vendredi 16 mars 2012

Commandement de l'Amour !

Carême 3- Samedi (Mc 12 28sv)

L'Evangile d'aujourd'hui aborde le sujet fondamental, celui du premier et du plus grand commandement : Aimer Dieu de tout son cœur.

Mais une question se pose immédiatement à nos esprits modernes et cartésiens : n'y-a-t-il pas contradiction, antinomie entre ces deux mots : commander et aimer. Comment est-il pensable qu'on puisse commander d'aimer ? S'il y a quelque chose qui - justement - ne saurait se commander, n'est-ce pas l'amour ?

Par ailleurs, qui dit obéissance à un commandement, conformité à une règle, dit acte de volonté capable de surmonter la passion du moment et les velléités d'un sentiment inconstant et fugitif. Il semble bien qu'il y ait là, justement, contradiction entre l'amour qui ne peut être que spontané ou ne pas être et la volonté qui n'a matière à s'exercer que là où la spontanéité fait défaut.

Et cependant Dieu nous commande de l'aimer ! Mais il s'agit d'abord de remarquer dans quel contexte : Et Notre Seigneur le rappelle, d'après St Marc, quand il formule sa réponse, en récitant la "profession de foi" d'Israël : "Ecoute, Israël, le Seigneur ton Dieu est un Dieu unique ; aussi, aimeras-tu le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton âme, de tout ton pouvoir".

Tout est accroché, si je puis dire, au premier mot de la formule qui a d'ailleurs donné son nom à cette "profession de foi" : "Shema, Israël" - "Ecoute, Israël". Cette écoute est la clef, pourrait-on dire, de ce premier commandement de l'Amour. L'impératif de ce premier commandement tombe avant tout sur ce mot "Ecoute" ; et le reste s'ensuit comme naturellement : "Ecoute, Israël, le Seigneur, ton Dieu, est l'unique Seigneur".

Autrement dit, si tu acceptes vraiment d'écouter, si tu réalises cette unicité du Seigneur, ton Dieu, si, écoutant, tu rends vivace en toi cette conviction qu'il n'est d'autre Dieu que lui, que tu lui dois tout,… alors, tu aimeras Dieu de tout ton cœur et de toute ton intelligence.

Il y a symétrie entre l'unicité de ce Dieu reconnue par l'écoute du cœur, et la totalité de l'Amour dont il est digne d'être l'objet. Il n'y a plus de commandement, il y a cette écoute, cette attention reconnaissante et aimante envers Dieu qui aime toujours le premier. Lorsque l'homme réalise, parce qu'il a su écouter, l'immensité de cet Amour prévenant de Dieu, son amour ne peut pas ne pas jaillir de son cœur : alors, "l'amour nous presse", dira St Paul !

Il s'agit donc, avant tout, d'écouter. Tout le tort de l'homme, c'est bien de se laisser distraire, de ne jamais véritablement écouter. Aucune génération n'a été plus bruyante que la nôtre. La radio, la télévision, le téléphone… nous sommes en permanence agressés. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà qu'on a inventé aujourd'hui le "walkman", voilà qu'on a eu l'idée de couvrir le bruit par le bruit… si bien qu'il devient difficile d'écouter les autres, d'écouter Dieu qui aime parler dans - et aussi par - le silence. Car - il faut bien le remarquer - Dieu nous a donné deux oreilles - et non deux langues, fort heureusement ! - : l'une pour écouter ce que l'on nous dit, l'autre pour écouter ce que l'on ne nous dit pas ! N'est-ce pas l'expérience de tous les amoureux ? Pour eux, le silence lui-même devient parole !

Oui, l'amour envers Dieu ne peut être commandé; mais il jaillit naturellement d'une âme attentive, d'un "cœur qui écoute". Tout homme a le désir de voir…, de voir Dieu lui-même ! Mais pour voir, il faut d'abord écouter. "Tu désires voir, disait St Bernard, écoute d'abord". Et St Paul avait déjà dit : La foi - cette initiation à la vision de Dieu -, "la foi vient de l'écoute".

La seule fois où dans l'Evangile, la voix du Père se fait entendre, c'est pour dire en parlant de son Fils : "Ecoutez-le". - Comme le Fils écoute le Père, il nous faut écouter le Fils pour aller vers le Père. "Oh ! Si seulement tu l'écoutais, commentait St Augustin, si seulement tu n'étais pas tombé au point de t'écouter toi-même ! Ecoute-le plutôt, Lui qui est la Parole éternelle. Mais, souvent, c'est toi qui parles ; et, bien sûr, en t'écoutant, tu te montes la tête !"

Oui, Dieu redit sans cesse, au fond du cœur de tout homme, ce verset du psaume : "Ecoute mon peuple, que je te parle". Il suffit d'écouter avec un "cœur noble et généreux", comme dit St Luc qui ajoute : "Faites donc attention à la manière dont vous écoutez". Oui, Dieu nous parle sans cesse -"Ecoute, Israël !"

A nous de l'écouter !


Note : Pendant quelques jours, je pense, je serai absent et indisponible. Mais je reprendrai mes "mots", dans huitaine de jours, j’espère.
Mais soyez-en persuadés :
JE N’OUBLIERAI PAS, PENDANT CE TEMPS, TOUS MES LECTEURS DIVERS. VOUS M’ETES UNIS PAR LA PRIERE. Et merci de la vôtre !

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