vendredi 19 juillet 2013

Vacances

Quelques jours d'absence jusqu'au début Août ! 

J'en profite pour dire à tous : "Bon temps de vacances", même si vous ne vous déplacez pas !


Que le soleil bien présent depuis quelques jours réconforte et votre corps et votre cœur et votre esprit. 

En union de prières !

mercredi 17 juillet 2013

Voir Dieu !

T.O. 15  Mercredi  2013 -

Il faut sans cesse se souvenir pour notre propre existernce de l'importance du thème biblique déjà rencontré : "Voir Celui qui nous voit !". Nous sommes en marche comme le pèlerin du psaume 83ème : "Que tes demeures sont désirables, Seigneur... Mon âme soupire et languit après les parvis du Seigneur...  Mon cœur et ma chair - c'est-à-dire tout mon être - crient de joie vers le Dieu vivant !" Et avec lui, tous les pèlerins "marchent de hauteur en hauteur - ou -  de vertus en vertus pour apparaître devant Dieu". C'est comme si déjà il voyait Dieu !

Et on se souvient de l'histoire d'Abraham en route vers le pays de "Morrya" la terre que Dieu lui montrera, la terre de la "vision". Et de même pour Agar réconfortée au "puits du Vivant qui voit !".

Et c'est la même expérience qui est proposée à méditer aujourd'hui. Il suffit de lire le texte de la lecture : "Moïse faisait paître le petit bétail de son beau-père... L'Ange de Dieu se fit voir dans une flamme de feu, du milieu d'un buisson. Moïse vit : le buisson était embrasé mais ne se consumait pas. Moïse dit : "Je vais faire un détour pour voir cette grande vision... et pourquoi le buisson ne se consume pas". Dieu vit qu'il faisait un détour pour voir...  Dieu lui dit : "N'approche pas d'ici, retire les sandales de tes pieds car le lieu où tu te tiens est une terre sainte". Alors Moïse se voila la face, car il frémit de regarder (de voir) Dieu !".

Vous l'avez remarqué : le verbe "voir" revient avec une insistance quasi obsédante ! Dieu voit Moïse qui cherche à voir ! N'est-ce pas là toute notre démarche de foi ?

Et pour chercher à voir, il faut souvent "faire un détour" ! "Je vais faire un détour pour voir cette grande vision !", dit Moïse. Si la curiosité est souvent un vilain défaut, il existe cependant, dit St Thomas d'Aquin, une bonne curiosité qui cherche à "voir Dieu", qui s'efforce de fouiller en quelque sorte les coffres du Saint-Esprit pour acquérir les "dons de Dieu" qui nous permettent de voir déjà !

Moïse a quitté la civilisation artificielle de l'Egypte. - Or, tous, nous nous fabriquons nous-mêmes, - même dans l'univers d'un cloître -, un monde artificiel qui a d'autant plus de force qu'il se construit sur des habitudes si bien ancrées qu'il nous semblerait mourir dans un désert que de les abandonner !  
Moïse a quitté un monde ; il est dans la solitude du désert... Il n'a plus les béquilles des habitudes du monde d'ici-bas.
Cependant, il reste attentif. Aussi fait-il un détour pour voir ! Nous avons tous à faire un détour pour être sur la trajectoire de Dieu qui passe... !

Il est important de se le répter : ce n'est pas Dieu qui n'est pas là, présent ! Dieu est partout présent ; et on ne pourrait pas remuer le bout du doigt si Dieu ne nous donnnait pas l'existence à chaque instant par une création continue. Ce n'est pas Dieu qui n'est pas présent ; c'est nous qui sommes souvent absents. Nous sommes tous malades de cette maladie dont parle Pascal : le divertissement. Nous pensons à tout sauf aux choses importantes.., sauf à Dieu que l'on oublie, si bien que, selon l'expression de Simone Weil - la philosophe ! -, “Dieu et l’homme sont comme deux amants qui se sont trompés sur le lieu du rendez-vous : l’homme attend Dieu dans le temps, et Dieu attend l’homme dans l’éternité !". Et c'est bien ennuyeux parce qu'alors on perd son temps ; et à force de perdre son temps, on perd sa vie. Et nous n'en avons qu'une !

Mais Dieu nous interpelle si nous acceptons de faire un détour ! Un détour qui souvent consiste à passer du paraître à l'être.
Au fond, nous vivons tous - plus ou moins, je vous l'accorde quand même ! -, nous vivons tous au plan superficiel du paraître, selon les fonctions que nous pouvons exercer, selon nos responsabilités montées si souvent en épingle ! Nous jouons tous des comédies - et le pire c'est qu'elles ne sont pas du tout amusantes la plupart du temps ! -.

Or Dieu est "Celui qui est", comme il le révèle à Moïse. Et pour être sur la trajectoire de Dieu quand il passe, il faut avoir un minimum de ressemblance avec lui qui est l'Etre. Il faut donc faire souvent un détour pour passer du paraître à l'être.
Etre tel que l'on est devant Dieu qui est l'Etre ! Et tant pis si l'on est grand pécheur ; ou plutôt tant mieux si l'on se reconnaît tel devant Dieu ! Car, dit David après sa faute : "Seigneur, tu aimes la vérité jusque dans les ténèbres...!". Etre ce que l'on est et laisser Dieu balayer les ténèbres du fond de notre cœur !

C'est alors que l'on peut solliciter Dieu : "Seigneur, crée pour moi un cœur pur, enracine en moi un esprit tout neuf !". Ce qui nous permet de commencer à voir Dieu !

dimanche 14 juillet 2013

Aimer !

T.O. 15  Dimanche  2013 -

Quelles que soient les dispositions du docteur de la Loi qui intervient auprès de Jésus, il pose la question essentielle, la seule vraiment importante : “Que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ?” - Jésus le renvoie à l’Ecriture, à la Parole de Dieu ; et il approuve la réponse de ce docteur qui cite deux préceptes de la Loi : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même” - “Très bien, dit Jésus. Fais cela et tu auras la vie”.

Jésus ne voit rien à changer, ni à ajouter à ces préceptes qui ont le secret de nous mener à la vie éternelle. Pourtant, les conditions et les qualités de cet amour demandé s’approfondissent encore à la lumière de son enseignement, à la lumière de la révélation parfaite qu’il apporte : avec le Christ, l’amour de Dieu doit devenir plus filial ; avec le Christ, l’amour du prochain deviendra universel.

Mais ces seuls préceptes ont de quoi déjà nous impressionner fortement par leur existence.
“Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. C’est tout notre être intérieur, toute notre vie profonde, tout ce que nous avons d’esprit, de cœur, de force, de vitalité qui doit être offert, donné à Dieu par amour. “De tout ce qui vit en toi, tu aimeras la source de la vie”, commente St Augustin.

Et, de fait, c’est bien d’un amour total et absolu que doit être aimé l’unique Seigneur. S’il est le Dieu infini, la Beauté souveraine, l’Amour même comme dit St Jean, il ne peut être aimé que sans mesure. Seul un amour sans mesure est digne de lui, même s'il ne peut acquérir cette perfection que dans la vision éternelle de Dieu. "L'homme est grand surtout par le cœur, disait M. Pouget (Maître de Jean Guitton), cet aveugle qui percevait déjà les réalités éternelles ; et alors qu'il est encore incapable de voir Dieu ici-bas autrement qu'à travers des ombres, il peut déjà par le cœur s'attacher à lui d'un amour qui n'acquerra d'autre perfection qu'une immuable stabilité dans la gloire".

Mais déjà, ici-bas, cet Amour s’exprimera alors
par un “oui” inconditionnel à la volonté divine
par une orientation habituelle de notre âme vers lui,
par un désir de Dieu, inscrit en toute notre vie,
et par ce quelque chose d’inexprimable que les saints ont éprouvé :
ils connaissent Dieu, c’est-à-dire que, pour eux, rien au monde n’existait plus que lui ; leur cœur était consumé de cet amour et en même temps comblé. Alors ils s'écrient comme St Augustin : "J'aime parce que j'aime. J'aime pour aimer. Quelle grande chose que l'amour, pourvu qu'il revienne à son principe, retourne à son origine, et, refluant vers sa source, lui emprunte de quoi couler sans arrêt".


Aussi, en Dieu et pour lui, ils aimaient le prochain. Conséquence logique !
Car notre amour de Dieu serait pure illusion s’il ne s’exprimait dans l’amour et le service des autres qui sont aimés de Dieu, eux aussi.

“Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… et ton prochain”. C’est le même verbe qui commande ces deux objets, Dieu et le prochain. C’est en aimant les autres que nous prouvons à Dieu que nous l’aimons. C’est le même amour de charité. Pourtant, il n’est pas dit : Tu aimeras ton prochain de tout ton cœur, de toute ton âme… Cela est réservé à Dieu qui est infiniment au-dessus de nous. Mais “tu aimeras ton prochain comme toi-même, parce qu’il est ton égal, de la même nature que toi, parce qu’il est ton frère.

Aussi, ce commandement est, lui aussi, d’une exigence extrême. On s’aime soi-même, n'est-ce pas, on se veut naturellement du bien, on doit s’aimer de charité. Et bien, c’est ainsi qu’on doit aimer les autres. “Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux.”

Mettez-vous à leur place. Vous voudriez de la miséricorde ; faites miséricorde. Mais si vous n’en recevez pas, faites encore miséricorde.

Et Jésus illustre son propos par cette belle parabole du Samaritain au grand cœur.

Au milieu de ce récit brille comme un diamant le mot grec rendu par l’expression : “il fut saisi de pitié”. C’est le mot le plus important de toute la parabole. Le Samaritain, en voyant le blessé, est bouleversé de compassion. Il s’approche ; les autres étaient passés, indifférents. Lui s’approche avec un cœur bon et compatissant.
Et la suite nous montre comment sa charité est active, inventive. Il voit tout de suite ce qu’il faut faire, et il le fait sans craindre de perdre son temps ou son argent.
L’admirable dans toute cette description si détaillée est le naturel avec lequel le Samaritain exerce son dévouement. Il semble trouver cela tout normal. Sa charité est totalement désintéressée. Pourtant, il s’est dépensé lui-même ! Il s’est montré réellement le prochain de cet homme en détresse. Le docteur de la Loi demandait "qui est mon prochain ?", qui se fait proche de moi, en quelque sorte ! Le Samaritain de la parabole renverse la question en répondant qu'il s'agit non pas d'attendre que l'autre se fasse proche de moi, mais de se faire proche de l'autre pour qu'il devienne un frère !

Par cette parabole Jésus nous montre ce qu’est aimer et agir charitablement à l’égard des autres quels qu’ils soient. “Petits enfants, dira St Jean, n’aimons ni de mots ni de langue, mais en actes et en vérité” (I Jn 3/18).

Nous nous indignons intérieurement devant l’indifférence glaciale du prêtre et du lévite, et nous avons raison. Mais peut-être, quelques fois, en d’autres circonstances, nous leur ressemblons un peu. Il y a en nous des zones où trouvent place difficilement la compassion, le préjugé favorable, la miséricorde, le pardon. Et pourtant, nous sommes attirés par la grandeur d’âme du Samaritain. Nous voulons l’imiter.

Pourquoi ? Parce que la Parole du Seigneur, Parole d'Amour divin, a été mise dans notre cœur comme le disait la première lecture. “Elle est tout près de toi, cette parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique”. Par la Parole divine reçue en nous, notre cœur devient désireux d’aimer, prêt à aimer. D'autant que cette Parole divine s'est faite chair : "Et le Verbe s'st fait chair" pour nous révéler que "Dieu est Amour !".

Car, derrière le bon Samaritain se dessine l’image saisissante du vrai Samaritain, le Christ lui-même, se penchant avec une miséricorde infinie sur l’homme blessé, sur l’humanité malade, sur chacun de nous. Il se penche sur nos blessures pour les guérir. Il est venu pour cela. C’est ce qu’évoque l’hymne grandiose de la lettre aux Colossiens que nous a fait entendre la seconde lecture. Cette hymne est tout entière à la gloire du Christ. Elle célèbre sa grandeur universelle dans l’œuvre de la Création et dans celle de la Rédemption. S’il est à la tête du Corps qu’est l’Eglise, s’il a tout réconcilié, c’est parce qu’il est venu au secours de toute misère, par la souffrance et le sacrifice, par le sang de sa croix.

Et il est toujours là pour nous aider.
Nous pourrions être découragés devant les exigences des deux grands commandements.
- Aimer Dieu sans mesure, nous qui sommes si mesurés, si milités, si petits !
- Aimer le prochain avec cette constance et cette générosité du Samaritain !
Oui, pour atteindre à ces hauteurs, l’amour doit parcourir un long chemin et surmonter bien des obstacles. Mais le bon Samaritain, le Christ, est là, toujours. Il ne nous manquera jamais si nous le désirons vraiment !

Et cette conviction peut être ressentie par tout homme. Rumi, grand mystique musulman du 13ème siècle, enterré à Konya (Iconium du temps de St Paul), s'écriait : “Si tu ne veux pas mourir, vis dans l’amour ; si tu meurs dans l’amour, tu vivras !”.

mardi 9 juillet 2013

Jacob - Israël !

T.O. 14 Mardi        -                  (Gen 32.23-32)

Vous vous en souvenez : Jacob, ayant fait tellement de “farces“ à son frère pour le supplanter, avait du fuir. Mais après de longues années et bien des péripéties dues à son tempérament de “farceur“ pour toujours avoir raison de l'autre, "avoir le dessus", il décide de revenir vers son père.
Cependant, en route, il apprend qu’Esaü qui avait juré de le tuer vient à sa rencontre. Alors, il s’arrange habilement pour s’attirer les bonnes grâces de son frère. Il organise des “tampons“ comme on dit : il envoie successivement des caravanes de cadeaux à son frère…
Et puis, une nuit, au gué du Yabboq, ce fut une lutte terrible… On peut dire que toute l’histoire de Jacob s’inscrit entre deux visions : “l’échelle de Jacob“ et “la lutte avec Dieu“.

“Quelqu’un lutta avec lui !“. On ne dit pas son nom, comme pour Moïse au buisson ardent. Et cet inconnu, voyant qu’il ne pouvait le maîtriser, le frappa à la hanche ; et la hanche de Jacob se démit. Depuis lors, tous ceux qui souffrent de sciatique - et ils sont nombreux - peuvent invoquer Jacob !

Et à la fin de la lutte, l'inconnu lui dit : “On ne t’appellera plus “Jacob“, mais “Israël“. - “Car tu l’as emporté sur Dieu ; et contre les hommes tu l’emporteras !“. Ce nom d’“Israël“ est lourd de signification. Jacob donna à ce lieu le nom de “Penouel“ : “Penou“, c’est la face ; et “El“, c’est Dieu ! C’est comme s’il avait vu la face de Dieu. On retrouve ici ce thème fondamental de toute la Bible : "Je cherche ta face, Seigneur, dit le psaume 27ème, ne me cache pas ta face !". Nous sommes en route, comme Abraham, pour “voir Celui qui nous voit sans cesse !“

Et ensuite il y a l’affrontement avec Esaü, affrontement redouté mais qui se passe très bien. Ce n’est pas dans notre lecture ; mais il est bon de l’évoquer en même temps que l’affrontement avec Dieu ! Les deux ne doivent pas être séparés !
Ces deux affrontements, c’est le propre de Jacob et donc d’Israël ; c’est le propre de tout chrétien ! Affronter Dieu ; affronter l’autre. Et en regardant Jacob, il n’y a pas de luttes qui ne soient impossibles parce que toutes les réconciliations sont possibles. Lutter contre Dieu, lutter contre l’autre ; et puis, affronter.
Au fond, cela rejoint ce que Jésus dira des deux commandements que l’on trouve à propos de la parabole du Bon Samaritain qui nous sera proposée à méditer dimanche prochain :
“Tu aimeras le Seigneur ton Dieu ! Tu aimeras ton prochain !".
Ces deux commandements n’en font qu’un. Notre religion est une religion d’affrontement ; il ne faut pas s’en étonner. Ce n’est pas une religion d’évasion. C’est vrai, Dieu nous attend dans des choses qui nous paraissent parfois impossibles. Mais si on va chercher la force où elle se trouve, c’est-à-dire dans le Christ ressuscité, alors tout devient possible. C’est tout cela qui et inscrit dans le mot “Israël“, et donc dans le mot “chrétien“.

Ensuite, Esaü - les deux frères étant réconciliés - va accompagner Jacob. Mais Jacob n’est pas tellement désireux de sa présence. Alors, ils se séparent.
Et Jacob continue sa route. Et après avoir traversé le Jourdain, il arrive à Sichem. A Sichem, il campe en face de la ville. Il acheta une parcelle d’un champ. Il érigea un autel qu’il appela : “El, Dieu d’Israël !“.

C’est dans ce champ que devait se trouver le fameux “puits de Jacob“. Mais c’est une autre histoire, celle de Jésus avec la Samaritaine qui, elle aussi, devra vivre un affrontement pour découvrir le culte “en esprit et vérité“….

lundi 8 juillet 2013

"Le Lieu !"

T.O. 14 - Lundi        -                   (Gen 28.10-22)

Une simple réflexion aujourd'hui, étant données les circonstances diverses...

Vous le savez : un Juif ne prononce pas le "Nom" divin. "Quel est ton Nom ?", demandait Moïse à Dieu. "Je suis !", traduit-on la réponse de Dieu, quelque peu énigmatique ! C'est plutôt une fin de non-recevoir : Mon Nom, tu ne peux le connaître ! D'autant que savoir le nom de quelqu'un, c'est avoir prise sur lui en quelque sorte. Ainsi, Adam donne un nom aux animaux de la terre que Dieu lui donne en possession... Or, Dieu, on ne peut le "posséder" !

A Moïse, Dieu répond donc : "Je suis !". Cela doit te suffire. Autrement dit : Avance dans la vie. Et au fur et à mesure que tu mettras un pied l'un devant l'autre dans l'existence, tu découvriras que "Je suis !" - "Je suis avec toi !"
Notons que c'est le langage de Notre Seigneur dans l'évangile de St Jean, spécialement en la fête de Soukkot - et c'est important de le remarquer - quelques jours avant d'accomplir sa "Pâques" : "Je suis la lumière..., je suis la Porte..., Je suis l'eau vive..., Je suis la voie, la vérité, la Vie !" etc. "Je suis !"

Et c'est ce que souligne Jacob à sa façon dans notre lecture. Après sa vision nocturne et les promesses d'Alliance que Dieu lui adresse, il s'écrie : "Dieu est dans le lieu (HaMakom, LE LIEU par excellence) et je ne le savais pas... C'est la Maison de Dieu..., la porte du ciel !". LE LIEU est présence de Dieu ! LE LIEU est Dieu lui-même !

Dès lors, pour remplacer le Nom divin que l'on ne prononce pas, un Juif dira : "Adonaï" ("Seigneur"), ou "Hashèm" ("Le Nom") ou bien justement : "HaMakom" ("Le Lieu"). "HaMakom" : LE LIEU qui n'est que présence divine. !

Bien après Jacob, le roi Josias, par sa réforme, supprimera non seulement les cultes idolâtriques, mais aussi tous les lieux saints orthodoxes pour qu'il n'y ait plus qu'un seul "Lieu Saint", à Jérusalem : LE LIEU : "HaMakom".
Et quand on lit le Deutéronome (Ch. 12ème surtout) rédigé, pour une grande part, au temps de Josias, il y a comme un refrain à propos de Jérusalem : "LE LIEU que Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom !" -
Caïphe, un "professionnel" au temps de Jésus, ne s'y trompe pas quand il dit : "Si cet homme (Jésus) continue, les Romains vont venir détruire LE LIEU !", "ton topon", en grec avec l'article c'est-à-dire "LE LIEU" par excellence. Pour Caîphe, ce serait détruire le "HaMakom", le lieu divin ; ce serait profaner le Nom divin, ce serait nier Dieu lui-même !

Et je me faisais une réflexion en ce jour - le 40ème - anniversaire de mon ordination sacerdotale. Et je vous remercie vivement de vos prières à mon intention. Mais veuillez continuer par la suite s'il vous plaît...!

Je me faisais donc une réflexion, ou plutôt, je faisais un rapprochement :
- Dans le récit du sacrifice d'Isaac, il est dit : "Abraham partit pour LE LIEU ("HaMakom") que Dieu lui avait indiqué". Et si vous interrogez des rabbins, ils vous diront que le lieu du sacrifice d'Isaac, c'est le mont Moriah, le mont de "la vision" ; c'est Jérusalem. Et ils vous diront encore que Jacob eût la vision de son échelle, non point à Bethel actuel (pensez-vous !), mais à Jérusalem. Ils ont de la géographie une notion très particulière tant ces récits sont pour eux des récits "étiologiques" du "LIEU que Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom !".

- Aussi, on comprend que Jésus désirait d'un grand désir parvenir à Jérusalem, "car il n'est pas possible qu'un prophète périsse hors de Jérusalem" (Lc13.33). Il désirait être dans LE LIEU divin, "HaMakom" pour établir, par son mystère pascal, la véritable Alliance entre Dieu et l'homme.

- Et cette Alliance se réactualise en chaque Eucharistie. L'Eucharistie, c'est désormais "LE LIEU que Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom !". C'est le Nom de Dieu qui nous est donné. L'Eucharistie est la "Porte du ciel !". - C'est LE LIEU où Jésus ressuscité nous dit : "Je vais vers mon Père et votre Père...!". L'Eucharistie, c'est notre mont Moriah (un mot dont la racine est le verbe "voir"), notre mont de "la vision" où nous commençons à voir Celui qui nous voit sans cesse ! le Curé d'Ars avait raison de s'écrier : "Si on savait ce qu'est la messe !". - "Dieu est dans LE LIEU et je ne le savais pas...!", disait Jacob.

C'est sans doute dans ce contexte qu'il faut trouver la réponse à une question que je me pose, question que je vous transmets malicieusement - certaines n'en seront pas étonnées -. Vous trouverez surement la réponse : Il est dit que Jacob eut la vision d'une échelle sur laquelle les anges montaient et descendaient, précision que Notre Seigneur rependra dans son dialogue avec Nathanaël.

Mais comment les anges peuvent-ils monter avant de descendre ?

samedi 6 juillet 2013

Jacob, le "Farceur" !

T.O. 13  Samedi  2013 -        Jacob !

Nous faisons aujourd'hui la connaissance de Jacob. Vous vous en êtes déjà rendu compte : parmi les patriarches, c'est mon préféré. Pourquoi ? Parce que, tels que nous sommes et là où nous en sommes, nous lui ressemblons tellement ! Car Jacob, c'est un grand "farceur", si je puis dire. Et “farceurs“, pécheurs, nous le sommes tous et devant Dieu et devant nos frères !

Il faut d’abord savoir ce que signifie son nom ! Pour cela, revenons un instant à sa naissance. Il y a la pauvre Rebecca qui était jolie, dit le texte, mais stérile. Aussi, Isaac prie pour elle…, et avec une telle force qu'il est exaucé - c'est à retenir cette efficacité de la prière à laquelle nous nous consacrons dans les monastères ! -. Rebecca devient enceinte et - bien plus - de deux jumeaux. Mais dans son sein, ces deux jumeaux se battent ! Elle va consulter Dieu, se disant : "si c’est comme cela, à quoi bon vivre ?". Elle est en pleine dépression, la pauvre. On la comprend. Ses fils se battent en elle ! Déjà !
Et Dieu lui dit : "Deux nations sont dans ton sein ; deux peuples.... L'un sera plus fort que l'autre et le grand servira le petit".

Jacob et Esaü ! Mais c'est l'humanité qui bat, qui lutte au rythme de notre propre cœur pécheur !
"Le premier sortit : il était roux et tout entier comme un manteau de poils". On l'appela “Esaü“ c'est-à-dire le "velu". Plus tard, un jour, il ira à la chasse, car c'est lui qui apportait de quoi manger. Courageux, cet Esaü ! Jacob, lui, restait plutôt sous la tente ; c'était le petit préféré de sa maman, n'est-ce pas. Cela arrive ! Il préparait un “brouet“, dit le texte, un plat de lentilles, dira-t-on. Esaü revient de la chasse, épuisé. Il dit à son frère : "laisse-moi avaler de ce roux-là, car je suis épuisé...". Vous connaissez la suite. Jacob le lui donne en contrepartie de son droit d'ainesse. Parce qu'affamé, épuisé, Esaü accepte Inconsciemment. Aussi, on l'appela encore “Edom“, c'est-à-dire "Roux", parce qu'il était roux et avait accepté le plat de Jacob. Plus tard, les Edomites, descendants de Edom/Esaü, seront assujettis à David (2 Sam 8.14).

Et lors de sa naissance, son frère jumeau, tenait son talon. Aussi, on l'appela "Jacob" : "Ya`aqov". "Aqeb", c’est le talon. Mais on transforma vite "Aqeb" en "Aqob" qui veut dire "le Tordu".  Car il fut vraiment le "Grand farceur" qui savait "rouler" tous ceux qu'il rencontrait. Et c'est ainsi qu'aidé de sa mère, il vola à son frère aîné la bénédiction de son vieux père, Isaac. Esaü aura beau se plaindre et demander : "Est-ce parce qu'il s'appelle Jacob - donc "le farceur", celui qui ne fait que des “coups tordus" - que par deux fois il m'a supplanté ?", la bénédiction de l'ancêtre avait été donnée au cadet !

Dès lors, dans la Bible, il y a souvent des mots très durs pour souligner la traitrise, la fausseté d'un frère, la malhonnêteté d'un l'homme envers un autre homme ! "Soyez sur vos gardes, dira Jérémie (9.3) ; Méfiez-vous de tout frère, car tout frère ne pense qu’à supplanter" ! Il faudrait traduire : "tout frère ne pense qu’à jacober !".
Et le prophète dira encore : "Le cœur est rusé plus que tout, et pervers, qui peut le pénétrer ?" (17.9). "Rusé", c'est encore le mot "aqab" dont la racine est "aqob". Le coeur est "jacobé" plus que tout !

Esaü et Jacob ! Voilà l'état de l'humanité, l'attitude du frère pour son frère, de l'homme pour l'homme : "Homo homini lupus", dira le dicton latin ; "L'homme est un loup pour l'homme".
Cela, on le sait ! Mais pourquoi Dieu choisit-il souvent ses plus grands serviteurs parmi les plus "farceurs". Je ne sais. C'est un fait ! C'est le secret de Dieu ! En tous les cas, d'après l'Apocalypse, "Moi, dit Dieu, je scrute le cœur ; je sonde les reins" (Apoc. 2.23). Dieu seul connaît l'homme, chaque homme, chacun de nous, tels que nous sommes et là où nous en sommes !  Il nous connaît tous, nous tous les "Jacob-farceurs" de la terre ! Il n’y a que Dieu qui peut voir les tortuosités de notre cœur. Les psychanalystes n’y entendent rien !

Et il sait, lui, Dieu qui scrute les cœurs, que les plus "farceurs", se reconnaissant tels qu'ils sont et là où ils en sont, sont capables de devenir de grands saints. Jacob deviendra Israël. Rendez-vous compte ! Bien plus, Jacob va devenir, dans l’Évangile, Nathanaël, ce vrai Israélite en qui il n’y a pas de tortuosités, dira Jésus, ce Jacob qui, en final, verra en Jésus la véritable échelle qui relit ciel et terre sur laquelle les anges ne cessent de monter et descendre ! C'est l'Alliance… entre ciel et terre, entre l'homme et l'homme. “Gloire à Dieu ! Paix aux hommes ! Joie du ciel sur la terre !“.

C'est ainsi encore que le grand persécuteur Saul deviendra l'apôtre des Gentils ! Et de beaucoup d'autres ainsi !
Mais pour changer un “Jacob-farceur“ en un homme qui nous montre le ciel, pour changer un cœur d'un persécuteur en apôtre, il ne faut rien de moins qu’une nouvelle création ! "Crée pour moi un cœur pur", demandait David qui, lui aussi, était un fameux "farceur" avant de devenir le Saint Roi David, ayant humblement laissé la vérité divine balayer le fond de son cœur. “Crée en moi... !“. Comme par une nouvelle création, il reçut un “cœur loyal“, selon l'expression d'Ezéchiel qui prophétisa la grande résurrection de tous les “Jacob“ de la terre en la sombre vallée de Sodome et Gomorrhe !.

"Je ne suis pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs !", disait Jésus. Et si ces fameux justes demandent : "Et de nous alors, qu'en est-il ?, je crois que c'est l'attitude la plus irrécupérable. Car la grâce ne mouille pas sur ceux qui se croient justes, disait Pascal.

C'est dans la mesure où l'on se reconnaît pécheur que Dieu nous rend digne de lui ! N'est-ce pas la raison pour laquelle St Benoît désirait que l'on dise chaque jour le psaume 50ème, le fameux psaume de David ? “Seigneur, crée en moi, en moi qui ressemble tellement à Jacob, crée en moi un cœur pur !“.


Comprenez-vous désormais pourquoi j'ai une grande affection pour Jacob ? 

vendredi 5 juillet 2013

Dieu Providence !

T.O. 13  Vendredi  2013 -        

C'est toujours un peu frustrant, me semble-t-il, d'entendre un récit qui omet de nombreux passages du texte cité. C'est le cas aujourd'hui de notre lecture qui ne fait que parcourir les chapitres 23 et 24 du livre de la Genèse. Certes, on ne peut pas faire de longues lectures au cours d'une cérémonie liturgique. Surtout en Occident ! Les Orientaux sont moins avares de leur temps ! Mais, finalement, cette réduction du texte est certainement une invitation, pour chacun, à aller voir le texte intégral. Je me permets de vous y encourager.

Il est question d'abord de la sépulture de Sara. Le texte intégral présente un amusant palabre commercial entre les habitants du pays, les fils de Heth, et Abraham à propos du terrain que celui-ci désire pour enterrer son épouse.
- C'est que Abraham ne veut pas recevoir gratuitement même une modeste parcelle de terrain. Car la terre dont il est question, c'est la terre promise par Dieu. Dieu seul peut donner cette terre. Il ne peut la recevoir gratuitement que de Dieu. Qu'il y ait une transaction commerciale pour l'occuper, soit ! Mais "tout don valable..., dira St Jacques (Jc 1.17), descend du Père des lumières".
+ C'est Dieu qui a l'initiative de la création et qui donne à tous nourriture et vie, dit le psaume 104.
+ C'est Dieu encore qui a l'initiative du salut : "Sache aujourd'hui que ce n'est pas ta juste conduite qui te vaut de recevoir de Dieu cet heureux pays pour domaine", dira le Deutéronome (9.6). Et Jésus le soulignera également à la Samaritaine à propos de l'eau vive...  
+ Et, redisons-le, le plus grand des dons que Dieu nous fait, c'est son propre Fils : "Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique" (Jn 3.16), ce Fils tout rempli de la richesse du Père : "Et le Verbe s'est fait chair et...  nous avons contemplé sa gloire, gloire qu'il tient de son Père" (Jn 1.14)  Si nous savions mesurer le "Don de Dieu", nous réaliserions qu'ayant reçu gratuite-ment, il nous faut donner gratuitement, dira Notre Seigneur (Cf Mth 10.8).

- Il y a encore une réalité importante à propos de la sépulture de Sara. L'acquisition du terrain est réalisée par Abraham après un long palabre. Je me souviens, lors d'un séjour à Jérusalem : alors que nous nous apprêtions à faire des achats dans le "souk" de la vieille ville, un vieux dominicain nous a lancé : "surtout, ne craignez pas de perdre du temps pour n'importe quel achat. Sinon vous passerez pour des imbéciles et vous paierez le prix fort !". Tant il est vrai qu'en Orient, normalement, on ne peut faire une transaction sans d'abord se connaître ! Nous avons suivi le bon conseil et nous avons eu droit à des achats à des prix convenables autour d'un thé rafraîchissant.
Et si nous savions reconnaître cette grande communion familiale, cette fraternité entre nous, chrétiens, à l'occasion des dons que chacun a reçus et qu'il doit transmettre ! En terre chrétienne, un "don" ne se fait pas par autoritarisme ou simple esprit commercial. Et il ne se reçoit pas sans gratitude. Lorsqu'on a tant reçu de Dieu, tout calcul, toute étroitesse de cœur deviennent scandaleux. "Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement !" (Mth 5.42). Et puis, le don de Dieu en Jésus Christ nous entraîne plus loin : Jésus "a offert sa vie pour nous", sa grâce nous porte à "offrir nous aussi notre vie pour nos frères", nous dit St Jean (I Jn 3.16). Mais cela exige d'abord de se connaître, de se reconnaître "frères" en Jésus Christ ! Et, pour cela, il faut y prendre du temps !

Notre lecture d'aujourd'hui nous propose encore une autre méditation, à propos du mariage d'Isaac et de Rebecca !
Vous vous souvenez de l'histoire d'Agar - c'était Jeudi dernier - qui, en grande difficulté, fait la réconfortante rencontre avec l'ange du Seigneur près d'une source. Et comme (en hébreu), une "source", c'est "l'œil de l'eau", cette source devient pour elle une "vision de vie", puisque l'ange lui promet un fils, "Ismaël", nom qui veut dire : "Dieu a écouté" ta plainte ! - Alors, elle s'écrit : "Tu es El Roï", ce qui veut dire : “Tu es le Dieu qui me voit !“ ; Tu es le Dieu-Providence à mon égard. Aussi nomme-t-elle le puits “Lahaï Roï“, ce qui veut dire : “Au vivant qui me voit !“.

Et cette foi en Dieu-Providence est souvent affirmée dans la Bible. Elle est affirmée à propos du mariage de Rébecca et d'Isaac.
+ Abraham devient vieux… Il se préoccupe de trouver une épouse pour son fils Isaac. Il ne veut pas qu’il se marie avec une cananéenne du coin ! Alors il envoie un vieux serviteur en Mésopotamie. Le serviteur demande : "Peut-être cette femme ne consentira-t-elle pas à venir en ce pays-ci : devrais-je ramener ton fils au pays d'où tu es sorti ? - Abraham répondit : Garde-toi d'y ramener mon fils !… Et si la femme ne veut pas te suivre, tu seras délié du serment que tu viens de me faire...!"
Autrement dit, dans la Bible, on ne revient en arrière que pour mieux aller en avant. On n’interroge le passé que pour prendre son élan vers l'avenir ; on ne retient du passé que ce qu'il comporte d’avenir. Si on avait une telle psychologie de foi, une telle psychologie biblique, chrétienne, bien des problèmes se résoudraient automatiquement. Il n'y aurait ni intégriste, ni progressiste. Il n'y aurait que des progressants !

+ Alors le serviteur se met en route... et il arrive en Mésopotamie. Il fait s’agenouiller les chameaux en dehors de la ville près d'un puits (encore un puits !), à l’heure du soir, à l’heure où les femmes sortent pour puiser l'eau.
Et il demande à Dieu un signe : La jeune fille à qui je dirai : "Incline ta cruche, que je boive" et qui répondra : "Bois et j'abreuverai aussi tes chameaux", ce sera celle-là que tu as destinée à ton serviteur Isaac...".
Il faut remarquer que, dans la Bible, le comportement des femmes envers les cruches est extrêmement révélateur de leur caractère : il y a la Samaritaine qui oublie sa cruche, il y a Marie Madeleine, Marie de Béthanie etc.
Ici, le critère, c’est la jeune fille qui ne s’économise pas, qui est généreuse !
Si je lui "demande un peu d’eau à boire"(c’est la même demande de Jésus à la Samaritaine au puits de Jacob) ...et qui répondra : "Bois et j'abreuverai aussi tes chameaux", (Et ce n’est pas un petit travail que d’abreuver toute une caravane de chameaux !), ce sera celle que Dieu a choisie, une femme généreuse !

+ A peine avait-il fini de parler que Rebecca arrive : elle avait sa cruche sur l’épaule, etc. Elle remplit toutes les conditions qu'il avait exprimées à Dieu...
Alors, il y a une réflexion extraordinaire : "L'homme la considérait en silence, se demandant si Dieu l'avait ou non mené au but".
Voilà toute la spiritualité biblique la plus fondamentale : non pas élaborer des systèmes qu'on plaque sur la réalité, mais déchiffrer l'existence sous le regard de Dieu, au fur et à mesure que cette existence se déroule.
La Vierge Marie ne faisait pas autre chose. Elle méditait en son cœur. St Luc nous dit cela deux fois ! Ce n'est pas par hasard ! (Lc 2.19,51). Dieu lui avait tout dit à l'Annonciation, à la Présentation au Temple. Mais elle méditait dans son cœur le dessein de Dieu qui se réalisait dans le concret de son existence !

+ Ayant fait cette expérience, le vieux serviteur n’en finit pas d'en rendre grâce tellement il est bouleversé.
"Je me suis prosterné et j'ai adoré Dieu, j'ai béni le Dieu de mon maître Abraham, qui m'avait conduit, par un chemin de bonté, prendre pour son fils la fille du frère de mon maître".
Il faudrait qu'à la fin de chaque journée, nous puissions repasser les événements en essayant de découvrir leur signification providentielle, parce qu'il n'y a pas de hasard. Si le hasard existe, ce n'est que Dieu qui nous visite incognito. Il nous faut découvrir Dieu, notre éternelle Providence !

+ Le serviteur se remet en route avec Rebecca ; il revient. Et l'histoire se termine non loin du puits de "Lahaï-Roï" : du puits du "Vivant qui me voit"
"Or, est-il dit, Isaac sortit pour se promener dans la campagne, à la tombée du soir"
Il y a là un mot mystérieux : "lassouakh" ; cela veut dire : "se promener en méditant", "en priant et en méditant ". Et dans la spiritualité juive, on rattache la prière du soir à cette promenade que Dieu fait, le soir, en méditant - "lassouakh" -. Comme il est dit de Dieu après la faute d'Adam et Eve : "Ils entendirent le pas de Dieu qui se promenait - "lassouakh" - dans le jardin à la brise du jour".

+ Et il nous faut bien retenir la merveilleuse finale du texte : "Et, levant les yeux, Isaac vit que des chameaux arrivaient. Et, Rébecca, levant les yeux, vit Isaac..." .
Considérez bien ces yeux qui "se lèvent" sous les yeux de Celui qui voit, au puits du "Vivant qui me voit"… ! Il faut raconter cette histoire à tous les fiancés !


Qui dira alors qu'il n'y a pas un Dieu-Providence qui ne cesse de nous voir, afin qu'un jour nous puissions le voir, à notre tour, voir celui qui nous voit sans cesse ? “Quand irai-je et verrai-je la face de Dieu.“ (Ps. 83)