Fête des Saints Pierre et Paul
Fête des Saints Pierre et Paul, colonnes de
l'Eglise !
Sans nous attarder à telle ou telle scène
de la vie de ces deux grands apôtres, essayons de mieux saisir pourquoi et
comment, ils se sont mis en route si généreusement ? Comment, dans des
circonstances très différentes, avec des tempéraments très contrastés, ils ont
répondu à l'appel du Christ ?
Nous pouvons retenir deux étapes de leur
cheminement :
L'un et l'autre, Fils de la Promesse, ils se mirent en route !
Fils de la promesse
Oui, Une première constatation, valable
pour l'un comme pour l'autre : les grâces et les appels de Dieu sont d'abord
venues à eux, parce qu'ils appartenaient au "peuple de la promesse",
au "peuple de l'Espérance", au "peuple de l'Alliance", avec
ses coutumes religieuses enracinées dans la vie quotidienne et les exigences
spirituelles de la Loi et des prophètes.
Comme tout Israélite, ils attendaient
avec impatience la venue du Messie.
Pierre et Paul - ils s'appelaient encore
Simon et Saul -, portaient en eux les fortes convictions et les grands espoirs
religieux de leur peuple. Ils manifestaient la foi et l'espérance de ce peuple
: Dieu marchait avec son peuple choisi. Il ne l'avait pas abandonné malgré ses
infidélités et ses égarements. Il l'aidait, pensaient-ils, sans cesse à se
purifier.
Immense richesse du passé en laquelle bien
des fidèles à Dieu se ressourçaient au gré des épreuves et des événements. Songeons
à Zacharie, à Élisabeth, au vieillard Siméon, à la prophétesse Anne...
Simon, le pêcheur du lac de Galilée, en
jetant ses filets, se redisait certains passages des livres sacrés, écoutés au
jour du sabbat, à la synagogue. Il ruminait en son cœur, et se tenait prêt à se
ranger aux côtés du Messie.
Saul, formé par le milieu intellectuel des
docteurs de la Loi, à Jérusalem, pharisien passionné de l'Alliance du Sinaï, se
préparait, lui aussi, par la stricte observance de la Loi et des nombreuses
prescriptions ajoutées au fil des ans. Non pas certainement hypocrite et "sépulcre blanchi" comme
certains, mais loyal et généreux, un peu à la manière de Nicodème, Joseph
d'Arimathie, de Gamaliel, son maître.
Immense richesse spirituelle de ce peuple
choisi !
Nous, héritiers de la nouvelle Alliance, peuple de
baptisés dans la mort et la résurrection du Christ, ne méprisons pas toute notre
civilisation chrétienne inspirée de l'Evangile. Elle a porté notre enfance et
notre jeunesse. Peut-être faut-il la purifier de ses peurs, de ses poussières ?
Mais elle reste une grâce de Dieu.
Pour nous et ceux qui nous entourent, la
tentation est grande d'en faire fi avec orgueil, ou de l'oublier.
Sommes-nous assez fils de cette Église,
voulue par le Christ, confiée à Pierre, à Paul et aux apôtres ?
Fils de la promesse, ils se mirent en
route.
Simon et Saul, croyants sincères et
généreux, eurent à faire un premier pas qui devait les mener si loin. Ce
premier pas que ne fera pas le jeune homme riche, par exemple !
Pour Simon-Pierre ce fut très
simple. Une rumeur se répandit jusqu'en Galilée. Elle disait qu'en Judée, sur
les bords du Jourdain, un prophète s'était levé. Il baptisait et le peuple
était dans l'attente. Rumeur qui va, qui vient.
Simon-Pierre en fut tout bouleversé.
Avec son frère André, ses cousins Jacques
et Jean, ils décidèrent de partir sans plus attendre. Ce baptiseur ne serait-il
pas le Messie tant attendu ? Ils abandonnèrent familles, filets, barques. Pierre
venait de se mettre en route vers le Christ. Le premier pas, le plus
difficile, celui qui oblige à décrocher, à prendre risque, était fait.
Saul, appartenait à la haute classe
intellectuelle de Jérusalem ; il était pharisien, de ceux qui voulaient
rétablir la Loi de Moise dans toute sa rigueur. Parmi eux des hypocrites, des ambitieux,
des arrivistes, côtoyaient des "chercheurs du vrai Dieu". Saul était
de ceux-là !
Pourtant, il ne prit pas attention à
l'événement de Jésus de Nazareth, tellement il était enfermé dans les préjugés
de son milieu qui attendait un Messie triomphant. "Que peut-il sortir de bon de Nazareth ?"
Plus tard, il entendit parler des disciples
très remuants d'un certain Jésus crucifié et qui s'était présenté comme le
Messie. Le Sanhédrin l'avait rejeté et condamné à mort, comme blasphémateur.
Saul avait assisté à la lapidation de l'un de ses disciples, nommé Étienne.
Le mal, selon lui, se répandait. A Damas
leur nombre allait croissant. Saul demanda de s'y rendre. Avec fougue et la
rage au cœur, il quitta Jérusalem. En fait, avec la même loyauté que
Simon-Pierre, il venait de se mettre en route…, vers le Christ. Et Saul
deviendra l'apôtre des nations. Il contribuera fortement à faire pénétrer
l'Évangile dans les civilisations grecque et romaine.
A la suite de Pierre et Paul, au cours des
siècles, de nombreux chrétiens se sont mis en route vers la sainteté et ses
engagements évangéliques. Et parfois au prix de leur vie, tel St Siméon Berneux
que nous fêtons légitimement à Chateau du Loir. Tous risquèrent d'abord un
premier pas. "Celui qui a mis la
main à la charrue, ne regarde pas en arrière".
Et nous, sommes-nous de simples
consommateurs de pratiques religieuses, ou de véritables apôtres des lieux où
nous vivons ? Nous sommes-nous mis en route, nous aussi ? Véritablement,
le temps presse.
Il y a cinquante ans, le Concile Vatican II
a pris acte des grandes mutations de notre civilisation. Il a indiqué les
grandes orientations nécessaires pour une présence d'Église. Certains
chrétiens n'ont pas hésité à faire les premiers pas. Ils ont été partie
prenante d'une liturgie plus vivante, d'une connaissance plus approfondie de la
Bible et de l'Histoire de l'Eglise, des échanges missionnaires, de
l'enseignement religieux. Ils sont entrés dans des organisations appropriées et
forts diverses, à la mesure des problèmes de la faim, de la soif, de la misère
dans le monde, de la justice, de la violence et des efforts pour la Paix.
Et nous-mêmes... ?
Lorsque Saul, sur le chemin de Damas
demanda : "Que faut-il que je fasse
?", la réponse du Christ fut nette : "Va jusqu'à la ville ; tu trouveras un prêtre du nom d'Annanie.
Lui te dira ce qu'il faut faire !" Le Christ a confié à son Église
l'Avenir du Royaume. Une Eglise qui sans cesse se remet en marche. Elle nous
invite, elle invite tous les chrétiens à en faire autant !