samedi 28 janvier 2012

La Foi à l'épreuve !

3 T.O. Samedi - La tempête apaisée ! (Mc 35-41)

Marc avait conclu les “Discours paraboliques“ de Notre Seigneur par ces deux petites phrases lapidaires :
- “Il leur annonçait la Parole dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre !“, c’est-à-dire dans la mesure de leur foi, de leur adhésion au Seigneur, dans la mesure où ils se situaient parmi ceux “du dedans“, par opposition à ceux “du dehors“, distinction que Marc avait utilisée. “Pour ceux du dehors, tout devient énigme“ (4.11).
- “En particulier, il expliquait tout à ses disciples“. L’adhésion à Jésus, la foi, permet d’aller bien au-delà du discours, des paraboles, permet une communion qui est comme une lumière dissipant toutes les ténèbres. Leçon qui était, elle aussi, enseignée précédemment : “Lorsque la lampe « vient »“, rien de secret alors, rien de caché qui ne doive venir au grand jour (Cf. 4.22). Cette lampe qui éclaire, c’est Jésus, bien sûr : “Moi, la lumière, je suis venu dans le monde“ (Jn 12.46). Car “en lui était la lumière des hommes !“ (Jn 1.4). - Et comme le Fils de Dieu “est venu“ dans le monde, de même lorsque l’Esprit « vient », cet Esprit qu’il nous envoie, il nous fait “accéder à la vérité toute entière“ (Jn 16.13).

Ces versets forment une conclusion à l’enseignement précédent de Notre Seigneur : l’importance de notre adhésion au Seigneur, l’importance de la foi. La foi, avant la vision éternelle, c’est, un “face-à-face dans les ténèbres“, mais déjà cependant un “face-à-face. La foi, c’est la possession à l’état obscur, dira St Paul,, mais déjà cependant une possession. Sachons cultiver ce don de Dieu qu’est la foi !

Après cette conclusion, l’évangéliste raconte un petit épisode de transition, transition même au sens littéral puisqu’il s’agit de la traversée d’un lac. C’est Jésus qui prend l’initiative : “Passons sur l’autre rive !“.
Mais voilà qu’aussitôt, les disciples prennent la relève, si je puis dire : à eux maintenant, toute initiative ! Jésus se laisse emmener par ces pêcheurs, ces navigateurs du lac Kinnereth (de Tibériade). Il devient, comme absent, au point qu’il s’endort ; et le narrateur d’insister : bien installé “à la poupe, sur le coussin“.
Les disciples sont donc totalement laissés à eux-mêmes ! Or voici que la tempête se lève ! (A noter que Matthieu parle de “séismos“ !) J’ai eu l’occasion, je crois, d’expliquer ce phénomène météorologique auquel j’ai moi-même assisté : lorsque les nuages humides de la méditerranée vont à la rencontre, au-dessus du lac, de ceux, très secs, qui montent du désert syrien, une agitation des eaux, soudaine et parfois terrible, peut en résulter. C’est surtout en fin d’après-midi que ce phénomène se produit le plus souvent !

Evidemment, une tempête soudaine et brutale provoque une certaine panique même parmi ces navigateurs habitués aux humeurs changeantes du lac. Dans leur désarroi, ils crient, réveillent le Maître ! Et celui-ci, debout, fait taire le vent, apaise la mer. “Et il se fit un grand calme !“.

Jésus ordonne : “Silence ! Tais-toi !“.
- A noter que c’est le même ordre que Jésus avait lancé précédemment à un homme “possédé d’un esprit impur : Tais-toi !“ (Cf 1.23sv). Et l’assistance s’était étonnée : Qui est-il donc ? “Il commande même aux esprits impurs et ils lui obéissent !“.
- De plus, dominer la mer déchaînée est le propre du pouvoir créateur : “Il menace le vent“, dit Marc. Sous le mot grec, on devine le mot hébreu très fort “gaar“ (“engueuler“ !) utilisé quand Dieu, au début de la Genèse, dans un langage des cosmogonies anciennes, met en place les éléments de la création : “A ta menace, les eaux ont fui, affolées par tes coups de tonnerre… Tu leur as imposé une limite à ne pas franchir“ (Ps 104) - “C’est toi qui maîtrises l’orgueil de la mer ; quand les vagues se soulèvent, c’est toi qui les apaises !“ (Ps 89.10).
La réflexion des apôtres est donc naturelle : Mais, qui est-il donc ? L’emploi du verbe “menacer“ est déjà une réponse à la question. Nous sommes encore dans la partie de l’évangile où tout le monde s’interroge : Qui est-il donc ? “Même le vent et la mer lui obéissent !“. Aurait-il un pouvoir quasi divin ?

Mais avant cela, Jésus les avait apostrophés : “Pourquoi avoir si peur ? Vous n’avez pas encore la foi ?“. Une autre version est plus insistante : “Comment se fait-il que vous n’avez pas encore la foi ?“. Toujours, l’importance de la foi !
Après l’enseignement sur la semence jetée en terre, qui d’elle-même se met à germer, à porter du fruit, indépendamment du semeur, “qu’il dorme ou qu’il se lève, la nuit ou le jour“ (4.27-28), ne fallait-il pas croire en celui qui avait pris l’initiative de la traversée, même s’il paraissait dormir d’un sommeil qui fait songer à la mort ? - Avec les Pères de l’Eglise, on peut lire en filigrane l’attitude de foi que l’évangéliste cherche à inculquer à sa Communauté chrétienne, malgré les épreuves en ce monde et malgré le “sommeil“ du Seigneur, mis à mort sur la croix !

Dernière remarque, mais d’importance : Jésus, endormi dans la barque au milieu de la tempête, rappelle irrésistiblement cet autre prophète: Jonas, l’envoyé vers les païens de Ninive. L’“autre rive“ où Jésus arrive selon Marc est justement la Décapole, territoire païen. – “Passons sur l’autre rive“ devient alors un ordre de mission ! C’est dire que la foi dont il est toujours question est obligatoirement missionnaire, apostolique. “Nous ne pouvons nous taire“ (Ac 4.20), proclameront les apôtres ! St Jacques insistera énormément sur le témoignage de notre foi !

La conclusion est limpide : “Si vraiment vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde…“ (Lc 17.6).

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