mercredi 31 décembre 2014

Heureuse Année !

1er Janvier 2015 !     

En ce premier jour de l'an civil, beaucoup vont aller se souhaitant : "Heureuse et bonne année !". Et il n'est pas interdit à un chrétien de suivre cette coutume populaire. Aussi, je me permets de souhaiter à tous, à chacun, en toute simplicité et profondeur de cœur : "Bonne et heureuse année !". A vous tous, et également, par la pensée et la prière, à vos familles, à vos amis... !

Et que faudra-t-il pour que cette année 2015 soit bonne, heureuse ? Que souhaite l'homme de tout temps ? Oh ! La santé, bien sûr ! Et puis du travail (surtout en notre temps !). Assez d'argent pour vivre correctement, évidemment !
Des satisfactions pour réussir ce que l'on entreprend… ! Et puis aussi, plus de paix, de justice, de compréhension, de sécurité… Et que sais-je encore ?

Oui, voilà ce que beaucoup souhaitent. Et nous, chrétiens, nous souhaitons tout cela aussi. Car nous ne sommes pas de purs esprits ; et le fait d'être chrétien ne nous empêche pas de désirer la santé, la réussite, et de collaborer à la réalisation de ces divers souhaits pour nous, pour ceux qui nous entourent !
Il est d'ailleurs très intéressant de remarquer que Jésus lui-même s'adressait, la plupart du temps, aux plus pauvres de son temps, aux habitants de cette Galilée si méprisée politiquement, socialement et même religieusement ! ("Que peut-il sortir de bon de Nazareth ?", avait-on dit à son sujet !). C'est en Galilée que Jésus trouve, comme nulle part ailleurs, le peuple d'Israël le plus malade, maltraité, oppressé par les puissants (comme Hérode Antipas après son père Hérode le Grand), et par les divers nantis de son temps qui séjournent à Tibériade, nouvellement construite !

Aussi, pour Jésus, le "Royaume de Dieu" qu'il inaugure doit commencer là où le peuple de Dieu est le plus humilié. Il doit être annoncé que par le contact direct, étroit avec ceux qui ont le plus besoin de soulagement, de libération. Les guérisons des malades, la délivrance des possédés qu'il opère dès le début de sa vie publique sont des signes qu'il donne en vue d'une société plus saine et juste ; ce sont des signes adressés à des hommes et des femmes appelés à jouir d'une vie digne des fils et des filles de Dieu-Créateur. Les repas qu'il partage facilement et qui réunissent parents, voisins sont toujours pour lui le symbole d'un peuple invité à partager, un jour, la grande table de Dieu, Père de tous.

Ainsi donc, Jésus enseigne que Dieu lui-même désire pour tous ce bonheur tout simple que l'on souhaite facilement au 1er jour de l'an, ce bonheur qui manque encore si durement à tant de nos frères ! Jésus aurait-il guéri tant de malades si la santé n'avait pas été importante à ses yeux ? Pourquoi aurait-il multiplié les pains sinon pour donner à manger aux foules qui le suivaient et en manquaient !

Ne négligeons pas, ne méprisons pas ce genre de choses, ni pour nous-mêmes, ni à plus forte raison pour les autres. D'ailleurs, n'est-ce pas là-dessus que nous serons jugés à l'heure de notre mort : "J'ai eu faim et tu m'as donné à manger, nous dira le Seigneur… J'étais malade et tu es venu me voir.… Tout ce que tu as fait pour le plus petit de tes frères, c'est pour moi que tu l'as fait". Un bonheur à toujours partager : voilà bien un vœu annuel et réaliste ! A partager !

Mais nous savons aussi que le simple bonheur matériel ne peut pas nous suffire et qu'il ne nous rassasiera jamais complètement. Nous savons que nous sommes créés pour beaucoup plus. Jésus l'enseignera constamment.

Alors, à la lumière de Noël, cherchons à quelles conditions cette nouvelle année 2015 pourra être belle et bonne !
Noël, n'est-ce pas "Dieu-avec-nous" ?
Alors, je souhaite tout simplement que le Seigneur soit avec vous tout au long de cette année. C'est d'ailleurs le souhait que le prêtre renouvelle à chaque Eucharistie : "Le Seigneur soit avec vous !"
Puissions-nous vivre de plus en plus avec le Seigneur, vivre de sa Lumière, en tenant compte de ses appels, de ses désirs que l'Esprit-Saint peut souffler en notre cœur. Puissions-nous vivre avec le Seigneur, nous nourrir de sa présence ! Le Seigneur est toujours présent ! Et c'est nous qui sommes souvent absents !

Oui, Noël, c'est "Dieu-avec-nous" parce que, au-delà des nourritures terrestres qui nous sont indispensables, et que nous devons prodiguer à ceux qui en manquent, à l'exemple du Christ, nous avons faim et soif de sa Vie, de sa Lumière, de sa Parole, même quand nous n'y pensons pas. L'homme ne vit pas simplement de pain, de santé, de bien-être matériel, mais de Dieu ! St Augustin disait : "Seigneur, tu nous as faits pour toi, et notre cœur restera toujours insatisfait tant qu'il ne reposera pas en toi". Il y a en nous une dimension divine que Dieu seul peut satisfaire.

Que 2015 soit pour chacun de nous une année de bien-être avec tout ce que nous pouvons souhaiter légitimement pour nous-mêmes et surtout pour nos frères, en les soulageant éventuellement… !
Et que 2015 soit en même temps pour chacun une année de compagnonnage avec Jésus Christ, Fils de Dieu incarné ; et cela par la prière, par l'Eucharistie, par la méditation de sa Parole..., et surtout par un accueil intérieur qui puisse témoigner d'une sorte de continuation du mystère de l'Incarnation !

Que le Seigneur soit avec vous, en vous, avec l'aide de Marie, Mère de Dieu !

dimanche 28 décembre 2014

L'enfant du monde à venir !

28 Décembre   -   Sainte Famille 2014/B  - 

Après la fête de Noël, toute récente, dont la lumière de Dieu parmi les hommes réchauffe nos cœurs, je voudrais ne pas être trop long pour ne pas nous éloigner de cette lumière divine de Bethélem !

Cependant, durant quelques instants… admirons, contemplons le grandiose tableau que présente l'évangile.

Un vieillard porte en ses bras un tout jeune enfant. La lumière et les ombres jouent sur les rides de l'ancien ; et le sourire de l'enfant croise celui du vieillard qui s'éclaire d'une lumière venue du fond des âges, lumière qui se nuance cependant de tout ce qu'elle a vu au long des générations.
Et cette lumière, dans ce regard du vieillard, vibre encore, au contact de l'enfant, du désir de vivre au-delà de la vie. On dirait que les yeux de l'un s'allument à la lumière de l'autre avec la distance et la proximité des générations, comme dans une course de relais où l'effort de celui qui achève donne naissance au dynamisme de celui qui commence..

Vous avez certainement été le témoin d'une scène semblable. Entre le vieillard et l'enfant surgit une complicité d'aspiration à la vie, celle de cette terre et celle de l'au-delà de cette terre.
Leurs regards avec leur poids de rêves, de questions et de désirs n'épuisent pas la fraîcheur d'être. La nouveauté de l'enfant est comme la garantie d'une vie nouvelle pour le vieillard. Le regard chargé de l'expérience des ans et le regard vif de tout l'avenir embrassent, pour ainsi dire, tout l'univers (tout ce qui peut exister). "L'homme fertile déborde de ce qui ne s'achève pas", a-t-on dit (A. Chédid).

C'est ainsi que j'imagine la rencontre de Syméon et de Jésus, dans le Temple. Syméon - et tout le peuple avec lui - est entièrement tendu vers le Messie de Dieu. Et, par la lumière de l'Esprit-Saint, qui va-t-il reconnaître en cet enfant ? - "Mes yeux, dit-il, voient ton salut que tu as préparé à la face de tous les peuples. Lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d'Israël ton peuple !". Syméon, au seuil de son éternité, découvre l'enfant du monde entier, l'homme selon le cœur de Dieu malgré l'occupation romaine et toutes les cruautés de son temps, l'homme "à l'image et ressemblance de Dieu" !

Et nous, savons-nous regarder l'enfant de notre temps, cet enfant du troisième millénaire après la naissance du Fils de Dieu ? Savons-nous le contempler, cet enfant d'aujourd'hui, avec toute la riche lumière que le Christ nous a apportée depuis deux mille ans. Sommes-nous prêts à transmettre le trésor de la présence, de la naissance de Dieu à l'enfant d'aujourd'hui, à l'homme de demain afin qu'advienne "le salut pour tous les peuples" à venir ? Malgré nos fatigues, nos doutes, sommes-nous encore tout tendus d'espérance pour transmettre à l'enfant du monde actuel le relais de la lumière de Bethléem qui éclaire tout homme venant en ce monde ?

Joseph et Marie s'étonnent, dit l'évangile, de ce qui vient d'être dit. Ils pensaient peut-être, de prime abord, comme beaucoup de parents, que l'enfant était à eux, pour eux.
Mais non ! Ils ne peuvent et ne pourront jamais l'enfermer : il est pour demain ; il est à tous, pour tous. Sa vie est en avant, au-delà du cadre familial et des frontières nationales. Il est proclamé "salut des nations", et pas seulement celui d'Israël. Son cœur doit se mettre a la pleine mesure de l'homme voulu par Dieu, en faisant craquer de plus en plus les égoïsmes rétrécis et ouvrir tous les regards à l'immensité du monde divin.
Et ainsi apprennent-ils, les parents, la mission qui est désormais la leur. Marie conservait tout cela en son cœur, est-il dit…, comme une lumière pour sa propre vie - Et nous-mêmes savons-nous collaborer à l'œuvre de Dieu en portant en nos bras l'enfant du monde présent pour qu'il accomplisse, grâce à l'Esprit, le salut auquel Dieu l'appelle ?     N'est-ce pas l'un des sens du baptême d'un enfant ?

Certes, comme pour l'enfant Jésus, ceux qui tiennent leurs portes fermées se dresseront contre lui.
Et ceux qui tenteront de le retenir pour eux-mêmes ou ceux qui voudront le mettre à la mesure de leur cœur rétréci se condamneront à la solitude.
Ainsi sera-t-il "signe de contradiction" quand il voudra instaurer la communion, quand son regard se répandra sur tous les hommes de toutes les races et de toutes les nations pour faire de l'humanité une fraternité, celle qui vient de Bethléem !

Aussi, devant tout enfant, avec cet autre vieillard, St Jean, ne cessons jamais, en passant le seuil de toute nouvelle année, de fredonner ce refrain éternel :
"En lui était la vie,
et la vie était la lumière des hommes...
Le Verbe était la Vraie lumière
qui, en venant dans le monde, illumine tout homme...
A ceux qui l'ont reçu,
à ceux qui croient en son nom,
II a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu."
               Et nous le sommes !".

Et déjà : Bonne et heureuse année à tous !

samedi 27 décembre 2014

Dès le commencement... !

27 Décembre   -   St Jean                     - LA VIE !

LA VIE ! Il nous faut vivre ! Et vivre de la VRAIE VIE ! Voilà ce que St Jean veut nous dire aujourd'hui (1ère lect.) : "Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu..., vu..., contemplé... du Verbe de vie, nous vous l'annonçons ! ... Car la Vie s'est manifestée ; nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle... !"

"La Vie s’est manifestée !". Affirmation déconcertante, au demeurant ! Car la Vie, on ne la voit pas ; on voit des vivants. Nous aimerions que Jean précise... Il préfère tourner autour de son sujet : “ce qui…, ce que…”. Mais quoi ? - C'est que l'Apôtre veut véhiculer jusqu’à nous une révélation extraordinaire, inexprimable totalement : La Parole que Dieu nous a fait entendre en son Fils Jésus Christ !

Certes, cette expression “Parole de Vie” vient de loin. Elle signifie que celui qui est Vie parle, et que sa parole fait vivre. Le Deutéronome affirmait : "La Parole est tout près de toi, elle est dans ta bouche, dans ton cœur pour que tu la mettes en pratique. Si tu écoutes, tu vivras ! Mais si ton cœur se détourne, vous périrez ! Je te propose la vie ou la mort. Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, aimant ton Dieu, écoutant sa voix ! Car là est ta vie !" (Deut 30.14-20)

Ainsi donc, répète St Jean à la suite des prophètes : la Parole de Dieu fait vivre ! "Voici venir des jours - oracle du Seigneur, disait le prophète Amos - où j'enverrai la faim dans le pays, non pas une faim de pain..., mais d'entendre la Parole de Dieu !" (8.11). Demandons au Seigneur d’avoir toujours faim de la Parole de Dieu qui fait vivre !

Mais, n'oublions pas qu'en hébreu, "Parole de Dieu" veut aussi bien dire : "Acte de Dieu" ! La Parole de Dieu n’est pas un discours sur Dieu - pas du tout - ; elle n’est pas non plus un discours de Dieu. Elle est une "action de Dieu" portée à notre connaissance pour que nous puissions y correspondre et en vivre !

Mais, avec St Jean, il faut aller encore plus loin. La Parole de Vie, elle est d’abord en Dieu : "Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu (“pros" : tourné vers). Tout fut par lui, et sans lui, rien ne fut. En lui était la vie…" ((Jn 1.1-4)

Dieu est Vie ! A l’intérieur de lui-même, il y a une Parole de Vie que Dieu se dit à lui-même, une Parole qui est Vie chez le Père, tournée vers le Père ("pros ton theon"), pour se recevoir de Lui, et se donner à Lui. Cette Parole, c’est Quelqu’un, - le Verbe, un Acte - qui exprime tout ce que Dieu est, tout ce que Dieu fait, un Acte dans lequel sont contenu par avance tout ce qui jaillira de Dieu, à l’intérieur de sa Vie intime, dans le monde, dans la création, et aussi dans l’œuvre de la rédemption de l’humanité. Car il y a des hommes qu’il a créés tels qu’ils puissent recevoir sa connaissance. Il les a créés pour se révéler à eux de sorte que l’on peut dire : "Le Verbe était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme !". (Jn 1.4,9).

La Parole de Dieu vient éclairer les hommes ; elle vient révéler et réalise la volonté qu’a Dieu de les faire vivre de sa Vie. Tout ce que Dieu fait pour les hommes, comment pourrait-il ne pas leur dire ? Et la Parole de Dieu a donc le double pouvoir d’annoncer et de communiquer la Vie éternelle. Isaïe avait bien prophétisé : "La parole qui sort de ma bouche ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j'ai voulu...". (Is. 55.11).

Cet acte de Dieu pour les hommes, on sait bien comment il s'est manifesté dans toute l’histoire du dessein de Dieu : "Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils...!" (Héb. 1:1). "Le Verbe s'est fait chair !".

La Parole de Dieu s’est faite humanité ! Dès lors, le Christ est source de Vie ! "Qui croit au Fils a la vie éternelle ; qui refuse de croire au Fils ne verra pas la vie" (Jn 3:36). C'est lui, le Fils, qui donne vie ; il sera même pain de la Vie. Chez St Jean, le signe de la multiplication des pains annonce le "Pain de vie" du Jeudi Saint. Aussi l'apôtre concluait son récit : "A la vue du signe, les gens disaient : "C'est vraiment lui le prophète qui doit venir dans le monde" (Jn 6.14).

Notre vie doit donc être une rencontre avec le Christ ; et, en lui, de la Parole de Dieu qui fait vivre ! Et il nous faut prendre conscience qu’aujourd’hui, dans notre vie à nous, la Parole de Dieu veut se faire chair ! La Parole de Dieu veut imprégner nos actes, nos personnes et que, d’une certaine manière, nous devenions des paroles ambulantes de Dieu ! Et puisse, la Parole de Dieu en nous annoncer la Vie, et, en même temps, la donner.

Pour cela, il serait intéressant de détailler l’expérience de Jean. La Parole de Vie, Jean et les autres apôtres, l’ont saisi à travers ce qu’ils ont entendu, vu, contemplé, palpé de Jésus de Nazareth, Verbe de Vie. Car la Vie de Dieu, la Vie qui est Dieu, s’est manifestée à travers l’humanité de Jésus Christ.

Et c’est d’abord l’oreille qui a été touchée. La Parole de Jésus que Jean-Baptiste désignait comme "l'Agneau (= Serviteur) de Dieu" a frappé les premiers témoins. Deux disciples de Jean-Baptiste l'ont quitté… Ils ont passé la soirée avec Jésus ; ils ont entendu cette Parole pour la première fois ; et ils ont suivi Jésus... !

La vue ensuite. Quand une parole vous accroche, on regarde celui qui la prononce. Et bien, ils entendaient Jésus et ils le regardaient. Leur regard devenait insistant, durable. Un regard contemplatif qui englobait respectueusement et amoureusement toute la Personne du Verbe de Vie !

Et puis enfin le toucher. Une allusion certainement à ces expériences précieuses avec le Ressuscité : “Mets tes doigts en mes plaies”, avait dit Jésus à Thomas !

Et à travers cette expérience sensible - puisque presque tous les sens y sont intéressés - c’est une même réalité divine qu’ils ont saisie : c’est le Verbe de Dieu que leur cœur écoutait, voyait, touchait... Cette réflexion est importante. Beaucoup de chrétiens, aujourd’hui, n’ont pas un sens précis de l’humanité de Jésus ; ils sont docètes… (1) : Qu’est-ce que Dieu peut bien venir faire dans la matière, et dans la misère humaine… ? Oui, c’est une folie. Pourtant, le but de l’Incarnation, c’est que le Seigneur nous aime ; et il veut nous rencontrer là où nous en sommes et tels que nous sommes… ! Jésus est pleinement homme, réellement, pour mieux communiquer avec l'homme !

Et, nous aussi, nous avons une expérience humaine à faire de Jésus. Il y a des sens spirituels à éveiller en nous à propos de Jésus. Notre contact avec la Vie, c’est notre contact avec Jésus Christ, Verbe de Dieu fait chair. Et ce contact, il doit se faire dans une expérience humaine.
Je sais bien que nous ne voyons pas, nous ne touchons pas, nous ne contemplons pas Jésus. Et pourtant, il doit nous devenir proche… !

Cette expérience qui fut celle des Douze était celle d’un début :
"Ce qui était dès le commencement…", dit St Jean (I Jn 1.1).
Remarquons qu’il ne dit pas ici : "Ce qui était au commencement", comme dans son évangile, une reprise du début de la Genèse, au seuil de la création..
Il s’agit donc d’autre chose : il s'agit de ce début extraordinaire au bord du Jourdain, au moment où le Fils de l’homme est venu se faire baptiser. Ce fut le "commencement" absolu. A partir de ce moment-là, le Verbe fait chair a commencé à se manifester aux hommes. Et tant qu’il a été parmi eux, ce fut ce "commencement", un "commencement" que l'Eglise de tout temps doit maintenir. L’expérience de la venue du Verbe parmi les hommes, l’expérience de son existence historique, constatée, vécue parmi les Douze, l'Eglise doit la continuer, l'actualiser parmi les hommes d'aujourd'hui… ! C'est sa mission !

Il faut toujours revenir à ce "commencement", à cette expérience humaine de la rencontre avec le Verbe fait chair ! "M'est avis que le Christ et l'Eglise, c'est tout un !", disait Jeanne d'Arc ! A travers l'Eglise, le Christ - Parole de Vie divine" -, veut être encore écouté, vu, palpé, contemplé, comme il le fut "dès le commencement". Quand une Réforme se fait dans l’Eglise, quand l’Eglise retrouve sa sève, elle revient toujours à l’Evangile, à ce "commencement" où le Verbe de Dieu s'est fait homme pour parler aux hommes.

Et nous-mêmes, quand nous voulons revenir en profondeur à Jésus, à notre vie chrétienne profonde, il faut repartir de l’Evangile, revenir à ce que le "Verbe de Vie" a déjà accompli en nous, en notre humanité, "dès le commencement". Car, chrétiens, nous sommes créatures nouvelles, engendrées d’un germe non point corruptible, mais incorruptible : la Parole du Dieu vivant, active en nous "dès le commencement", ce commencement de notre rencontre avec le Christ, Verbe de Dieu fait chair.

C'est dire que notre jeunesse est devant nous : "Déjà vous êtes émondés (purifiés, purs), nous dit Jésus, grâce à la Parole que je vous ai fait entendre". (Jn 15.3), "dès le commencement" !
Et "si le Christ est en vous, dira St Paul, votre corps, il est vrai, est voué à la mort à cause du péché ; mais l'Esprit est votre vie à cause de la justice (de la justification accomplie par le Christ). Et si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous". (Rm 8.10-11). Vie pleine et éternelle !

(1) le "docétisme" est l'une des premières hérésies qui affirmait que l'humanité du Christ n'était pas réelle ; ce n'était qu'une apparence d'homme ("dokein" en grec : "paraître" ; d'où le mot "docétisme")

vendredi 26 décembre 2014

Du commencement à la fin !

26 Décembre   -      St Etienne :.

La première fête que l’on célèbre après Noël est celle de St Etienne, le premier martyr ! Est-ce un hasard ? Les spécialistes de la liturgie et de son histoire se sont penchés sur la question. Certains pensent que, plus ou moins consciemment, la fête du premier martyr (protomartyr) a voulu illustrer la grande loi de la pédagogie divine qui préside au développement de l’Histoire Sainte.

Cette loi a été formulée par l’écrivain français Jean Guitton, à propos de Marie : “Les commencements sont toujours riches de signification, contenant déjà en germes ce qui va se développer par la suite.
C’est en effet un des caractères de la conduite de Dieu sur l’Histoire de ramasser
en de certains moments critiques
ou en de certains êtres privilégiés,
ce qui doit, par la suite, se développer longuement, se déployer et s’expliciter.
Ainsi, l’homme inquiet, asservi à l’écoulement du temps, peut jouir de ce qui n’est pas encore…“.

Ainsi avons-nous contemplé, en la nuit de Noël, la Vierge Marie qui, aujourd'hui, nous apparaît au sommet de la Création ; elle n’est pas seulement derrière nous dans le mystère de Bethléem, mais elle est devant nous comme elle daigne apparaître parfois, resplendissante, glorifiée de la gloire divine dans son âme et dans son corps. Elle est en avant de nous en son mystère de maternité éternelle pour stimuler notre marche vers le Royaume où les croyants seront véritablement engendrés comme "fils de Dieu" ! Sa maternité du Fils de Dieu venue sur terre annonce et explicite sa maternité des "fils de Dieu" que nous devons être parfaitement dans le Royaume d'éternité !

Les Juifs, dans un cantique qui est chanté le jour du Shabbat, ont la même réflexion spirituelle : Parce que le shabbat est au terme de l’œuvre des sept jours de la création, il sera également le terme de notre vie quand nous partagerons le "repos" éternel du Seigneur. Le terme de l’œuvre, ce qui arrivera à la fin, habite dès le commencement, de toute éternité, dans la pensée du Créateur.

Les artisans, artistes, dès le départ de leur recherche artistique, disent la même chose : ce qui est dernier dans l’ordre de l’exécution est premier dans l’ordre de l’intention. Le chef d’œuvre qu’ils veulent réaliser au sommet de leur labeur, ils le voient dès qu’ils commencent à travailler en ouvrant leur atelier ou leur chantier.

Et on pourrait énumérer bien des applications de cette "pédagogie divine" inscrite dans la création, dans le cours de l'"Histoire Sainte", de notre "histoire religieuse" : Les gens mariés (par exemple) se retournent facilement vers la période idyllique de leurs premières amours pour revivifier leur élan d'union lorsqu’il s’agit d’affronter la banalité de l’existence, l’éducation des enfants, les difficultés quotidiennes à résoudre.
Bien plus, ils savent que leur initial amour mutuel sera, par la puissance du sacrement reçu, "transfiguré" en "Dieu-Amour", en "Dieu-Trinité", en "Dieu-Famille", à leur profit et au profit des leurs, alors même qu'ici-bas ceux-ci semblent parfois très éloignés de ce que leur amour mutuel a désiré leur transmettre. Leur amour initial et sacramentel annonce un amour familial et sanctifié en Dieu !
“Les commencements, disait Jean Guillon (à la suite de la lettre aux Hébreux) contiennent déjà en germes ce qui va se développer par la suite... Ainsi, l’homme inquiet, asservi à l’écoulement du temps, peut jouir de ce qui n’est pas encore…“.

Pour en revenir à St Etienne, l’Eglise n’a-t-elle pas obéi à cette grande loi,
- pour faire goûter aux "premiers chrétiens", dès le commencement, l’absolu de la première spiritualité chrétienne qui fut la seule jusqu’à la conversion de l’Empire au Christianisme, celle du martyre, du don de soi par amour pour Dieu, par amour pour ses frères, à l'exemple du Christ...,
- pour faire goûter à tous les disciples du Christ, l'absolu de leur vocation, celle qui est inscrite au fond de notre être par le caractère baptismal et qu’exprime si bien St Paul, dans l’épitre aux Philippiens, par exemple : “Nous tous, les "parfaits" (déjà "au commencement" par notre caractère baptismal), comportons-nous donc ainsi, et si, en quelque point, vous vous comportez autrement, là-dessus aussi Dieu vous éclairera. En attendant, au point où nous sommes arrivés, marchons dans la même direction(Philip. 3.15). - "Il nous faut marcher, dira St Jean, dans la voie où lui-même (le Christ) a marché..." (I Jn 2.6).

Aussi, St Paul encouragement son disciple Timothée :
“Combats le beau combat de la foi, conquiers la vie éternelle à laquelle tu as été appelé, comme tu l'as reconnu dans une belle profession de foi en présence de nombreux témoins.
Je t'ordonne en présence de Dieu qui donne vie à toutes choses, et en présence du Christ Jésus qui a rendu témoignage devant Ponce Pilate dans une belle profession de foi : garde le commandement en demeurant sans tache et sans reproche, jusqu'à la manifestation de notre Seigneur Jésus Christ, que fera paraître, aux temps fixés, le bienheureux et unique Souverain, le Roi des rois et Seigneur des seigneurs, le seul qui possède l'immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n'a vu ni ne peut voir. A lui gloire et puissance éternelle. Amen“ (I Tim. 6.12sv).

Autrement dit, avec la fête de St Etienne au lendemain de Noël, affirmons avec force que le l'Amour de Dieu pour l'homme
 - manifesté au jour de la Nativité du Fils de Dieu parmi les hommes,
- proclamé fortement au jour de sa "Pâques", au jour rédempteur de son "passage" de mort à vie,
- annonce le jour glorieux de notre éternité où tous nous vivrons de Dieu-Amour, en Dieu-Amour !

St Jean n'avait-il pas raison de nous dire et de répéter sans cesse : "Dieu est Amour !"

mercredi 24 décembre 2014

Aller à Jésus par Marie ! (Noël Jour)

NOEL 2014  -  Messe du Jour     

En cette fête de Noël, - après avoir médité cette nuit avec Marie, Epouse de Dieu-Père, Mère du Fils de Dieu et toute remplie de l'Esprit Saint -, approchons-nous de la crèche, et soyons dans l'émerveillement comme le seront les Rois-Mages qui "trouvèrent Jésus avec Marie sa mère". Car on ne peut séparer Jésus de sa mère, et Marie de son Fils.
Les Evangiles nous présentent Marie toujours unie à son Fils dans la joie comme dans les épreuves. Oui, Marie est toute relative au Christ. Et, à cause de cela, elle demeure le "modèle" de tout chrétien : être toujours en relation avec le Christ, et cela avant même tout énoncé dogmatique ou moral, comme le souligne souvent le pape François ! Le Christ - Dieu fait homme - avant tout ! Et si, aujourd'hui, nous découvrons davantage "Jésus avec Marie sa mère", elle ne peut que nous redire : "Faites tout ce qu'il vous dira !". Comme pour moi-même, nous dit-elle, que tout se fasse en vous selon sa Parole !

Car Marie a toujours dit « oui » à Dieu !

A l'Annonciation, Dieu se fait proche de Marie. Il actualise en elle son alliance d'amour avec l'homme. Dieu propose ; et Marie dit « oui » à Dieu-Père, « oui » à son Fil Christ Sauveur, « oui » à l'Esprit d'Amour : "Que tout se fasse pour moi selon ta Parole".
Or la vie, notre vie, toute notre vie se présente, en chacun de ses instants, comme l'annonce faite à Marie de la part de Dieu. Ce « oui » qui a été formulé au jour de notre baptême, au jour de notre "Profession de foi", ce « oui » qui a été prononcé au jour de notre mariage ou à celui de notre consécration religieuse, sacerdotale, ce « oui » réactualisé en chaque sacrement reçu, redisons-le aujourd'hui avec Marie. 

Il y a mille façons de dire « oui » :  
- Il y a le « oui » paisible du vieillard Siméon : "Tu peux laisser partir en paix ton Serviteur" ;
- le « oui » de Pierre dans le doute : "Nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre, mais sur ta parole, je jetterai mon filet" ;  
- le « oui » de Pierre qui croit : "A qui irions-nous, Seigneur, tu as les paroles de la Vie éternelle"
- le « oui » de Pierre qui regrette sa faute : "Il sortit et pleura amèrement"
- le « oui » du Centurion qui se convertit : "Celui-là était vraiment le Fils de Dieu !" ;
-  le « oui » de Jean tout jeune qui "vit Jésus, le suivit et demeura avec lui".
Qui que nous soyons, Marie nous presse aujourd'hui de dire comme elle et en elle : "Je suis la Servante - le Serviteur - du Seigneur".

Mais elle nous avertit : ce « oui » engage toute la personne. L'Amour vrai ne peut rester inactif. Et il s'exprime par le service.
Après son « oui », Marie va visiter sa cousine Elisabeth pour se mettre à son service et lui apporter la présence de Jésus, chanter avec elle les "merveilles de Dieu" : "Mon âme exalte le Seigneur... Il fait en moi de grandes choses".
Comme Marie, ayant répondu à l'Alliance que Dieu propose, portons aux autres la "Bonne Nouvelle" que Dieu "vient parmi les hommes" : "Il est venu chez les siens", dit St Jean ! - Il vient toujours. Il veut venir par nous comme il est venu par Marie, là où nous sommes : en famille, en communauté, en notre paroisse, en notre milieu de travail, de loisir. - Chrétiens, nous devons être comme Marie, des "Christophores", des porteurs du Christ.

Portant le Christ en nous-mêmes à chaque instant, nous l'engendrerons alors dans le cœur de nos frères, nouvelle crèche vivante où Dieu veut toujours se faire homme.
Là encore Marie est notre modèle :  Elle a mis au monde Jésus
- par son corps dont la tendresse maternelle a éveillé les premiers sentiments de Jésus.
- par son cœur à travers lequel Jésus, comme tous les petits enfants, a découvert le monde des relations humaines ;
- par son âme ; car c'est de Marie et de Joseph que Jésus apprit les gestes et les mots humains de la prière et les expressions de la charité fraternelle.

Quelle extraordinaire mission que d'être mère et éducatrice. Le sommes-nous tous, spirituellement, par tout notre être - corps, cœur, âme - auprès de tous ceux qui nous sont confiés ?   - Que Marie nous aide à être véritablement père, mère humainement et spirituellement tout à la fois.

Et comme tout enfantement est "don de soi", Marie offre Jésus : "Ils allèrent à Jérusalem le présenter au Seigneur !". Déjà Marie sait que son enfant n'est pas pour elle, qu'il doit être "la Lumière des nations", qu'il "apporte le salut à tous les peuples". Marie offre déjà Jésus.

Et que faisons-nous aujourd'hui et tous les dimanches - voire tous les jours -, en venant participer à l'Eucharistie ?   - Regardons Marie et apprenons d'elle à offrir Jésus "en esprit et vérité" :
+ Celui que nous "présentons" au Père, c'est celui-là même que Marie venait présenter au Temple : Jésus, le seul Saint, le seul qui puisse offrir au Père "le sacrifice pur et saint".
+ Nous offrons le sacrifice de Jésus, pas seulement pour nous, mais pour le monde entier. Nous disons : Dieu, notre Père, "par le sacrifice qui nous réconcilie avec toi, étends au monde entier le salut et la paix" (P.E. n° 3).
+ Et en offrant Jésus, nous nous offrons avec lui au Père : "Que l'Esprit-Saint fasse de nous une éternelle offrande à la louange de ta gloire" (P.E. n° 3).
+ En communiant au Christ qui s'offre, nous faisons de toute notre vie, de toutes nos activités un "sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu", comme disait St Paul (Rom 12/1).

Et voyez quelle continuité voulue par Dieu entre la Présentation de Jésus au Temple, la prière universelle de Marie à Cana et sa participation au sacrifice de la croix, actions qui sont toutes reprises dans le mystère de l'Eucharistie que nous présente l'Eglise.

Marie offre ; et parce qu'elle offre, elle présente sa prière universelle : "Ils n'ont plus de vin", c'est-à-dire : "ils n'ont pas de vraie joie" ; "ils n'ont pas de vraie paix" ; "ils n'ont pas de vrai bonheur".  La prière de Marie est intercession. Intervenir en faveur de quelqu'un, c'est faire de son cœur un lieu de rencontre entre la misère de l'un et la miséricorde de l'autre.

Aussi n'est-il pas étonnant de retrouver Marie au pied de la Croix où il lui fut dit : "Femme, voici ton fils !". Tout l'amour maternel que l'Esprit Saint a mis en son cœur, ne pouvant plus l'exercer au service de Jésus, elle le met au service des disciples de Jésus, et elle l'exerce jusque dans la souffrance. Elle devient reflet de la tendresse maternelle de Dieu.

C'est tout cela que nous revivons par l'Eucharistie si indispensable pour un chrétien. Comme Marie et avec elle, sachons offrir, nous offrir nous aussi, intercéder pour nos frères et traduire en nos vies l'Amour même de Dieu pour les hommes.

Alors demeurant près de Marie à l'exemple des Apôtres - "Unanimes, ils étaient assidus à la prière avec Marie, la Mère de Jésus" -, offrant comme elle, intercédant comme elle, nous unissant comme elle à son Fils, révélation de la tendresse de Dieu notre Père, nous appelons sur le monde une "nouvelle Pentecôte" : l'Esprit Saint viendra "renouveler la face de la terre", en refaisant l'homme "à l'image et à la ressemblance de Dieu".
Et c'est ainsi que déjà "nous serons pour toujours avec le Seigneur, avec le Christ en gloire". C'est en Lui que Marie exerce désormais éternellement sa maternité divine à notre égard.

Et avec tendresse, elle nous dit : Petits enfants...  Dans le Christ, vous n'avez pas plusieurs mères. Car c'est moi qui, de la crèche au Golgotha et par ma prière incessante, vous ai engendrés dans le Christ Jésus. Comme Paul le disait aux Corinthiens, elle nous répète : "Je vous en prie, montrez-vous mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ"  (I Cor 4/16;11/1)

Joyeux NOEL !

Bonne Nouvelle à transmettre ! (Noël Aurore)

NOEL 2014 (Messe de l' Aurore) -

"Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé !", disent les bergers.
"Ils se hâtaient d’y aller !".
 Il en est toujours ainsi en notre vie spirituelle, il faut se mettre en route aujourd’hui encore et toujours : "Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé !".

Les bergers découvrent "Marie, Joseph avec le nouveau-né couché dans une mangeoire".
Nous avons besoin nous aussi de ce réalisme des bergers pour découvrir Dieu ! La foi n'est pas le résultat d'évanescentes ou vaporeuses idées d'intellectuels - ou supposés tels et souvent par orgueil -. Non ! Dieu se manifeste toujours dans le concret d'une vie, d'une vie pauvre, et pauvre parce que humble -, comme celle des bergers.
On le sait : la Mishna (1), (Lois orales) classait le métier de berger parmi les plus méprisables, le Talmud lui-même (2), (Lois écrites) doutant de leur capacité à suivre les prescriptions de la Torah ! Les portes des Synagogues se fermaient souvent devant eux. Et le peuple les considérait comme menteurs, voleurs... Bref, les bergers étaient les pauvres d'entre les pauvres. Ils avaient les sentiers pour maison et le ciel pour abri. C'est tout.

Un Enfant leur était annoncé ! Ils voulaient voir ! - Avons-nous ce même désir, le désir de Dieu ? -.
Ils découvrirent une femme remplie de tendresse, de douceur pour son enfant. Ils aperçoivent Joseph, l’homme juste qui est passé par l’épreuve. Mais ils contemplent surtout l’Amour mystérieux qui émane de chacun. Il est tout nouveau pour eux.

Une voix s'était fait entendre ; un cantique mystérieux avait été entonné, entraînant vers une joie inconnue !
Alors, en l'enfant entouré d'amour, ils devinent : Dieu se fait proche, Dieu se manifeste en cet enfant !
Par ce nouveau-né couché dans une mangeoire, Dieu montre l'homme qu’il vient de mettre au monde. En cet enfant, ils contemplaient l'avenir de l'homme, cet homme nouveau et accompli dont parlera St Paul ! L'homme, pleinement "à l'image et ressemblance de Dieu",
tel que Dieu l'avait voulu au matin de la création,
tel qu'il le veut au matin de la Rédemption,
tel qu'il le désire au matin de son éternité !

Alors, ils prennent leur temps. Et "après l’avoir vu (l'enfant) ils racontèrent tout ce qui leur était arrivé !". En racontant la visite de l’ange de l’annonce, le chant des anges et les paroles reçues, ils prennent mieux conscience encore que le ciel est en fête et que la terre exulte.

Oui, les bergers "racontèrent tout ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant !". La visite des bergers est un mystère pour Marie et pour Joseph comme le fut l’annonciation ! Comme le fut la Visitation après l'Annonciation : c'est dire que le message étant reçu, il doit se propager rapidement. Et ce message étant venu jusqu'à nous, à nous de le transmettre !

"Marie cependant retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur !".
Et les bergers repartirent, ils glorifiaient et ils louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été annoncé.

Nous vivons la fête de Noël au cœur de la nuit. Le jour se lève ; et le mystère se révèle par la Parole qui nous vient de Dieu. Il nous faut intérioriser cette expérience de "Dieu-Emmanuel" ! Il y a dans notre vie des annonces de Dieu proche de nous !  Qu’en faisons-nous ? Les bergers, eux, se mirent en route pour annoncer la présence de Dieu !
Il nous faut, nous aussi, nous mettre en route, tout remplis de foi, d'espérance, d'amour, même si nous cheminons la nuit avant l'aurore de l'éternel jour pascal... Et nous pouvons aller répétant comme St Jean de la croix, dans l'un de ses poèmes :

"Je sais bien la fontaine qui coule et bruit,
Encor que ce soit de nuit !

Cette éternelle fontaine est en cachette,
Je sais bien où elle demeure secrète,
Encor que ce soit de nuit !

En cette nuit obscure d’une vie sèche,
Je sais bien par la foi la fontaine fraîche,
Encor que ce soit de nuit !

Je n'en sais l'origine, elle n’en a point,
Mais sais que d’elle toute origine vient,
Encor que ce soit de nuit !

Je sais qu’il ne peut être chose aussi belle,
Et que les cieux et la terre boivent en elle,
Encor que ce soit de nuit !"

Et le poète religieux terminait par ces deux stances qui m'enchantent :

"Cette éternelle fontaine est en cachette
Dans ce pain vivant qui vie pour nous sécrète,
Encor que ce soit de nuit !

Cette fontaine vive, que je désire
Dans ce pain de vie, elle-même j’admire,
Encor que ce soit de nuit !"


Saint Noël !

(1) (Mishna = répétition) : Compilation des lois orales, de la Tradition orale
(2) 'Talmud = étude) : Commentaires de la Torah