dimanche 30 novembre 2014

Marie, notre modèle de foi !

1er Dimanche de l'AVENT 2014

Tous les textes de ce premier dimanche de l'Avent nous exhortent à veiller, avec fidélité, dans l'attente de la manifestation plénière de Notre Seigneur.
- "Reviens, Seigneur", implorait le prophète Isaïe, (1ère lect.). "Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais... !".
- Oui, nous attendons "de voir se révéler Notre Seigneur Jésus Christ", précisait St Paul.
- Il nous faut donc veiller, car "on ne sait pas quand le Maître de la maison reviendra", nous avertit l'évangile.
Et en cette attente, en cette veille, Marie sera toujours notre aide, notre exemple ! Surtout en ce lieu appelé "La Paix Notre-Dame" ! Oui, qu'elle nous donne sa paix, cette paix qui est l'un des précieux fruits de la charité. St Paul l'envisage, cette paix, comme une ceinture qui maintient notre âme près de Dieu : "La Paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ", annonce-t-il aux Philippiens (4.7). Car la paix - cette paix intérieure de l'âme -, est comme l'expression de la complaisance que l'Esprit-Saint éprouve à faire habiter le Fils de Dieu en nos âmes, comme il a su le faire magnifiquement en Marie !

Aussi, en ce début d'année liturgique, demandons à Marie - elle qui accepta de recevoir en elle le "Prince de la Paix - de nous maintenir en la paix tout au long de l'année, sans nous laisser troubler ni par les ressentis de notre sensibilité qui se fait parfois en nous "la folle du logis", ni par les événements plus ou moins perturbants qui nous parviennent de l'extérieur.

Regardons Marie.
Or, l'avez-vous remarqué ? L'évangile de l'Annonciation se termine très brutalement : "Alors, l'ange la quitta !". Cela semble évoquer, non pas seulement la fin d'un entretien, mais le début d'un long, d'un très long silence de Dieu, avant sa pleine manifestation.
Ne sommes-nous pas dans la même disposition. Une annonce de Dieu s'est faite à nous-mêmes, au jour de notre baptême, au jour de notre profession religieuse, et en divers moments de grâce. Et depuis lors, c'est souvent le temps de la fidélité silencieuse.
D'après les évangiles, Marie n'a pas eu d'autre révélation extraordinaire que celle de l'Annonciation. Depuis ce moment où "le ciel s'est uni à la terre", Marie, à travers les épreuves et les obscurités, est restée fidèle à son "oui" initial, médité dans le silence, réactualisé dans tous les événements. Comme dit le Concile Vatican II : "La Vierge avança dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l'union avec son Fils, jusqu'à la Croix". (LG 58).

L'exemple de Marie est très précieux pour nous qui sommes encore "en pèlerinage", dans un monde où notre foi est souvent mise à l'épreuve, en tous les cas à l'épreuve de l'attente.

La foi de Marie au message de l'Annonciation est, doit être le modèle de notre foi. Ce qui lui est annoncé : une maternité qui laissera sa virginité intacte, est humainement impossible.
Mais être "fils de Dieu", participer à la vie divine, c'est également humainement impossible pour nous. Et pourtant, c'est l'annonce qui nous a été, qui nous est faite. -
Marie, notre modèle, répond simplement pour nous et avec nous : "Voici la Servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole !". Elle fait totalement confiance à la Parole de Dieu, à qui "rien n'est impossible", selon l'expression de l'ange ; elle engage sa vie une fois pour toutes, au service du "Fils de Dieu" dont le mystère la dépasse infiniment. La foi de Marie au Dieu qui parle, qui sauve, une foi attentive, inconditionnelle et active, c'est bien le trait fondamental du "visage évangélique" de Marie. Elle est bien pour nous un exemple. Son acte de foi initial va se prolonger en une longue fidélité, il va s'approfondir à l'épreuve du temps, de l'obscurité et de la souffrance. C'est bien là aussi notre épreuve. C'est parfois dans l'obscurité et la souffrance que notre foi se manifeste et grandit.

- La première épreuve pour la foi de Marie, ce fut sans doute la pauvreté dans laquelle Jésus vint au monde.
L'ange lui avait dit : "Le Seigneur lui donnera le trône de David son père… Son règne n'aura pas de fin… Il sera appelé Fils de Dieu !". Dans l'étable de Bethléem, au milieu de quelques bergers, il fallait avoir la foi pour reconnaître le Sauveur…! La foi des pauvres, comme Marie et les bergers !

- Le jour de la Présentation de Jésus au temple, les paroles inspirées de Siméon obligent la foi de Marie à un dépassement : Jésus vient comme lumière et salut non seulement pour "la Maison de Jacob", mais pour tous les peuples. Et Luc précise : "le Père et la mère de l'enfant s'étonnaient de ce qu'on disait de lui !". Oui, Marie s'étonne ; elle découvre de nouvelles perspectives, mystérieuses. Sans tout comprendre, elle avance dans la foi.

- Puis, ce furent les longues années de la vie cachée de Jésus, à Nazareth. Le Fils de Dieu, le Sauveur de tous les peuples, mène une vie "ordinaire" et travaille comme un simple charpentier. Marie a vécu cette vie cachée, dans la foi. Le message de l'Annonciation lui suffisait.

- De toute cette période de l'enfance, les évangélistes n'ont retenu qu'un épisode, celui de Jésus retrouvé au Temple. Et ce fut justement pour la foi de Marie l'épreuve de l'obscurité. "Ne le saviez-vous pas ! C'est chez mon Père que je dois être. Mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait !" (Lc 2/48-50).

- Après trente ans de vie toute ordinaire, nous retrouvons Marie aux noces de Cana. A sa demande, Jésus répond de façon mystérieuse et déroutante : "Femme, que me veux-tu ? Mon heure n'est pas encore venue !". Mais la foi de Marie, mûrie dans le silence de Nazareth, ne se laisse pas déconcerter. Sa consigne aux serviteurs exprime une foi inconditionnelle en Jésus : "Tout ce qu'il vous dira, faites-le !". Les disciples croiront après avoir vu le miracle. Marie, elle, croit avant d'avoir vu.

- C'est à l'heure de la croix que la foi de Marie a connu l'épreuve la plus radicale. Le Messie d'Israël avait été condamné par les autorités de son propre peuple ; le Fils de Dieu était fouetté comme un esclave ; le Sauveur mourait sur un gibet !
Mais, dans le cœur de Marie, résonnait toujours le message de l'Annonciation, fidèlement gardé : "Il sera grand… Il règnera pour toujours !". Dans les ténèbres du Vendredi Saint, Marie s'associe d'un cœur maternel au sacrifice de Jésus. Et c'est à ce moment-là qu'elle enfante, dans l'Esprit Saint, le nouveau peuple des croyants : "Femme, voici ton fils", lui dit Jésus en désignant Jean, ce seul disciple au pied de la croix, le disciple bien-aimé qui représente tous les disciples qui s'approchent du mystère pascal du Christ !

Comme il est important pour nous de savoir que la Vierge Marie a marché dans la foi, à travers des obstacles et des épreuves, qu'elle a médité, à la lumière des Ecritures, pour chercher le sens des événements de sa vie.

Ce "pèlerinage de foi" est aussi le nôtre. En Marie, nous reconnaissons le modèle de notre foi en Jésus, le Fils de Dieu, né de la Vierge et ressuscité des morts par la puissance de l'Esprit-Saint.

La foi n'est pas un trésor qu'on possède une fois pour toutes. C'est un cheminement, une progression. Il faut accepter d'avancer, le plus souvent dans l'obscurité, avec pour seul guide la parole de Jésus et la lumière de l'Esprit-Saint.

Que Marie, la Vierge fidèle, nous obtienne par sa prière, comme aux noces de Cana, de reconnaître la gloire du Seigneur et de croire en lui de plus en plus.

dimanche 23 novembre 2014

Royaume d'Amour !

Fête du Christ-Roi A/14

Dans l'évangile, Jésus nous dit que le seul visa pour l'éternité sera notre amour pour le prochain, spécialement pour celui qui souffre, qui est malheureux.
Au soir de notre vie, il ne nous sera pas demandé le nombre de nos actions héroïques, la qualité de nos productions scientifiques, littéraires, l'observation rigoureuse de préceptes et prescriptions, de règlements et règlementations, de codes et consignes...
Au soir de notre vie, nous regarderons les visages rencontrés ou évités et nous les entendrons, chacun, nous dire : "tout ce que tu m'as fait ou pas fait, c'est à Dieu que tu l'as fait ou pas fait. Tout ce que tu m'as donné de joie ou de douleur, c'est à Dieu que tu l'as donné". C'est devant "l'autre", ce prochain le plus proche, ce quelqu'un le plus quelconque, que se joue notre destin éternel.

De tout ce que nous aurons réalisé, pensé, découvert sur cette terre, il ne restera plus qu'une seule réalité : ces rencontres avec nos frères. Dieu met sur notre chemin des êtres meurtris, privés de pain, de chaleur humaine, de dignité, de liberté, d'amour. En verrions-nous seulement un sur cent, c'est cet amour concret qui nous sauvera.

L'enjeu est si fulgurant que nous nous empressons parfois d'oublier cette page d'évangile... Pourtant, Dieu y tient ! Déjà, il proclamait par le prophète Isaïe (Cf. 58.7sv) : Si tu tends la main à ton frère souffrant, tes blessures seront cicatrisées, ton bonheur se lèvera comme une aurore. Si tu ne te dérobes pas devant le tourment de ton semblable, je serais là, tout proche de toi... !
Jésus, lui, va encore beaucoup plus loin. Il s'identifie réellement à tout homme qui souffre, à tout homme humilié.

Si l'on a dit de Mozart qu'il est la musique faite homme, on pourrait dire de Jésus qu'il est l'Amour fait homme. Il donne un visage précis à ce mot "Amour" dont la géométrie est tellement variable aujourd'hui. Jésus nous dit et redit : tu veux savoir ce que signifie le verbe aimer, interroge donc ceux que j'ai rencontrés. Interroge ces exclus de toutes les exclusions, ces affamés de toutes les faims, ces blessés de toutes les blessures.

Interroge cette femme prise en flagrant délit d'adultère, condamnée à la mort la plus infamante... Arrachée à l'horreur, elle te dira de quel amour elle fut aimée...

Interroge ce fonctionnaire véreux, cet escroc, Zachée, exploiteur des pauvres, objet de dégout pour ses compromissions avec l'occupant. Libéré des ambitions qui le dévorent, il te dira si ce jour-là il fut aimé...

Interroge cette prostituée, objet de sarcasmes chez Simon le Pharisien. Qu'elle te dise mon regard sur elle, ce regard qui a changé en diamant la fange de sa vie. Cette femme saura te raconter ce que "aimer" veut dire ...

Interroge cet homme à la main desséchée que j'ai guéri un jour de Sabbat dans la Synagogue, transgressant, pour lui tout seul, le tabou le plus sacré. Lui aussi a connu la puissance libératrice de l'amour...

Interroge Simon-Pierre, après son reniement et son pardon reçu ; demande-lui jusqu'où va l'amour lorsque c'est Dieu fait homme qui aime.

Interroge ces multitudes de pécheurs publics et dévoyés de tout acabit, ils te diront ce que j'ai enduré de mépris de réprobation pour avoir osé les fréquenter, les rencontrer.

Oui, le Christ, dans une refonte totale de l'échelle des valeurs, s'en est pris à tous nos systèmes d'exclusion... Comme le mal doit être profond en nous pour que deux mille ans plus tard, nous ne cessions toujours pas d'exclure !... Et lorsqu'il n'y a pas de motif d'exclusion, nous en inventons... : "J'exclus donc je suis". - "Pas de pitié pour ceux qui ne sont pas comme moi !" Telle est la loi impitoyable de la survie humaine, pourrions-nous dire.

Or sur la Croix, cette logique d'exclusion semble triompher... !
Pourtant, n'est-ce pas là que l'amour va le plus loin, en Jésus-Christ ?... Car que peut naître sur le visage d'un torturé sinon le rictus de la vengeance ?... Le Christ, lui, à cet instant, n'a pourtant qu'une pensée : Prier pour ses bourreaux.
Le projet du mépris était d'engendrer le mépris. Cette fois, avec le Christ, la haine est vaincue. L'overdose de la haine a décuplé l'amour.
Ce n'est pas en raison de je ne sais quel mauvais gout morbide que les chrétiens privilégient l'image du Christ en croix. Ils y voient la certitude que chaque homme est aimé à la folie. Le prophète Isaïe avait bien annoncé la parole du Christ en Croix : "Regarde, je t'ai gravé sur la paume de mes mains" (49.16). Oui, la dimension sacrée du plus petit parmi les humains ne vient pas seulement de ce qu'il est taillé dans l'étoffe divine "à l'image et ressemblance" de Dieu, qu'il est né du cœur de Dieu-Créateur ; mais la dimension sacrée de l'homme vient encore et surtout de ce qu'il est : "Celui pour qui le Christ est mort !".

Le Christ ne laissera pas se perdre un des plus petits parmi les hommes, car c'est pour lui qu'il est mort par amour. C'est à cause de cet amour qu'il pouvait annoncer par le prophète Ezéchiel (34.16sv) : "La brebis perdue, je la chercherai, je la ramènerai, je la soignerai. Je lui rendrai forces !".

C'est avec un sceptre de dérision et une couronne d'épines que Jésus affirme sa royauté. Cet amour, nié, bafoué, crucifié, c'est pourtant là, le secret de l'univers, la force qui peut mouvoir les hommes, qui peut instaurer le Royaume de Dieu. C'est l'amour seul qui aura le dernier mot, parce qu'il est l'unique réalité, l'unique absolu.

Or c'est sur cet amour que nous serons jugés, car il est la seule réalité du Royaume de Dieu.
C'est ainsi que tout sera sous le pouvoir du Fils, nous dit St Paul. Et ce Fils se remettra lui-même sous le pouvoir au Père qui lui a tout soumis. Et ainsi "Dieu sera tout en tous !". ROYAUME de DIEU !
N'est-ce pas en cela que doit se manifester, dira St Paul par ailleurs (I Thess 1.2), notre foi active, notre amour qui se met toujours en peine, notre persévérante espérance en NS. Jésus Christ ?

samedi 22 novembre 2014

Liturgie !

22 Novembre - Ste Cécile - 

Ste Cécile, patronne des musiciens, des chorales liturgiques !

Le pape Benoît XVI qui naguère a écrit un petit ouvrage sur "le sens de la musique" disait dans son célèbre discours au collège des Bernardins à Paris, le 22 Septembre 2008 : "De l'exigence capitale (pour une chrétien) de parler avec Dieu et de le chanter sont nés le chant, la musique. Ce n'est pas là l'œuvre d'une créativité personnelle où l'individu, prenant comme critère essentiel la représentation de son propre moi, s'érige un monument à soi-même (car il y a toujours ce problème de l'orgueil prométhéen !). Il s'agit plutôt de reconnaître attentivement, avec les oreilles du cœur, les lois constitutives de l'harmonie musicale de la création, les formes essentielles de la musique émise par le Créateur dans le monde et en l'homme, et d'inventer une musique digne de Dieu qui soit en même temps authentiquement digne de l'homme et qui proclame hautement cette dignité".

C'est clair : pour le pape, la musique religieuse dérive de la liturgie qui chante le mystère de Dieu et les "merveilles" qu'il accomplit pour les hommes. Pourquoi ? St Augustin répond en un mot que la vie de Ste Cécile, amante du Christ, ne peut que confirmer : "Cantare amantis est, chanter est le fait de celui qui aime !". Aimer Dieu et le chanter ! Aimer les "merveilles" de Dieu et les célébrer !

Aimer Dieu et le chanter !
- La liturgie est une participation au dialogue trinitaire du Père et du Fils exprimé dans le souffle d'amour de leur Esprit commun. Elle s'enracine en cette affirmation de St Jean (1.1) : Au commencement était le Verbe (Parole). Et le Verbe était en élan vers le Père. Les textes liturgiques, les chants liturgiques nous font participer à cette "Parole divine" - le Verbe de Dieu - adressée au Père par le lien de leur Esprit d'Amour

- "Et le Verbe était Dieu. Tout fut par Lui ! Et rien de ce qui fut ne fut sans Lui !" La liturgie est une "action de grâces" pour tout le créé confié à l'homme. Elle chante le chant aux extraordinaires harmoniques qui éclatent du plus petit atome jusqu'aux constellations des étoiles en passant par la "merveille" qu'est l'homme lui-même : "Je chante la merveille que je suis", déclamait le psalmiste (138.14). Toute la Bible et principalement les psaumes chantent l'action permanente du Verbe de Dieu, Créateur de toutes choses ! Et la liturgie est bien une action de grâce reconnaissante !

- "Et le Verbe s'est fait chair" pour nous faire connaître Dieu, nous mettre en relation, en alliance avec Dieu ! La liturgie célèbre ce "Verbe divin" qui s'est fait chair afin de nous conduire déjà jusqu'à l'intime de Dieu et de nous faire participer aux chants des myriades d'anges qui, sans cesse, célèbrent les noces éternelles de l'Epoux et de l'Epouse : du Christ et de l'Eglise. En union avec la Jérusalem céleste, la liturgie nous permet de célébrer, avec toutes les fibres de notre être, les réalités du ciel vers lesquelles on aspire...

Aussi, les Anciens disaient que la liturgie nous fait "psalmodier avec sagesse" - "psallite sapienter" - ...nous fait psalmodier un chant qui dépasse nos capacités humaines et en lequel la recherche orgueilleuse d'un "bien chanter" est déplacée ! Car s'il y a le chant du corps, il y a surtout le chant du cœur ; et c'est ce chant du cœur qui est le plus important, car c'est un chant que Dieu lui-même nous inspire !

St Augustin l'affirme à sa manière en parlant de la "jubilation" bien supérieure à toutes expressions corporelles : "Bien chanter pour Dieu, c'est chanter par des cris de jubilation. En quoi cela consiste-t-il ? C'est comprendre qu'on ne peut pas expliquer par des paroles ce que l'on chante dans son cœur. En effet, ceux qui chantent, en faisant la moisson ou les vendanges, lorsqu'ils se mettent à exulter de joie par les paroles de leurs chants, sont comme gonflés d'une telle joie qu'ils ne peuvent pas la détailler par des paroles ! Ils renoncent à articuler des mots, ils éclatent en cris de jubilation ! Ce cri est un son manifestant que le cœur enfante des sentiments qu'il ne peut exprimer".

Le mouvement d'action de grâce qui s'exprime pour nous dans la liturgie est comme une réponse à l'incarnation du Verbe de Dieu - "Et le Verbe s'est fait chair !" -.
Le Verbe de Dieu s'est fait parole d'homme ! Il se fait en nous parole humaine, chant humain, musique humaine. Il y a bien "passage" du divin aux sens humains : incarnation. Mais - remarquons-le bien également -, ce "passage", cette transformation du Verbe divin en paroles humaines, en chants humains est aussi, inversement, spiritualisation de la chair, de nos sentiments qui, à un certains degré, n'arrivent plus à s'exprimer ! Et c'est cela "jubiler" : manifester un au-delà des mots, un au-delà du rationnel parce qu'on rejoint le "Verbe de Dieu" inexprimable, parfaitement et totalement !

Et c'est d'ailleurs en ce sens que le pape Benoît XVI invite fortement à la liturgie même ceux qui ne peuvent chanter : "Il est de fait, dit-il, que beaucoup de gens sont davantage capables de chanter avec le cœur qu'avec leur bouche, et leur cœur chante véritablement lorsqu'ils entendent le chant de ceux à qui il a été donné de chanter aussi avec la bouche. Si bien qu'en ces derniers, ils chantent en quelque sorte eux-mêmes ; et ainsi écoute reconnaissante et chant des chanteurs deviennent ensemble une louange unique de Dieu !". Une parfaite jubilation !

En reprenant un apologue de Gandhi, le pape écrivait : "Dans la mer vivent les poissons, et ils sont muets ; les animaux sur la terre crient ; mais les oiseaux, dans le ciel, chantent. A la mer appartient en propre le silence, à la terre le cri et au ciel le chant. Mais l'homme est participant des trois. Il porte en lui la profondeur de la mer, la pesanteur de la terre et la hauteur du ciel. Et c'est pourquoi leurs trois caractéristiques sont aussi les siennes : le silence, le cri et le chant".
C'est dire sans doute que c'est du silence que jaillit le chant. C'est dire aussi que le chant doit souvent revenir à sa source : ce silence qui, discrètement, secrète toutes les jubilations d'adoration.

Que Ste Cécile nous aide à célébrer le Seigneur et par nos silences, et par nos chants, et par nos jubilations inexprimables mais si riches qu'elles contiennent toute notre foi, toute notre espérance, tout notre amour de Dieu et des hommes, nos frères... !

vendredi 21 novembre 2014

"Le Jour" !

21 Novembre - Présentation de la Vierge Marie au Temple

En 543, on fit, à Jérusalem, la dédicace de la basilique Sainte-Marie-la-Neuve, érigée sur la colline de Sion, face à l'esplanade du temple. Et les Eglises d'Orient ont rattaché à cette dédicace le souvenir de l'entrée au temple de la Vierge Marie que rapportent certains écrits..., écrits anciens mais très peu fondés historiquement, tel le pro évangile de St Matthieu (écrit vers 150).

Mais foin de l'histoire pour le moment ! Marie se présente dans le temple, comme elle-même présentera son divin Fils dans le temple ! Et ce Fils qu'elle annonce, qu'elle portera, deviendra lui-même "Temple de Dieu" : "Détruisez ce temple et en trois jours, je le rebâtirai", dira-t-il (Jn 2.19).
Aussi, cette mère - la Mère de Dieu -, en entrant dans le temple, devient elle-même, selon l'expression de la liturgie orientale, "temple de la sainte gloire du Christ, notre Dieu"  : elle devient temple de la manifestation (c'est le sens du mot "gloire") de Dieu parmi les hommes. Et le Bx Paul VI avait raison, au lendemain du Concile Vatican II, de déclarer Marie "Temple de Dieu", Mère de l'Eglise!

C'est en ce sens que l'on peut appliquer à Marie ce que le livre des Proverbes (notre lecture) dit à propos de la Sagesse : "Le Seigneur m'a créée, prémices - au commencement - de son œuvre...", de cette œuvre de la manifestation glorieuse de Dieu parmi les hommes !

La SAGESSE, dans l’Ancien Testament est en quelque sorte personnifiée. C’est une créature.  Mais, c’est une créature qui existe avant la création du monde : “Le Seigneur m’a créée au commencement“.
"Au commencement !" - "bereschit" en hébreu !
- C'est le même terme qu'au début du livre de la Genèse (1.1) : "Au commencement ("bereschit"), Dieu créa...".
- C'est ce même terme auquel fait allusion St Jean au début de son évangile : "Au commencement était le Verbe... Et le Verbe fut chair". (Jn 1.1,4). Et il précisera : "Ce qui était dès le commencement, - ce que nous avons vu, contemplé... -, nous vous l'annonçons !" (I Jn 1. 1).

"Au commencement", "le Seigneur m'a créée...". Et dans un autre livre (le Siracide), il est dit : “la Sagesse a bâti sa maison… Elle a préparé un festin“. Et sa maison est comme l’échelle de Jacob : bien plantée ici-bas, mais elle s’élève très haut.
Il devient facile alors, en contemplant cette "maison", cette demeure de Dieu parmi les hommes, de penser à la Vierge Marie, Mère du Christ, Mère de l'Eglise, demeure de Dieu qui unit ciel et terre.

"Au commencement !" : "bereschit" ! Dieu m'a créée.
- "Au commencement" du premier jour de la création ! "Jour Un", unique ! -"Yom erad" en hébreu - comme si l'auteur de la Genèse ignorait qu'il y aurait un second, un troisième jour, etc.
- "Au commencement", dit St Jean, du premier jour de la re-création opérée par le Christ. Et Marie est là en ce "renouvellement". Elle nous présente son Fils en se présentant elle-même : "Tout fut par lui... En lui était la vie !" (Jn 1.3,4). En ce "Jour Un", unique lui aussi, parce qu'il manifeste une "plénitude" ("plèrôma"), selon St Paul :
+ Jour unique de la plénitude, de "l'accomplissement des temps" (Gal 4.4),
+ Jour unique de la "plénitude" du Christ dans tout l'univers (Col. 1.23 ; Eph. 4.13),
+ Jour unique de la "plénitude" de la présence de Dieu qui trouve "ses délices avec les fils des hommes", comme dit le livre de la Sagesse !
- "Au commencement" également du "Jour Un", unique de Dieu, le jour éternel... annoncé par le prophète Zacharie : "Voici qu'il vient le jour de Dieu…" (Za. 14.1) - "Et il y aura un jour unique...!" ("Yom erad") (Za 14.7). Jour unique de l'éternité où Marie est présente.

Finalement, comme pour Marie, il n'y a pour nous qu'un seul Jour : "Jour Un", unique de Dieu !
- Parce que c'est dans cette unité qu'a été lancée la création. 
- Parce que c'est dans cette même unité que la création a été renouvelée par le Christ !
- Parce que c'est dans cette même unité encore que la création s'achèvera à la fin des temps ! "Jour Un", unique ! ("Yom erad").
Finalement, nous-mêmes et toute la création avec nous, nous sommes insérés, enchassés dans le "Jour Unique" de Dieu, le Jour éternel de Dieu !

Oui, c'est dans l'unité, dans l'unité divine, dans cette Unité d'Amour qui ensserre les trois personnes divines que, déjà, nous sommes appelés à vivre le "Jour Un", unique, éternel de Dieu ! "Voyez de quel grand amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu" ; et nous le sommes ! Déjà ! "... Dès à présent nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n'a pas encore été manifesté. Nous savons que, lorsqu'il paraîtra, nous lui serons semblables, puisque nous le verrons tel qu'il est" (I Jn 3.1sv). En son Unité, en son "Jour Un", unique, éternel !

Marie se présente au temple !
- elle qui "au commencement", au jour "unique", éternel, fut dans la pensée de Dieu : "Avant que les montagnes ne soient fixées, avant les collines, je fus enfantée...",
- elle se présente, désirant être "à l'image et ressemblance de Dieu", telle que Dieu l'a voulue au "jour unique" de son éternité : "Maison", "temple" de Dieu. Ce fut toute sa vocatiuon au service de son divin Fils.
- Et, désormais, elle reste, au "jour unique" de l'éternité demeure du Christ et de tous les hommes qu'il s'est acquis comme "frères" par son sang (Cf. Ac. 20.28 ; I Pet 2.9).

Aussi, en ce jour consacré principalement aux Religieux, Religieuses - mais ne sommes-nous pas tous religieux, religieuses depuis notre baptême -, en ce jour, imitons Marie !
- Dès le "commencement", nous avons été dans la pensée de Dieu, déjà créés "à son image et ressemblance".
- Aujourd'hui et demain, nous sommes appelés - c'est notre vocation - à parfaire cette "image et ressemblance". Etre, nous aussi, "demeure de Dieu" !
- Alors, nous parviendrons nous-mêmes à ce "Jour unique", éternel de Dieu : nous lui serons alors "semblables parce que nous le verrons tel qu'il est" (Cf. I Jn 3.2) et qu'il nous verra totalement "à son image et ressemblance".

dimanche 16 novembre 2014

Le talent de notre cœur !

T.O. 33e Dimanche - 

Il est une expression que l'on entend souvent : "Qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu pour qu'il m'arrive une catastrophe pareille ?". Et pourquoi ne dit-on jamais : "Qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu pour être aussi heureux ?". -
Cela en dit long sur nos relations avec Dieu ! Nous ressemblons souvent à ce serviteur de la parabole qui s'avance vers son Maître et lui dit : "je savais que tu es un homme dur, j'ai eu peur !". Et il lui rend le seul talent qui lui avait été confié. Il rejette sur son Maître son manque d'initiative, sa peur du risque : "Tu demandes des choses impossibles ; alors, j'ai eu peur" ! 
Rappelons-nous ! Adam, devant Dieu qui lui demande des comptes, rejette la faute sur Eve… qui la rejette sur le serpent. Quand on se trouve dans l'incapacité de prendre un risque, on rejette les responsabilités sur les autres…, sur Dieu lui-même !  Or le talent que Dieu nous a confié et qui est notre propre cœur - cette capacité à aimer ayant été créé "à l'image et ressemblance" de Dieu-Amour -, ce talent, pourquoi l'enterrons-nous si souvent ? Notre angoisse, notre solitude, notre ennui ne viennent pas de Dieu ; ils sont souvent conséquences d'un amour inemployé, d'une infidélité !

"Dis-moi comment tu vis, je te dirai qui est ton Dieu !", a-t-on dit. Si tu vis frileusement, tristement, avec avarice de cœur, alors, tu diras, toi aussi, que ton Dieu est méchant ! Mais Dieu, Lui, nous dira : "Pourquoi ton œil serait-il mauvais parce que Moi, je suis bon ?" (Mth 20.15).

Pourtant, pourtant, tout au long de la Révélation biblique, Dieu se révèle superbe en générosité, magnanime. Dans un débordement de tendresse, il crée l'homme. Il lui confie l'univers. Il ouvre à sa créativité tous les chantiers possibles, depuis l'invention du feu, jusqu'à la cueillette des comètes, comme le prouve, il y a quelques jours, le robot Philaé déposé sur la comète Tchouri par la sonde Rosetta à 500 millions de km de la terre, après un parcours de plus de dix ans ! Ce qui va permettre sans doute une moisson de renseignements scientifiques au bénéfice de l'homme ! (s'il le veut !)
Rien n'est trop grand pour l'homme créé à l'image de Dieu, destiné à aimer par toutes sortes d'ingéniosités !
Ce n'est pas une histoire de fruit qui a perdu l'homme, qui l'a lézardé, brisé de l'intérieur. C'est plutôt l'orgueil qui, toujours, le pousse à vouloir prendre ce que Dieu veut lui donner, orgueil suscité par l'éternel Tentateur : "Vous serez comme des dieux" (Gen 3/5). Certes, c'était bien là le projet de Dieu. Mais devenir Dieu, c'est se recevoir d'un autre, et non pas aller répétant : "Moi, moi, et toujours moi" ! Comme le rapportait le prophète Isaïe : "Dans ton cœur, tu disais : C'est moi qui compte ; le reste n'est que néant !" (Is 47/8.1O).

Ce projet du Créateur est merveilleusement décrit au chapitre 16àme du prophète Ezéchiel. Je vous invite à le relire : l'Eternel se compare à un jeune prince - c'est le Maître de la parabole - qui, durant une promenade, rencontre un nouveau-né, une petite fille, jetée là, au milieu d'un champ, au jour même de sa naissance. Il porte contre son cœur cette enfant couverte de sang ; et il fait une promesse : "Tu vivras !". Rien ne sera trop beau pour cette petite fille, son enfant choisi, Israël, cette gamine qu'il a arrachée à la mort. "Tu vivras, tu t'épanouiras comme les fleurs des champs !". 
Aimée d'un tel amour, la petite fille grandit. Le Prince s'en émerveille : "Tu deviens, dit-il, de plus en plus éblouissante… grâce à mon amour dont je t'avais enveloppée…".  Le Prince, devenu roi, est amoureux de celle qui lui a demandé tant de soins, de tendresse. Le Cantique des Cantiques nous livre quelques confidences de cet amour : "Comme ta voix est douce, et ton visage, charmant ! (Cant 4/9).
La jeune fille devient reine. Mais là, tout se gâte. La bien-aimée n'est pas bien-aimante. Elle offre à ses amants les cadeaux de son mari… Le roi pleure en secret l'orgueil de celle qu'il ne veut ni ne peut arracher de son cœur. Il l'aimera si fort, si fort, qu'elle reviendra… !

Le thème de cette parabole rejoint celle de l'évangile... Il court tout au long des livres prophétiques. Il en est la trame !

Et Israël, désormais, c'est chacun de nous. C'est notre histoire qui est racontée là. L'amour de Dieu pour l'homme va se dire sur tous les tons, sur tous les registres, du plus tendre au plus douloureux : amour du berger pour chacun de ses moutons (Ez 34), amour du potier pour ses œuvres d'argile (Is 45/9 & Jer. 18/3), amour du vigneron pour sa vigne (Is 5/1 & Ez. 15/1), amour de l'ourse pour ses petits (Os. 13/8), amour du père pour son fils dévoyé (Jer. 31/2O).
Toutes ces lettres d'amour adressées à chacun, pourquoi resteraient-elles toujours cachetées, au fond d'un tiroir ? Pourquoi une telle tendresse d'un tel Dieu serait-elle toujours rejetée, refusée, niée ? Ouvrez parfois, dans le silence, ces pages de la Bible, et laissez Dieu vous convaincre qu'il ne nous aime pas pour rire, comme le précisera le Christ à Ste Angèle de Foligno !

"Ma joie, c'est ton bonheur" (Jer 32/41), nous répète Dieu. "Comme un jeune homme met sa joie en celle qu'il aime, je mettrai ma joie en toi !" (Is 62/5). "Les collines peuvent s'user, les montagnes fondre, mon amour pour toi n'aura jamais de fin" (Cf. Is 54). "Une femme oublie-t-elle son enfant ? Peut-elle cesser de chérir celui qu'elle a mis au monde ? Même s'il s'en trouvait une, Moi, je ne t'oublierai jamais. Regarde : je t'ai gravé sur la paume de mes mains…" (Is 49)

Non, Dieu n'a aucune complicité avec notre malheur. Dieu n'est complice que de notre joie.

Peut-être allez-vous me soupçonner de faire un tri dans ces pages bibliques, d'y glaner seulement les phrases sublimes en oubliant les passages durs : les épines du purgatoire et les feux de l'enfer ?  Ne nous a-t-on pas parlé parfois de ce Dieu qui signerait les condamnations et n'accorderait que rarement et sur recommandation les levées d'écrou. Pauvres lectures de myope qui veut que l'épine cache la rose !

Et ne voyons-nous pas également que la tendresse a toujours la dureté du diamant, lorsque la vie de l'être aimé est en jeu ? Qui fut réellement notre ami, sinon l'ennemi de ce qui nous abîme ? Un chirurgien dont l'épouse est atteinte d'un cancer, laisse-t-il le mal se développer sans agir ? La tendresse, n'est-ce pas alors par le tranchant du bistouri ou le feu du laser qu'elle s'exprime ?

Lorsqu'Israël perd toute dignité, lorsque cette "Aimée de Dieu" (que nous sommes) embrasse la main des tyrans qui l'écrasent, quand elle sacrifie ses enfants aux idoles mangeuses d'hommes, les supplications de Dieu vous étonneraient-elles ?
Lorsque la justice est bafouée, que l'on écrase les petits, que l'on vend le pauvre pour le prix d'une paire de sandales (Amos 2/6), que les mains sont souillées de sang (Is 59/3), les cris et les larmes de Dieu vous surprendraient-ils ?

La tendresse de Dieu se fait alors bistouri. Elle taille dans les chairs mortes. Et cela lui coûte (Lam. 3/33) ; mais c'est parfois lorsque Dieu se fait l'ennemi de ma médiocrité que je sais le mieux qu'Il m'aime…

Ce que l'on appelle la colère de Dieu est une colère d'amour. J'en veux, dit Dieu, à ce qui te détruit, à ce qui te dégrade, j'en veux aux poisons qui te rongent. Alors, "je vais déchirer l'enveloppe de ton cœur" (Osée 11/8), je vais te consoler du mal que tu as fait…, je vais te guérir de ton infidélité (Cf. Jér 30.17 ; 31.20 ; 33.6). Quoi que tu fasses, tu ne décourageras jamais ma tendresse, car "tu as du prix à mes yeux" (Is. 43/4).

J'interromps à regret ces paroles, à chacun de nous destinées. Et, pourtant, je n'ai encore rien dit de l'amour décidément démesuré de ce chirurgien divin qui, pour s'approcher des plaies de son enfant enragé, se mettra à la portée des coups… sur la croix.

La Messe que nous célébrons chaque dimanche - voire chaque jour - est le mémorial de cet amour fou. N'est-il pas invraisemblable de ne pas y venir ou d'y venir quelquefois par habitude avec une âme veule et qui s'ennuie ?

Ce serait, à coup sûr, enfouir le talent d'amour que Dieu nous confie !

mardi 11 novembre 2014

Saint Martin - La Paix !

11 Novembre. 2014

Notre pays et l'Eglise également aiment, parfois, à se réunir en certains jours pour faire mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie pour les générations futures ! Donc pour nous, ne l’oublions pas  ! Cette année, un peu partout, on a fait, on fait mémoire de tous ceux qui sacrifièrent leur vie, de tous les combattants de la guerre d’il y a juste un siècle, de cette guerre qui devait être - a-t-on chanté avec espérance - la dernière, “la derne des dernières” ! Oui, c’est un devoir de reconnaissance. Moi-même - comme beaucoup d’entre vous -j’ai eu un parent qui fut très marqué par ces longues années d’un conflit atroce !

Aussi, est-il bon également de se réunir, comme on le fait ce matin, pour espérer, projeter un avenir de paix pour nous-mêmes et pour ceux qui nous suivront. Et on doit le faire en priant - la prière est la principale arme de tout combat -, en priant, en fêtant St Martin. Il contribua fortement à l’unité en notre pays en l’évangélisant, en transmettant “la paix du Christ” qui ne s’acquiert qu’en accueillant l’amour de Dieu pour tout homme !

Et ce sentiment de paix - de cette vraie paix qui a sa source en l’amour de Dieu -, il est urgent de l'exalter aujourd'hui, à l'heure - nous le savons bien - où la paix, la concorde, l’entente sont vivement menacées
en de nombreux pays,
en nos sociétés occidentales écartelées par des courants de pensées et des manières de vie opposées,
en nos familles elles-mêmes souvent plus ou moins divisées.

Oui, il nous faut de plus en plus exalter ce sentiment de paix d'abord en notre cœur, pour mieux le concrétiser par nos paroles et par nos actions.
Si nous ne parlons pas de paix, si nous ne faisons pas œuvre de paix là où nous vivons, comment pourrions-nous appeler de nos vœux la paix en ces pays où les guerres déchirent si vivement corps et cœurs des hommes ?
Oui, prions, œuvrons pour la paix toujours si menacée. La prière est la première action en faveur de la paix. La prière nous pacifie avec nous-mêmes car elle nous met face au Dieu de la paix.

Et en ce 11 Novembre qui, en notre pays, nous engage à faire mémoire de la “Grande guerre,” je me permettrai de vous transmettre un détail important que j’avais naguère retenu d’une lecture à propos du Maréchal Foch qui ne faisait pas mystère de sa dévotion envers la Vierge Marie. Le 30 septembre 1919, il alla s'agenouiller devant la grotte de Lourdes pour lui faire hommage de la victoire.
En montrant la statue dans le rocher de Massabielle, un des prêtres qui l'accompagnait lui demanda :
‑ “Vous avez grande confiance en Marie ?”
‑ “Ma mère connaissait Bernadette, répondit le Maréchal. Elle l'accompagnait à la grotte. C'est d'elle que je tiens ma croyance en Notre‑Dame. J'ai dit mon chapelet tous les jours de ma vie.
‑ Même aux jours de grande bataille ? lui dit-on.
- J'en avais encore plus besoin. Maintes fois, je me suis vu pris. Alors je m'accrochais à Elle comme un enfant de deux ans s'accroche à sa mère. Elle nous a toujours sauvés”.

Pendant la grande tourmente, visitant les blessés à l'hôpital des Sœurs de Saint‑Charles, à Nancy, il fut acclamé par les habitants du quartier. Le Maréchal dit à la foule : “Je ne suis rien ; mais priez, faites prier les petits enfants !”. Et, s'adressant à la supérieure des Religieuses : “Que l'on prie pour moi dans cette communauté. Nous, nous ne faisons que de la ferraille !”.
En effet, il comptait beaucoup sur la prière des enfants. Souvent, dans les villages près du front, il rassemblait les petits qui s'amusaient sur les places et il les conduisait à l'église où, à genoux au milieu d'eux, il leur faisait réciter quelques "Je vous salue Marie". Il ne se contentait pas de demander des prières. Lui‑même était homme de prière. “Les personnes qui prient prennent en main le salut de leur pays. Elles sont ma force”, écrivait‑il à un membre de sa famille.

En ce jour du 11 Novembre, face à nos lendemains incertains que beaucoup redoutent - avec réalisme ou pessimisme, ou les deux à la fois, je ne sais - souvenons-nous de l'attitude priante de ce grand homme d'action : "Les personnes qui prient prennent en main le salut de leur pays". Je ne sais plus qui a dit : "L'avenir appartient à ceux qui, d'abord, savent prier humblement".

Prions aujourd'hui dans le souvenir de nos ancêtres, morts pour notre pays,
prions les uns pour les autres affrontés que nous sommes au quotidien de la vie,
prions pour les générations futures !
Oui, prions. Il est urgent de prier.
Prions St Martin pour la paix en tout pays, en notre monde qui en a tant besoin !

Et, dans le souvenir de ce grand chef de guerre - le Maréchal Foch - qui contribua largement au salut de notre pays, puis-je me permettre un conseil : qu'à son exemple nous ne passions pas une journée sans prier Notre-Dame, conseil qu’elle-même demandait ardemment à Ste Bernadette. C'est l'arme la plus efficace pour toutes les batailles de la vie ! “Je vous salue, Marie ... !”.

lundi 10 novembre 2014

St Léon, pape

10 Octobre. 2014

On peut tout particulièrement invoquer aujourd’hui St Léon, pape.

Je sais bien que toutes les époques - et toute existence - sont "troublées". St Jean ne disait-il pas globalement que le monde où nous vivons est "mauvais" ?

Mais le 5ème siècle - celui de St Léon - fut une époque de grande crise, de grande mutation.
- Politiquement : c’est l’époque de ce que l’on a appelé improprement, me semble-il, "l’époque des Barbares" : ces peuplades du Centre de l’Europe actuelle, principalement, qui immigraient vers l’Ouest à la recherche, la plupart du temps, de richesses et tout simplement de nourriture, de moyens de subsistance. (Ne connaissons-nous pas cela également ?). Et le pape St Léon assista, impuissant, au pillage de Rome par les Vandales en 455.
- Religieusement : c’est l’époque des grands troubles en ce qui concerne la formulation de la foi. St Léon s’engagea à fond dans ces querelles d’expression de la vraie foi, en particulier lors du Concile de Chalcédoine (451 - Définition de la "Personne" du Christ).
"Pierre a parlé par la bouche de Léon", s’écrièrent les évêques, lors de cette assemblée importante. Et depuis lors, le pape fut considéré comme le garant de l’Unité de l’Eglise.

Malgré ces troubles importants à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Eglise, St Léon montra une grande sérénité qu’il puisait en sa foi : "Chrétien, s’exclamait-il, reconnais ta dignité (malgré les souffrances diverses). Et souviens-toi toujours de quelle Tête, de quel Corps tu es membre !".

Le secret de sa paix, de sa maitrise de lui-même, c’étaient l’amour et la foi qui l’animaient.
- Sa foi en Jésus, vrai Dieu et vrai homme (aussi avait-il une dévotion particulière pour Marie, Mère de Jésus).
- Sa foi en l’Eglise fondée par le Christ. Son amour de l’Eglise - malgré les défaillances diverses -, cette Eglise dont Pierre - avec ses successeurs - continue de tenir le gouvernail d’une main assurée.

"Ne craignez pas !", disait le Pape Jean-Paul II à la suite de Jésus. C’est toujours d’actualité.