1er Dimanche de l'AVENT 2014
Tous les textes de ce premier dimanche de
l'Avent nous exhortent à veiller, avec fidélité, dans l'attente de la manifestation
plénière de Notre Seigneur.
- "Reviens,
Seigneur", implorait le prophète Isaïe, (1ère
lect.).
"Ah ! Si tu déchirais les cieux, si
tu descendais... !".
- Oui, nous attendons "de voir se révéler Notre Seigneur
Jésus Christ", précisait St Paul.
- Il nous faut donc veiller, car "on ne sait pas quand le Maître de la
maison reviendra", nous avertit l'évangile.
Et en cette attente, en cette veille, Marie
sera toujours notre aide, notre exemple ! Surtout en ce lieu appelé
"La Paix Notre-Dame" ! Oui, qu'elle nous donne sa paix, cette paix
qui est l'un des précieux fruits de la charité. St Paul l'envisage, cette paix,
comme une ceinture qui maintient notre âme près de Dieu : "La Paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera vos cœurs
et vos pensées en Jésus-Christ", annonce-t-il aux Philippiens (4.7). Car la paix -
cette paix intérieure de l'âme -, est comme l'expression de la complaisance que
l'Esprit-Saint éprouve à faire habiter le Fils de Dieu en nos âmes, comme il a
su le faire magnifiquement en Marie !
Aussi, en ce début d'année liturgique,
demandons à Marie - elle qui accepta de recevoir en elle le "Prince de la
Paix - de nous maintenir en la paix tout au long de l'année, sans nous laisser
troubler ni par les ressentis de notre sensibilité qui se fait parfois en nous
"la folle du logis", ni par les événements plus ou moins perturbants
qui nous parviennent de l'extérieur.
Regardons Marie.
Or, l'avez-vous remarqué ? L'évangile de l'Annonciation se termine très
brutalement : "Alors, l'ange la
quitta !". Cela semble évoquer, non pas seulement la fin d'un
entretien, mais le début d'un long, d'un très long silence de Dieu, avant sa
pleine manifestation.
Ne sommes-nous pas dans la même
disposition. Une annonce de Dieu s'est faite à nous-mêmes, au jour de notre
baptême, au jour de notre profession religieuse, et en divers moments de grâce.
Et depuis lors, c'est souvent le temps de la fidélité silencieuse.
D'après les évangiles, Marie n'a pas eu
d'autre révélation extraordinaire que celle de l'Annonciation. Depuis ce moment
où "le ciel s'est uni à la terre", Marie, à travers les épreuves et
les obscurités, est restée fidèle à son "oui" initial, médité
dans le silence, réactualisé dans tous les événements. Comme dit le
Concile Vatican II : "La Vierge
avança dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l'union avec son Fils,
jusqu'à la Croix". (LG 58).
L'exemple de Marie est très précieux pour
nous qui sommes encore "en pèlerinage", dans un monde où notre foi
est souvent mise à l'épreuve, en tous les cas à l'épreuve de l'attente.
La foi de Marie au message de l'Annonciation
est, doit être le modèle de notre foi. Ce qui lui est annoncé : une maternité
qui laissera sa virginité intacte, est humainement impossible.
Mais être "fils de Dieu",
participer à la vie divine, c'est également humainement impossible pour nous.
Et pourtant, c'est l'annonce qui nous a été, qui nous est faite. -
Marie, notre modèle, répond simplement pour
nous et avec nous : "Voici la
Servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole !".
Elle fait totalement confiance à la Parole de Dieu, à qui "rien n'est impossible", selon l'expression de l'ange ;
elle engage sa vie une fois pour toutes, au service du "Fils de Dieu"
dont le mystère la dépasse infiniment. La
foi de Marie au Dieu qui parle, qui sauve, une foi attentive, inconditionnelle
et active, c'est bien le trait fondamental du "visage évangélique" de
Marie. Elle est bien pour nous un exemple. Son acte de foi initial va se
prolonger en une longue fidélité, il va s'approfondir à l'épreuve du temps, de
l'obscurité et de la souffrance. C'est bien là aussi notre épreuve. C'est
parfois dans l'obscurité et la souffrance que notre foi se manifeste et
grandit.
- La première épreuve pour la foi de Marie,
ce fut sans doute la pauvreté dans laquelle Jésus vint au monde.
L'ange lui avait dit : "Le Seigneur lui donnera le trône de David son père… Son règne
n'aura pas de fin… Il sera appelé Fils de Dieu !". Dans l'étable de
Bethléem, au milieu de quelques bergers, il fallait avoir la foi pour
reconnaître le Sauveur…! La foi des pauvres, comme Marie et les bergers !
- Le jour de la Présentation de Jésus au
temple, les paroles inspirées de Siméon obligent la foi de Marie à un dépassement
: Jésus vient comme lumière et salut non seulement pour "la Maison de Jacob", mais pour tous les peuples.
Et Luc précise : "le Père et la mère
de l'enfant s'étonnaient de ce qu'on disait de lui !". Oui, Marie
s'étonne ; elle découvre de nouvelles perspectives, mystérieuses. Sans tout
comprendre, elle avance dans la foi.
- Puis, ce furent les longues années de la
vie cachée de Jésus, à Nazareth. Le Fils de Dieu, le Sauveur de tous les
peuples, mène une vie "ordinaire" et travaille comme un simple
charpentier. Marie a vécu cette vie cachée, dans la foi. Le message de
l'Annonciation lui suffisait.
- De toute cette période de l'enfance, les
évangélistes n'ont retenu qu'un épisode, celui de Jésus retrouvé au Temple. Et
ce fut justement pour la foi de Marie l'épreuve de l'obscurité. "Ne le saviez-vous pas ! C'est chez mon
Père que je dois être. Mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait !" (Lc 2/48-50).
- Après trente ans de vie toute ordinaire,
nous retrouvons Marie aux noces de Cana. A sa demande, Jésus répond de
façon mystérieuse et déroutante : "Femme,
que me veux-tu ? Mon heure n'est pas encore venue !". Mais la foi de
Marie, mûrie dans le silence de Nazareth, ne se laisse pas déconcerter. Sa
consigne aux serviteurs exprime une foi inconditionnelle en Jésus : "Tout ce qu'il vous dira, faites-le
!". Les disciples croiront après avoir vu le miracle. Marie, elle,
croit avant d'avoir vu.
- C'est à l'heure de la croix que la
foi de Marie a connu l'épreuve la plus radicale. Le Messie d'Israël avait été
condamné par les autorités de son propre peuple ; le Fils de Dieu était fouetté
comme un esclave ; le Sauveur mourait sur un gibet !
Mais, dans le cœur de Marie, résonnait
toujours le message de l'Annonciation, fidèlement gardé : "Il sera grand… Il règnera pour toujours !". Dans les
ténèbres du Vendredi Saint, Marie s'associe d'un cœur maternel au sacrifice de
Jésus. Et c'est à ce moment-là qu'elle enfante, dans l'Esprit Saint, le
nouveau peuple des croyants : "Femme,
voici ton fils", lui dit Jésus en désignant Jean, ce seul disciple au
pied de la croix, le disciple bien-aimé qui représente tous les disciples qui
s'approchent du mystère pascal du Christ !
Comme il est important pour nous de savoir
que la Vierge Marie a marché dans la foi, à travers des obstacles et des
épreuves, qu'elle a médité, à la lumière des Ecritures, pour chercher le sens
des événements de sa vie.
Ce "pèlerinage de foi" est aussi
le nôtre.
En Marie, nous reconnaissons le modèle de notre foi en Jésus, le Fils de Dieu,
né de la Vierge et ressuscité des morts par la puissance de l'Esprit-Saint.
La foi n'est pas un trésor qu'on possède
une fois pour toutes. C'est un cheminement, une progression. Il faut accepter
d'avancer, le plus souvent dans l'obscurité, avec pour seul guide la parole de
Jésus et la lumière de l'Esprit-Saint.
Que Marie, la Vierge fidèle, nous obtienne
par sa prière, comme aux noces de Cana, de reconnaître la gloire du Seigneur et
de croire en lui de plus en plus.