apparaît d’abord comme un concurrent, un rival qui nous empêche d’être des dieux libres par nos propres forces ! Au lieu de le devenir par vocation divine !

Et ce n’est souvent que par nos expériences néfastes que l’on comprend ce langage divin : “Si tu écoutes les commandements… Je te propose la vie ou la mort… Choisis donc la vie !“.

St Irénée écrivait : “Il te faut d’abord garder ton rang d’homme ; et ensuite seulement recevoir en partage la gloire de Dieu. Car ce n’est pas toi qui fais Dieu, mais Dieu qui te fait“.

mercredi 25 février 2009

La Sagesse - 7. T.O. Lundi imp. - (Sirac 1.1-10)

Vous avez peut-être feuilleté les livres de la Sagesse. C’est un peu long ; et il y a des passages très banals…

Mais si on prenait quelque peu au sérieux certaines des règles qui y sont énoncées, règles de politesse, de courtoisie… etc., peut-être s’en porterait-on un peu mieux : Aimes la justice ; gardes-toi du murmure inutile ; pour ne pas médire, gardes ta langue. Ne sois pas hypocrite… ; ne t’élèves pas toi-même de peur de tomber ; Ne détournes pas ton visage du pauvre et ne t’appuies pas sur tes richesses…

Et bien d’autres sentences semblables… Et, évidemment, celle-ci : “Celui qui craint le Seigneur n’a rien à redouter“.

Comme l’échelle de Jacob quand elle bien plantée, la Sagesse s’élève très haut dans le ciel et nous élève avec elle.

Dans l’Ancien Testament, la Sagesse est comme déjà hypostasiée, personnalisée. C’est une Créature, certes ; mais elle est créée avant l’univers et notre terre. Et il est même dit qu’elle joue devant Dieu. Et puis, la Sagesse cherche une demeure parmi les hommes… ; elle vient habiter… à Jérusalem ! Ces textes, finalement, frôlent le Nouveau Testament : “Au commencement le Verbe était… Et le Verbe s’est fait chair“.

En nous unissant au Christ, nous acquérons cette Sagesse qu’est Dieu lui-même, finalement. Car, dit notre texte : “Un seul être est Sagesse, c’est le Seigneur !“.

Aussi, est-il bon d’acquérir cette Sagesse que Dieu seul peut donner. Comme Salomon demandons au Seigneur la Sagesse. Faisons nôtre la prière de ce grand roi :

"Dieu des Pères et Seigneur de miséricorde, toi qui, par ta parole, as fait l'univers, toi qui, par ta Sagesse, as formé l'homme pour dominer sur les créatures que tu as faites…, donne-moi la Sagesse…

Vois, je suis ton serviteur, un homme faible et dont la vie est brève… Du reste, quelqu’un, fût-il parfait parmi les fils des hommes, s'il lui manque la Sagesse qui vient de toi, il sera compté pour rien. Fais-la descendre des cieux… et daigne l’envoyer…

Quel homme pourrait connaître la volonté de Dieu ? Les pensées des mortels sont hésitantes, précaires nos réflexions. Déjà, nous avons peine à nous représenter les réalités terrestres, même ce qui est à notre portée nous ne le découvrons qu'avec effort. Mais les réalités célestes, qui les a explorées ? Et ta volonté, qui donc l’aurait connue, si tu n’avais donné la Sagesse et envoyé d'en haut ton Esprit saint ?

Ainsi furent rectifiés les sentiers des habitants la terre, ainsi les hommes furent instruits de ce qui te plaît et ont été sauvés par ta Sagesse."

C'est elle que j'ai chérie et recherchée dès ma jeunesse ; j'ai cherché à en faire mon épouse et je suis devenu l’amant de sa beauté… Je résolus donc d’en faire la compagne de ma vie, sachant qu'elle serait ma conseillère pour le bien, mon réconfort dans les soucis et le chagrin.

Pourtant, je savais que je n’obtiendrais pas la Sagesse autrement que par un don de Dieu…

Je me tournai donc vers le Seigneur et le priai". (Sagesse 8-9)

dimanche 22 février 2009

7ème Dimanche - T.O. – B.09.

Depuis quelques dimanches, c’est un même refrain qui sonne à nos oreilles : “Lève-toi !“. Ces deux mots pourront nous accompagner tout au long du Carême qui ca commencer, en méditant particulièrement les enseignements de l’apôtre Paul en cette année qui lui est consacrée. Souvent, il nous encourage à être toujours “debout“ dans le Christ ressuscité, toujours vivant !

Mais reprenons, déjà au 4ème Dimanche du T.O., il était question d’un possédé que l’esprit mauvais secouait fortement. Et Jésus en fait un homme debout !

Au 5ème Dimanche, on assistait à la guérison de la belle-mère de Simon-Pierre. Elle était au lit avec la fièvre. Et voilà que Jésus la guérit : “Lève-toi !“. Elle se met debout et toute vaillante au point de servir Jésus et ses amis !

Dimanche dernier, c’était un lépreux. Jésus le guérit si bien qu’il se met à courir partout, proclamant la nouvelle de sa guérison. L’ex-lépreux n’est plus un homme mutilé, mais un vivant bien debout !

Aujourd’hui, nous avons un double “Lève-toi“ ! Non seulement “Lève-toi“, ton péché n’est plus en toi, la lourdeur qui paralysait les jointures de ton cœur et de ton âme ne sont plus ; mais “Lève-toi“ de ton grabat. Ne sois plus un homme mort, dans la position allongée, mais un homme debout, capable de ridiculiser le symbole de la mort en portant sous le bras ton brancard.

Remarquons que nous sommes, semble-t-il, dans la maison de Pierre. Là, Jésus est un peu chez lui, il est entre amis et on ne dit pas toujours les mêmes choses entre amis et au dehors devant tout le monde. Alors l’évangéliste note : “Jésus annonçait LA PAROLE“. En d’autres termes, Jésus s’annonce lui-même. Il se dit lui-même non seulement parce qu’il parle, mais par le seul fait qu’il soit là. St Jean ne dira-t-il pas plus tard : Jésus est la PAROLE faite chair, le Verbe fait chair, la Parole venue chez les hommes, ayant pris maison et coutumes d’homme.

LA PAROLE ! Cela rappelle le vieux texte de la Bible sur les origines de l’homme. Dieu dit une Parole et des êtres vivants surgissent, debout. Dieu dit une Parole : “Faisons l’homme à notre image…“ et l’homme se tint debout. Oui, Dieu parle et sa Parole n’est que Vie. (Parler et agir, c’est semblable dans la langue hébraïque). Aussi, quand le Fils de Dieu, Jésus, Parole, Verbe de Dieu est là au milieu de ses amis, il dit Dieu, il dit la Vie, il donne la Vie du Père et la sienne et celle qu’ensemble ils désirent toujours nous donner par leur Esprit commun.

Aussi, nous devinons qu’avant même que les gens n’arrivent avec leur paralytique sur son brancard, la Vie est là, plus forte que la mort….

Remarquons au passage qu’il fallait une bonne dose d’audace aux porteurs et au paralytique pour aller démolir la terrasse de la maison d’un voisin… Jésus voit leur foi ! Une foi qui ne s’exprime pas en paroles - ils ne disent pas un mot - mais en actes. Leur foi fut de crever un toit. Gérard Bessière un dominicain commente : “Croire au Christ, c’est crever un toit, c’est lui faire tellement confiance qu’on le provoque à l’impossible“.

Alors, en réponse, Jésus lui aussi crève plusieurs toits plus épais que celui de la maison.

Il va pénétrer dans le corps de cet homme muré dans son infirmité : “Lève-toi et marche“.

Il va pénétrer dans le cœur de cet homme paralysé par son péché : “Lève-toi. Tes péchés sont pardonnés“.

Et comme dans la foule, il y a des hommes qui ne disent rien mais qui n’en pensent pas moins (c’est fréquent cela, n’est-ce pas) - “C’est un blasphème“ ruminent-ils -, Jésus va encore crever le toit de leurs préjugés : “Quel est le plus facile de dire : “Tes péchés sont pardonnés - ou bien - “Lève toi, prend ton brancard et marche ?“.

Crever le toit, crever la muraille qui paralyse le corps et le cœur d’un homme, crever le toit des préjugés, voilà ce qui s’est passé, il y a 2.000 ans, à cause de Jésus, Parole de Dieu, Parole de Vie.

Et aujourd’hui ? Après avoir entendu l’évangile, la question est toute simple : Est-ce que ma foi au Christ ressemble à la foi de ces quatre gaillards qui ont osé crever un toit pour provoquer Jésus à l’im-possible ? Acceptons, nous aussi, de nous poser cette question. Accep-tons de la poser plus largement à nos communautés chrétiennes, surtout en ce temps de Carême qui va commencer. Nos contempo-rains attendent que nous leur montrions la vigueur de l’évangile, la force du Christ, Parole de Vie. Que leur donnons-nous à voir ?

Ce matin, des millions de chrétiens sont entrés dans une église, parce que c’est dimanche. Ont-ils poussé mollement la porte pour entrer, par habitude…, routine, pire, par convention et en étant très en retard, comptant parcimonieusement, avec avarice presque, les minutes consacrés au Seigneur ?

Ou, au contraire, combien ont, en quelque sorte, forcé la porte comme on crève un toit, pour se tourner résolument vers le Christ dans une confiance totale, vers le Christ, Parole de Vie ?

Et puis, continuons à lire l’évangile : les quatre hommes ont porté leur ami malade aux pieds de Jésus ; et nous qui portons-nous avec nous dans l’église, ce matin, qui portons-nous dans notre cœur et notre prière ? Ceux que nous avons peut-être laissés, ceux qui sont écrasés par une souffrance, une épreuve… ? Que sais-je ? Qui portons-nous ? Que portons-nous véritablement ?

Et puis, bien plus, Impossible d’enfermer le Christ dans une maison, dans une église. Il habite la ville, les marchés, les usines, tous nos lieux de vie et même de loisirs, sur tous les terrains de l’existence ? Qui portons-nous vers le Christ, Parole de Vie ?

Mais soyons également positifs. Y-a-t-il un seul jour, depuis vingt siècles qui n’ait vu des hommes, des femmes changer leur vie, changer la vie, à cause de Jésus… à cause du Christ qui nous a appris que le cœur de l’homme est fait pour crever un toit, est fait de ce “goût de l’impossible“, et qui savent que c’est Dieu qui a déposé dans le cœur de tout homme, un amour qui peut “crever les toits“, faire sauter bien des murailles

Je terminerai par une parabole pour nous orienter vers la lumière de Pâques à travers le Carême. Un penseur chrétien des premiers siècles raconte qu’il eut un rêve, une nuit. Des myriades d’oiseaux voletaient sous un filet tendu au dessus du sol. Sans cesse, ils s’envolaient, heurtaient le filet, et retombaient par terre. Ce spectacle était accablant de tristesse. Mais voici qu’un oiseau s’élança à son tour : il s’obstina à lutter contre le filet ; et soudain, blessé, couvert de sang, il le rompit et s’élança vers l’azur. Ce fut un cri strident parmi tout le peuple des oiseaux. Dans un bruissement d’ailes innombrables, ils se précipitèrent à travers la brèche, vers l’espace sans limites.

“Crever un toit“, “faire brèche dans l’impossible“. C’est toute l’aventure humaine et chrétienne depuis nos origines obscures. Et aujourd’hui encore beaucoup pressentent, d’un instinct sûr, que Jésus de Nazareth porte, concentré sur sa personne, cet avenir transfiguré. L’impossible est là, en lui toujours vivant. Les forces du mal avaient semblé l’anéantir, mais il avait annoncé la fécondité du grain tombé en terre… Après avoir lutté contre tous les ferments de mort dans le cœur des hommes et dans la vie des peuples, il avait brisé la fatalité de la mort elle-même. C’est au moment où tout semble fini que la contagion de sa vie commence de s’étendre vers les immensités de l’espace et du temps. Désormais, le goût de l’impossible ne reculera plus, même devant la mort. Aussi, c’est tous les jours Pâques, si nous le voulons, même durant le Carême. Et l’Eucharistie noue le rappelle chaque jour si nous le pouvons et désirons. Après Jean-Paul II, le pape Benoît XVI ne cesse de le rappeler.

Aussi, dites-moi, que sont-ils donc devenus ces porteurs avec leur paralytique ? L’évangile n’en dit rien. Ils sont repartis sans doute illuminés par cette rencontre avec le Christ. On ne sait même pas leur nom. Oh ! Inutile de chercher. Ce paralysé qui voulait guérir et les quatre porteurs, ils n’ont cessé de marcher depuis vingt siècles. C’est vous, c’est moi, c’est nous, si nous répondons à l’appel du Christ : “Lève-toi !“.

Aujourd’hui, le “Lève-toi“ de l’évangile résonne en nos cœurs : quitte ton mal qui t’embarrasse, qui te paralyse, et sois signe de vie. “L’homme se leva, prit aussitôt son brancard et sortit devant tout le monde“. Oui, c’est aujourd’hui que le Christ dit à chacun : “Lève-toi !“.

Production – Fécondité - 6. T.O. Vendredi imp. - (Gen 11.1-9)

L’homme, pourtant créé “à l’image de Dieu“, s’est comme désintéressé de Dieu, s’est même détourné de lui !

Dieu avait cependant un magnifique et grandiose projet ! Il avait mis l'humanité en marche vers une ville dont il est "l'Architecte et le Fondateur", selon la belle expression de la lettre aux Hébreux. Et cette ville devait être faite de pierres précieuses. Et il n'y avait pas deux pierres précieuses semblables (cf Apoc. ch. 21).

Or, au lieu de rentrer dans ce projet divin avec enthousiasme, foi, confiance et amour, les hommes préfèrent élaborer des contre-projets : au lieu d’assembler les “pierres précieuses“ que Dieu leur donne pour collaborer à sa construction, ils font des briques et encore des briques ! L’homme est créé pour les épanouissements de la fécondité divine ; et il se laisse tomber dans les esclavages de la production matérielle : faire des briques ! Il y a là un symbole très impressionnant que l'on retrouve tout le temps : "faire des briques" - "Faisons des briques et construisons une tour" (la fameuse tour de Babel). C’est le même symbole que l’on retrouve avec les pyramides d'Egypte.

Inconsciemment, on est tous tentés d'échanger la logique de fécondité contre celle de la production, l'esclavage de la production : faire des briques. Vous savez, on peut faire des briques même si l’on est prêtre par exemple, et que l’on ne pense qu'à ce que l'on élabore, à ses plans, ses projets, et qu'on oublie de prier. On peut faire des briques quand on est tellement pris par son action…, quelle qu’elle soit. On élabore son système à soi, et facilement on adore l'œuvre de ses mains.

Qu'est-ce qui se passe alors ? Au lieu de remonter vers son créateur dans un élan d’actions de grâce (eucharistie) par lequel il retrouve son harmonie, le monde, de par la faute de l'homme qui peut être roi de la création mais qui oublie d'en être le prêtre, d'en faire l'hommage à Dieu, retombe alors au chaos, dans la multiplicité du chaos. On ne comprend plus. Et c'est l'histoire de la tour de Babel.

“Faire des briques !“ : ce sera le symbole par excellence de la production de l’esclavage en Egypte où l’eau, pour féconder la terre, vient d’en bas. L’homme est penché alors, sans cesse courbé vers la terre. Il ne pense, n’agit que pour faire produire la terre : des briques et encore des briques !

Quand les Hébreux arrive en Terre promise, l’eau qui féconde la terre ne vient pas spécialement d’en bas ; elle vient surtout d’en haut, du ciel. Alors, de temps à autre, l’homme se relève, se met debout pour demander à Dieu d’ouvrir les bienfaiteurs robinets du ciel. Et, l’eau une fois tombée, l’homme se relève encore pour bénir Dieu en signe de reconnaissance, lui rendre action de grâce. Tant que l’on vit - ne serait-ce qu’un peu - dans cette dimension verticale, on est invincible. Sinon on devient vite esclave en faisant des briques et encore des briques.

De plus - et ce serait à méditer – quand l’homme retrouve son rapport vertical avec Dieu (par la prière…), les relations au plan horizontal en sont obligatoirement améliorées : le véritable partage s’organise mieux. Il y a une illustration de cette pensée à propos de la manne qui, dans le désert, descend du ciel : chacun en a ce qu’il faut. Et personne ne thésaurise égoïstement.

jeudi 19 février 2009

Dieu, protecteur de l’homme fragilisé - 6. T.O. Jeudi imp. - (Gen 9.1-13)

La lecture de ce jour est toujours un peu difficile, parce que son langage ancien nous est étranger. Pourtant, elle est fort instructive.

“Soyez féconds, multipliez-vous !“, dit Dieu à Noé. On le sait - l’histoire nous l’apprend, ne serait-ce que celle de toute guerre -, la chose la plus urgente après une catastrophe (tel un “déluge“ quel qu’il soit) est de reconstruire l’humanité abîmée, de la repeupler ! On dirait que Dieu ne peut se résigner à la disparition de l’homme !

Pourtant, Dieu n’est pas naïf ! La lecture d’hier rapportait sa conclusion : “Je ne maudirai plus…, je ne frapperai plus…“ (c’est-à-dire je ne laisserai plus l’homme aller à sa perte !). Pourtant, pourtant, dit Dieu, “le cœur de l’homme est porté au mal dès sa jeunesse !“. Affirmation qui provoquera la question de ce sage, “Ben Sirac“ : “Comment l’homme a-t-il été modelé pour couvrir la terre de tromperie ?“. (Sir. 37.3). La grande question du mal !

Quoi qu’il en soit, Dieu n’est donc pas dupe : il constate qu’un châtiment, qu’un déluge (comme toute guerre) n’est pas efficace. Aussi, laisser mourir une multitude pour en sauver quelques-uns n’est pas une solution ; d’ailleurs, c’est encore laisser le vers dans le fruit. Il n’y a qu’à regarder : Noé, certes, est un juste ! Mais Madame et les enfants, c’est déjà moins bien !

Alors, le Seigneur semble se résigner à cette humanité qui, déjà, est en quelque sorte gâtée. Aussi va-t-il lui donner, malgré tout, sa protection exceptionnelle déjà accordée à Caïn, meurtrier de son frère !

Il le fait d’autant plus qu’il connaît désormais la grande fragilité de l’homme. Il pressent, devine pour l’homme des dissonances, des grincements à venir, même avec les animaux ! Avant le déluge, l’homme était en phase avec tous les animaux qui acceptaient sa domination parce qu’ils le reconnaissaient comme le lieutenant du Créateur (rôle qui ne sera rétabli qu’à l’ère messianique). Il n’en est plus ainsi (1). Et dans cette situation tendue entre l’homme et les animaux, la création toute entière a tendance à se révolter (“Elle gémit…“, dira St Paul). La terre elle-même réagit mal ; elle se secoue parfois avec des tremblements terribles parce qu’elle sent sur son dos des “bestioles“, si je puis dire, qui se détournent du Créateur. Elle a donc tendance à vomir périodiquement cette humanité qui devient de plus en plus “rancie“.

C’est dans cette situation nouvelle que Dieu consent à être le protecteur de l’homme devenu très fragile, vulnérable. Et le motif de Dieu est toujours le même : “l’homme a été créé à son image !“. Et, à ce titre, il est de la parenté de Dieu, si l’on peut dire. Alors qui touche à l’homme touche à Dieu qui, légitimement, demandera compte du sang de l’homme versé injustement, même si sa vie est une vie en sursis parce que viciée déjà intérieurement : “Je demanderai compte du sang de chacun de vous… Je demanderai compte de la vie de l’homme… Qui verse le sang de l’homme, par l’homme aura son sang versé. Car à l’image de Dieu l’homme a été fait !“.

Retenons, après cette ces quelques réflexions un peu humoristiques, retenons cette grande affirmation biblique : Dieu se soucie de l’homme même pécheur. Il en devient le protecteur. Il a donc soin de moi en toute circonstance !(1)

(1) Cependant, puisque désormais les animaux eux-mêmes se détournent de l’homme quand il se détourne de Dieu, que l’homme les soumette (en leur inspirant “crainte et effroi“) et s’en servent de nourriture ! A une condition : “il ne mangera par la chair avec sa vie, c’est-à-dire avec le sang“.

Autrement dit, toute vie vient de Dieu - même celle des animaux - ! Et l’homme doit respecter toute vie ! Aussi, le premier Concile de Jérusalem qui abolissait, pour les chrétiens non Juifs, les prescriptions de l’Alliance sinaïtique, a gardé cependant cette interdiction de manger la viande des animaux étouffés avec son sang, (autrement dit, pas de boudins s’il vous plaît !) pour souligner que toute vie vient de Dieu et que l’on ne peut en disposer totalement.

mercredi 18 février 2009

(La prière) - Une création permanente - 6. T.O. Mercredi imp.- (Gen 8.6sv)

A propos de la lecture, on peut, bien sûr, reprendre la méditation d’hier, l’approfondir, l’actualiser pour soi-même dans une prière intime avec le Seigneur. C’est le conseil permanent que je me permets de vous transmettre : cet entretien “cœur à cœur“ avec Dieu.

Certains de rétorquer : Mais dans la prière, je ne sais quoi dire… !“. Ils reprennent les paroles que Moïse adressait à Dieu : “je ne suis pas doué pour la parole, ni d'hier, ni d'avant-hier... J'ai la bouche lourde et la langue lourde“ (Ex.4.10). (et c’est vrai qu’il était bègue, celui-là ; mais Dieu en fit un des plus grands prophètes !).

Ou encore ils répètent la réflexion de Jérémie : “Ah ! Seigneur Dieu, je ne saurais parler, je suis trop jeune !“ (Jer. 1.6). Ceux qui parlent ainsi font affront à Dieu qui pourrait leur répondre comme à Moïse : “Qui a donné une bouche à l'homme ? N'est-ce pas moi, le Seigneur ?“. Autrement dit, tu m’accuses de n’avoir pas bien fait mon œuvre de création à ton égard ! Rien que cela !

Et puis, plus sérieusement, dans la prière, s’agit-il de toujours parler ? Deux amoureux sont-ils des bavards invétérés. Non, ils sont simplement l’un en face de l’autre, sans rien dire ; et cela leur suffit. Le temps et l’espace n’existent plus pour eux; chacun habite le visage de l’autre sans une parole. C’était l’attitude de ce saint paysan qui venait longuement devant le Saint-Sacrement et qui disait à son curé (le curé d’Ars) : “Il m’avise et je l’avise“. Et cela lui suffisait, sans paroles… Saint paysan d’Ars, priez pour nous !

Aussi, que mes propos plus ou moins clairs ou plutôt obscurs ne vous provoquent surtout pas à des échafaudages intellectuels ou même spirituels qui ne feront que donner de l’urticaire à votre intelligence ou à votre âme ! Sachez surtout bien que je ne suis, comme disait St Augustin que “le répétiteur du Maître intérieur qui seul instruit les cœurs“. Je ne sais si je suis un bon répétiteur (on peut toujours faire mieux). Ce que je souhaite : puissent mes propos vous disposer à “écouter le Maître intérieur“, le Christ, même silencieusement, en demeurant simplement dans l’Amour. “Demeurez dans mon Amour“, disait Jésus. Et c’est la meilleur des prières.

Après ce long préambule imprévu, pour vous encourager à reprendre la méditation d’hier dans un “cœur à cœur“ avec le Seigneur, je ferai cependant quelques simples remarques :
  • “Au bout de quarante jours“. dit le texte à propos de Noé et de sa navigation obligée pendant le déluge ! Ce chiffre est évidemment évocateur des quarante ans de migration (non plus sur l’eau, mais dans le désert) des Hébreux après leur sortie d’Egypte. Eux aussi, après quarante ans, leurs yeux “s’ouvrirent“ sur la Terre que Dieu leur avait promise. Et nous-mêmes, n’allons-nous pas vers une “Terre Nouvelle“ ?
  • Et puis, ce passage de la Genèse est un récit, finalement, d’une création. D’ailleurs, certains exégètes affirment que ce texte est antérieur au deux premiers chapitres de la Genèse. Peu importe ! Ce texte, en tous les cas, présente certains aspects d’une création :
  • Il y a le chiffre sept ! Et Dieu créa le monde en sept jours, dira-t-on (ensuite ?), le dernier jour étant le jour du shabbat où Dieu “se reposa“. Le repos qui permet la “reconnaissance“ de tout ce que Dieu a fait ! C’est le “Jour du Seigneur“ !. Aussi, dès qu’il met pied à terre, Noé construit un autel au Seigneur. On l’a déjà remarqué : l’homme est roi de la création ; mais il en est aussi le prêtre ! Tout est a lui ; mais ce qu’il a reçu de Dieu, il doit lui en faire reconnaissance, action de grâce. Noé fit un holocauste. Le sens de ce mot en hébreu, c’est : “faire monter des choses qui montent“ : tout vient de Dieu, tout doit retourner à Dieu. Et l’homme est appelé - c’est sa vocation – à collaborer à cet hommage de toute la création envers le Créateur. Sans cette dimension verticale, les hommes retournent au néant, à la platitude de l’horizontalisme. Il est bon de se le redire cela !
  • Dieu lui-même “respire l’agréable odeur“ de cette terre nouvelle, cet odeur qui régnait déjà au jardin d’Eden que Dieu avait voulu pour que l’homme soit heureux, en communion avec lui : une “odeur de grâce“.
  • Tout cela (avec d’autres détails) indique encore que ce texte décrit finalement la création permanente de Dieu qui sans cesse fait “toutes choses nouvelles“, si nous savons le reconnaître en en rendre “action de grâce“.

Dieu, souvent affligé…, jamais désespéré ! - 6. T.O. Mardi imp. - (Gen 6.5sv)

On dirait que Dieu est souvent affligé, meurtri, peiné devant la perversité des hommes… Toujours, ils se dévoient…, ils vont à leur perte ! Et Dieu est tenté, en quelque sorte, de “laisser faire“ par respect de notre liberté, de laisser l’homme aller vers le néant qu’il creuse lui-même, d’être sans cesse submergé par les déluges de misères qu’il provoque. - Mais il est dit : “Dieu s’affligea dans son cœur !“. Et la Bible rappelle souvent cette sorte d’affliction de Dieu devant le dévoiement des hommes créés pourtant “à son image, à sa ressemblance“.
  • Avec Abraham, devant Sodome et Gomorrhe, Dieu s’afflige, “son cœur fut renversé“, dira le prophète Amos.
  • Avec Moïse, devant son peuple devenu idolâtre, Dieu se révolte, en quelque sorte, de voir son peuple - le peuple de l’Alliance“ -, le renier. Sa “colère“ n’est qu’une expression de sa grande déception.

Et il y a ainsi beaucoup d’autres exemples au cours de l’histoire qui expriment la douleur de Dieu quand l’homme s’écarte de lui… !

Et Jésus - Dieu fait homme - exprimera souvent, surtout dans ses paraboles, cette même tristesse de Dieu :
  • devant la vigne - la “vigne du Seigneur“ - qui ne donne que du verjus !
  • devant le figuier qui ne donne aucun fruit…,
  • devant les invités discourtois qui déclinent l’invitation à la noce…,
  • devant la brebis perdue… ou à la pensée de ce fils ingrat qui claque la porte de la maison paternelle et va dissiper les biens qu’il a reçus…,
  • devant ce jeune homme qui avait tant de richesses et qui ne répond pas à son appel…

Bien plus, Dieu en Jésus pleura à la vue de Jérusalem : “Si toi, tu avais su trouver la paix…“, cette paix de mon Alliance, s’afflige-t-il (Lc 19.41). A la vue de tous les déluges de par le monde, Dieu reprend souvent cette lamentation de Jérémie : “Mon affliction est sans remède, tout mon être est défaillant… Pourquoi m'offensent-ils avec leurs idoles, avec ces absurdités qui viennent d'ailleurs ? "

Et aujourd’hui, Dieu ne pleure-t-il pas devant les divers déluges que les hommes provoquent ici ou là ? Et parfois, Dieu ne s’afflige-t-il pas à la porte même de notre cœur ?

Cependant, si le “cœur de Dieu est renversé“, si Jésus pleure, ce n’est jamais avec désespérance. Car il ne peut abandonner l’homme “créé à son image“ qui, de ce fait, est comme de sa parenté, de son propre sang si je puis dire !

lors il envoie un “goêl“, comme dit l’hébreu (on l’a vu hier), c’est-à-dire un “vengeur“ du sang répandu injustement qui, comme celui d’Abel, crie du sol vers lui (Gen 4.10), un “Sauveur“, un “Rédempteur“ qui va “racheter“ à prix fort celui qui est tombé dans la misère, l’esclavage !

Ce furent Noé, Abraham, Moïse, David, tous les prophètes et tant d’autres. Et, finalement, pour nous sauver de tous nos déluges, Dieu envoya son Fils, le “Fils Unique“ qui “vengea“ le sang injustement répandu par son propre sang “versé “pour la multitude en rémission des péchés“.

Son côté déchiré par la lance d’un soldat déchire le voile de l’ancien temple pour donner accès à une alliance nouvelle et éternelle avec Dieu ! Et Dieu en Jésus Christ ne cesse désormais de répéter tout au long de l’histoire cette phrase un peu énigmatique du prophète Zacharie, mais bien compréhensible désormais : “ils regarderont vers moi, celui qu'ils ont transpercé“ et ils seront sauvés !

Savons-nous regarder vers Dieu transpercé en son Fils ? Il attend simplement notre regard. Il n’est jamais désespéré !

Dieu, protecteur…, rédempteur - 6. T.O. Lundi imp. - (Gen 3.1-8)

Les lectures de ces jours-ci sont plus difficiles qu’elles ne le paraissent. Elles ne forment pas obligatoirement une suite bien ordonnée. Elles ont sans doute des origines diverses, qui, pour certaines sont peut-être antérieures aux premiers livres de la Genèse (qui racontent la création).

Ceci dit, on peut remarquer dans notre texte d’aujourd’hui comme une ambigüité sociale. Caïn était un agriculteur et Abel un berger, un nomade pratiquement. Or Dieu apprécie le sacrifice d’Abel, le nomade, et pas celui de Caïn, l’agriculteur. Il semble préférer l’itinérant au sédentaire. D’ailleurs, plus tard, c’est quand Noé, de nomade devient cultivateur, qu’il lui arrive quelques ennuis : il cultive trop sa vigne, celui-là !

Or voici qu’après le meurtre de son frère, Caïn est obligé de fuir : “Tu seras errant“, lui dit le Seigneur comme une malédiction. Du coup, c’est le nomade qui devient un réprouvé, en situation dangereuse ! Ce que d’ailleurs comprend parfaitement Caïn : “Le premier venu me tuera !“. (A remarquer qu’on ne voit pas très bien qui est ce premier venu : Adam et Eve n’ont eu que deux fils et Abel a été tué !!!). Il y a dans la réponse de Caïn comme une inversion sociale : d’une situation saine et bénie, le nomade passe à un statut dangereux et maudit.

Peut-être que le texte veut surtout souligner que l’homme, une fois cultivateur, n’est plus apte à devenir nomade. Il serait alors toujours un déraciné, ne jouissant plus des sécurités d’un sédentaire.

Cela dit, spirituellement, nous sommes tous des errants sur la terre, des métèques dont la vie est précaire. Nous sommes un peu comme Caïn au seuil de l’histoire, dans la crainte d’une mort éternelle.

Alors le Seigneur répond : “Si l’on tue Caïn, il sera vengé sept fois !“. C’était une loi à l’époque qui se perpétuera longtemps : le sang d’un membre de la famille, du clan devait être vengé ; s’il était tombé dans la misère, dans l’esclavage, il devait être racheté. Et celui à qui incombait ce devoir de “venger“, de rachater, c’était le “goël“ (en hébreu), le rédempteur. Par sa réponse à Caïn, le Seigneur se fait son rédempteur, son “goël“. Bien plus, “Caïn sera vengé jusqu’à sept fois“. Le “Caïn“ est comme “réévalué“, si je puis dire. Sa “valeur“ sera multiplié jusqu’à sept !

Sérieusement, cela veut dire que Dieu se fait le défenseur, le rédempteur de la vie de l’homme dont la vie est précaire. Dieu prend déjà parti pour défendre la fragilité de l’homme vulnérable, même si cette fragilité est une conséquence de sa faute.

C’est notre situation ! L’homme pécheur est un “maudit“. De ce fait, il devient un “déraciné“ vulnérable sur lequel les malheurs risquent de s’accumuler. C’est alors que le Seigneur lui-même se fait le “Sauveur“, le “Rédempteur“ de cet homme fragile et vulnérable. L’homme pécheur s’est “dévalué“ par ses fautes ; Dieu s’apprête à le “surévaluer“ et jusqu’à sept fois, c’est-à-dire infiniment.

Et Dieu a tenu son engagement tout au long de l’histoire d’Israël, tout au long de l’histoire de l’homme… et encore en ces jours qui sont les nôtres. Et si en Jésus Christ, l’homme était “réévalué“ infiniment ? “Grâce à l’amour de notre Dieu“, diront St Paul et St Jean.

vendredi 13 février 2009

La tentation - 5. T.O. Vendredi imp. - (Gen 3.1-8)

Même un peu abscons pour nous, le livre de la Genèse est plein d’humour et de fine psychologie tout à la fois. Il suffit de lire pour découvrir le processus de toute faute :
  • “Le serpent était le plus rusé des animaux…“. Il faut savoir qu’en hébreux ancien, les mots “rusé“ et “nu“ s’écrivaient de façon identique, avec les mêmes consonnes (les voyelles n’étant pas alors signalées). On pourrait traduire : “le serpent était le plus nu…“. Or, il sera dit qu’après leur faute, Adam et Eve se retrouvent “nus“ ; ils se cachent ! Ils ont déjà pris les mœurs du démon : le “pécheur“ devient “un de ces hommes profondément retors et traîtreusement doubles“ (Balzac). Il faut le savoir ! le pécheur est toujours ingénieux en artifices subtiles !
  • Aussi, le serpent dit à la femme de façon ambiguë et d’une intonation suspensive : “Vous le mangerez pas de tout arbre…“, sans interrogation ou exclamation. Le Malicieux ! Il ne ment pas à proprement parler. Il émet simplement- et très discrètement - une petite suspicion. C’est tellement subtil surtout face à une personne qu’il devine bien innocente et sans méfiance. La ruse subtile !
  • Eve va tomber naturellement dans le piège. Elle réagit immédiatement pour sauver en quelque sorte l’honneur de Dieu dont le démon caricature le commandement : “Pas du tout, affirme-t-elle ; seul, l’arbre qui est au milieu du jardin est interdit“.
  • Cependant, disant ainsi, un doute commence à s’installer en elle : “si le serpent parle ainsi, c’est peut-être qu’on ne lui a pas tout dit… !“. Et une certaine anxiété s’installe dans son cœur : que cache donc cet interdit ? La ruse du serpent réussit : le doute a germé en elle suscitant une interrogation anxieuse qui devient peu à peu une obsession : la chose interdite prend soudainement tout l’horizon de sa pensée. S’il y a eu un arbre qui a caché toute une forêt, c’est bien celui du jardin de l’Eden !
  • Eve cependant réagit sur elle-même, sur son anxiété soudaine qu’elle manifeste inconsciemment en exagérant à son tour l’interdit divin : de l’arbre en question, il ne faut pas même y toucher ! Quel scrupule révélateur ! Dieu n’a jamais dit cela ! Mais son angoisse, son obsession anxieuse deviennent telles qu’afin de ne pas succomber à la tentation, il est préférable, pour ne pas manger, de ne pas même “toucher“ !
  • Le subtil et retors serpent devine bien tous ces méandres troublés de sa pensée. Et, c’est à ce moment qu’il fait la grande offensive : ce sera du quitte ou double ! “Si vous en mangez de ce fruit, susurre-t-il, vous ne mourrez certainement pas. Au contraire“. Et il va lâcher l’argument massue : “Le fruit défendu, mais c’est ce qui fait justement la différence entre ce que Dieu est Dieu et ce que l’homme est homme. Dieu vous a tout permis sauf, évidemment, ce qui lui est propre… pour le moment !“
  • Du coup, une grande curiosité étant attisée, la femme va se dire : “Mais le serpent a sans doute raison. Au fond, je ne suis qu’une créature ; et Dieu a certainement intérêt à me maintenir en cet état“. Et cette réflexion devient si évidente qu’elle va provoquer comme le cri de l’adolescent qui revendique de passer du côté des adultes.
  • “Alors, est-il dit, la femme voit que l’arbre est bon a manger“. Quelle remarque admirable et finement psychologique. Quelques instants avant, il n’y avait que le toucher qui était excité ; et maintenant l’arbre devient “bon à voir !“, et donc désirable. Autrement dit, tous les sens étant fortement éveillés, il est alors plus difficile de ne pas succomber.
  • Adam et Eve succombent donc à la tentation. Ils se retrouvent “nus“, donc “rusés“ ; aussi commencent-ils à pratiquer la politique du camouflage : ils vont se cacher derrière les arbres ! Et Dieu laisse faire… C’est pour lui le début de la longue patience (sa souffrance qui ira jusqu'à la mort de son Fils en croix) qu’il pratique à l’égard de tout homme pour qu’un jour il revienne debout dans son innocence première. Cela aussi, il faut le savoir et le reconnaître !

“Il les fit homme et femme“ ! - 5. T.O. Jeudi imp. - (Gen 2.18-25)

Le texte de la première lecture a suscité bien des plaisanteries faciles. Et pourtant, il comporte bien des enseignements importants.

On l’a vu : la création toute entière est une hymne à la bonté de Dieu. Chaque phase de l’œuvre divine est ponctuée par ce refrain : “Et Dieu que cela était bon !“.

Et aujourd’hui, il est souligné : “Il n’est pas bon que l’homme soit seul“ ! Dieu est toujours à la recherche de ce qui est bon pour l’homme ! Or l’homme ne peut se “construire“ tout seul ! Dieu l’appelle donc à vivre “en relation“ avec d’autres. Et l’union de l’homme et de la femme doit être le lieu privilégié de cette vie relationnelle qui prépare chacun à s’insérer, au jour éternel, à l’intérieur des relations que s’échangent les trois Personnes divines elles-mêmes ; Dieu n’est qu’Amour… à l’intérieur de lui-même !

Quelle grandiose et prophétique mission doit revêtir toute union chrétienne : réaliser déjà et annoncer que les relations humaines de l’homme et de la femme sont destinées à s’éterniser à l’intérieur des relations d’amour de Dieu, Père, Fils, Esprit-Saint. Quel “grand mystère“, dira St Paul, souligné déjà par la lecture d’aujourd’hui.

En effet, il est dit : “Dieu créa l’homme à son image ; mâle et femelle, il les créa“ (Gen 1.27). Et pour cette création, “le Seigneur fit tomber sur l’homme un profond sommeil“. Il s’agit là, bien sûr, d’un sommeil “surnaturel“, si je puis dire, en ce sens que l’homme ne peut être le témoin direct d’une œuvre de Dieu aussi grandement mystérieuse que celle-là ! L’union de l’homme et de la femme, l’inclination réciproque qui les unit, ce sont des mystères humains et divins tout à la fois que nous devons admirer comme une œuvre de Dieu, un reflet de son Amour.

Il est encore précisé un détail de la création de la femme : Le Seigneur prit une côte à Adam qu’il transforma en femme ! (sujet facile de plaisanteries !). Cela veut dire que l’homme et la femme sont destinés à vivre côte à côte, cœur à cœur, si je puis dire. Bien plus, pour nous chrétiens, le côté d’Adam (côte et côté, c’est le même mot en hébreu) nous projette immédiatement vers le mystère pascal : du côté du Christ, nouvel Adam, que la lance du Centurion ouvrit, s’écoulèrent de l’eau et du sang.

L’eau qui purifie comme celle qui sortait du côté droit du temple dans la vision d’Ezéchiel, l’eau du baptême… ;

et le sang est de celui qui donne sa vie : “Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ses amis“ (ce que rappelle l’Eucharistie).

C’est ainsi que tous les Pères de l’Eglise virent, de ce côté ouvert du Christ, la naissance de l’Eglise… Aussi, St Paul avait-il raison de s’écrier : “Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise“ (et réciproquement).

une dernière remarque faite avec humour : Après une lecture, j’ai découvert que si des deux mots hébreux : homme (“ish”) et femme (“isha”), on enlève - avec respect, évidemment - les deux lettres : le yod (y) et le hé (h), lesquelles assemblés (hy) forment le début du NOM (divin), et que l’on fasse ensuite l’union de ce qui reste de ces deux mots “homme“ et “ femme“, il en résulte le mot : (éche). Et ce mot veut dire « FEU ».

Tant il est vrai finalement que sans la présence verticale de Dieu dans la relation horizontale de l’homme et de la femme, l’amour humain est un feu qui peut dévorer ce dont il se nourrit ! Si je prenais cette remarque - simplement linguistique - comme thème d’une prochaine homélie nuptiale, je me ferai certainement “écharper“ !!!

Heureusement, il y a le « Cantique des Cantique » - véritable résumé de tous les psaumes - ; il annonçait déjà ce “Feu“ que le Christ voulait allumer sur la terre et qu’il nous est si difficile de répandre, ce Feu divin qui réchauffe corps et âme, en les épurant cependant comme un feu… et Oui !

Roi et prêtre - 5. T.O. Mercredi imp. - (Gen 2.4-17) .

Parce que Dieu est Amour, il est Don ! Dieu a tout créé et il donne… à l’homme.

A l’homme, les plantes et les arbres… et les animaux… Tout est pour lui ! Mais, pour autant, l’homme n’a pas à distinguer, présomptueusement, parmi les dons divins, ce qui lui semble “bien ou mal“, à re-créer comme un dieu en quelque sorte la création, à l’imaginer comme “un arbre qui donne la connaissance du bien et du mal“, afin d’être capable de décider de tout, sans référence au Créateur ! Ce fut, malheureusement, ce que j’appelle facilement “l’inversion sacrilège“ par excellence : se prendre pour Dieu ! C’est fréquent cela !

L’homme est bien le roi de la création que Dieu lui a donnée. Mais, quand on a reçu, n’est-il pas normal de dire “merci“, d’avoir “reconnaissance“ (avant même d’avoir connaissance) ? En faisant hommage à Dieu de tout ce qu’il a reçu, l’homme, roi de la Création, en devient également le prêtre. Il bénit Dieu de ses largesses :“Bénis le Seigneur, ô mon âme ; Seigneur, mon Dieu, tu es si grand (dans ta création) !“ (Ps 104).

L’action de grâce est la clef de l’harmonie universelle. Le monde “meurt“ parce qu’il oublie Dieu ; il le marginalise ; il inhibe les dynamismes les plus profonds de l’homme appelé à “rebondir“ de tout son être vers Dieu, en le louant (le mot juif vient de la racine “louer“).

Chacun est appelé - c’est la vocation première - à faire un bon usage de la Création dans l’action de grâce… et le partage également :
  • Au désert, les Hébreux devaient se partager la manne qui descendait du ciel sans rien se réserver égoïstement. C’est la première tentation : garder pour soi !
  • Au désert, ce fut la première tentation de Jésus par le démon : “Ordonne que ces pierres deviennent des pains“ ! Pour toi !
  • Au contraire, au désert, Jésus multiplie les pains pour que ses apôtres les distribuent.
  • Aussi, au désert de nos diverses faims, nous prions : “Donne-nous le pain quotidien“.
  • Alors, au désert de nos solitudes ou désespoirs, Jésus vient à notre rencontre et nous le reconnaissons, comme des disciples d’Emmaüs, à la “fraction du pain“, ce pain qui devient “Eucharistie“ (action de grâce). Jésus se met tout entier en ce geste, comme il s’est mis tout entier en sa Pâque pour rendre grâce à Dieu son Père au nom de tous les hommes. Souverain et Unique Prêtre, il se met tout entier en ce pain et nous le donne pour que chacun puisse profondément reprendre, dans l’action de grâce, cette formule de bénédiction (d’inspiration juive) : “Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes. Nous te le présentons, il deviendra le pain de la vie“.

Oui, l’homme est roi de la création. Il doit aussi avec le Christ, en lui et par lui, en être le prêtre : “Dans l’Esprit-Saint, dit le Concile Vatican II, tous les chrétiens deviennent un sacerdoce saint et royal, offrant des sacrifices spirituels à Dieu par Jésus Christ, et proclamant les hauts faits de Celui qui les a appelés des ténèbres à son admirable lumière“ (Décret Ministère… 2).

mardi 10 février 2009

La création et le mal - 5. T.O. Mardi imp. - (Gen 1.20-2.4)

Dans le texte de la première lecture, comme dans celle d’hier, il y a un refrain qui revient à chaque phase de la création l’univers :

"Et Dieu vit que cela était bon !"

Et même après la création de l’homme, le texte dit :

"Et Dieu vit que cela était très bon !"

Le mal est pourtant toujours là. Qu’en fait-on ? J’ai eu l’occasion déjà de donner une petite explication à la fois historique et exégétique.

L’auteur de la Genèse était affronté à une croyance dualiste très répandue chez les peuples environnants : il y avait un principe du BIEN et à un principe du MAL. Deux principes qui s’opposaient, s’affrontaient dans toute la création !

Or, les Hébreux, eux, avait eu la révélation du DIEU UNIQUE qui avait révélé son nom, un Nom de bienveillance, de bonté : “JE SUIS“. (Sous-entendu : “Je suis toujours avec vous!“ Pour une alliance!).

Mais alors, du mal qu’en fait-on ? Et bien, les auteurs inspirés (qui se débattaient comme nous avec cette question) ont préféré reprendre les formules dualistes de leurs voisins et de tout attribuer (Bien et Mal) à Dieu lui-même, nonobstant la contradiction apparente, pour mieux affirmer, coûte que coûte, malgré le mal qui demeure, qu’il n’y a qu’un seul et Unique Dieu,

Il y a un passage significatif dans Isaïe qui souligne ce dualisme dans la cadre d’une croyance au Dieu Unique :

"C'est moi qui suis le Seigneur; il n'y en a pas d'autre;

Donc un Dieu unique ! Bien. Mais :

je forme la lumière et je crée les ténèbres;

je fais le bonheur et je crée le malheur.

C'est moi, le Seigneur, qui fais tout cela" (Is. 45/7).

Aussi, les auteurs inspirés des livres de la Bible ont fortement affirmé leur foi en un Dieu Unique et Bon, et cela dès "le commencement", pour pouvoir ensuite mieux accompagner la condition humaine jusqu'au fond de la contradiction apparente qu’est le mal ! Ils ont préféré poser brutalement et d’emblée la question du mal à l’intérieur de leur foi au Dieu Unique et Vivant, même si cette question compliquait de beaucoup leur existence comme la nôtre. Et avec cette foi qui n’évacuait pas le mal, au contraire, ils ont accompagné l'humanité aussi loin que possible dans l'absurde qu’est le mal. Ils ont été jusqu’à crier (bien avant le Christ) que ce Dieu Unique et Bon était capable de mener “par delà la mort” elle-même, le mal absolu. (Ps 48.15).

On ne peut s’attarder ce matin. Mais avec ce texte de la Genèse, sachons fortifier notre foi :
  • Notre Dieu est un Dieu bon. Et il veut notre épanouissement ; il nous a créés “à son image et ressemblance“. "Et Dieu vit que cela était bon !"
  • Et si nous ne comprenons pas la présence du mal, nous savons du moins (depuis le Christ surtout) que c’est Dieu qui a les solutions au mal et à la mort elle-même. Faisons lui confiance, comme Job, ce grand souffrant qui affirmait de façon magnifique :

“Je sais bien, moi, que mon rédempteur est vivant, que, le dernier, il surgira sur la poussière. Et après qu'on aura détruit cette peau qui est mienne, c'est bien dans ma chair que je contemplerai Dieu. C'est moi qui le contemplerai, oui, moi ! Mes yeux le verront, lui, et il ne sera pas étranger. Mon cœur en brûle au fond de moi“. (Job 19 25-27).

lundi 9 février 2009

Le Commencement – 5 T.O. Lundi imp. - (Gen 1.1-19)

“Au commencement !“

Jean Guitton a écrit à propos de l’Annonciation faite à Marie : “Les commencements sont toujours riches de signification, contenant déjà en germes ce qui va se développer par la suite… C’est , en effet, un des caractères de la conduite de Dieu sur l’histoire que de ramasser en de certains moments critiques ou en de certains êtres privilégiés ce qui doit, par la suite, se développer longuement, se déployer et s’expliciter. Ainsi l’homme inquiet, asservi à l’écoulement du temps, peut jouir déjà de ce qui n’est pas encore“ (J. Guitton, “La Vierge Marie“.)

Aussi faut-il sans cesse se ressourcer à ce ”commencement“ de notre vie. Mais ce “commencement“ n’est pas toujours chronologique. Dans le domaine de notre foi, le Christ est “LE COMMENCEMENT“. Et pourtant, dit l’Ecriture, il vient à la “plénitude des temps“. Cependant, “par lui, avec lui, en lui“, tout le passé prend sens et l’avenir est annoncé. “Je suis l’Alpha et l’Oméga, le Commencement et la Fin“ (Apoc. 21.6).

Ainsi, n’y-a-t-il pas en chacune de nos vies - c’était hier ou ce sera demain - un “commencement“, un moment capital, si riche de signification qu’il justifie toutes les démarches déjà vécues et éclaire considérablement l’avenir. Englobant le passé, il annonce le futur. Il donne sens à tout. C’est souvent un événement (heureux ou douloureux), une rencontre…, que sais-je, une lueur de notre intelligence qui donne soudainement signifiance à tout ce que nous avons fait et ferons.

N’y-a-t-il pas en chacune de nos vies - c’était hier ou ce sera demain - ce moment privilégié d’un “commencement“ avec Dieu, ce moment vraiment fondateur d’une Alliance avec le Christ qui donne valeur à certaines étapes de la vie. Bien plus, ce “commencement“ est comme un soleil qui, par delà même les moments tragiques ou douloureux, éclaire un chemin de lumière…

C’est l’un des sens, me semble-t-il, de ce premier mot de la Bible. Ce “commencement“ n’est pas chronologique ; il est existentiel. Il est une inflorescence, un capitule qui présente les fleurs d’hier et annonce déjà celles de demain pour former un immense bouquet fleuri au jour éternel, au “jour unique“ de Dieu.

Une remarque amusante pour terminer. La première lettre de ce mot “commencement“, qui est donc la première lettre de la Bible est un “beth“, est cependant la deuxième lettre de l’alphabet hébreu. Dans la tradition juive, on dit que la première lettre de l’alphabet (Aleph) en a été si jalouse qu’elle en est restée muette de stupeur. Dès lors, elle ne se prononce pas (comme la lettre “h“ en français, par exemple : “homme“).

Cette première lettre de la Bible pourrait être figurativement comparée à notre “C“ de notre alphabet. Elle est fermée de tous les côtés, sauf du côté où commence la lecture. Ainsi, cette première lettre de la Bible semble nous dire : si tu commences par le commencement, si tu as la clef du commencement, de “ton commencement“, ne te poses pas trop de questions ; tu perds ton temps en pensant à ce qui est derrière, dessus ou dessus. Commence par là, par ce côté ouvert, commence par le commencement, ton “commencement“. Et tu n’auras pas trop de ta vie pour déchiffrer tout ce qui est dit à partir de ce commencement.

Et que dire quand notre “commencement“ est inclus dans celui qui a dit : “Je suis le COMMENCEMENT“.

L’hospitalité - 4. T.O. Vendredi imp. - (Héb. 13.1-8)

La lecture d’aujourd’hui nous donne beaucoup de conseils pour notre vie chrétienne. Je n’en retiens qu’un seul : “N’oubliez pas l’hospitalité !“. - L’hospitalité est une grande vertu. Les Grecs y voyaient un des traits marquants d’un peuple civilisé. D’ailleurs, dans beaucoup de langues primitives, les mots “hôte“ et “ennemi“ ont une racine commune. En latin “hôte“, c’est “hospes“ ; et “ennemi“, c’est “hostis“ : même racine ! Et certains d’expliquer que la civilisation à franchi un pas décisif le jour où l’étranger, d’“ennemi“ est devenu un “hôte“, c’est-à-dire le jour où la communauté humaine a été créée et que ne résonnait plus le cri de Caïn au seuil de l’histoire humaine : “Je serrai errant et fugitif sur la terre ; et quiconque me rencontrera me tuera“.

Mais pour nous, l’hospitalité est surtout une vertu de foi. St Benoît, dans sa règle, en donne le motif : “Les hôtes seront reçus comme le Seigneur lui-même afin qu’il puisse nous dire au jour du jugement : « J’ai été un hôte et vous m’avez reçu !»“.

Notre foi cherche à honorer Dieu partout où il se trouve ; et il se “cache“ très souvent en nos frères malgré parfois des apparences contraires. Certes, souligne St Benoît, il faut pratiquer envers chacun un “congruus honor“, l’honneur qui convient : on n’accueille pas n’importe qui n’importe comment. Cependant le Seigneur est en chacun de nos frères car chacun, quelque soit sa pauvreté humaine ou spirituelle, est aimé de Dieu, d’un amour qui l’appelle sans cesse à être de plus en plus “à son image et ressemblance“. Et qui sait si chaque rencontre n’est pas une occasion de détecter et même de promouvoir cette ressemblance.

Oui, Jésus demeure toujours cet étranger près de nous : “Voici que je me tiens à la porte et je frappe“. Au fond, dans la pratique de l’hospitalité chrétienne, celui qui est le plus comblé, ce n’est pas celui qui est reçu, mais celui qui reçoit puisqu’il reçoit le Christ lui-même : “N’oubliez pas l’hospitalité ; quelques-uns à leur insu hébergèrent Dieu lui-même“, dit notre lecture en référence à Abraham qui accueille trois mystérieux visiteurs…

Certes, l’hospitalité est difficile ; c’est pourquoi elle demande tant de foi, car accueillir le Christ, c’est toujours accueillir un crucifié qui entend rester “en agonie jusqu’à la fin du monde“, comme disait Pascal. Mais c’est accueillir aussi un Ressuscité. Et ce Ressuscité œuvre toujours à être bien vivant en tout homme qui l’accueille !

Je me permettrai de terminer par un trait d’humour. Il y a quelques jours, nous avons accueilli notre nouvel évêque. Chose curieuse, en latin d’Eglise, l’évêque d’un diocèse se dit : “Ordinarius loci“, “l’Ordinaire du lieu“ ! - Il y a beaucoup de gens “extraordinaires“ ; on les admire légitimement sans doute. Cependant, me semble-t-il, accueillir un homme “ordinaire“, c’est-à-dire qui sache mettre personnes et choses dans l’“ordre“ qui convient et à leur juste place (celle que Dieu veut pour chacun), accueillir un tel homme “ordinaire“ en le recevant comme le Christ lui-même, c’est finalement très “extraordinaire“. Et avec la grâce de Dieu et à l’aide de nos prières, en pratiquant l’hospitalité à l’égard de notre “Ordinaire du lieu“, nous parviendrons à la chose la plus “extraordinaire“ qui soit : la vie du Ressuscité en chacun de nous !

“N’oubliez donc pas l’hospitalité ; quelques-uns à leur insu hébergèrent Dieu lui-même !“

jeudi 5 février 2009

Une longue marche - 4. T.O. Jeudi imp. - (Héb. 12.18-24)

Ce n’est plus, nous dit la lecture d’aujourd’hui, vers une montagne fumante qui terrifiait les Hébreux que nous marchons ! Non ! Nous montons vers “la Cité radieuse du Dieu vivant“ où beaucoup nous ont déjà précédés (anges ?), vers la “Jérusalem céleste dont Dieu seul l’architecte et le constructeur“ (Heb. 11.10).

Au fond, notre vie terrestre n’est qu’un pèlerinage, car “ici-bas, nous n’avons pas de cité permanente, mais nous recherchons celle de l’avenir“ (Heb. 13.14). Aussi, reprenons souvent cette belle prière de St Augustin : “Mon Seigneur et mon Dieu, mon unique espérance, exauce-moi afin que je ne me lasse pas de marcher vers toi…“… Là-bas, en Dieu, “nous nous reposerons et nous contemplerons, nous contemplerons et nous aimerons, nous aimerons et nous chanterons : telle sera la part qui nous sera échue, à la fin, sans fin“ (Confessions).

En cette attente, sachons-le, être chrétien, c’est marcher, c’est suivre Jésus qui est toujours devant, c’est marcher derrière celui qui s’est défini comme le Chemin ! Sans cesse, il nous dit d’aller plus loin encore, de sorte, a-t-on dit (Bergson), que “l’élément stable du christianisme, c’est l’ordre de ne jamais s’arrêter“.

Bossuet avait bien compris cela ; et il l’exprimait dans son grand style : “Toute la doctrine de l’Evangile, toute la discipline chrétienne, est entièrement renfermée dans cette seule parole : « Egredere : Sors“ (marche !). La vie chrétienne est un long et infini voyage durant le cours duquel, quelque plaisir qui nous flatte, quelque compagnie qui nous divertisse, quelque ennui qui nous prenne, quelque fatigue qui nous accable, aussitôt que nous commençons à nous reposer, une voix s’élève d’en-haut qui nous dit sans cesse et sans relâche : “Egredere : Sors“ (marche !), et nous ordonne de marcher plus outre. Telle est la vie chrétienne !“ (cf. : Panégyrique de St Benoît). Marcher, ne jamais s’arrêter !

Et tous les apôtres, l’épître aux Hébreux tout spécialement et tous ceux qui nous ont précédés nous donne le même conseil : il nous faut marcher vers Dieu, avec fermeté, virilité, endurance, courage. Il nous faut marcher vers lui et avec tous nos frères. Car la seule manière de bien marcher vers Dieu, c’est de marcher avec nos frères en nous aimant les uns les autres !

Que notre journée aujourd’hui soit donc une marche vers Dieu et avec nos frères. Ne soyons jamais étonnés par les hommes, les femmes que nous pouvons rencontrer…, et encore moins par les circonstances de la vie. Car méfions nous : les hasards - du moins ce que l’on appelle ainsi - ne sont très souvent que les chemins que Dieu prend lorsqu’il veut passer près de nous incognito… afin d’accompagner discrètement notre marche.

mercredi 4 février 2009

“Frémir de Dieu !“ - 4. T.O.- Mercredi imp. - (Héb. 12.4-15))

“Quand le Seigneur aime quelqu’un, il lui donne de bonnes leçons !“. – “Qui aime bien châtie bien“, dit le proverbe !

Faut-il comprendre que Dieu serait souvent ce père fouettard qui obligatoirement inspirerait une crainte salutaire certes, mais terrible ? Et la Bible elle-même ne dit-elle pas que “la crainte est le commencement de la sagesse“ ? (Prov 9.10).

Le mot crainte, en français, est “piégé“. D’après le dictionnaire, il signifie : “redouter (quelqu’un ou quelque chose) comme dangereux, nuisible, en avoir peur“. Faut-il donc avoir peur de Dieu, parce que dangereux ? Pourtant l’étymologie du mot lui-même indique déjà un sens plus acceptable, celui de “trembler“ Or, on peut trembler de joie, d’exaltation… ou trembler d’angoisse, de peur…

Ce sens se retrouve, plus précis encore, dans la Bible. Il y a un exemple frappant : quand Abraham s’apprête à sacrifier son fils Isaac, Dieu lui dit : “N’étends pas la main sur l’enfant… Car je sais maintenant que tu crains Dieu“. C’est la traduction officielle. Littéralement, il faudrait dire : “Maintenant je sais que tu frémis d’Elohim“ (traduction de Chouraqui).

Frémir ! Frémir de Dieu !

Lorsque j’étais enfant, il me suffisait de jeter un regard sur les yeux de ma mère ou de mon père pour “frémir“ dans mon cœur et savoir si je me comportais bien ou mal, si j’agissais convenablement ou non. Si je me conduisais bien, le regard aimant de mes parents m’encourageaient fortement ; si c’était le contraire, leurs regards plus durs mais toujours aussi aimants m’avertissaient. Nul besoin de paroles ! Un certain “frémissement“ en mon cœur sous leurs regards me suffisait !

Il en est ainsi de l’éducation spirituelle des enfants de Dieu que nous sommes. Elle est le fruit d’un double regard : le regard de Dieu sur nous et notre regard vers lui : “Vers toi, Seigneur, j’élève mes yeux…“, dit le psaume. Et lorsque le regard de Dieu et le nôtre se rencontrent, il en résulte toujours comme un “frémissement“. Positivement, on frémit de Dieu dans la joie de notre élévation vers lui qui est Amour. Ou, au contraire négativement, on frémit de notre indignité, de notre impureté… C’était l’attitude des Hébreux face à la manifestation de Dieu au Sinaï : “Le peuple vit, il frémit et se tint à distance en disant « Que Dieu ne nous parle pas ; ce serait notre mort !»“ (Ex. 20.18). Par contre, lorsque la gloire de Dieu viendra sur Jérusalem, Isaïe annonce : “La gloire du Seigneur est sur toi. Alors tu verras… ton cœur frémira et se dilatera !“. (Is. 60.5).

“Frémir de Dieu“ ! Par la prière, la méditation, la lecture des Saintes Ecritures, on peut rencontrer Dieu, rencontrer son regard. Alors on “frémit“ de lui. N’est-ce pas cela la crainte de Dieu ?

De toutes façons, on frémit toujours de Dieu, car, disait Jésus : “Qui n’est pas avec moi est contre moi“ (Mth. 12.30). Que le Seigneur nous donne la grâce de frémir avec allégresse devant lui : “Acclamez le Seigneur, servez le Seigneur avec joie, entrez devant lui avec allégresse !“ (Ps 100.2). Et “frémir de Dieu“ positivement, avec allégresse, c’est obligatoirement témoigner de lui !“ : “…qui ne rassemble pas avec moi, disperse !“ (Mth 12.30).

mardi 3 février 2009

Le “dur combat de la foi !“. - 4. T.O. Mardi imp. - (Héb. 12.1-4)

Combien de fois ne sommes-nous pas embourbés, enlisés dans nos problèmes, nos affaires qui vont plus ou moins mal, nos sentiments entremêlés, nos peurs irraisonnées. “Seigneur, à mon aide ! Viens à mon secours !”, crions-nous comme le psalmiste.

Or, l’épître aux Hébreux s’adresse à des chrétiens juifs, persécutés probablement. Loin de leur conseiller d'attendre que Dieu fasse leur salut à leur place, l’auteur les encourage à se prendre eux-mêmes en mains à l'exemple et avec l'aide des témoins de l'Evangile qui les ont précédés et les entourent de leur présence invisible. Concrètement il leur donne trois conseils : savoir jeter du lest, puis courir avec endurance et regarder vers Jésus.

Jeter du lest...s’alléger “et d'abord du péché qui entrave si bien”. L'alpiniste qui part pour une course longue et difficile emporte le nécessaire ; rien de plus. De même, l'homme empêtré dans une foule de préoccupations secondaires ne garde pas l'esprit assez léger pour l'essentiel. Et l’essentiel est dans notre cœur qui doit demeurer ouvert à Dieu, à nos frères. Notre cœur serait-il ratatiné sur des préoccupations mesquines, des pensées terre-à-terre, des petits intérêts où les autres n'ont jamais leur place ? Alors, il faut s’alléger. “Débarrassons-nous du péché” c’est-à-dire de tout ce qui ligote l'esprit et le cœur, enferme dans les liens de la bêtise, de la lâcheté, de l'égoïsme.

Et puis, il nous faut de l’endurance ! Le but proposé à notre course terrestre ne s'atteint pas en se laissant aller en roue libre. Le texte parle d'une épreuve d'endurance. Je pense aux coureurs cyclistes. Combien de kilomètres ont-ils parcouru pour s'entraîner avant de se présenter sur la ligne de départ ? Combien de fois leur est-il arrivé, sous l'effet de la chaleur, de la soif, de la fatigue d'être tentés d'abandonner? Or, il n’est pas plus facile de courir la course de la vie vers le but que Dieu nous propose. C’est un combat de tous les jours où les moments d'obscurité et de découragement peuvent paraître interminables.

A ces moments-là, surtout, il n’y a qu’un remède : regarder le Christ. Avec lui, tout est possible : Il est Dieu. Nous le trouvons devant nous, au commencement et au terme de notre chemin de foi. Méditons son exemple et nous trouverons le réconfort nécessaire à notre persévérance. Quoi que nous ayons à endurer pour notre libération et notre salut, nous n'avons pas eu à souffrir autant que lui. Et lui, ce n'est pas pour ses propres péchés qu'il mourut sur la croix, c'est pour les nôtres.

Oui, nous sommes souvent face à nos malheurs, difficultés, ou simplement à l’indifférence religieuse qui nous entoure. Le Christ ne nous a pas trompés ; il nous a prévenus : c’est un dur combat. Sachons regarder vers lui, avec l’endurance de notre foi. Il nous a parlé d’un feu. “Je suis venu allumer un feu !“ Et s’il s’agissait, oui, d’un feu, mais d’un feu qui purifie et nous embrase de son amour, tout à la fois ?

Alors, nous pourrons poursuivre avec le même psalmiste : “J'espérais le Seigneur, j'espérais : il s'est penché sur moi pour entendre mon cri... il m'a fait reprendre pied”.

lundi 2 février 2009

Présentation de N.S. - 2 Février

En cette fête de la Présentation, Marie est notre modèle : elle tient dans ses mains un petit enfant, chair de sa chair, corps de son corps. Et que fait-elle ? Elle le redonne à Dieu, elle le donne aux hommes en la personne du vieillard Syméon.

Oui, Marie, consciente que Dieu est toujours premier, se retourne vers lui. Geste de reconnaissance dans tous les sens du mot : action de grâce, merci, magnificat pour son enfant, le plus beau cadeau pour une mère. Mais geste encore de dépossession de soi : “Cet enfant n’est pas à moi, semble-t-elle dire, il est à toi, Seigneur“. C’est un renouvellement de sa consécration au jour de l’Annonciation : “Je suis la servante du Seigneur”.

Plus encore, Marie va jusqu’à donner son enfant aux hommes en le remettant entre les mains du vieillard Siméon qui comprend la portée de ce geste : “Mes yeux ont vu ton salut, Seigneur, lumière pour éclairer les nations… Maintenant tu peux laisser mourir en paix ton serviteur”. Cet enfant lui donne envie de mourir ! C’est déjà le mystère pascal : la mort est vaincue, puisqu’elle ne fait plus peur. Avec le Christ, elle deviendra de plus en plus le moment, non plus des ténèbres opaques, mais de la lumière totale, non plus de la solitude absolue, mais de la communion suprême.

Vraiment, cet enfant, parce qu’il est “redonné” à Dieu, devient le Sauveur de tous les hommes !

Avec Marie, prenons le temps, nous aussi :
  • d’offrir à Dieu tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes.
  • d’offrir également tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes à tous ceux avec qui nous vivons… ?

Mais comment faire ? En Orient, cette fête de la Présentation est appelée “Fête de la Rencontre” ! Dieu rencontre les hommes dans cet enfant que Marie présente et les hommes rencontrent Dieu. Et le grand artisan de cette rencontre, c’est l'Esprit Saint. C'est lui qui inspire, guide Joseph et Marie et cela depuis l'annonciation ; c'est lui qui prépare de longue date le vieillard Syméon…

Vraiment, l'Esprit Saint est le don par excellence et Jésus n'est venu sur terre que pour nous le donner : "Il vous est bon que je m'en aille, sans cela l’Esprit ne pourrait venir" (Jn 16/7). Il est l'âme de l'Eglise, la source de toute véritable vie… Etre simplement docile à l’Esprit-Saint ! Et comment ? C'est là que cet épisode de la Présentation peut nous aider :
  • Plus nous accueillerons la présence amoureuse et active de l'Esprit Saint nos vies, plus se manifestera en nous cette rencontre avec Dieu dans un mouvement de “va et vient“ : tout vient de Dieu, et tout doit revenir vers lui par notre action de grâces. Comme Marie.
  • Et la reconnaissance de ce “va et vient“ du Seigneur en nos vies de tous les jours deviendra lumière divine pour ceux qui nous entourent. Comme Marie.