lundi 31 mai 2010

31 Mai – Fête de la Visitation - (So. 3.14sv ; Lc 1.39sv)

"L'Esprit-Saint viendra sur toi et te couvrira de son ombre", avait dit l’Ange, lors de l’Annonciation. La formule évangélique évoque la présence divine dans l'arche Sainte, couverte de l'“ombre du Très-Haut”, durant les quarante années du peuple hébreu dans le désert (Cf. Exode) ! Marie sera donc, par l'action de l'Esprit-Saint, une nouvelle "arche" où Dieu reposera. Elle apparaît comme le Temple qui n’est pas fait de main d’homme à la plénitude des temps.

St Luc veut éveiller chez son lecteur le souvenir de la "shékinah", cette présence divine et libératrice qui descend sur Marie comme elle était autrefois descendue sur l’“arche d’alliance” pour le salut du peuple élu

Pour le salut du peuple… : c’est ce que chante Marie dans son Magnificat qui est bourrée d’allusions aux merveilles des délivrances que Dieu a déjà accomplies tout au long de l’histoire.
(Il suffit, pour s’en rendre compte, de se reporter aux références que donne une bonne édition). Certaines expressions de Marie sont d’ailleurs bien guerrières si on y regarde de près : “Déployant la force de son bras (comme au passage de la mer rouge) ; il disperse les superbes, renverse les puissants de leurs trônes (comme Sennachérib au temps d’Isaïe), etc

Mais si Luc “fait mémoire”, avec Marie, des merveilles de Dieu accomplies dans l’histoire, c’est pour mieux envisager l’avenir, le nôtre ! Il laisse entrevoir, pour tous les temps, une loi immuable de l'action de Dieu dans le monde, en chacun de nous ! Il ne veut pas restreindre l’action de l’Esprit Saint ni au passé, ni même seulement en Marie, devenue nouvelle “Arche d’Alliance” pour la naissance du Fils de Dieu… Il ne veut pas situer Marie uniquement dans un moment de l’histoire si grand soit-il (Incarnation)… Il veut souligner que l’Esprit Saint vient, à tout jamais et actuellement, “couvrir Marie de son ombre” fécondante. - Il nous enseigne que l’union de l’Esprit Saint et de Marie est conclue pour tous les siècles, et qu’aujourd’hui encore Jésus continue de naître invisiblement dans les âmes "par l'Esprit-Saint, de la Vierge Marie" (selon la formule du Credo). Aussi, Marie elle-même s'écriera : “Toutes les générations m'appelleront "Bienheureuse”. Marie, “Arche d’Alliance“, est devenue le chemin privilégié pour aller vers son Fils, vers Dieu. Tous les Saints ont compris cela (Grignon de Montfort… et rappelons-nous, en ce sens, la dévotion à Marie du pape Jean-Paul II).

Et voilà pourquoi Marie, à peine enceinte, devenue nouvelle “Arche d’Alliance“, n’en reste pas à contempler le mystère qui s’accomplit en elle et par elle… ; elle part… elle part porter aux autres, au monde, le salut que Dieu prépare à la face de tous les peuples, comme dira le vieillard Syméon. C’est bien le sens de la Visitation de Marie à sa cousine Elisabeth. Plus une âme est unie à Dieu (et de quelle façon pour Marie !), plus elle veut conduire les hommes à rencontrer Dieu ! Marie concentre en elle le mystère de la “Rencontre“ de l’homme avec Dieu.

Rappelons-nous l’expérience personnelle de la rencontre de Moïse avec Dieu lors de la vision du buisson ardent (“Sené“, en hébreu)…,la rencontre collective du peuple au pied de la montagne embrasée (Sinaï)...

Et puis l’Arche d’Alliance transporte, d’étape en étape, cette expérience de la “Rencontre“, jusqu’en Sion, cette petite montagne que “Dieu a choisie pour y faire habiter son Nom“ et qui deviendra Jérusalem !

Sené - Sinaï – Sion. Tout un cheminement (signifiée par cette allitération) qui s’achève en Marie, devenue la permanente “Arche d’alliance“ !

Et nous sommes là à la dernière étape, (à la “plénitude des temps“, selon l’expression de St Paul). St Luc semble faire allusion d’ailleurs à la dernière étape de l’Arche d’Alliance avant qu’elle n’arrive à Jérusalem :
  • Il est dit dans le livre de Samuel (cf. 2 Sam. 6) que l’Arche d’Alliance demeura chez Obed-Edom de Gat trois mois, tout comme Marie demeura chez Elisabeth trois mois.
  • Il est dit que lors du transfert de l’Arche “David dansait en tournoyant de toutes ses forces devant l’Arche de Dieu. Et Luc rapporte la remarque d’Elisabeth adressée à Marie : “lorsque ta salutation a retenti à mes oreilles, voici que l’enfant a bondi d’allégresse en mon sein“. Jean-Baptiste, le précurseur, est heureux d’annoncer la venue de Dieu, tout comme le jeune roi David ! Jésus est bien celui qui accomplit parfaitement les Ecritures…

Oui, Marie, “Arche d’Alliance“, veut nous conduire à cette “Rencontre“ avec Dieu ! Et de quelle manière ! On imagine volontiers Marie allant de Dieu aux hommes dans un mouvement de va-et-vient incessant, comme une distributrice des grâces divines. Ce n’est pas faux. Mais sa médiation est encore plus belle ! Comme l’Esprit Saint est entièrement tourné et vers le Père et vers le Fils, Marie, remplie de l’Esprit Saint et accueillant le Verbe de Dieu, est entièrement tournée et reste tournée vers le Père. Et c'est en Lui - uniquement - qu'elle nous voit, en Lui qu'elle nous aime. Marie va aux hommes en Dieu, sans un seul instant détourner de Lui son regard. En Dieu, elle nous voit avec toutes nos misères et nous aime d'un amour qu'elle reçoit de Lui, d'un amour divin qui est la source permanente de notre vie, d’un amour qui nous atteint au plus profond de notre être.

Ainsi, lorsque nous disons en nous inspirant des paroles d’Elisabeth : "Le Seigneur est avec vous ; vous êtes bénie entre toutes les femmes", elle regarde, contemple Dieu qui l'inonde éternellement de ses bénédictions. Et au fur et à mesure que montent vers elle nos pauvres "Je vous salue Marie", si péniblement égrenés, Marie les métamorphose en hymnes à Dieu, en doxologies trinitaires. Immanquablement, une magie s'opère : nous disons : "Marie" ; et elle, elle dit : "Dieu". Et Dieu veut bien entendre alors comme venant de nous ce qu'elle dit à notre place. Marie est sans cesse tournée vers Dieu pour qu'à travers elle Dieu nous entende, nous protège et nous exauce. - Jésus nous a dit en parlant des anges qui veillent sur nous ("anges-gardiens") qu'"ils voient sans cesse la face du Père qui est dans les cieux" ! Si les anges à qui Dieu confie le cheminement des hommes sur terre gardent leur regard fixé sur Dieu, que dire alors de Marie ? Elle voit Dieu, Elle se nourrit de Dieu, Elle est toute ruisselante de Dieu. Et elle nous porte dans ce "face à face" éternel pour que, dès ici-bas, chacune de nos âmes en soit imprégnée, comme une mère sait transmettre à son enfant tout ce qu'elle a. Au ciel, elle ne cesse de répéter son "fiat", son "Amen". Et dans son "Amen" résonnent tous nos "amen" qui de la terre montent vers Dieu et qu'elle ne cesse de présenter dans le sien.

Quel réconfort que d'être dans la certitude de trouver grâce auprès de Dieu par l'intermédiaire de Celle dont il est dit : "Tu as trouvé grâce auprès de Dieu". Ainsi avec Marie, par elle, en elle nous pénétrons, d'une manière certaine, dans le mystère de notre configuration au Christ : dépendants de sa Mère, abandonnés à elle, nous devenons comme Lui ! Soyons donc totalement à Marie, car Marie, elle, est au Christ, à Dieu.

vendredi 28 mai 2010

T.O. 8 Vendredi – La foi et la prière ! - (I P. 4.7-13 ; Mc 11.11-25)

Apparemment, avec l’évangile d’aujourd’hui, nous sommes dans une situation absurde : comment espérer des fruits à un figuier, hors saison? C’est une exigence invraisemblable ! Pour l’homme, certainement ! Pas pour Dieu !

Jésus parle très souvent par paradoxe. Car Dieu lui-même est paradoxal ! Il aime, disait Chesterton, “les vérités qui marchent sur la tête“ : Il préfère un puîné peu scrupuleux comme Jacob à aîné, travailleur besogneux, pour faire de lui “Israël“, le Patriarche de son peuple ! Il va chercher le dernier d’une famille, le petit David, peu représentatif, pour en faire “un roi selon son cœur“ ! Il fait élection d’une toute jeune fille inconnue d’un village obscure pour qu’elle soit, vierge, la mère de son Fils ! etc…

Bien plus, finalement, Dieu est toujours à la recherche de l’homme pécheur, impropre à tout rendement pour qu’il produise des “fruits de l’Esprit“ : bonté, justice, vérité, paix, … (Cf. Ephes. 5.9 ; Heb. 12.11).

Le figuier dont il est question dans l’évangile, c’est d’abord le peuple choisi par Dieu pour qu’il porte, par puissance divine, de bons fruits en temps voulu ! Mais le peuple s’est détourné de l’Alliance avec Dieu. Alors “Pas de figues au figuier, disait Jérémie (8.13), le feuillage lui-même est flétri…“. - il est desséché, dit l’évangile -. Aussi, prédira Osée, “Ephraïm a été frappé ; sa racine est desséchée ; de fruit (“pheri“, en hébreu : jeu de mots avec “Ephraïm“), il n’en donnera point… … car il n’a pas écouté… (Cf. Osée 10.15).

“Ils n’ont pas écouté !“. Autrement dit, ils n’ont pas fait confiance ; ils n’ont pas eu la foi, cette foi qui s’exprime par une juste prière non polluée par des intérêts trop humains, voire mercantiles… Car il faut remarquer que cet épisode du figuier desséché est précédé par l’entrée triomphale de Jésus au temple et suivi de sa vigueur à chasser les vendeurs du temple ! Il ne suffit donc pas d’aller au temple et de proclamer : “Temple du Seigneur ! Temple du Seigneur ! Il est ici !“, (Lit. : “Ce lieu“ que Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom ! (Cf. Jer. 7.4), pour qu’on soit exaucé automatiquement.

Par contre, la foi profonde et vraie exprimée par une juste prière produira des effets divins extraordinaires ; On récoltera même des fruits hors saison. “Ayez foi en Dieu !“, demandait Notre Seigneur. Alors, “celui qui dirait à cette montagne : « soulève-toi et jette toi dans le mer »,… il l’obtiendra“.

Depuis Adam, tous les hommes sont pécheurs (des figuiers stériles) ; ils ne peuvent produire des fruits de justice, des fruits d’ajustement à Dieu. Mais avec la foi que manifeste une vraie prière, le Christ met fin à cette situation improductive, en nous manifestant la “justice“ de Dieu, celle qui nous ajuste à lui. Alors, dira-t-il, “celui qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais (des œuvres divines) ; il en fera même de plus grandes, parce que je vais au Père (qui nous enverra son Esprit)… Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai !“ (Jn 14.14).

Oui, “la foi est une manière de posséder déjà ce qu’on espère…“. (He. 11). Il nous faut donc de nous insérer dans cette caravane quarante fois séculaire que décrit la lettre aux Hébreux :
  • “Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été organisés par la Parole de Dieu…
  • Par la foi, Abel offrit à Dieu un sacrifice meilleur que celui de Caïn… Grâce à elle, bien que mort, il parle encore…
    - Par la foi, Hénoch fut enlevé afin d’échapper à la mort…
  • Par la foi, Abraham obéit et partit sans savoir où il allait…“. Il partait vers “cette ville munie de fondations qui a pour architecte et constructeur Dieu lui-même.
  • Par la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge avancé, fut rendue capable d’avoir une postérité…
  • Par la foi, Abraham, mis à l’épreuve, a offert Isaac… Même un mort, se disait-il, Dieu est capable de le ressusciter.
  • Par la foi, Isaac, Moïse, Gédéon Barak, Samson, Jephté, David, Samuel, les prophètes…“ et bien d’autres… la foi ! Par la foi !

“Ainsi, nous aussi, qui avons autour de nous une telle nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché et courons avec endurance…“. Car, disait St Paul, “celui qui est juste par la foi, vivra !“ (Rm. 1.17), grâce à cette foi en Dieu qui a “les issues de la mort elle-même !“. Aussi, l’apôtre affirmait : “Je sais en qui j’ai mis ma foi (2 Tm 1.12)… J’ai achevé ma course ; j’ai gardé la foi. Dès maintenant m’est réservée la couronne de justice qu’en retour me donnera le Seigneur, lui le juste juge. Et pas seulement à moi, mais à tous ceux qui auront aimé sa manifestation“ (Id. 4.8)

Et vrai signe de cette foi exprimée par une vraie prière, Jésus nous l’indique : “Lorsque vous êtes debout pour prier, pardonnez…, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne“ à vous aussi. Et ce pardon accordé nous établit dans la communion des dons que Dieu fait à chacun : “ce que chacun de vous a reçu de Dieu, mettez-le au service des autres… Ainsi, en toute chose, Dieu sera glorifié en Jésus Christ…“. Tant il est vrai que l’humanité fait un très grand pas lorsque l’étranger, considéré souvent comme ennemi (“hostis“) devient peu à peu un hôte (“hospes“) que l’on accueille (“hostis“ et “hospes“ : même racine). Mais cela ne se fait bien que par la foi qui bouscule les montagnes… !

vendredi 21 mai 2010

Pâques 7 Vendredi - Le “kérygme“ : la résurrection ! - Ac 25, 13-21

St Paul avait de la parenté à Jérusalem. C’est par son neveu, fils de sa sœur, que le tribun de la forteresse Antonia est averti qu’un complot est organisé contre lui. On avait décidé de l’assassiner au cours d’un transfert de sa prison au Sanhédrin où il devait comparaître une deuxième fois.

[“Mais le fils de la sœur de Paul eut connaissance du guet-apens. Il se rendit à la forteresse, entra et prévint Paul. Appelant un des centurions, Paul lui dit : " Conduis ce jeune homme au tribun ; il a quelque chose à lui communiquer". Le centurion le prit donc et l'amena au tribun. "Le prisonnier Paul, dit-il, m'a appelé et m'a prié de t'amener ce jeune homme, qui a quelque chose à te dire". Le tribun prit le jeune homme par la main, se retira à l'écart et demanda : "Qu'as-tu à me communiquer ?" - "Les Juifs, répondit-il, se sont concertés pour te prier d'amener Paul demain au Sanhédrin, sous prétexte d'enquêter plus à fond sur son cas. Ne va pas les croire. Plus de quarante d'entre eux le guettent, qui se sont engagés par anathème à ne pas manger ni boire avant de l'avoir tué. Et maintenant, ils sont tout prêts, escomptant ton accord". Le tribun congédia le jeune homme avec cette recommandation : " Ne raconte à personne que tu m'as révélé ces choses." (Ac 23,16-22). ].

Le tribun décide de transférer Paul à Césarée sous escorte armée et de le confier au gouverneur Félix. A Césarée, Paul doit se défendre devant le gouverneur, car ses accusateurs l’ont poursuivi. Il se défend en disant : “C'est suivant la Voie, qualifiée par eux de parti, que je sers le Dieu de mes pères. Je crois à tout ce qu'il y a dans la Loi et à ce qui est écrit dans les Prophètes. J’ai cette espérance en Dieu - et eux aussi la partagent - : il y aura une résurrection des justes et des pécheurs... Et Paul de se défendre de toute accusation qui serait un délit, à moins, dit-il, qu'il ne s'agisse de cette seule parole que j'ai criée, debout au milieu d'eux : C'est à cause de la résurrection des morts que je suis mis aujourd'hui en jugement devant vous". (Ac 24, 14-15....21).

Remarquons-le : c’est en pharisien fier d’appartenir à son peuple et au meilleur de sa tradition que Paul parle, mettant l’accent sur la foi en la résurrection des morts.

Félix, le procurateur trouve le temps long à Césarée. Il se distrait en faisant venir Paul pour parler avec lui. Mais, quand Paul se met à discourir sur certains points de morale - Félix n’était pas du tout vertueux - il le congédie.

La captivité de Paul à Césarée sous le pouvoir de Félix dure deux ans. Au terme de ces deux ans, Félix fut remplacé par un autre procurateur nommé Festus. Paul en appelle à César en tant que citoyen romain ; et Festus est obligé d’accéder à sa requête. Il faut se rappeler que dans une vision précédemment racontée, le Seigneur avait prédit à Paul qu’il devait aller à Rome : [“Courage ! De même que tu as rendu témoignage de moi à Jérusalem, ainsi faut-il encore que tu témoignes à Rome“. (Ac 23,11). ]

C’est avant l’embarquement pour Rome que se passe l’épisode raconté par notre lecture : la comparution de Paul devant le roi juif, Agrippa, accompagné de Bérénice. Un scribouillard païen prépare la rencontre. En une phrase merveilleuse de sobriété et de concision, il résume l’essentiel : “Mis en sa présence, les accusateurs n'ont soulevé aucun grief concernant des forfaits que, pour ma part, j'aurais soupçonnés. Ils avaient seulement avec lui je ne sais quelles contestations touchant leur religion à eux et touchant un certain Jésus, qui est mort, et que Paul affirme être en vie.

Agrippa manifeste le désir de connaître ce Paul. Paul parle maintenant à un juif : "Ce qu'a été ma vie depuis ma jeunesse, comment depuis le début j'ai vécu au sein de ma nation, à Jérusalem même, tous les Juifs le savent. Ils me connaissent de longue date et peuvent, s'ils le veulent, témoigner que j'ai vécu suivant le parti le plus strict de notre religion, en Pharisien. Maintenant encore, si je suis mis en jugement, c'est à cause de mon espérance en la promesse faite par Dieu à nos pères et dont nos douze tribus espèrent atteindre l'accomplissement. C'est pour cette espérance, ô roi, que je suis mis en accusation par les Juifs. Pourquoi juge-t-on incroyable parmi vous que Dieu ressuscite les morts ?“. (Ac 26,4-8).

Paul fait un long discours, où il raconte une fois de plus sa conversion sur la route de Damas. Au terme de ce discours, il présente le mystère pascal de Jésus et sa résurrection comme l’accomplissement des promesses des prophètes et de Moïse : “Fort de la protection de Dieu, j'ai continué jusqu'à ce jour à rendre mon témoignage, sans jamais rien dire en dehors de ce que les Prophètes et Moïse avaient déclaré devoir arriver: que le Christ souffrirait et que, ressuscité le premier d'entre les morts, il annoncerait la lumière au peuple et aux nations païennes". ( Ac 26,22-23).

Devant cette conclusion, le païen Festus et le juif Agrippa réagissent de façons radicalement différentes :
  • « Il en était là de sa défense quand Festus dit à haute voix : "Tu es fou, Paul; ton grand savoir te fait perdre la tête".» (Ac 26,24).
  • « “Crois-tu aux prophètes, roi Agrippa ? Je sais que tu y crois !". Et le roi Agrippa de répondre à Paul : "Encore un peu et, par tes raisons, tu vas faire de moi un chrétien !" ». (Ac 26,27-28).

Ensuite a lieu le départ pour Rome…

Retenons : le “kérygme“, la première proclamation de la “Bonne Nouvelle“, le fondement de notre foi dont nous avons à témoigner est bien cette question adressée à nous aujourd’hui : Croyons-nous aux prophètes qui annonçaient la Résurrection du Christ ? Et en quelle résurrection ?

jeudi 20 mai 2010

Pâques 7 Jeudi : Paul « monte » à Jérusalem - Ac 20, 30 ; 23, 6-11 - Jn 17, 20-26

Comme on a pu le voir, à partir de sa rencontre avec les Anciens d’Ephèse à Milet, tout s’inscrit pour Paul, comme pour Jésus après la Transfiguration, dans le cadre d’une montée à Jérusalem. En cela, il se montre parfait disciple du Christ ! Les chemins géographiques sont différents mais spirituellement identiques ; c’est le même voyage !

Paul fait sa “montée à Jérusalem“, vers Jérusalem dans des bateaux qui font du cabotage commercial le long de la côte phénicienne. Partout où il fait escale, les chrétiens qu’il visite s’efforcent de le dissuader de “monter à Jérusalem“, comme Pierre avait voulu dissuader Jésus de le faire, au moment de la première annonce de la passion faite après sa confession à Césarée de Philippe.

A Tyr, par exemple : Les disciples “disaient à Paul de ne pas monter à Jérusalem. Mais, notre séjour achevé, nous partîmes. Nous marchions, escortés de tous, y compris femmes et enfants. Hors de la ville, nous nous mîmes à genoux sur la grève pour prier. Puis, ayant fait nos adieux, nous montâmes sur le navire“. (Ac 21,3-6).

A Césarée Maritime, il reçoit l’hospitalité du diacre Philippe, (nous l’avons rencontré en Samarie, et sur la route de Gaza avec l’eunuque de la reine Candice). Il demeurait à Césarée avec ses quatre filles vierges qui prophétisaient (!).

C’est là qu’une scène évoque une sorte d’agonie de Paul semblable à celle de Jésus à Gethsémani, et qui se termine comme celle de Jésus par cette phrase : “que la volonté du Seigneur se fasse“ et non la mienne : Un prophète, “du nom d'Agabus, prenant la ceinture de Paul, s'en lia les pieds et les mains en disant : "Voici ce que dit l'Esprit Saint : L'homme auquel appartient cette ceinture, les Juifs le lieront comme ceci à Jérusalem, et ils le livreront aux mains des païens". A ces paroles, nous nous mîmes, avec ceux de l'endroit, à supplier Paul de ne pas monter à Jérusalem. Alors il répondit : "Qu'avez-vous à pleurer et à me briser le cœur ? Je suis prêt, moi, non seulement à me laisser lier, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus". Comme il n'y avait pas moyen de le persuader, nous cessâmes nos instances, disant : "Que la volonté du Seigneur se fasse"». (Ac 21,10-14).

A son arrivée à Jérusalem, Paul rencontre Jacques, le représentant de la tendance apostolique la plus opposée à la sienne. Il fait des concessions aux judéo-chrétiens en faisant un vœu. L’unité est maintenue, les décisions prises lors du Concile de Jérusalem étant sauvegardées.

C’est dans le temple, en accomplissant les cérémonies qui terminent son vœu que Paul est arrêté. La foule l’accuse d’avoir introduit dans l’espace central réservé aux seuls juifs, un païen, un certain Trophine d’Ephèse. Il échappe au lynchage de la foule grâce à l’intervention du tribun qui lui fait gravir les marches de la forteresse de l’Antonia (le “Lithostrotos“ actuel, à Jérusalem).

Paul étonne le tribun en lui parlant en grec. Ce n’est donc pas un bandit comme d’autres. L’étonnement du tribun est à son comble lorsque, s’apprêtant à le faire flageller, il apprend que Paul possède la citoyenneté romaine depuis sa naissance, alors que lui, il l’avait achetée fort cher. Paul obtient la permission de s’adresser à la foule. Il le fait dans un long discours en langue hébraïque. On l’écoute longuement avec une attention silencieuse jusqu’au moment où il dit qu’ “au cours d’une vision dans le temple, il a reçu du Seigneur la mission d’évangéliser les païens. A ce moment là, l’atmosphère change complètement : “Jusque-là on l'écoutait. Mais à ces mots, on se mit à crier : "Otez de la terre un pareil individu ! Il n'est pas digne de vivre". On vociférait, on jetait ses vêtements, on lançait de la poussière en l'air“. !

La scène rappelle tout à fait ce qui s’est passé à la synagogue de Nazareth, lorsque Jésus, au début de sa vie publique, avait évoqué Naaman, le syrien, et la veuve de Sarepta ! Toujours cette peur qu’éprouve le peuple élu face à une éventuelle expansion universaliste de son “Alliance“ avec le Dieu Unique !

Le lendemain, Paul comparaît devant le Sanhédrin. Fort adroitement, Paul utilise la divergence d’opinion qui règne entre pharisiens et sadducéens, au sujet de la résurrection des morts. (Je vous conseille de vous reporter au texte). Je ne peux qu’inviter à prendre conscience de l’importance primordiale de la proclamation de la résurrection dans la prédication chrétienne et la lecture chrétienne de la Bible. Et, rappelons-nous la phrase lapidaire de l’Apôtre : “Si le Christ n’est pas ressuscité, nous sommes les plus malheureux des hommes et notre foi est vaine !“.

C’est une occasion de remarquer qu’on ne peut lire l’Ancien Testament qu’à la lumière du Christ ressuscité qui ouvre l’intelligence à la compréhension des Ecritures, et que, sans cette dimension pascale, on lit la Bible avec un voile sur le cœur.

mercredi 19 mai 2010

Pâques 7 Mercredi : le don de l’Esprit, le don de la Loi inscrite dans le cœur - Ac 20, 28-38 - Jn 17, 11b-19

C’est dans sa hâte d’arriver à Jérusalem pour la Pentecôte que Paul, abrégeant son itinéraire, ne repasse pas par Ephèse et qu’il convoque les Anciens d’Ephèse à Milet à l’embouchure du Méandre.

Parlons un peu de la Pentecôte - Shavouot, dans la tradition juive -. La Pentecôte, appelée aussi fête des semaines, était célébrée 7 semaines après le 1er jour de Pâques. A l’origine, dans la Bible, Shavouot est une fête agricole. On apportait au temple les premiers produits de la récolte en tribut de reconnaissance au Seigneur, vrai propriétaire de la terre. Mais, rapidement dans la tradition, elle devient surtout la fête du don de la Loi. Il suffit de calculer : il y a 7 semaines de la moisson des orges à la récolte du blé, comme il y a 7 semaines depuis la sortie d’Egypte jusqu’à la promulgation de la Loi.

Dans la tradition chrétienne, c’est ce deuxième aspect qui est seulement retenu, dans le prolongement de cet enseignement des prophètes sur la Loi nouvelle, inscrite dans le cœur. On ne relira jamais assez ce texte de Jérémie sur l’Alliance nouvelle, le plus long texte de l’Ancien Testament cité dans le Nouveau : “Car si cette première alliance avait été irréprochable, il n'y aurait pas eu lieu de lui en substituer une seconde. C'est en effet en les blâmant que Dieu déclare : « Je conclurai avec la maison d'Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle, non pas comme l'alliance que je fis avec leurs pères… Voici l'alliance que je contracterai : Je mettrai mes lois dans leur pensée, je les graverai dans leur cœur, et je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Personne n'aura plus à instruire son concitoyen, ni personne son frère, en disant : "Connais le Seigneur ", puisque tous me connaîtront, du petit jusqu'au grand. Car je pardonnerai leurs torts ; et de leurs péchés je n'aurai plus souvenance ». En disant : “alliance nouvelle“, il rend vieille la première. Or ce qui est vieilli et vétuste est près de disparaître“.(He 8,7-13). (Cf 31,31-34).

Il est bon de rappeler tout cela en ces jours proches de la grande fête de la Pentecôte chrétienne qui rappelle ce don de la Loi inscrite dans le cœur,… St Augustin écrivait à la fin de sa règle : “Puisse le Seigneur vous donner d’observer tout cela en amoureux de beauté spirituelle … non comme des esclaves sous le régime de la loi, mais en hommes libres sous le régime de la grâce“.

La lecture nous fait rejoindre, comme hier, St Paul à Milet, pour écouter l’exhortation aux anciens de Milet. Il les met en garde contre tous les discours mensongers qu’il a expérimentés à Ephèse plus qu’ailleurs, semble-t-il, et contre lesquels il a lutté trois ans durant, exhortant chacun, jour et nuit, jusqu’à en pleurer, dit le texte.

Un peu plus loin, St Paul nous rapporte une parole du Christ, qui ne se trouve pas dans les évangiles, et qu’il est le seul à rapporter : “Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir“. Il dit cela après s’être vanté de n’avoir été à charge à personne à Ephèse, subvenant à ses besoins par son travail manuel.

La scène de la séparation est très émouvante. En prêchant l’Evangile, Paul a expérimenté qu’il se créait avec ses auditeurs des liens plus forts que ceux de la chair et du sang. Et c’est normal. Jésus n’a-t-il pas dit : “Qui sont ma mère et mes frères et mes sœurs ? Ceux qui écoutent la Parole de Dieu, et la mettent en pratique“. - “A ces mots, se mettant à genoux, avec eux tous il pria. Tous alors éclatèrent en sanglots, et, se jetant au cou de Paul, ils l'embrassaient, affligés surtout de la parole qu'il avait dite : qu'ils ne devaient plus revoir son visage. Puis ils l'accompagnèrent jusqu'au bateau“. (Ac 20,36-38).

Ensuite, dès le chapitre 21ème, tout le reste du voyage peut-être mis sous le titre de “Montée à Jérusalem“, expression, comme nous l’avons vu, qui est, pour St Luc, l’équivalent de “Imitation de Jésus Christ“.

L’évangile nous fait entrer dans le dialogue puissant que Jésus entretient avec son Père dans l’Esprit Saint. Ce qu’on appelle la prière sacerdotale. Le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte fait que chaque chrétien entre dans ce dialogue chaque fois qu’il prie et qu’il dit “Notre Père“...

mardi 18 mai 2010

Pâques 7 Mardi : Montée de Paul vers Jérusalem. - Ac 20, 17-27 - Jn 17, 1-11a

Entre l’Ascension et la Pentecôte, il est certain que l’Esprit Saint préparait les disciples du Seigneur dans la ferveur et le recueillement du Cénacle. Ils méditaient certainement l’enseignement du Maître faisant mémoire du parcours de vie qu’ils avaient traversé avec lui durant trois années. Ce faisant, l’Esprit Saint les préparait à cet élan irrésistible qu’ils manifesteront pour partager la “Bonne Nouvelle“ et la proclamer à travers le monde. Méditation, prière et prédication, mission… Bien loin de s’opposer ces deux aspects de la vie chrétienne se complètent et se nourrissent l’un l’autre. St Thomas d’Aquin a défini la prédication : “Contemplata aliis tradere“ (transmettre aux autres ce que l’on a contemplé). C’est dans le recueillement de la prière et de la vie intérieure que la prédication trouve sa force, sans se confondre à avec une propagande ou une publicité parmi tant d’autres.

Tout cela pour dire que ce n’est pas quitter le recueillement de la retraite du Cénacle, pour rejoindre St Paul dans son voyage missionnaire, comme nous y invite la lecture.

Nous avons laissé St Paul à Ephèse, où il rencontra ces johannites incomplètement catéchisés par Apollos. Il reste à Ephèse trois années durant “en sorte que tous les habitants de l'Asie, Juifs et Grecs, purent entendre la parole du Seigneur“. (Act 19.10).

Paul (comme Jean, d’ailleurs) doit lutter contre beaucoup de spiritualités équivoques pratiquées par de curieux exorcistes juifs ; il délivre beaucoup d’adeptes de ces derniers qui, pour la plupart, viennent brûler leurs livres mystiques équivoques.

On nous dit ensuite qu’il forme le projet de monter à Jérusalem et d’aller à Rome. Mais sur ces entrefaites se produit la fameuse émeute des orfèvres. Vous pourrez vous y reporter dans les Actes. (19.23sv).

Paul quitte Ephèse où il n’est pas en sécurité. Il échappe à deux complots au hasard des contrées qu’il traverse. Nous le rejoignons à Troas. Là, il y a un épisode que j’aime bien : “Le premier jour de la semaine, nous étions réunis pour rompre le pain ; Paul, qui devait partir le lendemain, s'entretenait avec eux. Il prolongea son discours jusqu'au milieu de la nuit…. (Le bavard !). Un adolescent, du nom d'Eutyque, qui était assis sur le bord de la fenêtre, se laissa gagner par un profond sommeil, pendant que Paul discourait toujours (Ce n’est donc pas d’aujourd’hui qu’une homélie a parfois une forte puissance dormitive ! C’est consolant pour les prêtres d’aujourd’hui !). Entraîné par le sommeil, il tomba du troisième étage en bas. On le releva mort“. (Ac 20,7sv). Mais Paul descend, prend le jeune homme par les bras et le relève vivant ! (Là, du coup, les prédicateurs d’aujourd’hui n’ont malheureusement pas cette puissance !). Peu ému pour autant, Paul remonte les étages et continue sa prédication ! Un bavard passionné, quand même ce Paul. Mais pour l’Evangile !

De Troas il passe à Milet. Retenons cette remarque : “Il se hâtait afin d’être, si possible à Jérusalem, le jour de la Pentecôte“. Il convoqua à Milet les Anciens d’Ephèse, et nous avons, grâce à St Luc, l’occasion de connaître un des plus beaux discours de St Paul qui ressemble beaucoup à la plus personnelle de ses épîtres, (Philippiens).

Notons simplement cette attirance qu’il éprouve d’être à Jérusalem : “Et maintenant voici qu'enchaîné par l'Esprit je me rends à Jérusalem, sans savoir ce qui m'y adviendra, sinon que, de ville en ville, l'Esprit Saint m'avertit que chaînes et tribulations m'attendent. Mais je n'attache aucun prix à ma propre vie, pourvu que je mène à bonne fin ma course et le ministère que j'ai reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage à l'Évangile de la grâce de Dieu. Et maintenant voici que vous ne reverrez plus mon visage, vous tous au milieu de qui j'ai passé en proclamant le Royaume…“. ( Ac 20,21-27).

Luc souligne que Paul, parfait disciple doit, comme Jésus, monter à Jérusalem. Rappelons-nous l’évangile de la Transfiguration dans St Luc. Moïse et Elie s’entretiennent avec Jésus de l’“Exode“ (départ) qu’il doit accomplir à Jérusalem. Et, dans son évangile, à partir de la Transfiguration tout s’inscrit dans le cadre d’une montée à Jérusalem. (mot-à-mot : “Il durcit sa face vers Jérusalem“ !). De même pour Paul, à partir du chapitre 21ème des Actes, tout s’inscrit dans le cadre d’une montée à Jérusalem. L’expression a pris une valeur théologique plus que géographique. Elle est synonyme de l’imitation de Jésus Christ. Tous, tant que nous sommes, par des chemins divers, nous montons à Jérusalem, vers cette ville dont “Dieu est l’architecte et le fondateur“, dit l’épitre aux Hébreux.

lundi 17 mai 2010

Pâques 7 Lundi : Une Pentecôte - Act 19.1-8 – Jn 16.29-33

“Et l’Esprit Saint vint sur eux !“.

Il y a plusieurs “Pentecôtes“, plusieurs venues de l’Esprit Saint dans l’Evangile et dans les Actes des Apôtres !
  • Il y a, bien sûr, la “grande Pentecôte“ sur les apôtres quelques jours après l’Ascension de Notre Seigneur.
  • Il y a ce que l’on a appelé “la Pentecôte des païens“, lors de la venue de l’Esprit sur le Centurion Corneille et sur ceux qui étaient avec lui, lors de la visite de Pierre à Césarée !
  • Il y a aujourd’hui la “Pentecôte sur les disciples à Ephèse, en présence de Paul !
  • Et puis, il y a de nombreuses “Pentecôte“…, je dirais chaque jour !

La venue de l’Esprit-Saint ! “L’Esprit-Saint, cet Inconnu “, a-t-on a dit. Pourtant, il est très actif, l’Esprit de Dieu. Il est présent lors de l’Annonciation, du baptême du Christ, à la Transfiguration… C’est lui qui avait poussé Jésus au désert avant sa vie publique. L’Esprit Saint accompagne le Christ dans son ministère… C’est cet Esprit que Jésus insuffle sur les apôtres juste après sa résurrection (Jn 20.22).

L’Esprit Saint, c’est d’abord l’Esprit du Christ. On peut “résumer“ son œuvre en lui attribuant deux actions principales :
  • D’abord, au jour de l’Annonciation : c’est par l’Esprit Saint que Jésus a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme.
  • Ensuite, parce qu’il “façonne“ le corps du Christ, l’Esprit est aussi l’auteur de tout ce qui fait l’intériorité du Christ : son désir de guérir les cœurs et les corps de notre humanité blessée, l’amour qui surabonde du cœur du Christ pour venir se déverser dans celui des hommes… C’est avec “la puissance de l’Esprit“ que Jésus agit ; Jésus exulte “sous l’action de l’Esprit…“. (Lc 4.18 ; 10.21)
.

C’est lui, le Christ, avait annoncé Jean Baptiste, qui vous baptisera dans l’Esprit“. (Mc 1.8). Aussi l’Esprit du Christ devient l’Esprit des chrétiens. Et désormais, on peut “résumer“ son action en distinguant le même double rôle, toujours actuel :
  • L’Esprit donne aux croyants tout ce que le cœur de Jésus contenait d’amour et de vie divine - ce que nous appelons la “grâce“. L’Esprit Saint prend “quelque chose“ de l’être du Christ pour nous le donner, pour faire de nous des frères et des sœurs de Jésus Christ.
  • Et en agissant ainsi sur nous, l’Esprit continue de façonner un corps au Christ. Ce n’est plus un corps de chair, mais c’est un corps spirituel, mystique… Le “Corps mystique“ du Christ. C’est l’Eglise composé des membres que sont tous les croyants dans leur riche diversité… Mais tous sont traversés d’une même vie, grâce à l’Esprit. “Ce que l’âme est au corps de l’homme, disait St Augustin, l’Esprit l’est au corps du Christ qui est l’Eglise“.

Source d’unité
  • entre le Père et le Fils en la Sainte Trinité,
  • entre l’humanité et la divinité dans le Christ,


l’Esprit Saint nous communique l’être et la vie du Christ et nous rassemble dans l’unité d’un même orps, le “Corps du Christ“ auquel nous communions par l’Eucharistie.

Aussi, le Christ priait ainsi : “Que tous soient un“. C’est la prière du Christ qui nous envoie son Esprit
  • pour que l’homme soit déjà en Dieu,
  • pour qu’il marche, ici-bas, au pas de Dieu, “comme le Christ lui-même a marché“, disait St Jean (I Jn 2.6),
  • pour qu’il se laisse “transfigurer“, de sorte que la Communauté humaine devienne de plus en plus “Eucharistie“, (=“action de grâce“), louange de Dieu le Père, par le Seigneur Jésus, mort mais ressuscité, et donc sous l’action de l’Esprit.

Aussi, en ces jours qui précèdent la fête de la Pentecôte, ne cessons pas de prier : “Viens, Esprit Saint ; viens éclairer le cœur de tes fidèles et allume en eux le feu de ton amour !

vendredi 14 mai 2010

Pâques 6 Vendredi – St Matthias

Aussitôt après l’Ascension du Seigneur, le groupe des Apôtres revint du Mont des Oliviers à la “Chambre Haute“, où ils avaient déjà pris l’habitude de se réunir. La distance n’était pas grande ; elle ne dépassait pas les limites de ce qu’il était permis de faire à l’époque le jour du Shabbat.

La Tradition a identifié cette Chambre Haute avec le Cénacle où l’on vénère actuellement tout à la fois le lavement des pieds, l’institution de l’Eucharistie, les apparitions du Christ Ressuscité à Jérusalem, l’endroit où la première Communauté se réunissait, composée des Apôtres qui, “ d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec quelques femmes, dont Marie, mère de Jésus“. C’est de ce lieu que partit, le jour de Pentecôte, la prédication chrétienne de la bouche de Pierre : "Jésus le Nazôréen, cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous par les miracles, prodiges et signes…, cet homme, vous l'avez pris et fait mourir en le clouant à la croix…, mais Dieu l'a ressuscité …. ». (Ac 2,22-29). Retenons cette précision.

Et Pierre de citer plusieurs fois dans ses argumentations David dont, à son époque, le tombeau était vénéré comme il le dit lui-même. Quand on va à Jérusalem, près de l’emplacement du tombeau de David, on peut voir les restes d’un curieux bâtiment qui n’est ni une église, ni une synagogue mais qui paraît évoquer la présence permanente à Jérusalem d’une communauté judéo-chrétienne ayant échappé pendant trois siècles aux décrets d’expulsion qui interdisaient aux juifs l’accès à Jérusalem, à la suite des révoltes de 70 et de 135. C’est assez émouvant de penser tout à la fois, en ce lieu, au lavement des pieds, à l’Eucharistie, aux apparitions de Jésus, à la Pentecôte, à la présence de Marie, et au point de départ de l’évangélisation.

Justement, le premier souci de la communauté chrétienne fut de compléter le groupe des Apôtres. Le chiffre “douze“ a dans la Bible une grande valeur symbolique et ce n’est pas par hasard qu’il a inspiré Jésus lors du choix des douze Apôtres.

Bien mystérieux fut le choix par Jésus de Judas, alors qu’il ne pouvait pas ne pas pressentir le rôle sinistre qu’il serait appelé à jouer. Rôle sinistre dont Pierre nous invite à découvrir une signification providentielle : « Il fallait que s’accomplit l’Ecriture où, par la bouche de David, l’Esprit Saint avait parlé d’avance de Judas … qui avait rang parmi nous et s’était vu attribuer une part dans notre ministère ». Disons simplement que pour Juda comme pour tout homme, les pensées de Dieu ne sont pas les nôtres. Elles nous seront dévoilées un jour…

Le critère exigé de celui qui prendra la place de Judas dans le collège des douze est celui-ci : “Il faut donc que, de ces hommes qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu au milieu de nous, en commençant au baptême de Jean jusqu'au jour où il nous fut enlevé, il y en ait un qui devienne avec nous témoin de sa résurrection ". (Ac 1,21-22).

On ne sait rien d’autre sur Mathias. Mais de ce critère, on peut retenir que le principal élément est de devenir témoin de la résurrection. St Paul pourra se réclamer du titre d’Apôtre en s’appuyant sur la simple réalité de sa rencontre du Christ Ressuscité sur la route de Damas. « Paul, apôtre, non de la part des hommes ni par l'intermédiaire d'un homme, mais par Jésus Christ et Dieu le Père qui l'a ressuscité des morts… » (Ga 1,1-2).

Une deuxième remarque est à souligner d’après le texte : on présente deux hommes pour remplacer Judas : Joseph Barsabbas, surnommé “le Juste“ et Matthias. L’un semble avoir une très bonne réputation. C’était un “Juste“ ! Or, le signe providentiel que l’on implore par la prière ne le désigne pas ! Souvent - remarquons-le bien - Dieu choisit ce qu’il y a de plus faible, de plus ignoré, de plus imprévisible pour accomplir des merveilles (Ex. : David, Marie bien sûr, St Paul… et usqu’à l’élection du pape Jean-Paul II…)

Et puis une dernière réflexion : les hommes peuvent certes présenter des candidats pour telle ou telle mission. Mais finalement, c’est le Seigneur qui appelle ! La réponse ne peut alors se faire que dans l’humilité à l’exemple de St Paul qui s’est toujours étonné du choix de Dieu à son égard, lui qui se qualifiait d’“avorton“ !

mercredi 12 mai 2010

Ascension

A vous tous, à chacun , sainte FÊTE !

Au début de sa vie publique, Jésus avait appelé ses disciples : “Venez, suivez-moi !“ - Et ils l'avaient suivi ! A la fin de sa vie terrestre, il les envoie : “Allez dans le monde entier !“. Et ils étaient partis !

Venez !“ – “Allez !“ : c'est là le rythme de toute relation du chrétien avec le Christ : il appelle et il envoie en même temps ! Et ces deux temps sont inséparables comme les deux temps d’une même respiration. “Venez !“-“Allez !“… Et : “Allez !“-“Venez !“. Car,
  • Il n'y a pas de vocation sans envoi ! {Nul n'est une île!}
  • Et il n'y a pas de mission sans vocation, sans appel, {sinon on risque d'être missionnaire de son propre caprice !}

Aussi la question est permanente : répondons-nous à l'appel du Christ et en même temps à son envoi ?

“Venez !“–“Allez !“. Aller et retour ! - Toute la vie du Christ lui-même reflète ce mouvement qu’il veut imprimer en l’existence de tout baptisé ! Il est venu du Père, dit St Jean, et retourne vers le Père, sa mission accomplie ; et, dans ce retour, il veut nous conduire vers le Père “de qui tout vient et vers qui nous allons“, dira St Paul (I Co. 8.6) ! (Ne parlons-nous, parfois, lors d’un décès, d’un “retour“ à Dieu !).

Oui, le Christ veut que nous allions vers le Père, lui qui, “au commencement, écrira St Jean, était tourné vers le Père“ (1,8), …“tourné vers le Père“. L’expression grecque (pros théon) marque un élan, un mouvement d’aller et retour, comme dans une respiration d’amour, car “Dieu est Amour !“.

En remontant ainsi jusqu’à ce mouvement de vie au cœur même de Dieu, St Jean y trouve cet autre élan qui nous conduit tous vers Dieu, en cet “aller-retour“, en ce mouvement d’amour que s’échangent le Père et le Fils dans le souffle de leur Esprit commun.

Jésus n’avait-il pas dit : “Le Père lui-même vous aime, parce que vous m'aimez… Or, je suis sorti d'auprès de Dieu” (16,27). “Et je retourne vers le Père”. - “Je pars, mais je reviendrai vous prendre avec moi. Et là où je suis, vous y serez aussi“, en cette respiration d’amour de Dieu lui-même ! Cette notre vocation de baptisés de “fils de Dieu“ !

Autrement dit, la montée au ciel de Jésus, son Ascension, n'est pas simplement un heureux dénouement d'une histoire tragique. Elle est l'aboutissement du mystère du Fils de Dieu fait homme. La destinée de Jésus est la nôtre. Par le baptême, dit St Paul, nous sommes déjà unis au Christ dans cet incessant mouvement “aller-retour‘‘ de vie divine : “Dieu nous a vivifiés-avec le Christ, nous a ressuscitês-avec lui et nous a assis-avec lui dans les cieux” (Ep 2,4-6 ; cf Rm 6,48).

Assis avec lui dans les cieux“. Retenons aujourd’hui cette affirmation : notre sort final est donc celui de Jésus, “assis à la droite de Dieu”. L’oraison de la fête le souligne : “L’Ascension de ton Fils est déjà notre victoire : nous sommes les membres de son Corps ; il nous a précédés dans la gloire auprès de toi, et c'est là que nous vivons en espérance”.

Et quand St Paul parle du baptême, il dit : “vous êtes morts” ; il ne dit pas : “considérez comme si vous étiez morts, comme si vous étiez ressuscités” ; il dit : “vous êtes morts et vous êtes ressuscités avec le Christ”. Déjà !

{De même, Jésus n’a pas dit : “Considérez ceci comme si c’était mon corps” ; il a dit : “Ceci EST mon corps”. Ne rabaissons pas le réalisme des sacrements qui véhiculent à travers temps et espace la réalité même de ce qu'ils signifient : un incessant “aller-retour“ dans la vie même de Dieu avec le Christ}

Vous êtes déjà avec le Christ ! Or, trop souvent, nous n’en prenons pas conscience et nous cherchons le Christ là où il n’est pas !
  • “Pourquoi cherchez-vous parmi les morts Celui qui est vivant ?“, disait l'ange de Pâques !
  • “Pourquoi restez-vous à regarder le ciel ?“, demandait l'ange de l'Ascension ! Le Christ n'est ni dans les tombeaux, ni dans les nuages !
    • Il n'est pas dans les tombeaux ! Or, souvent, nous lui rendons un culte nostalgique, comme à un cher disparu. Nous croyons bien qu'il vit, certes ! Mais si loin de nous ! Et nous sommes attristés de ne pas le trouver, comme Marie-Madeleine, au matin de Pâques !
    • Et le Christ n'est pas davantage dans les nuages ! Or, notre pensée du Christ est souvent une évasion hors du réel, un refuge à notre mélancolie : “Comment peux-tu dire que tu aimes Dieu que tu ne vois pas, si tu ne sais pas aimer ton frère que tu vois“, demandait St Jean (I Jn 4/20).

Venez ! “, dit Jésus ! Alors, où donc le trouver ? Jésus est bien monté au ciel. Mais le ciel que rejoint le Christ, c'est ce mouvement d’intimité entre le Père et le Fils dans l'Esprit-Saint ; c'est l'univers de la charité que s'échangent les trois Personnes divines.

Cet Univers est hors de l'espace, hors du temps, c’est-à-dire que cet univers est présent à tous les espaces, à tous les temps. Il m'est donc présent, cet Univers, aujourd'hui ! Et c'est pour me l'apprendre que Dieu s'est fait homme en Jésus qui nous a transmis son élan - son incessant “aller-retour d’amour“ -, sa respiration d’amour divin !

Voilà le ciel où le Christ est monté ! Le Ciel, c'est l'Amour triomphant de tout mal et qui, en nous, aura sa plénitude au-delà de la mort que le Christ a vaincu au matin de Pâques ! Et, déjà, ce ciel, cet Amour divin est plus fort que la mort en nous : “Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde“.

Mais, trop souvent, les nuages du mal, du péché, de la souffrance nous voilent ce ciel divin d’où le Christ en sa gloire divine nous appelle et nous envoie.

Aussi, je me permets, pour terminer, d’évoquer le message d’un grand prophète, assez original, Ezéchiel ! C’est est un grand visionnaire ; il va de vision en vision. Avec lui, on ne sait jamais s’il est éveillé ou en train de dormir, tant son imagination est fertile. Mais Dieu oriente, parfois, son imagination, cette vulnérabilité mentale particulière.

C’est un homme d’une grande sensibilité : il souffre avec les souffrants ! Il est en exil avec les exilés ! Et quand on souffre, il est bien permis de rêver… à Dieu apparemment absent ! Et Ezéchiel rêve…, il rêve de la gloire de Dieu, chantée, célébrée naguère dans le temple de Jérusalem !

Alors, soudain, il voit une espèce de chariot qu’il décrit curieusement au début de son livre (1.4 sv), ce chariot avec des anges et des roues, et qui avait des yeux partout, et qui allait dans tous les sens, etc. - c’est le chariot de la gloire divine (gloire en hébreu = manifestation !). Soudain, ce chariot sort du temple par la porte occidentale (c’est la porte de tous les exils !) et il se dirige vers la grande vallée où se trouvent les exilés. Dès lors, pour Ezéchiel, c’est évident : le Seigneur est “motorisé” en quelque sorte. Dieu n’est pas “stabilisé” une bonne fois pour toutes dans un temple ou dans un ciel très lointain.

Et si, malheureusement, on va en exil (en un lieu, en un temps de souffrance), et bien, ce n’est pas obligatoirement : “adieu, mon Dieu !”. Non ce n’est pas du tout “adieu au Bon Dieu” quand on va en exil, quand on souffre. Absolument pas ! Le Seigneur nous y précède. Oui, Dieu se déplace ! Et il peut choisir, Lui aussi, d’être en exil (comme en un lieu de crucifixion), pour rejoindre les exilés…, alors même que ceux-ci ne le voient pas avec évidence…

Oui, la gloire de Dieu quitte le temple comme elle quittera le ciel en Jésus. Elle vient sur la montagne qui est à l’Orient de la ville, le Mont des Oliviers. Elle part en exil !

Et avec ce grand visionnaire qu’est Ezéchiel, le retour de Dieu dans le temple de Jérusalem est affirmé avec autant de force que son départ : La gloire de Dieu revient d’exil par le Mont des Oliviers.

Ce rythme décrit par Ezéchiel - exil et retour - était manifestement dans l’esprit de St Luc lorsqu’il parle, par deux fois, de l’Ascension : “Jésus emmena ses apôtres sur le mont des Oliviers… Il fut emporté au ciel“. Et on annonce : “Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, reviendra comme cela, de la même manière dont vous l'avez vu s'en aller vers le ciel". Comme le chariot de la gloire de Dieu, chez Ezéchiel !

Et c’est alors que ce grand visionnaire voit toutes les tribus du peuple élu se restructurer autour du temple reconstruit, autour de la présence de Dieu. Aussi termine-t-il son livre comme par un coup de gong : “Dieu est là !“ - “Adonaï shamma“ (48:35). Et comme le mot “Sham“, évoque Jérusalem (Yerushalaim), St Jean, après avoir décrit la ”Jérusalem nouvelle” dans son Apocalypse, fait dire au Christ glorieux : “Oui, je viens bientôt !“. Je suis là ! Dieu est là !

Ainsi, le rythme de notre vie chrétienne - “Venez-Allez“, “Allez-Venez“ - doit toujours se maintenir dans une attitude d’attente, entre l’exil et le retour, à l’exemple du Christ ! (Le P. Congar disait qu’en bonne théologie, si un problème était posé en dehors de cette attitude d’attente entre l’exil et le retour, ce n’était pas la peine de l’étudier… )

Dans l’attente du retour final du Seigneur, vivons avec espérance au rythme de notre respiration à la fois physique et spirituelle. Le psaume 104 le dit merveilleusement :
  • "Tu leur reprends le souffle, ils expirent (ils semblent mourir)
  • Tu envoies ton souffle, ils sont créés, (ils revivent)
  • et tu renouvelles la face de la terre" (V/29-30).

A chaque moment on inspire, on reçoit la vie ; à chaque moment, on expire. Viendra un moment où on rendra notre dernier souffle - comme le Christ en croix - mais dans la certitude que Dieu à qui on remet notre souffle peut nous le rendre. Car pour Dieu, ce n'est pas plus difficile de re-créer que de créer : "…et tu renouvelles la face de la terre !"

Ainsi, la certitude de la résurrection, d'un Dieu qui mène par-delà la mort, ce n'est pas une idée abstraite ; c'est une certitude perçue déjà dans le réalisme de l’Histoire Sainte, manifestée au radieux matin de Pâques ; et elle émerge de notre propre cheminement avec le Christ qui nous dit sans cesse et sans relâche : “Allez-Venez ! “. Venez vers mon Père et votre Père. Allez vers vos frères dans l’attente de mon retour !

mardi 11 mai 2010

Pâques 6 Mardi - Difficultés missionnaires ! - Ac 16,22-34 - Jn 16,5-11

St Luc, dans le livre des Actes des Apôtres, ne nous épargne aucune des difficultés qui peuvent entraver la prédication de l’Evangile. Si vous lisez ce qui précède la lecture d’aujourd’hui, l’auteur nous raconte ce qui a provoqué l’emprisonnement et la délivrance merveilleuse des premiers missionnaires.

Une femme, un peu excitée, et qui n’avait certainement pas l’équilibre de Lydie dont il fut question hier, victime plutôt de névrose apparemment inoffensive, se met à renchérir sur la prédication de Paul. Ce dernier trouve que son zèle intempestif nuit à son travail plutôt qu’il ne le favorise. S’impatientant au bout d’un certain temps, il la guérit de son déséquilibre.

Or, il se trouve malheureusement que le comportement étrange et inhabituel de cette femme était utilisé par ses maîtres qui l’exhibaient et en tiraient des bénéfices. Voilà ces gens brusquement privés, par cette guérison, de leur source de gain. L’argent, toujours l’argent ! Il faut savoir que le démon est le plus intelligent des mafieux de tous les temps. L’argent est l’une de ses armes préférées qu’il utilise très souvent à l’extérieur comme parfois, malheureusement, à l’intérieur de l’Eglise!

Alors les maîtres de cette servante - esclave -, soudainement privés de leur gain -rendez-vous compte ! -, se mettent à ameuter la foule et les gouverneurs, ce qui provoque la flagellation et l’emprisonnement de ceux qu’ils ont réussi à faire passer pour des gens qui troublent l’ordre public. Trouble de l’ordre public ! Ce motif est toujours invoqué. Encore aujourd’hui!

Les apôtres sont donc mis en prison ! Or, la nuit, il y a un tremblement de terre ! Les tremblements de terre dont il est question n’étaient pas plus rares dans cette région qu’ils ne le sont actuellement. Le miracle est à chercher plutôt dans la concordance providentielle qui permet non seulement la libération des prisonniers mais la conversion des geôliers !

Il faut remarquer d’ailleurs que Paul et ses compagnons n’ont pas profité de la situation pour s’enfuir et mettre en cause, par le fait même, la responsabilité de leurs geôliers. Paul en profite pour faire prendre conscience du danger dans lequel les gouverneurs ont fait courir à leur carrière et à leur promotion en flagellant des citoyens romains, sans même les avoir fait juger. Paul saura assez souvent utiliser son titre de citoyen romain - dont il était assez fier, apparemment – titre qu’il avait sans doute hérité de son père.

Les apôtres, libérés, reviennent chez Lydie, la marchande de pourpre - nous sommes toujours à Philippes -!. Nul doute qu’elle a dû “prendre la situation en main“ avec la détermination et l’énergie qu’on peut lui attribuer, en accueillant à nouveau Paul et de ses compagnons avec grande générosité et compassion toute féminine ! Alors, la vie de la première communauté chrétienne d’Europe reprit son cours.

Les extraits de la liturgie, obéissant aux nécessités de la pastorale, doivent être considérés comme des invitations à lire l’ensemble du texte. Comme le dira St Paul à Timothée : toute l’Ecriture est inspirée et utile et pour orienter notre union à Dieu et pour mieux discerner la conduite de notre vie qu’il nous faut prendre.

Il y a beaucoup de pays où ces sortes de difficultés qui parasitent la prédication de l’Evangile redeviennent actuelles. Et, quand on étudie l’histoire de l’Eglise, on constate souvent - même en chrétienté calme et stabilisée -, que des phénomènes plus ou moins morbides, des digressions laxistes ou intégristes sont engendrés par des gens “exaltés“ qui ne sont pas toujours motivés par le désintéressement dans leurs propagations parasitaires. Le passage des Actes des Apôtres est plus actuel qu’on ne le pense.

L’Evangile, lui, nous prépare à la fête de l’Ascension. La présence du Christ va faire place à celle de l’Esprit de Vérité, qui est plus que jamais nécessaire pour opérer des discernements dans les temps où nous sommes.
  • Discernements sur les valeurs que le monde, au mauvais sens du mot, fait prévaloir avec de puissants moyens de séduction et de propagande.
  • Discernements à faire dans les tensions qui se font jour parfois au sein même de l’Eglise.
  • Discernements que nous avons à faire - et ce n’est pas toujours facile - dans les complexités de nos existences et de nos consciences.

Oui, demandons plus que jamais la lumière de l’Esprit Saint sur nos vies.

lundi 10 mai 2010

Pâques 6 Lundi – En Europe ! - Ac 16,11-15 - Ps 149 - Jn 15, 26 à 16, 4

Avec la lecture d’aujourd’hui, nous rejoignons Paul, Silas et Timothée partis d’Antioche de Syrie pour un deuxième grand voyage missionnaire,. Silas était un des émissaires envoyé de Jérusalem à Antioche après le Concile. Paul l’avait adopté pour compagnon après son désaccord avec Barnabé au sujet de Jean Marc (vous pouvez vous reporter aux Actes…). Quant à Timothée, il l’avait pris en repassant à Lystres. Timothée, qui avait bonne réputation, devint son disciple préféré. Son père était grec, mais sa mère juive, pieuse : “J'évoque le souvenir de la foi sans détours qui est en toi, foi qui, d'abord, résida dans le cœur de ta grand-mère Loïs et de ta mère Eunice et qui, j'en suis convaincu, réside également en toi“. (2 Tm 1,5).

L’Esprit-Saint les pousse vers la Macédoine, vers l’Europe… Paul en rêve (le rêve du Madédonien)… Ils s’embarquent à Troas, passent près de l’île de Samothrace et débarquent à Néapolis. Ils ne s’y arrêtent pas et gagnent immédiatement Philippes. C’est là, à Philippes, que fut fondée la première communauté chrétienne d’Europe, à laquelle fut adressée la lettre aux Philippiens, la plus personnelle peut-être des lettres de St Paul.

On parle beaucoup de l’Europe … ; Et un chrétien, devrait se souvenir de la première chrétienne d’Europe et des circonstances de sa fondation.

Il n’y avait pas suffisamment de juifs à Philippes pour qu’on y trouve une synagogue. Le jour du Shabbat, Paul et ses compagnons peuvent retrouver quelques compatriotes au bord de la rivière, là où ces quelques Juifs avaient sans doute pris l’habitude de faire la prière. Paul s’adressa aux femmes qui étaient réunies.

Au passage, il faut faire hommage à ces femmes juives qui furent les premières à recevoir l’Evangile en Europe. Il y avait parmi elles, une certaine Lydie qui faisait du commerce de pourpre (profession qui suppose une certaine aisance de vie). Elle était originaire de Thyatire et faisait partie des “Craignants Dieu“, séduites par le judaïsme si elles ne s’étaient pas encore intégrées au peuple élu. Notons une fois de plus que c’est aux juifs que Paul s’adresse toujours en premier lieu : “La Bonne Nouvelle est d’abord pour vous“, avait dit St Pierre dès le lendemain de la Pentecôte.

On peut remarquer au passage la phrase qui parle de la conversion de Lydie. “Le Seigneur lui ouvrit le cœur, de sorte qu’elle s’attacha aux paroles de Paul“.

En me rappelant cette phrase, je me fais souvent cette réflexion : Certes, la présentation que l’on peut faire du message évangélique est importante : catéchèse adaptée, langage et message particuliers pour tel ou tel milieu social… etc.. Et c’est bien ! Cependant il me semble que si l’Evangile est annoncé dans sa simplicité - lire la Parole de Dieu et la relire -, non seulement l’Evangile a en lui-même une puissance insoupçonnée de séduction sur l’auditoire, mais, surtout il profite d’une sorte de complicité de l’Esprit Saint qui ouvre le cœur des uns et des autres et les interpelle d’une manière personnelle, souvent imprévisible. La Parole de Dieu obtient ainsi plus facilement et plus efficacement des résultats auxquels ne parviennent pas toujours les “préparations“, “parcours“ les mieux adaptés…

Et c’est sans doute ce qui arriva à Lydie : “Elle était tout oreilles ; car le Seigneur avait ouvert le cœur…“. Cette Lydie semble avoir un tempérament assez décidé - elle avait dû réussir dans son métier de négociante qui souvent forme le caractère à être affirmé -. Aussi, elle demande aussitôt le baptême et le reçoit ! (Pourquoi perdre du temps, n’est-ce pas ?).

Il faut aussi remarquer également que si la foi - même soudaine - change le cœur, elle ne change pas obligatoirement le caractère. St Luc le souligne avec grande finesse et humour. Il n’était pas dans l’habitude de Paul et de ses compagnons de se faire “entretenir“ si je puis dire. Paul, plus tard, aura la fierté d’affirmer qu’il travaillait de ses mains pour subvenir à ses besoins. Mais, semble dire St Luc, Lydie s’y prit si bien et avec une telle insistance que Paul et ses compagnons allèrent loger chez elle ! Et ce “gentleman“ qu’est Luc d’ajouter laconiquement non sans humour : que l’on nous excuse ! Que voulez-vous ! “Elle nous y contraignit !“. On n’a pas pu faire autrement ! (“Ce que femme veut, Dieu le veut !“, dit-on ! Ce n’est pas toujours vrai quand même ; mais là, semble dire St Luc, ce fut le cas !).

Il serait souhaitable de commémorer, me semble-t-il, cette première communauté chrétienne qui se fonde dans la maison de Lydie, la marchande de pourpre. On n’y fait pas beaucoup allusion ; et je ne connais personne qui porte ce prénom. C’est dommage. Il serait bon de prier Lydie en bien des circonstances…

vendredi 7 mai 2010

Pâques 5 Vendredi - Concile de Jérusalem (2) - Ac 16, 11-15 - Jn 15,26 à 16,4

Vingt ans après la résurrection de Jésus, une communauté est née à Antioche ! Ses membres portent le nom de “Chrétiens“ ; ils proclament que le Christ est vivant ! Il est ressuscité ! Et ils ont le souci de porter cette “Bonne Nouvelle“ jusqu’en Asie Mineure ! Sûrement une Eglise vivante...

Naturellement, des non-Juifs, des païens adhèrent à cette “Bonne Nouvelle“. Ils deviennent chrétiens. Mais faut-il leur imposer les coutumes des premiers chrétiens qui sont Juifs, qui ont gardé des habitudes juives ? En cette ville très cosmopolite (comme toutes les villes du bassin méditerranéen), le problème n'est pas d'ordre racial ; il est beaucoup plus large et profond : Faut-il, oui ou non, garder la religion juive en adhérant au Christ ?

C’est une question permanente… Certes, aujourd’hui, il ne s’agit plus de circoncision ou de rites de purification, fréquents chez les Juifs. Mais n’avons-nous pas tendance, parfois, à imposer pratiques, habitudes, manières de faire et de penser à ceux qui sont “en recherche“ de Dieu ? … Et paradoxalement, en sens inverse, nous dédaignons certaines pratiques de personnes éloignées de l’Eglise.

En lisant rapidement notre lecture, il peut paraître choquant que les premiers chrétiens aient perdu du temps, fait de si longs voyages, réuni les Apôtres à Jérusalem, se soient affrontés durement pour garder ou non certaines coutumes. La paix à conserver, la charité à promouvoir ne commandaient-elles pas de tout garder dans l’ordre établi ? Mais alors, l'Eglise se serait-elle ouverte à d'autres civilisations, à d'autres peuples ? St Paul aurait-il pu fonder des communautés en terre non juive ?

C’est que l'unité de l'Eglise est toujours à faire. Or, ce qui nous unit, ce ne sont pas d'abord des pratiques communes, c'est d'aimer le Seigneur en manifestant l’amour de Dieu pour tout homme comme lui-même l’a fait ! Le Christ est mort et ressuscité pour tous, dira St Paul ! Aussi la question demeure face à des mœurs, des coutumes, des façons de penser ou d’agir !

Bien sûr, il y a toujours danger à une "mise en question ". A Antioche, comme chez nous, il y avait tentation de se donner soi-même des réponses aux questions ainsi posées, et réponses diamétralement opposées selon les groupes.  Malheureusement, cela s’est vu dans l’Histoire de l’Eglise.

Et c’est toujours d’actualité (Ex. en Amérique latine)! Certains ont toujours tendance à affirmer leur fidélité par des pratiques dont ils ont hérité. Peut-on le leur reprocher ?  D'autres croient très relativises ces pratiques en pensant que tout est possible, permis…, Ont-ils tort ? …

Les uns et les autres ont tort si on oublie que nous ne sommes pas des dirigeants d'une entreprise, mais seulement les témoins de Quelqu'un. Certes, “tout est à vous“, dira St Paul ! Le monde, la vie, le présent et l’avenir, tout est à vous, “mais vous, vous êtes au Christ ; et le Christ est à Dieu”. Notre mission n'est pas principalement de rassembler du monde sur des manières de faire, d’agir. Notre mission est d'être au service de Quelqu’un, d'une Parole qui nous dépasse, la Parole de Dieu, Verbe fait chair, Fils de Dieu fait homme, mort et ressuscité. Notre fidélité, c'est de témoigner du Christ toujours présent en nous et autour de nous !

Alors, comment faire ? Les Chrétiens d'Antioche n'ont pas tranché seuls. Ils ont envoyé Paul et Barnabé vers les Apôtres ! Oui, les solutions ne peuvent être trouvées qu'en acceptant humblement de tout soumettre à la Communauté qu'est l'Eglise réunis autour des apôtres, autour de Pierre à qui il fut dit : “J’ai prié pour que ta foi ne défaille pas !“. La Communion autour de Pierre et des apôtres !

Jésus lui-même nous donne deux autres clefs qui nous permettent de garder cette unité toujours fragile tout en étant accueillants à tous les hommes et aux nouveautés. La première clef, c'est l'Amour. La fidélité, c'est d’aimer… Jésus-Christ. A force de la répéter, cette formule peut paraître banale et un peu enfantine ! C'est pourtant ce sur quoi Notre Seigneur insiste juste avant sa mort : “Si quelqu'un m'aime, il restera fidèle à ma Parole !".

La deuxième clef que Notre Seigneur nous donne, c'est le don de l'Esprit-Saint qu’il nous a promis. Seul l'Esprit peut nous guider pour concilier, dans l’amour du Christ, ce qui peut paraître parfois contradictoire : tenir fermement à ce que nous avons reçu du Seigneur et nous ouvrir largement pour semer la Parole de Dieu si nous voulons que le monde la reçoive. En cela, seul l'Esprit-Saint peut nous guider.

Et l’accueil de l’Esprit de Dieu en nous suppose toujours une très grande humilité. Mais c’est alors que nous pourrons répéter avec les apôtres cette formule si extraordinaire et si saisissante qu’il nous faut la méditer : “Nous et l’Esprit Saint avons décidé que…“. Aussi faut-il toujours nous demander de quel esprit nous sommes, savoir “discerner les esprits“ (I Co. 12.10) “pour voir s’ils sont de Dieu“ (I Jn 4.1), car “tout esprit qui divise Jésus n’est pas de Dieu !“ (I Jn 4.3).

jeudi 6 mai 2010

Pâques 5 Jeudi – Concile de Jérusalem. - Ac 15, 7-21 - Ps 95 - Jn 15, 9-11

La lecture d’aujourd’hui nous plonge dans le 1er Concile de l’histoire de l’Eglise, qui a eu lieu à Jérusalem vers  48 ap. J.C.

St Luc montre, dans sa relation du Concile, la préoccupation qu’il a toujours de montrer que si Pierre, Jacques et Paul sont inséparables comme “colonnes de l’Eglise“, il faut mettre en valeur la primauté de Pierre.

Après la conversion de Paul sur le chemin de Damas, il avait fait “disparaître“ celui-ci une bonne dizaine d’années et avait concentré notre attention sur Pierre qui, profitant d’une période de tranquillité, avait évangélisé Lods et Jaffa, et baptisé le centurion Corneille, au cours d’une sorte de nouvelle “Pentecôte pour les païens“ :  "Peut-on refuser l'eau du baptême à ceux qui ont reçu l'Esprit Saint aussi bien que nous  ?"  (Ac 10,47). Dans la maison de Corneille, “Pierre parlait encore quand l’Esprit Saint tombe sur tous ceux qui écoutaient la Parole… ; et tous les croyants circoncis qui étaient venus avec Pierre furent stupéfaits de voir que le don du Saint Esprit avait été réparti aussi sur les païens“ (Ac 10,44).

C’est seulement après avoir montré cette primauté de Pierre que St Luc “remet en scène“ Paul que Barnabé va chercher à Tarse pour l’amener à Antioche de Syrie d’où partira le premier grand voyage missionnaire.

C’est encore à Pierre que St Luc donne de prendre la parole au Concile de Jérusalem. C’est Pierre qui a été choisi dès les premiers jours pour la prédication aux païens. “Dieu a donné l’Esprit Saint aux païens comme à nous, sans faire aucune distinction. Ce serait tenter Dieu que “de leur imposer un joug que ni nos pères, ni nous-mêmes n’avons eu la force de porter“. L’assemblée fait silence pour écouter Paul et Barnabé exposer ce qui s’était passé pendant les deux années de leur voyage missionnaire. Puis c’est Jacques qui prend la parole.

Il y a là une remarque très intéressante à faire, mais difficile de développer en quelques lignes. Jacques forme son argumentation à partir du prophète Osée qu’il doit aimer à cause de ses exigences et rigueurs spirituelles. Cependant, pour ce faire, il choisit la transcription des Septante (écrite deux siècles av. J.-C. à Alexandrie) : “…afin que le reste des hommes cherche le Seigneur ainsi que les nations païennes“. Le texte hébreu (de la tradition de Jérusalem qui sera figée au 9ème siècle, à Tibériade : la Massore), exprime, lui, une exaltation du peuple d’Israël qui doit conquérir toutes les nations : “…afin qu’ils conquièrent le reste d’Edom (l’ennemi traditionnel) et toutes les nations…“.

Il serait trop long d’expliquer ce changement de sens dû simplement au choix d’une vocalisation sur un mot (les voyelles ne sont pas précisées en hébreu) et à un ajout d’une seule consonne au verbe de la phrase (1).

Il suffit de remarquer l’esprit très ouvert, très universaliste des Septante. Or - et c’est capital -, c’est à cette tradition que Jacques se réfère, lui qui est qualifié souvent de “judéo-chrétien“ (on dirait aujourd’hui traditionaliste, voire progressiste !). C’est vite dit ! En fait, Jacques se montre très accueillant, moins que Paul et Barnabé peut-être (?), aux païens convertis. Avons-nous cette même ouverture, cet esprit d’universalité de l’Eglise du Christ ?

Jacques, me semble-t-il, est un “sage“ qui sait établir des tremplins afin d’éviter des ruptures.

Mais on devine qu’il y a du avoir de fortes tensions au sein de la Communauté chrétienne, lors de ce Concile de Jérusalem. St Luc, dans le livre des Actes, ne les dissimule pas. Elles ont existé tout au long de l’Ancien Testament… tout au long de l’histoire de l’Eglise. St Luc nous donne une bonne leçon aujourd’hui en nous présentant St Jacques, intelligent et pieux certainement ; il ouvre la porte de l’Eglise non avec fougue (comme l’aurait voulu Paul, peut-être), mais avec grande sagesse. Il ne fait pas de distinction entre les personnes.

Il demande simplement aux convertis du paganisme de s’abstenir des idoles (des habitudes idolâtriques), des unions illégitimes et des viandes étouffées et du sang (le sang est le symbole de la vie ; et la vie vient de Dieu !). Après tout, il n’est pas interdit de rappeler ces paroles en notre temps, en notre monde oublieux de Dieu, où tout est soumis à l’idole de l’Economie, où on mange  n’importe quoi, n’importe comment et n’importe quand, et où on donne un statut légal au mariage homosexuel !

  1. Pour ceux que cela intéresse :    Actes 15. 13 sv.

Jacques choisit de s’inspirer du prophète Amos. Le prophète Amos est peut-être le plus sévère de tous les prophètes de l’A.T. Il va jusqu’à mettre en question l’élection du peuple élu : “Je n’ai connu que vous de toutes les familles de la terres ; c’est pourquoi je vous châtierai pour toutes vos fautes“ (Am. 3.2).

St Jacques est peut-être dans la même ligne, sévère, exigeant, rigoriste. Il écrira par exemple  : “A quoi cela sert-il que quelqu’un dise : « J’ai la foi » s’il n’a pas les œuvres ? ….Comme le corps sans l’âme est mort ; de même aussi, sans les œuvres, la foi est morte“.

Par la suite, on a éprouvé le besoin, dans les écoles de scribes, de tempérer la sévérité du prophète Amos en terminant son livre par un paragraphe plus rassurant : “Je rebâtirai (la hutte branlante de David) comme aux jours d’autrefois afin qu’ils possèdent le reste d’Edom et toutes les nations qui furent appelé de mon Nom (= sur lesquelles mon Nom a été prononcé)“ (Am. 9.11-12).
  • “Edom“, dans la tradition juive, évoque le reste d’ennemi traditionnel. La restauration d’Israël est conçue comme une revanche sur cet ennemi traditionnel.
  • Revanche qui est signifié par le verbe traduit par “posséder“ (“rache“ : “conquérir“).

Mais on ne connaît le texte hébreu que par la Massore (tradition de Jérusalem) qui ne prit sa forme définitive qu’au 9ème siècle ap. J.C.

La traduction grecque des Septante qui, elle, fut faite au 2ème siècle av. J.C., à Alexandrie, transcrit : “Le reste des hommes cherche le Seigneur ainsi que les nations païennes sur lesquelles mon Nom a été prononcées“.

Un sens grandement différent dû à deux petits changements :
  • “Edom“ est devenu “Adam“. (il suffit de changer la prononciation sous la même consonne). L’ennemi traditionnel est devenu l’humanité : le reste des “Adam“, des hommes !
  • Et devant le verbe “posséder“, “conquérir“ (“rache“), on a ajoute seulement une consonne, un daleth (d), ce qui donne “drache“ qui veut dire chercher (d’où dérive le mot plus connu “midrash“, chercher Dieu !) .

Quelle ouverture ! Quel changement : on est passé d’une revanche sur l’ennemi traditionnel à une vocation adressée à toute l’humanité pour partager la connaissance - réservée jusque là au peuple élu - du seul Dieu vivant et vrai ! C’est toute l’humanité qui se met à chercher le Dieu d’Israël et non plus Israël qui prend sa revanche contre son ennemi traditionnel !

En citant Osée d’après la tradition  des Septante, Jacques souligne une ouverture : cette possibilité qu’a tout homme (même païen) d’entrer en relation avec le Dieu Unique !

Mais on devine qu’il y a du avoir de fortes tensions au sein de la Communauté chrétienne, lors de ce Concile de Jérusalem. St Luc, dans le livre des Actes, ne les dissimule pas… Et St Jacques en parlant comme il l’a fait s’est montré certainement un grand modérateur !

mercredi 5 mai 2010

Pâques 5 Jeudi – Juifs et Chrétiens ! - Ac 15, 1-6 - Ps 121 - Jn 15, 1-8

Nous continuons le “voyage missionnaire“ de St Paul. Beaucoup de païens, surtout des prosélytes et des “craignants Dieu“, fréquentaient la Synagogue. Mais ils n’avaient pas fait le pas décisif d’appartenir au peuple juif. Aussi avaient-ils accueilli plus facilement l’Evangile à Antioche et tout au long des routes parcourues par Paul et Barnabé.

Alors, les chrétiens de Judée, d’origine juive, s’inquiètent comme ils l’avaient fait deux ou trois ans auparavant lorsqu’ils avaient envoyé Barnabé à Antioche pour juger de l’initiative qu’on avait prise là-bas de prêcher la “Bonne Nouvelle“ hors du judaïsme. On craint que l’expansion universaliste du peuple élu ne lui fasse perdre son identité. Réaction de tout temps et de tout milieu !

C’est de cette même inquiétude qui habite les gens de Judée dont nous parle la lecture d’aujourd’hui, inquiétude qui ne fait que grandir devant les résultats du premier “voyage missionnaire“ des années 46-48, devant la multitude des conversions. Rendez-vous compte : une nouvelle communauté se crée à Antioche. Elle s’appelle d’un nom nouveau ; le nom de “Christianoï“ (1), - chrétiens -apparaît pour la première fois.  Et ces chrétiens en prennent trop à leur aise, à leur avis avec les observances de la Loi mosaïque, les aliments (cacherout) et la circoncision.

Les discussions sont alors assez vives à Antioche ; et on décrète d’envoyer Paul et Barnabé s’expliquer à Jérusalem. On assiste ainsi à un prélude de la théologie qui va se développer chez St Paul pour trouver sa formulation dans l’épître aux Romains.

Pour nous chrétiens, ce n’est pas une nouvelle religion qui est née en se séparant des racines bibliques et en se substituant au peuple de l’Ancien Testament. Il faut le dire et le redire ! A ce sujet, il faut lire et relire ce que le pape Jean Paul II, se référant aux documents du dernier Concile – “Nostra Aetate“ et “Lumen Gentium“ - a dit aux Juifs de  la Synagogue de Rome, en 1986 : “L’Eglise découvre son « lien » avec le Judaïsme « en scrutant son propre mystère » (cf. “Nostra aetate“). La religion juive ne nous est pas « extrinsèque », mais, d’une certaine manière, elle est « intrinsèque » à notre religion. Nous avons donc envers elle des rapports que nous n’avons pas avec aucune autre religion. Vous êtes nos frères préférés et, d’une certaine manière, on pourrait dire nos frères aînés“.

Il ne s’agit pas d’une religion nouvelle. Il s’agit d’un désaccord sur la place de la Loi de Moïse dans le déroulement du dessein d’amour de Dieu envers les hommes, dans le déroulement de l’histoire du salut.

Dans la perspective chrétienne, la Loi mosaïque est une étape de la pédagogie divine à l’égard de l’homme. La lumière qui se dégage de cette pédagogie divine, de cette phase de la “Loi de Moïse“, fait apparaître ce qu’il faudrait faire et que les croyants n’arrivent pas à faire, ainsi que le prouve toute l’histoire. St Pierre dira nettement : “cette Loi que ni nous, ni nos pères, n’ont été capables de porter“.

Peu à peu s’opère alors dans une partie du peuple élu éduqué par les prophètes - St Paul en est le représentant -, la prise de conscience qu’il faut une “Alliance Nouvelle“. Cette “Alliance Nouvelle“ qu’apporte le Christ met en évidence que la “Loi de Dieu“ doit être inscrite dans le cœur, et qu’on doit lui obéir avec les spontanéités de la liberté, par un amour qui sera le don de l’Esprit. On vivra, dit St Augustin, comme des êtres amoureux de beauté spirituelle, non comme des esclaves sous la Loi, mais comme des « libérés », des êtres libres !

L’Histoire sainte, notre propre histoire, est une éducation, une pédagogie qui comporte des étapes. Il ne faut surtout pas s’arrêter en route tant que ne seront pas accomplies parfaitement - en chacun et en tous -  les promesses divines : que nous parvenions à la “stature du Christ“, comme dit St Paul, que nous devenions “enfants de Dieu“, “à son image et ressemblance“.

C’est ainsi que dans la perspective chrétienne, contrairement au Judaïsme, les prophètes qui avaient pressenti cette “Nouvelle Alliance“, qui avaient annoncé l’accomplissement des promesses divines, viennent après la “Loi de Moïse“, passent avant la Loi. Ainsi sur la Montagne de la Transfiguration, dans le récit de St Marc, Elie qui représente le prophétisme, passe avant Moïse. (C’est la leçon que l’on peut tirer également des sculptures et des vitraux de Chartres, par exemple).

Les lectures de ces jours-ci vont s’attarder longuement sur cette question qui est interne au Mystère même de l’Eglise. Profitons-en pour approfondir notre foi… Si seulement, en bien des circonstances, les tensions - inévitables en bien des domaines - devenaient  des occasions de progrès. Il ne faut pas qu’elles dégénèrent en discussions stériles qui ne profitent à personne.

  1. Le mot “christianoi“ vient de “Christos“, Christ. Evidemment ! Cependant rertains se demandent s’il n’y a pas un jeu de mots avec “chrèstos“ (bon, dévoué), mais  employé de façon péjorative : débonnaire, simple, crédule, niais. Les opposants aux chrétiens devaient faire ce jeu de mots. Et c’est encore d’actualité : “chrétien“ - “crétin“ !

 

mardi 4 mai 2010

Pâques 5 Mardi - Ac 14, 19-28 - Ps 144 - Jn 14, 27-31a

Dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, St Paul, contraint de faire face à ses opposants, fait une apologie personnelle ; et il y a un passage où il nous énumère les souffrances endurées au cours de ses voyages : « Ce dont on se prévaut - c'est en insensé que je parle -, je puis m'en prévaloir, moi aussi. Ils sont Hébreux ? Moi aussi.  Ils sont Israélites ? Moi aussi.  Ils sont de la descendance d'Abraham ? Moi aussi. Ils sont ministres du Christ ? Je vais dire une folie !  Moi, plus qu'eux.
  • Bien plus par les travaux, bien plus par les emprisonnements, infiniment plus par les coups.  Souvent j'ai été à la mort. Cinq fois j'ai reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet ;  trois fois j'ai été battu de verges ; une fois lapidé.
  • Trois fois j'ai fait naufrage. Il m'est arrivé de passer un jour et une nuit dans l'abîme !
  • Voyages sans nombre, dangers des rivières, dangers des brigands, dangers de mes compatriotes, dangers des païens, dangers de la ville, dangers du désert, dangers de la mer, dangers des faux frères !
  • Labeur et fatigue, veilles fréquentes, faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité » (2 Co 11,21b-27).

Pour ne parler que des lapidations,  la première eut lieu, semble-t-il, à Lystres, sur la route de retour du premier grand voyage missionnaire, comme cela nous est raconté dans la lecture d’aujourd’hui : « Survinrent alors d'Antioche et d'Iconium des Juifs qui gagnèrent les foules.  On lapida Paul et on le traîna hors de la ville, le croyant mort »(Ac 14,19).

Mais ce petit homme à la santé fragile avait un tempérament de fer. Il est laissé hors de la ville et on le croit mort. Mais il se relève bientôt après ; et, dès le lendemain il reprend la route pour Derbé : « Mais, comme les disciples faisaient cercle autour de lui, il se releva et rentra dans la ville.  Et le lendemain, avec Barnabé, il partit pour Derbé »  (Ac 19,20).

Par la suite, intrépide, il repasse par les villes où il a été maltraité, Lystres, Iconium et Antioche de Pisidie. Ce n’est pas lui qui a besoin d’être réconforté, c’est au contraire, lui qui affermit les nouveaux croyants. Il a bien compris ce qu’a dit le Christ : le disciple n’est pas plus grand que le Maître, et il n’y a pas d’autre route pour le rejoindre que la voie étroite où il nous a précédés.

Paul procède aussi à une première organisation institutionnelle des églises locales en désignant des « anciens » - « Presbuteroi  » -. Des prêtres, participant non plus au sacerdoce aaronique dans la tribu de Levi, mais partageant le nouveau sacerdoce du Christ « selon l’ordre de Melchisédech », comme le soulignera la lettre aux Hébreux (ch. 7).

Et puis, c’est le retour à Antioche de Syrie où ont lieu des controverses et la référence à Jérusalem avec le premier concile de l’histoire de l’Eglise. Mais les énergies de l’Esprit Saint sont là pour la poursuite de la prédication.

L’évangile nous invite à penser que ces énergies qui animent les prédicateurs de l’Evangile aux origines chrétiennes, ne sont autres que les énergies de l’Esprit Saint Lui-même, cet Esprit qui, de toute éternité, est “Energie“, “Elan“ entre le Père et le Fils : “Au commencement était le Verbe, le Verbe tourné vers le Père (pros Théon)“,  était “élan“ vers le Père“. (la préposition grecque “Pros“ marquant un mouvement, un élan).

Tous les évangiles que la liturgie nous donne à méditer, ces jours-ci, dans St Jean, commencent par : « A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père ». Jésus est passé dans le monde, pour ramasser l’humanité en “perte de vitesse“, si je puis dire, et imprimer au cœur des croyants cet “Elan“, son Esprit qui, de toute éternité, le “tourne“ infatigablement vers le Père.

St Luc, dans les Actes des Apôtres, a concentré l’attention de l’Eglise sur la personnalité de Paul, le parfait disciple. On ne sait pas grand chose sur le rôle qu’ont joué les autres apôtres dans la prédication de l’Evangile à travers le monde. Mais, on peut raisonnablement penser que même si les Ecritures ne nous en parlent pas, ils ont été entraînés par le même élan de l’Esprit Saint, cet Esprit qui est le lien d’Amour entre le Père et le Fils.

On peut penser aussi que cet Elan continue d’emporter les saints dans la propagation de l’Evangile, les saints canonisés ou pas. Que cet “Elan“ qu’est l’Esprit-Saint anime toujours l’Eglise et l’animera jusqu’à la fin des temps. Et nous aurons beaucoup de surprises lorsque, parvenus au terme de notre vie terrestre, nous verrons rétrospectivement l’histoire du peuple de Dieu, de l’“Israël de Dieu“ comme dit St Paul. (cf Ga. 6.16).

lundi 3 mai 2010

Pâques 5 Lundi – Sts Philippe et Jacques - I Co 15.1-8 – Jn14. 6-14

“Seigneur, montre-nous le Père, cela nous suffit !“ (Jn. XIV.8)

La demande de l'Apôtre Philippe qui avait suivi le Christ Jésus et avait donc bénéficié de “cours particuliers”, peut nous sembler bien exigeante ! Pourtant, elle rejoint la question fondamentale que se pose l'homme depuis toujours :  “Dieu, qui est-ce?  Qui est Dieu ? ”.

Depuis que notre planète a accueilli l'homme raisonnable, la question demeure béante. De tous temps et partout, les hommes ont cherché à savoir qui est Dieu..., à le rencontrer ! Et ils l'ont trop souvent imaginé à travers le prisme déformant de leurs propres instincts : un Dieu terrible et injuste, ou un Dieu mystiquement débonnaire, etc... Toujours l’“inversion sacrilège“ : ce n’est pas à l’homme de “faire Dieu“ ! C’est Dieu qui se révèle…

“Seigneur, montre-nous le Père, cela nous suffit...”

Oui, Philippe avait raison. A sa manière, il posait crûment une question qui demeure permanente et essentielle : Qui est Dieu ?... “Je voudrais voir Dieu... ”, demandait Thomas d’Aquin, encore enfant.

Aussi, la réponse du Christ mérite méditation, attention :  “Philippe, celui qui m'a vu a vu le Père... Je suis dans le Père et le Père est en moi...”. Lorsqu'on replace cette parole de Jésus dans son contexte, on s’aperçoit que c'est l’une des dernières confidences du Seigneur avant sa Passion, confidences d’adieu, de testament qui veut indiquer l’essentiel : “Ne soyez pas bouleversés... vous croyez en Dieu... Croyez aussi en moi...  Personne ne va vers le Père sans passer par moi...» (XIV.6)

C’est curieux : l'apôtre Philippe, lui, avait bénéficié d'une chance extraordinaire... : trois ans avec le Christ ! Et pourtant, il veut voir le Père !

La réponse du Christ est éclairante. Au fond, Jésus lui fait remarquer qu'il n'a rien à désirer de plus que ce qu'il a. Il possède - déjà - ce qu'il demande : “Celui qui m'a vu a vu le Père !”

Philippe, jusqu'à présent, est resté aveugle… Jésus l'invite à s'ouvrir à lui comme il nous invite à le faire, toujours ! Il faut le savoir : Jésus n’offrira rien d’autre que lui-même : “Celui qui m'a vu a vu le Père !”. C’est à travers sa personne que l’on peut être en contact véritablement avec Dieu !

S'il a rencontré la Samaritaine et Zachée, s'il a donné à manger à une foule affamée, s'il a rendu son fils à la veuve de Naïm et pleuré devant le tombeau de Lazare, s'il a inventé tant et tant de paraboles..., c'était pour révéler - à travers lui - l'immense amour de Dieu-Père.

Mais maintenant, c'est terminé. Et tant pis pour Philippe, si je puis dire, tant pis pour nous si nous cherchons Dieu là où il ne peut être trouvé. Il nous sera toujours dit : “Dieu a parlé aux hommes en Jésus Christ...”  Et cela suffit !

Oui le Père parle, agit en son Fils Jésus. L'Évangile nous l'affirme, les témoins de la Résurrection nous le disent : “Ce que nos yeux ont vu, ce que nos oreilles ont entendu, ce que nos mains ont touché du Verbe de Vie, nous vous l'annonçons.» (Jn. 1.1-3)

Alors, comme pour Philippe, si nous voulons encore aujourd'hui rencontrer Dieu, il nous faut passer par le Christ, Lui qui est le “Chemin, la Vérité et la Vie” (Jn. XIV.6)

“Philippe, celui qui m'a vu, a vu le Père...”

Oui, Dieu a pris et il prend toujours l’initiative de se dire, de se révéler aux hommes, à chacun de nous. Il l’a fait et il le fait toujours par et en Jésus Christ.

Alors, aujourd’hui, reprenons courage : “Ne soyez pas bouleversés… !“. Nous cherchons Dieu... et nous n’aurons jamais fini de le trouver. Dieu est si grand ! Mais nous connaissons le CHEMIN qui va à lui : le CHRIST !

Tu es le Chemin, la Vérité et la Vie, Seigneur Jésus. Celui qui croit en Toi a reconnu le Père. Alleluia !

Et je terminerai par ce passage de l’exode que j’aime bien : “Moïse dit à Dieu : "De grâce, fais-moi voir ta gloire". Et le Seigneur lui dit : " Je ferai passer devant toi toute ma beauté et je prononcerai devant toi le nom de Yahvé…. Mais tu ne peux pas voir ma face, car l'homme ne peut me voir et vivre". Le Seigneur dit encore : "Voici une place près de moi ; tu te tiendras sur le rocher. Quand passera ma gloire, je te mettrai dans la fente du rocher et je te couvrirai de ma main jusqu'à ce que je sois passé. Puis j'écarterai ma main et tu verras mon dos ; mais ma face, on ne peut la voir“. (Ex. 33. 18sv).

Ici-bas, on ne peut voir Dieu que de dos, une fois qu’il est passé ; et on s’exclame alors, comme Jacob : “Dieu était là (à tel endroit, à tel moment de ma vie), mais je ne savais pas !“ – Mais maintenant je le sais ! Oui, Moïse lui-même ne vit Dieu que de dos. Et un midrash, un commentaire juif d’ajouter - et cela m’enchante - : “Autrement dit, Moïse ne vit que le manteau de la miséricorde de Dieu qui recouvrait toutes choses !“.