dimanche 30 décembre 2012

Sainte Famille /C

Quel étrange récit que celui de la disparition de Jésus et de son “recouvrement au Temple", comme on dit dans le Rosaire.

Etrange car personne ne s'attend à voir Jésus - dont St Luc dit qu'il grandissait en sagesse - se comporter de cette façon envers Marie et Joseph. Il s'agit pourtant de la première démarche personnelle et de la première parole de Notre Seigneur que l'Evangile rapporte ! Démarche et parole qui nous déconcertent. 

Et cependant si l'on y réfléchit, cet évènement apparaît exemplaire, en ce sens que l’avenir du Christ et aussi l'avenir de chacune de nos vies dans le Christ s’y trouvent annoncés. 

Il n’y a qu’à remarquer certains détails ; et de singuliers rapprochements se feront aussitôt :
- Trois jours : pendant trois jours Jésus n'est plus là et se laisse chercher ! Mais n'est-ce pas là ce délai qu'il fixera souvent quand il parlera de sa mort et de sa résurrection ? "Le Fils de l'homme - dira-t-il - doit être livré aux mains des hommes… et il ressuscitera le troisième jour". 
- Autre rapprochement : "Je dois être aux affaires de mon Père", répond-il à ses parents angoissés. Or ces mots : "Je dois" ou bien "Il faut“, nous n’avons aucune peine à les retrouver en d'autres dialogues. “Le Fils de l'homme doit souffrir beaucoup", déclare Jésus à ses apôtres. Et aux pèlerins d'Emmaüs : "Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ?”. 
- Enfin, autre élément de comparaison : si la réponse de Jésus laisse interloqués Marie et Joseph, de même, remarque St Luc souvent, les Apôtres "ne comprirent rien“, ils ne comprenaient rien à  l’enseignement et aux événements que Jésus leur annonçait (Lc 2.50).

Ainsi l'évangile d'aujourd'hui nous découvre l'avenir de Jésus. Le voici annoncé, symbolisé : disparition, puis recouvrement. Autrement dit : Pâque, passage de la mort à la vie, passage des ténèbres à l'aube éblouissante du troisième jour, passage nécessaire selon la plan de Dieu, mais bouleversant pour la raison et pour le cœur de ceux qui en sont les témoins… et pour nous encore. 

Et pourtant notre avenir, à nous aussi, peut se lire dans ce texte. Car cette Pâque nous est familière, tout disciple de Jésus étant invité à communier à la Passion de son Maître pour participer à sa Résurrection. 
Souvent il nous est dit qu'il n'est pas une peine, un effort, un geste de générosité qui ne puisse prendre cette orientation et cette valeur.  
Mais ce matin, je retiendrai cette forme précise de souffrance qu’éprouvèrent Marie et Joseph : perdre Jésus, le chercher alors dans une anxiété grandissante, en s'imaginant qu'on ne le retrouvera peut-être pas. N'est-ce point là, parfois, l’expérience du croyant, du chrétien, et même de la religieuse, du religieux : avoir la vision, par la foi, de la présence de Jésus, Dieu fait homme, Dieu en nous ; et faire ensuite l’expérience très amère de son absence alors même qu’on affirme vouloir le suivre et l’aimer ! 

Je ne fais pas, là, allusion, bien sûr, à une rupture consentie de notre part ! Un auteur spirituel a écrit : “Dieu ne nous quitte pas ; on le renvoie… ! ”. Je ne pense pas, ici, au mal où s’engage parfois la liberté humaine, au péché dont elle accepte les conséquences : perdre Dieu parce qu'on l'a renvoyé. 
Non !  Je pense à ces journées, à ces périodes de l'existence, où le Christ semble absent, absent de notre cœur, absent de notre esprit. De cette absence qui nous fait nous exclamer : “Je n’arrive plus à prier. Je n'ai plus de goût pour les choses de Dieu !”. Ou bien, “Toutes sortes de difficultés me submergent, et l'aide implorée ne vient pas !”. On dit cela… Ou encore : “Ma foi semble faiblir ; et je me sens comme dans un désert, une solitude. Je cherche à tâtons, je frappe à toutes les portes, comme Marie et Joseph qui firent le tour des amis et connaissances afin d’être rassurés… ! - Mon Dieu, où êtes-vous ?”

Ste Catherine de Sienne a posé cette question : “Mon Dieu, où étiez-vous ?” après qu'elle eut retrouvé cette présence du Seigneur. Elle s'était affrontée à des tentations obsédantes et, la paix revenue, elle se plaignait, elle aussi. - “J'étais dans ton cœur !”, répondit Jésus. 

Voilà ce qu'il importe de retenir. Le Seigneur ne nous quitte pas. Il est là, invisible. Mais il agit parfois envers nous comme envers sa propre mère ! A Marie, il voulut rappeler l'œuvre pour laquelle il s'était incarné et qui réclamait son indépendance de Fils de Dieu.  
Nous, il veut nous empêcher de nous endormir dans le confort spirituel trop humain, obtenu par la force de notre propre volonté et en lequel on se complaît facilement. Notre foi, il la met à l'épreuve - non pas pour l'abattre comme peut faire un entourage hostile - mais pour la fortifier, la purifier, pour que s'accomplisse cette chose fantastique : retrouver le Seigneur après l'avoir réellement cherché, comme Marie et Joseph en quête de leur enfant. 

 Y a-t-il un seul converti parmi nous - et quel chrétien authentique n'est pas de quelque manière un converti ? - qui ne reconnaisse là son difficile chemin vers la joie d’un recouvrement, la joie de trouver vraiment le Seigneur ? 


Disant cela, n’oublions pas pour autant la fête que nous célébrons, celle de la Sainte Famille ! 
Retrouver dans le récit évangélique, si profondément humain, le symbole de la Pâque de chaque chrétien permet de rendre grâce pour le foyer de Nazareth, pour tout foyer chrétien. 
A Nazareth deux êtres se sont aimés “comme jamais deux époux ne s’aimeront”. Il faut écarter l'idée d'un pseudo-mariage entre Joseph et Marie, d'une sorte de rite légal de pure forme en vue seulement de la naissance virginale du Fils de Dieu fait homme. Non, Marie et Joseph s’aimèrent et l’on aurait grand profit à méditer les extraordinaires beautés de cet amour unique. 
Il ne faut pas perdre de vue le sens de ce premier foyer à qui Jésus apporta la richesse de l’Alliance avec Dieu dont toute alliance est, doit être le signe ! Pendant des siècles, c’est  en revenant constamment au mariage de Joseph et de Marie que la pensée chrétienne a précisé les principes du sacrement de mariage. St Augustin ne parlait de celui-ci que par référence à la Sainte Famille. Et Bossuet a des pages admirables sur cette union qui est, dit-il, “très véritable” parce que Marie et Joseph “se sont donnés l'un à l’autre” par amour. Et le pape Jean-Paul II a fortement repris cet exemple. 

Une phrase de St Luc éclaire ce mystère de la Sainte Famille : Marie “gardait toutes ces choses dans son cœur”. 
Le foyer de Nazareth a vécu une totale harmonie, et on peut songer à lui quand St Paul nous exhortait à nourrir “des sentiments de tendre compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience”. Mais c'est la présence de Dieu, la présence de son amour, qui transfigurait tout dans la joie et l’émerveillement. 
Ils gardaient, les partageant certainement, tous les événements ; ils les méditaient en leur cœur. Ce qu'ils comprenaient, Marie et Joseph s’en pénétraient jusqu’au plus profond de leur être. Et ce qu’ils ne comprenaient pas, comme cette disparition de leur enfant, ils la gardaient en eux, pour que ces gestes et ces paroles qui les dépassaient, agissent sur leur cœur et l'élargissent en une dimension divine. 

Aussi, nous,religieux, religieuses, prions instamment pour tous les foyers chrétiens. J’ose moi-même faire cette prière : “Que s'épanouisse en vos familles l'idéal si précis que trace Saint Paul : laissez le Christ venir au sein de vos familles, le laisser vivre au milieu de vous et en vous.
De ce qui vous apparaît clair, heureux, fécond dans vos vies, sachez vous en émerveiller : il y en a tant qui ne le font pas ! 
Et ce que vous comprenez mal, et qui fait qu'il y a tant de foyers souffrants en ce temps où les liens d’amour semblent se distendre trop facilement, et, parfois, cette sorte de disparition de l’amour qui se cache comme Jésus au milieu des docteurs, tout cela gardez-le dans votre cœur, non pas pour y accumuler des causes d’amertume, mais pour permettre à la souffrance et aux énergies divines de tout transfigurer“. 

Sachons-le tous : l'amour, l'amour vécu selon Dieu, ne nous abandonne jamais. Alors laissons Dieu tout purifier, comme il purifie la foi de ceux qui le cherchent. Et le troisième jour, dans l'amour de Jésus, Dieu fait homme, tout ressuscitera.

vendredi 28 décembre 2012

Saints Innocents !

C'est dans la nuit que le Fils de Dieu, "Lumière née de la Lumière", a pris corps d'homme!
Et dans la nuit où il fut livré, Jésus prit du pain et dit : "Ceci est mon Corps".
De la crèche à la croix, Dieu est entré dans la nuit des hommes afin qu'ils puissent sortir, au matin de Pâques, de la nuit du péché et de la mort même.

Certes, autour de la crèche,
il y a les anges qui chantent, les bergers qui sont tout esbaudis devant l’Enfant-Dieu,
il y aura les rois de la terre qui viendront adorer !
Mais tout près, il y a Hérode et le massacre des innocents ! Il y a toute l’humanité pétrie d’égoïsme, assoiffée de domination, et toujours prête à répandre le sang.

Près de la crèche, il y a déjà la croix ! Oui, Jésus vient dans la nuit des hommes !

Et en pensant au Saints Innocents, je me reporte facilement à la statue du cloître de Solesmes qui présente Marie portant en ses bras une croix sur laquelle est couché l’Enfant-Dieu ! Représentation assez rare, mais très biblique et signifiante de la mission du Fils de Dieu fait homme !

La crèche n’est pas qu’un décor touchant. L’incarnation du Fils de Dieu ne se poursuivra qu’en traversant le mal que l’homme fait à l’homme, fusse-t-il un enfant innocent. 
Ainsi, les promesses de la nuit de Noël : “aujourd’hui vous est né un sauveur”, ne seront pleinement réalisées qu'en la nuit du calvaire : “Celui-ci était vraiment le Fils de Dieu !”, s’exclamera le centurion.

Mystère qu’il nous faut vivre souvent dans la foi qui se fait alors, là, silence avide de Dieu !
En la nuit du Calvaire, Jésus se taira comme il est silence en la nuit de Bethléem.
- A ceux qui disent : “Jésus est trop homme pour être Dieu”, Jésus ne répond rien. Et Pilate continue à se laver les mains !
- A ceux qui disent : “Jésus est trop Dieu pour être homme”, Jésus ne répond rien. Et les gens en place mettent, par peur, leur police à la recherche d’un enfant innocent ou pour garder le corps d’un crucifié.
Jésus, lui, donne, se donne silencieusement pour nous laisser découvrir, dans la foi, ce que veut dire de la crèche à la croix : “Il fallait qu’il soit Dieu pour être tellement homme”.

Oui, Jésus est passé de la nuit de Bethléem à la nuit du Vendredi Saint pour que l’humanité, au matin radieux de Pâques, sorte de la nuit du péché et du crime des innocents. Et la nuit de Bethléem, c’est déjà l’aurore du matin de la résurrection ! Tous les “Saints Innocents“ nous le rappellent !

Alors, quel doit être notre attitude devant les innocents que l’on massacre en silence ? Devant ces mystères de silence, il nous faut d’abord nous pénétrer, silencieusement, de la présence silencieuse du Christ.
C’est l’invitation de l’Eglise depuis Noël, depuis Pâques.
Regardez ! Et n’est-ce pas là l’important : autant à Noël qu’à Pâques, le prêtre va prendre du pain et, en la place du Christ, dira : “prenez, ceci est mon Corps !”. Autant à Noël qu’à Pâques ! La fête des Saints Innocents nous redit en même temps que Dieu a pris corps d’homme pour qu’il soit livré en vue du salut de la multitude des hommes !

Et aujourd’hui, c’est dans la pauvreté mystérieuse d’un même “signe”
- que le Christ nous donne son corps d’Enfant-Dieu né à Bethléem - mot qui signifie : “maison du pain“ -,
- que le Christ nous donne son Corps glorifié au matin de Pâques 
pour qu’il devienne “pain partagé“, pain que nous avons à partager autant dans le mystère de Noël que dans celui de Pâques !

Et si, avec les bergers de Bethléem, nous reconnaissons en ce corps d’un bébé le Fils de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu, alors, pourquoi Dieu serait-il incapable de faire ce qu'il dit : “Ceci est mon Corps” ?
Cette nouvelle présence mystérieuse et cachée, manifestée en la nuit où il fut livré, ne lui est pas plus difficile qu’en la nuit de Bethléem !
Toute la question est là : En la fête de Noël, allons-nous célébrer un vieil événement ; ou bien, sommes-nous venus recevoir et partager le “signe”, le “sacrement”, le “pain“ de la présence de Jésus-Christ venant toujours pour le salut et des assassinés et des assassins, tous ceux-là nos frères ?

Il nous faut désormais “partager le pain” que le Christ nous donne, ce pain qui est don de sa vie en nous ? Depuis Noël, depuis Pâques, sachons-le avec St Paul : désormais, "vous êtes le corps du Christ". Par le Baptême et l'Eucharistie, nous ne faisons plus qu'un avec le Christ ; c'est son incarnation rédemptrice qui se prolonge par et en nous ! Ce doit être notre évangélisation, à la fois ancienne et nouvelle !

Voilà ce que signifie la fête des Saints Innocents !

"Le verbe s'est fait chair. Il a habité parmi nous. Et nous avons vu sa gloire !”. C'est l'apôtre saint Jean qui écrivait ces lignes.
Qu'a-t-il donc vu au juste ? Il a vu un homme, Jésus de Nazareth.
On devinait Dieu en lui ; il ne faisait qu'un avec Dieu ! C’est notre foi !
Et cet homme allait aimer les siens jusqu'à donner sa vie pour le monde : "Nous avons vu sa gloire !".
La gloire de Jésus, c'était donc d'aimer, de guérir, d'annoncer à tous la tendresse et la miséricorde de Dieu. C'était là sa nourriture, c'était là sa joie.
C'est cela qu'il venait dire et montrer aux hommes.
C'est cela aussi que nous devons dire et montrer aux hommes d'aujourd'hui, nous qui sommes les membres du Christ, les prolongements de son incarnation rédemptrice.

Et cela peut aller jusqu’à donner sa vie, à l’exemple du Christ, le Juste injustement mis à mort, à l’exemple des justes, des Innocents - enfants ou adultes -  qui donnent leur vie à cause du Christ. 

jeudi 27 décembre 2012

St Jean, Apôtre !


27 Décembre 2012 
   
St Jean ! 
Une immense figure d’apôtre dont on ne finira jamais d’approfondir la pensée ! 
Il se situe, St Jean, comme au sommet de la Révélation néo-testamentaire ! Il est, comme on a dit, l’“Aigle de Patmos“ ! Il est au sommet. Il regarde tout à partir du sommet de la Croix, à partir du sommet qu’est Dieu, de Dieu révélé en Jésus Christ ! 
C’est le plus jeune des apôtres. Et peut-être qu’étant le plus jeune, non seulement physiquement, mais psychologiquement, spirituellement, il va le plus vite, il va vite à l’essentiel…

Jésus lui-même avait comme suggéré cette rapidité de son disciple “bien-aimé“. Rappelez-vous l’histoire de la finale de son Evangile (ch. 21). Pierre, qui avait renié son Maître au moment de sa passion, non seulement reçoit le pardon du Christ ressuscité, mais se trouve “restauré“ en quelque sorte dans sa fonction de “Chef de l’Eglise“ : “Pais mes agneaux“, lui est-il dit ! 

Et, sans doute “es-qualité“, il s’inquiète du sort du disciple bien-aimé, de Jean : “Et lui, que lui arrivera-t-il ?“. Et Jésus a l’air de lui répondre : “De quoi te mêles-tu ?“. – Que voulez-vous ! Pierre a bien conscience désormais d’être l’“Ordinaire du lieu“, comme le Droit Canon le dit d’un évêque, un homme capable de mettre de l’ordre avec sagesse autant que possible ! Et il faut reconnaître que c’est ce qu’il y a de plus difficile à trouver dans l’existence : un homme (ou une femme, bien sûr !) qui sache mettre de l’ordre ! Finalement un véritable “Ordinaire du lieu“, c’est quelqu’un d’assez extraordinaire !

Ainsi, Pierre sent le besoin de mettre de l’ordre… Et il s’inquiète de Jean pour savoir bien le placer avec “ordre“, en quelque sorte, dans le collège des Apôtres. Quelle place doit-il avoir ? Quel est son avenir ?

Mais Jésus se moque d’un ordre trop calculé, trop minutieux humainement parlant : “De quoi te mêles-tu ?“. Car il y a des appelés par Dieu pour qui l’ordre humain ne convient pas trop. Par grâce, ils vont plus vite, trop vite pour les autres. Rappelons-nous : c’est St Jean qui va plus vite au tombeau. Cependant arrivé le premier, il laisse d’abord Pierre entré. C’est quand même lui l’“Ordinaire du lieu“, n’est-ce pas ? Il faut le respecter !

Mais cela n’empêche pas Jean d’aller plus vite : “Il vit, et il crut !“
C’est que Pierre n’avait pas été au pied de la croix ! Jean, lui, toujours rapide, y était avec la Vierge Marie. Et là, il comprit très vite, se rappelant la célèbre phrase du prophète Zacharie : “Ils regarderont vers moi, dit Dieu, celui qu’ils ont transpercé !“ (Zach. 12.10). Et du côté du Christ transpercé par la lance du centurion, il voit le sang, symbole de vie, s’écouler sur les hommes rachetés par le Sacrifice Unique ; il voit l’eau s’en écouler pour la purification de tous !

Il a vite compris, St Jean ! 
Il est vrai qu’il fut le confident de la Vierge Marie, la Mère par excellence. Elle fut certainement à l’origine de cette connaissance privilégiée de celui qu’on a appelé “Jean le Théologien“, elle, Marie, qui a eu du Verbe incarné - en qui réside corporellement la plénitude de la Divinité - une connaissance à nulle autre pareille !

Aussi, n’est-il pas étonnant que Jean commence son évangile par cette phrase qui rappelle la création racontée par le livre de la Genèse : “Au commencement était le Verbe… ! En lui était la vie“. Tout fut par le Verbe, et la création et la nouvelle création qu’est la Rédemption !
Et il nous dit aujourd’hui : “Ce qui était au commencement…, c’est le Verbe, la Parole de la vie. Et la vie s’est manifestée…  Et nous vous annonçons cette vie éternelle qui était tournée vers le Père… pour que vous soyez en communion avec nous. Et nous, nous sommes en communion avec le Père et avec son Fils…“.

"Ce qui était au commencement !". C'est le Verbe ! Et par lui, "nous sommes en communion avec le Père et avec son Fils…!“.  Nous sommes déjà avec St Jean, dès le commencement, devant le mystère de la Sainte Trinité. 
Dès Noël, dès le commencement où la Vie divine s’est manifestée en Jésus Christ, le chrétien, avec l’apôtre bien-aimé, voit déjà dans le mystère de la Trinité une confidence que Dieu a réservée pour la plénitude des temps. Déjà nous sommes plongés dans cette Vie que nous partagerons pleinement au jour éternel. Dieu, en son Fils incarné, n’est pas venu nous révéler seulement qu’il est “UN“ - un seul Dieu ! -, mais comment il est “UN“ pour que nous puissions vivre de cette unité : « Qu’ils soient “UN“, comme nous sommes “UN“ », priait Jésus.

A Noël, semble nous dire St Jean, c’est le mystère même de Dieu qui vient comme nous envelopper, envelopper les communautés chrétiennes qui sont appelées à vivre une charité qui soit - non pas seulement une entente plus ou moins aimable, harmonieuse -, mais qui doit être “épiphanie“ de Dieu.

Dans les Actes des apôtres, les premiers chrétiens - dans deux tableaux idylliques - ont voulu vivre cette Vie de charité au point de devenir un pôle d’attraction pour tous : “Voyez comme ils s’aiment !“, disait-on. 
Comme le mystère de l’Incarnation, le mystère de la Sainte Trinité n’est pas un rébus qui vient meurtrir notre intelligence. Au contraire, c’est un océan de lumière en lequel nous sommes invités à pénétrer - car “la Vie est la lumière des hommes“ -. Certes, on ne peut pas encore regarder pleinement ce mystère. C’est comme le soleil qui est trop éblouissant pour être directement regardé. Mais c’est le soleil qui donne de la couleur à tout ce qui existe ici-bas. 
Ainsi avec le mystère de la Sainte Trinité nous sommes invités, dans la réalité la plus banale de l’existence, à donner une couleur de vie divine à toutes chose, en exorcisant notre égoïsme, notre “Moi“, afin de devenir comme Dieu, sans égoïsme, “relation vers l’autre", "relation vers Dieu" (pros ton Théon). N’exister que comme relation vers l’autre, vers Dieu. Trouver la consistance de notre personnalité non en notre “Moi“, mais dans la relation vers Dieu, vers l’autre, Dieu ne s’étant incarné que pour nous insérer en ces "relations" que s'échangent les Personnes divines. Dieu n'est que "pure Relation"! 

Pour terminer, en ce temps de Noël qui permet quelque distraction joyeuse, j’ose vous rapporter une histoire véridique ; mais c’est presque un conte de Noël. 
Il y avait naguère un célèbre prédicateur, assez original, le P. Gourbillon (un des fondateurs de la “Vie Catholique“). Un jour il expliquait comment se servir d’un missel pendant la messe (C’était, bien sûr, bien avant le Concile Vatican II).
Pendant son sermon, il y avait un Monsieur qui avait l’air de s’embêter (Il n’y a rien de plus démoralisant pour un prédicateur que de voir quelqu’un qui regarde sa montre, qui baille, etc…). Mais le P. Gourbillon, toujours intrépide… (1), s’approcha du Monsieur et lui fit une leçon particulière : ce que sont l’offertoire, la préface, la communion etc…
Finalement, le Monsieur, très poliment, lui remit sa carte de visite que le Père mit dans sa poche…  Le soir venu, il ressort de sa poche cette carte de visite. Etait écrit : François Mauriac ! Alors, il n’a pas “perdu le nord“ pour autant. Il avait publié une petite brochure sur la Sainte Trinité. Il lui envoya avec cette dédicace : “Enfin une famille qui s’entend !“. C’était naturellement une allusion au “Mystère Frontenac“, “le nœud de vipère“ !

“Enfin une famille qui s’entend… !“. La Famille de Dieu Père, Fils et Saint-Esprit. Nous sommes invités à y entrer depuis Noël, depuis notre baptême !

(1) tellement intrépide qu’un jour il a été renversé par un camion. Et le journal local a rapporté l’affaire en concluant : “le camion est en réparation… !“ -

mercredi 26 décembre 2012

St Etienne et le Temple !


26 Décembre 12 C  
   
En considérant la passion du premier martyr de l’ère chrétienne, St Etienne, il faut se rappeler qu’à la mort du Christ “le voile du temple se déchira“ (Matthieu, Marc, Luc et la lettre aux Hébreux le rappellent, ce qui marque l’importance du fait !).
   
Et c’est à partir de ce fait que la foi chrétienne va s’exprimer, s’expliciter : Le vrai Grand Prêtre - le Christ - dont tous les prêtres de l'Ancienne Alliance n'étaient que la figure, est entré "une fois pour toutes" dans le véritable sanctuaire. Il est entré non plus dans un temple fait de main d'homme, mais dans la demeure de Dieu. Non plus avec le sang des boucs… mais avec son propre sang.
Ainsi, il a opéré une Rédemption radicale ! Non plus la purification simplement de quelques descendants d'Abraham selon la chair, mais la purification de toute l’humanité à travers le temps et l'espace. Il a purifié nos consciences des œuvres mortes pour faire de toute notre vie une Liturgie à la gloire de Dieu. (Cf. Héb. 9-10)
    
Et ce qui s'est passé "une fois pour toutes" lorsque le voile s'est déchiré, est rendu présent, de présence réelle, à travers le temps et l'espace par les Sacrements de la Nouvelle Alliance, et principalement par celui de l’Eucharistie :
"celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui !"

Aussi, on peut conclure légitimement que la Jérusalem de la terre, avec son temple, symbolisait et symbolise aujourd’hui encore une attente de la véritable Jérusalem qui descendra du ciel "parée comme une fiancée pour son époux", comme le décrit St Jean dans son Apocalypse. Et il précise : “De temple, je n'en vis point en elle ; c'est que le Seigneur, le Dieu Maître-de-tout, est son temple, ainsi que l'Agneau“ (Apoc. 21.22). Et l’apôtre de conclure : "Amen, viens, Seigneur Jésus ! Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous !“.

C’est vers cette Cité qu’ici-bas nous cheminons, vers cette Cité dont Dieu seul est “l’architecte et le fondateur“ (Heb 11.10). Le grand poète latin, Boèce (5ème s.), a une définition assez extraordinaire de ce qui nous attend :  “Interminabilis vitæ tota simul plena et perfecta possesio” ! - Une pleine et parfaite possession de la vie, sans aucune limite, d'un seul coup et toute entière .
Voilà ce à quoi nous sommes appelés !!! Le Christ et la Vierge Marie sont déjà parvenus à ce terme de l'aventure humaine. Nous marchons vers cette réalité.  On n'y croit pas assez !
   
C'est dans cette Foi, cette Espérance que réside la spiritualité fondamentale, celle du Baptême, celle du martyre dont témoigne St Etienne !
   
Nous marchons vers la Jérusalem céleste. Aussi, dès le début du christianisme, la Jérusalem de la terre et son temple sont complètement dévalués ! (1)
   
St Etienne est le premier témoin de cette dévaluation de Jérusalem ! A son procès, est-il dit, de faux témoins déclarèrent : "Cet individu ne cesse pas de tenir des propos contre ce saint Lieu et contre la Loi. Nous l'avons entendu dire que Jésus, ce Nazôréen, détruira ce Lieu-ci et changera les usages que Moïse nous a légués."

C’est l'attaque la plus violente contre le temple ! Etienne aurait prêché que le temple n'a plus de raison d'être.  A la mort de Jésus, la victime a été offerte, une fois pour toutes et pour toute l'humanité. Les sacrifices du temple sont désormais caducs et inutiles ! Voilà ce que dit Etienne, selon les témoins.
On dit que ce sont de faux témoins qui portèrent cette accusation ! Mais il est frappant de voir que, dans son plaidoyer,  Etienne lui-même affirme cette dévaluation du temple : Le Très-Haut n'habite pas dans des demeures faites de main d'homme, comme le dit le prophète : « Le ciel est mon trône et la terre l'escabeau de mes pieds : quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, et quel sera le lieu de mon repos ? » (Act. 7:48).
Autrement dit, les faux témoins avaient sûrement durci l’accusation, mais n'avaient pas fondamentalement déformé la pensée d'Etienne. Le temple de Jérusalem n’a plus de valeur ! Voilà l’affirmation qui valut à Etienne d’être le “protomartyr”, premier martyr !

Sous la pensée d’Etienne et des premiers chrétiens, on retrouve cette vieille tradition, aux multiples facettes, qui revient, s’accentue et s’approfondit :
- L’homme ne peut pas “loger” Dieu ! Les prophètes l’avaient déjà affirmé face aux dérives de l’institution du temple !
- Cependant, Dieu peut très bien chercher un “lieu pour y faire habiter son Nom”. Les prophètes eux-mêmes le reconnaissaient, tout en refusant certaines dérives de cette localisation du Nom de Dieu : bénéfices commerciaux, considération exagérée d’une caste … etc…
- Par contre, que Dieu, de sa propre initiative, vienne “habiter”, “voisiner” avec les hommes, c’était une perspective à la fois nouvelle et ancienne !

Ancienne puisque dans le désert, il y avait la “Demeure” de Dieu, la “shékhinah”. La racine du mot signifiant “voisin”, c’était déjà reconnaître le “divin voisinage” : Dieu qui se faisait mitoyen de l’homme, établissant sa “Demeure” au milieu du peuple. C’était, si l’on peut dire, la Gloire divine “domestiquée” ! Mais une Gloire “domestiquée” non par l’homme, comme s’il pouvait être le “dompteur” de la Gloire divine, “sacrilège” par excellence ! Mais que la Gloire divine elle-même accepte de s’approcher de l’homme, de voisiner avec l’homme, cette pensée devenait non seulement concevable, mais de plus en plus évidente. Ainsi, la Gloire de Dieu pouvait apparaître plus humaine ! C’était, en quelque sorte, amplifier l’affirmation du livre des Proverbe qui fait dire à la “Parole de Dieu”, à la “Sagesse de Dieu” : “J’ai trouvé mes délices à être avec les enfants des hommes !” (Pr. 8.31).

Ce thème-là devient très chrétien ; il sera post-chrétien. Mais il était déjà  pré-chrétien, en ce sens qu’il était déjà inscrit dans la foi juive, dans les Ecritures ! Il sous-tend déjà un texte comme celui du prologue de S. Jean : "Et le Verbe s'est fait chair et il a demeuré parmi nous" ! - "Demeurer" : sous le verbe grec, on peut, deviner le terme hébreu : il a établi sa "shekhinah" parmi nous. Et l'idée que le Verbe habite parmi les hommes sera profondément présente dans l'évangile de S. Jean.

“Le Très-Haut n’habite pas des demeures faites de mains d’homme”, disait Etienne !
   
C’était, probablement, un fougueux, cet Etienne ! Avec plus d’habileté - mais le pouvait-il ? -, il aurait pu faire comprendre que le temple était au fond un archétype, un idéal, un pressentiment du dessein de Dieu de venir habiter parmi les hommes. Et les sacrifices offerts dans ce temple n’étaient que des présages, des signes annonciateurs du sacrifice pascal du Christ.
   
Certes, il n’aurait sans doute pas eu plus de succès ! Car ces présages, ces pressentiments avaient été institutionnalisés ! Et c’est souvent le drame ! Car l’institutionnalisation de la “Demeure de Dieu” n’est pas encore la “Demeure authentique” dont Dieu a l’initiative. L’institutionnalisation du “sacrifice” n’est pas encore le “Sacrifice authentique” dont Dieu seul a l’initiative. Le drame fut de transformer les promesses en institutions. Ce fut le danger dans l’Ancien Testament ; les prophètes en sont les témoins !
   
Mais ne nous moquons pas ! Ce danger est toujours actuel. Certes, pour nous, chrétiens, il ne s’agit plus de promesses, mais de germes du grand dessein d’Amour de Dieu pour l’homme. Ces germes du “salut éternel” pour l’homme nous sont bien donnés ! Deo gratias ! Nous fêtons cette réalité en ce temps de Noël ! Mais le danger, c’est de transformer ces germes en musées de semences. C’est grave parce que les germes ne sont pas faits pour être mis dans un musée ; et les semences ne sont pas faites pour être présentées sous verre.
Et affirmer cela risque parfois de conduire plus ou moins au même destin que celui d’Etienne ! Etre rejeté !

Aussi, est-il bon de nous confier en ce temps de Noël à St Etienne et de lui demander sa clairvoyante  ferveur de foi !

(1) [A ce sujet, je me permets de souligner un point historique important : Conscients de cette dévaluation du temple, du peu d’importance désormais de la Jérusalem de la terre, les chrétiens du début du 2ème siècle ne furent nullement ou peu solidaires de la dernière révolte juive en 132-135 avec Bar Kokhba. L’empereur Hadrien fit raser Jérusalem ; et les décombres recouvrirent le lieu du Saint-Sépulcre, ce qui le protégea jusqu’à l’époque de Constantin et de Ste Hélène ! Les Juifs reprochèrent vivement aux chrétiens (juifs) leur désintérêt en cette circonstance. Et ce fut le début d’un drame qui se poursuivit de siècle en siècle : la séparation profonde, l’incompréhension entre Juifs et Chrétiens !]

lundi 24 décembre 2012

“Emmanuel !“ Dieu parmi nous !


Noel 2012    -  Messe du jour !

En ce troisième millénaire, l'humanité, face aux diverses crises politiques, économiques,  semble en suspens dans l'attente d'une grande nouvelle, dans l'espoir d'un âge nouveau. Et nombreux sont ceux qui se tournent vers des prophètes variés annonçant parfois la fin du monde - mais elle n’est pas arrivée le 21 Décembre -. 
Aussi, certains, plus ou moins consciemment, en Noël 2012  posent encore la question du précurseur de l'enfant Jésus : Vraiment, "es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?"

Beaucoup se sont lassés d'attendre. Ils rabotent leur âme à tout de ce que la vie peut leur offrir. Les nombreuses et diverses distractions (les “jeux“), les évasions au soleil, l’argent, le plaisir et… le travail aussi mobilisent toutes leurs énergies de vie.

D'autres vont sans cesse s'interrogeant : "Qui m'a inventé?" - "Pour quel voyage?" - "Y a-t-il vie après la vie ?" Le rideau tomberait-il sur ma vie sans que je sache quel rôle je tiens dans cette pièce de l'aventure humaine ?“.

Certains ont éteint leur curiosité : "Dieu, disent-ils, est le bouche-trou de notre ignorance, un alibi à notre paresse… Heureusement Il n'existe pas". Mais la question rebondit avec plus de force : "S'il n'y a pas de Dieu, alors qui sommes-nous ? Dans quelle étoffe sommes-nous tissés ? Est-ce la mort définitive qui est inscrite sur chaque visage ?".

Oui, les hommes restent perplexes. Et cette perplexité est la même aujourd'hui qu'il y a 3.500 ans lorsque Moïse interrogeait Dieu sur la montagne du Sinaï : "Dis-moi Ton nom. Montre-moi Ton visage". - "Je suis l'Etre qui est la source de tous les êtres", répondit-il. "Etre de tous les êtres, ceux-ci me sont liés. Je fais alliance avec eux !".

La perplexité était la même qu'au temps de Moïse, lorsque Dieu, répondant à l'angoisse humaine prit visage d'homme.
"Souvent dans le passé", dira la lettre aux Hébreux, Dieu avait parlé à nos pères par les prophètes, mais c'était sous des formes fragmentaires. En ce jour-là, Dieu se manifeste en Son Fils, reflet resplendissant de la Gloire du Père, expression parfaite de Son être".  Etre de tout être !

Et ce message est aussi neuf aujourd'hui qu'hier, aussi décisif. C'est ce message de Noël qui nous rassemble ! Jésus vient nous délivrer de la peur de Dieu. Devant la crèche et devant la croix, les fausses images d'un Dieu autoritaire ou d'un Dieu de l'imagination sensible sont anéanties !

Jésus nous dévoile le merveilleux visage d'un Dieu qui n'est qu'Amour. "Regarde bien, disait le Christ à Ste Angèle de Foligno, trouves-tu en Moi quelque chose qui ne soit pas Amour ?".

Dès lors, chacun de nous, vieillard ou enfant, intellectuel ou manuel, travailleur ou retraité,  religieux ou laïc, chacun peut se savoir créé et mis au monde pour que se compose en lui une partition unique, inédite de l'Amour infini de Dieu. Chacun de nous est tissé dans l'étoffe divine. Et devant la crèche, chacun peut méditer et approcher de Dieu.

On Le soupçonnait d'avoir des complicités avec la mort ?
Il n'en a qu'avec la vie.
On Le disait mesquin, dénicheur de coupables ?
Nos médiocrités n'éveillent que Sa tendresse.
On Le croyait ennemi de la joie ?
Il en est la source.
On Le pensait contrarié de nos recherches scientifiques ?
C'est Lui qui nous offre un univers prodigieux à explorer.
On prétendait qu'll était quelque chose au-dessus de nous ?
Il est Queiqu'un au-dedans.
On Le cherchait dans les maisons des justes ?
Il logeait chez les pécheurs.

Mais, lorsque ce ne sont plus les hommes qui inventent Dieu, mais Dieu Lui-même qui Se révèle, il faut bien s'attendre à quelques surprises : "Il est venu chez Lui et les siens ne L'ont pas reçu".

Oui, les hommes ont cru pouvoir en finir rapidement avec Lui..., Lui qui les déconcertait, Lui qui les dérangeait - tant il est vrai que l'Amour dérange toujours -. Ce faisant, ils ont été, malgré eux, les plus grands révélateurs de ce qu'est Dieu Lui-même, car : "ll n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime."

Oui, retenons en ce jour de Noël : Dieu veut nous donner sa vie, son amour ! "Dieu s'est fait homme pour que tu sois fait Dieu", disait Grégoire le Grand.
L'homme n'est pas l'enfant du hasard, il est un rêve de Dieu réalisé.
L'homme n'est pas une passion inutile, il est une passion éternelle.
Né de l'amour, tissé d'amour, il marche vers un amour sans faille, sans ombre, sans déclin, sans lassitude, amour auquel son cœur ne peut qu'aspirer.

Certes, notre monde nous laisse sur notre faim.  Peut-il en être autrement ? Le monde n'est que le temps d'une initiation, l’espace d'un stage, l’effort d'une préparation. Comment mieux apprendre à aimer sinon sur une terre inachevée où, depuis que Dieu s'est fait homme, la solidarité n'est pas facultative ?

Dans un monde où un homme sur deux connait la faim ou la guerre, la maladie, le chômage ou la solitude, la solidarité n'est pas facultative. Comment fête-t-on Noël en ce moment à Bethléem même, dans les pays du Moyen-Orient, dans certains pays d’Afrique et ailleurs encore… , et tout près de chez nous aussi, en bien des familles en difficultés ?

Oui, méditons cette phrase de St Jean : "Le Verbe - le Fils de Dieu - s'est fait chair" ! Dieu fait homme ! Et nous entendrons l'enfant de la crèche nous solliciter : "Que mon amour divin, en toi, se fasse chair, aujourd’hui même pour tous ceux qui t'entourent, ceux qui sont au loin, ceux qui sont proches"!

C’est en ce sens aussi que je me permets de dire à tous et à chacun :
Saint et joyeux Noël 2912 !
Heureuse Année 2013 !

"Les anges dans nos campagnes..."


Noël    - “Messe de Minuit“. 

Aux enfants, à la crèche :

L’autre soir, Guillaume - cinq ans et demi -, n’arrivait pas à s’endormir. Gabrielle, sa grande amie qui est aussi l’amie de sa maman, est allée se pencher sur le petit lit.
- “Pourquoi ne dors-tu pas, Guillaume ?“.
- “Parce que j’ai la trouille… ; parce que la nuit fait penser à la mort !“

Elle lui a dit que Dieu l’aimait et le regardait pendant qu’il dormait !
- “Il m’aime autant que Gabrielle ?“
- “Oh ! Plus… !“.
Elle a ajouté :
- “Et puis, tu sais, quand on dort, les anges font le ménage !“
- “Avec l’aspirateur ?“.
- “Oh ! Non ! Ils n’en ont pas besoin… !“.
La conversation s’est arrêtée là, car le petit Guillaume venait de s’endormir !

Le lendemain, il a bien regardé dans sa chambre ; et l’après-midi, il a fait quelques tas de sable fin à proximité de son lit : “Je verrai bien, pensait-il, si les anges vont faire le ménage… !“.

Dans la soirée, personne n’a pu aider les anges et, le jour suivant, Guillaume a proclamé à la cantonade : “Cette nuit, les anges ont fait la grève : ils n’ont pas fait le ménage dans ma chambre !“.
Il a regardé tout son monde avec des yeux brillants de malice. Après un silence, il a esquissé un sourire fin, très fin, et il a murmuré : “J’ai compris ce qu’elle voulait dire Gabrielle ; c’est dans la tête que les anges font le ménage… !“.
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Aux Adultes, au retour de la crèche :

Il avait raison le petit Guillaume… !
Mais sur terre…,
les hommes se font toujours la guerre… et dans leurs têtes et dans le monde…,
les luttes économiques font toujours rage… et dans les têtes et dans le monde…,  
avec leur cortège de misères… et dans les têtes et dans le monde…,
… et l’amour n’est pas aimé…  et dans les têtes et dans le monde… !!!

Que le chant des anges de Bethléem…
“Les anges dans nos campagnes ont entonné l’hymne des cieux…
Gloria…, Gloire à Dieu au plus haut des cieux… !
Il est né le Roi céleste, le Dieu Sauveur….,  Gloria !!!“…,

Que ce chant des anges de Bethléem nous aident tous, en ce Noël 2012 et tout au long de 2013,
à “faire le ménage“ et dans nos têtes et dans le monde…,
pour mieux discerner en nos vies la présence de Dieu qui s’est fait homme… !

Saint et joyeux Noël ! - Avec tous mes vœux pour tous et chacun !

Et durant 2013, n’oubliez pas, s’il vous plaît, les anges, votre ange-gardien et l’ange de vos maisons pour lui demander de vous aider, de temps à autre, à “faire le ménage“ !

Les anges, dans la Bible et surtout dans le Nouveau Testament, signifient surtout, sans pour autant nier leur existence, la présence de Dieu - de Dieu qui s’est fait homme - dans nos vies d’hommes ! Cette fête de Noël le rappelle !

- Et ils veillent sur nous, les anges ! “Dieu a pour toi donné ordre à ses anges de te garder en toutes tes voies !“ (Ps 91.11).
“L'ange du Seigneur descendit dans la fournaise“ où avaient été jetés trois jeunes gens, dit encore  le prophète Daniel (3.49). Et il les protégea. L’ange du Seigneur est toujours prêt à nous protéger de toute fournaise… de ce monde…
Et Jésus dira : "Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits : car leurs anges aux cieux voient constamment la face de mon Père qui est aux cieux“ (Mth 18.10). Ils nous voient déjà en Dieu !

- Les anges ont reçus des noms en rapport avec leur fonction : Raphaël, c’est “Dieu qui guérit !“ – Gabriel est le “Héros de Dieu !“ – Et Michel lance son cri : “Qui est comme Dieu ?“. Invoquons donc ces anges ! Pour qu’ils confortent notre foi !

- Ils présentent à Dieu nos prières ! Dans le libre de Tobit, l’ange Gabriel dit : “Sachez que, lorsque vous étiez en prière, c'était moi qui présentais vos suppliques devant la Gloire du Seigneur et qui les lisais“ (Tb 12.12)
Et St Jean, dans le langage imagé de son Apocalypse, voit, dans le ciel, un ange préposé à répandre des parfums sur l’autel divin avec les prières de tous les saints(Apoc 8.3). Prions donc avec les anges !

- Jésus parlait intimement avec les anges au point que durant son agonie au jardin de Gethsémani “lui apparut un ange qui le réconfortait“ (Lc 22.43). Dans les temps de détresse, invoquons les anges !

- Dès maintenant les anges participent à la joie de Dieu lorsque des pécheurs se convertissent. Jésus lui-même l’assure : “Il  y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit" (Lc 15.10).

- Ce sont les anges qui annoncent la résurrection : “L'ange dit aux femmes : «je sais que vous cherchez Jésus, le Crucifié. Il n'est pas ici, car il est ressuscité comme il l'avait dit ! »“ (Mth 28.5).

- Bien qu’ils ignorent la date du jugement final qui est le secret du Père (Cf. Mth 24.36), ils en seront les exécuteurs : “Dieu enverra ses anges et, des quatre vents, d'une extrémité des cieux à l'autre, ils rassembleront ses élus (Mth 24.31).

- Et ils nous conduiront vers la gloire du Christ ressuscité comme pour Lazare, le pauvre, qui  “mourut et fut emporté par les anges au côté d'Abraham !“ (Lc 16.22). Un refrain le répétait autrefois lors d’un décès : “Que les anges te conduisent en paradis !“ (“In paradisum déducant te angeli…“).

S’il est nécessaire de proscrire un culte exagéré des anges qui nuirait à celui de Jésus Christ : - “Ne vous laissez pas frustrer du Christ, recommandait St Paul lui-même, “par des gens qui se complaisent dans une "dévotion", dans un "culte des anges" (Col 2.18) -, le chrétien doit garder un sens profond de leur invisible présence et de leur action secourable !

Avec les anges, chantons aujourd’hui notre joie.
Gloria…, Gloire à Dieu au plus haut des cieux… !
Il est né le Roi céleste, le Dieu Sauveur….,  Gloria !!!…,