mardi 10 mars 2015

Pardonner !

Carême  3  Mardi                 

Un tout, tout petit mot aujourd'hui, à la suite de l'évangile qui nous parle de pardon..., qui nous demande de pardonner !

Il est vrai que la rancune est une grave maladie qui ne pardonne pas !

Aussi, s'il y a une chose impardonnable, c'est de ne pas pardonner !

C'est peut-être le propre de la jeunesse que ne pas savoir pardonner, d'être impitoyable !
Il me semble qu'à mesure que l'on vieillit, on se sent plus indulgent pour les autres. La liberté humaine me semble si mesurée qu'il n'est guère possible de juger véritablement, mais d'avoir surtout pitié... !
A l'exemple du Christ sur la croix : "Père, pardonne-leur !".

Et si l'on ne pardonne pas ?
"C'est ainsi que votre Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur !".

lundi 9 mars 2015

Le vrai temple

3ème Dimanche de Carême                

Il y a des événements dont on ne saisit le sens qu'après coup, quand la poussière qu'ils ont soulevée a eu le temps de se redéposer et que les souvenirs ont eu le temps de fermenter dans le cœur. L'épisode du temple est sans doute de ceux-là

Car il n'est pas simplement question, ici, pour Jésus, de nettoyer le sanctuaire, de son aspect bruyant et commercial, comme pour le rendre à son silence et à sa majesté première. Ce n'aurait pourtant pas été inutile, car le temple de Jérusalem, orgueil du peuple juif, était devenu un complexe polyvalent qui tenait lieu à la fois de cathédrale, de parlement - le Sanhédrin y siégeait -, et de banque - c'est là qu'étaient entreposés les trésors d'Israël -. Purifier le temple et le rendre à sa destination première, au culte envers Dieu aurait déjà été un but fort louable et, déjà, très difficile, car c'était défier les trois pouvoirs réunis de la religion, de la politique et de l'économie.

Mais Jésus veut aller encore beaucoup plus loin.
Non seulement il faut parler d'une véritable occupation du Temple par Jésus, ce que St Jean et surtout St Luc souligne : "Il était chaque jour à enseigner dans le temple", ce qui agace les autorités juives…
Non seulement il occupe le temple, mais il parle purement et simplement de la destruction de ce temple édifié à grand frais. D'ailleurs, n'avait-il pas déjà dit à la Samaritaine : "L'heure vient ou ce n'est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez Dieu" (Jn 4.24).

LE TEMPLE, CORPS DU CHRIST.
Un passage de l'épître aux Hébreux nous aide à mieux comprendre encore ce que Jésus veut dire : "De sacrifice et d'offrande, tu n'as pas voulu, mais tu m'as façonné un Corps. Holocaustes et sacrifices ne t'ont pas plu. Alors, j'ai dit : 'Me voici… Je suis venu, ô Dieu, pour faire ta volonté'" (Heb 10.5).
Ce passage est clair : bien plus que des sacrifices, Dieu désire un Corps, une vie qui fasse sa volonté, sa volonté d'Alliance entre Dieu et l'homme. Une Alliance qui doit être manifestée dans l'amour mutuel.
C'est donc en lui-même, en son Corps, en sa Vie, que Jésus, Dieu et homme, va édifier le véritable Temple, le véritable Culte de la Nouvelle Alliance entre Dieu et les hommes : "Et le verbe s'est fait chair. Il a habit parmi nous. Et nous avons vu sa gloire, la gloire que, Fils Unique plein de grâce et de vérité, il tient du Père" (Jn 1/14). - Et ce corps, cette Vie du Fils de Dieu qui a pris Corps, va se dresser face aux trois pouvoirs religieux, politique, économique du temple terrestre. Il va être élevé en Temple nouveau de l'Alliance divine : "Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai".

Et St Jean de bien préciser : "Le temple dont il parlait, c'était son Corps",
son Corps né du sein de Marie, son Corps d'enfant et de charpentier,
son Corps qui avait parcouru les chemins et les bourgs de la Palestine,
son Corps qui allait souffrir la torture et mourir sur la croix,
son Corps qui ressusciterait le troisième jour.
Voilà le Temple nouveau fait de vie et de travail, de joies et de luttes, de rencontres et de miracles, de souffrance et de mort, d'espérance…

LE TEMPLE, CORPS DU CHRIST, EUCHARISTIE.
Désormais il n'y aura plus d'autre Temple que ce Corps dont les membres vont se multiplier à travers le monde. Car son Corps, un jour, à la stupeur de tous, Jésus l'avait proposé comme nourriture pour la vraie Vie.
Et il allait bientôt l'offrir à ses compagnons en leur partageant le pain de la dernière Cène.

Dès lors, tous ses disciples peuvent, bien sûr, continuer d'utiliser des lieux de rassemblement, de prières ; mais ce sera moins des lieux d'offrandes et de sacrifices que des lieux où ils viendront s'insérer dans le Corps sacrifié du Christ, dans son Sang offert, pour être finalement eux-mêmes son Corps, Temple de Dieu, et repartir le construire dans le cœur de tous les hommes : "Ce n'est plus moi qui vis, disait St Paul, c'est le Christ qui vit en moi" ; c'est son Corps qui grandit, c'est son Temple qui se construit.

Là encore, ne faisons pas ce que j'appelle une "inversion sacrilège" : ce n'est pas nous qui construisons, qui nous construisons en accueillant le Corps du Christ !  C'est avant tout le Corps du Christ qui grandit, qui se développe quand il s'incorpore à nous, à notre vie. Et son Corps ressuscité devient en nos corps prémices, promesses de toutes les résurrections. Il y a comme une pénétration, une osmose. C'est cela, avant tout l'Eucharistie.
Bien sûr, il y a lieu de porter l'intérêt sur la beauté de l'office, de rendre plus signifiant, plus compréhensif ce qui s'accomplit, de privilégier l'aspect fraternel de nos assemblées, mais à condition cependant que tout se fasse en vue de faire grandir le Corps du Christ, en vue de développer le Temple de la Nouvelle Alliance.

LE TEMPLE, CORPS DU CHRIST, CORPS DE L'EGLISE.
Il avait bien compris cela St Paul, lorsqu'il sillonnait le monde gréco-romain. Il avait connu le temple de Jérusalem et sa vaste esplanade. Il avait prêché devant le Parthénon, à Athènes. Il avait vu les splendeurs des temples sacrés. Et, cependant, d'Ephèse, capitale prestigieuse où l'on pouvait admirer le fameux temple d'Artémis, l'une des sept merveilles du monde, il avait l'audace d'écrire aux chrétiens de Corinthe où l'on visite encore les ruines lumineuses du temple d'Apollon, il écrivait avec hardiesse à cette communauté déchirée, déjà, par la désunion et les mesquineries : "Mais le Temple de Dieu, c'est vous !".

Et il avait raison : le Temple de Jésus est fait de "pierres vivantes", comme le disait St Pierre. (I Pet 2.5) "Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux" (Mth 15.20). Il s'agit toujours du Corps du Christ qui grandit dans l'humanité souvent opaque. C'est un Temple de visages, de mains, de cœurs et d'esprits, dont le ciment est toujours à refaire dans la rencontre, le partage, l'accueil de l'Evangile et l'action de grâces commune.

"La Messe, il faudrait la refaire, dit-on parfois. Comment voulez-vous que les Jeunes viennent à l'église pour regarder le prêtre, là-bas, sans rien faire eux-mêmes". Et c'est vrai, d'une certaine manière : "Les églises sont faites pour les hommes et non les hommes pour les églises". Et il est heureux qu'à la suite de Vatican II, la liturgie se soit adaptée et s'adapte aux sensibilités de telle ou telle communauté, de tel ou tel pays.
Mais il ne faut pas pour autant oublier l'essentiel : "Le Temple de Dieu, c'est vous". Et ce Temple vit lorsque des hommes et des femmes laissent le ferment de l'Evangile travailler leur vie. Et le Temple est désormais partout, subtil et insaisissable comme la lumière. Et le secret de son bâtisseur invisible, secret que nous désirons connaître et nous approprier, surtout en ces temps qui nous conduisent vers Pâques, ce secret n'est-il pas le mot "Résurrection" ?

samedi 7 mars 2015

Souffrance !

Belle réflexion que j'ai reçue et que je me permets de transmettre, en ce temps de Carême !

Je ne sais pas pourquoi la souffrance.
Mais je sais par qui elle devient vie.
Je ne sais pas pourquoi cette souffrance qui nous fait crier.
Mais je sais par qui elle est apaisée.
Je ne sais pas pourquoi cette souffrance qui nous met en larmes.
Mais je sais par qui elles sont séchées.
Je ne sais pas pourquoi cette souffrance injuste et inutile.
Mais je sais par qui elle est valorisée.
Je ne sais pas pourquoi cette souffrance qui s'abat et s'acharne
sur des hommes, des femmes, des jeunes et des enfants.
Mais je sais par qui elle nous rapproche
les uns des autres et resserre nos liens.
Je ne sais pas pourquoi malgré cette souffrance
on se relève, on s'organise, on lutte.
Mais je sais par qui on y arrive.
Je ne sais pas pourquoi la souffrance.
Mais je le sais : Toi, Dieu, tu es là !
Et nous tenons debout enracinés dans l'espérance !

Que ton Amour soit sur nous comme notre espoir est en toi !

vendredi 6 mars 2015

Transfiguré dans le Christ !

Eucharistie à l'occasion du décès d'une amie du prieuré "La Paix Notre-Dame" !

(Is 52.13-53.5  -  Mc 9.2-1à)

En ce jour où nous voulons faire mémoire de Mme Rustin et prier pour elle à l'heure de son éternité, l'évangile nous rapporte le récit de la transfiguration de Jésus (que nous avons entendu dimanche dernier) : Jésus s'est montré à ses apôtres le visage transformé ! Pourquoi ?

Jésus était en route vers Jérusalem et il savait bien que là-bas, les autorités avaient décidé de le faire mourir. A plusieurs reprises déjà, Jésus avait prévenu ses amis ; il leur avait dit qu'il lui faudrait beaucoup souffrir, qu'il allait être défiguré, qu'il allait mourir…, mais qu'il serait transfiguré, qu'il ressusciterait !
Tel est également le but de tout cheminement humain : mourir, certes, mais ressusciter avec lui dans sa transfiguration divine, si nous lui faisons confiance ! Les apôtres, comme nous-mêmes parfois, étaient inquiets, troublés, déconcertés : ils ne comprenaient pas !

Jésus décide donc de leur faire entrevoir un bref instant sa vie glorieuse de Fils de Dieu après sa résurrection. Comme pour leur dire : oui, vous me verrez, défiguré, traité comme un maudit, mourir ignominieusement. Comme le prédisait Isaïe : Il sera défiguré ; il ne ressemblera plus à un homme ! Mais, même alors, dit Jésus, gardez confiance : je ressusciterai. Isaïe avait annoncé encore : Le Serviteur de Dieu pousse comme une plante chétive, même si elle est enracinée dans une terre aride. Oui, dit Jésus, je ressusciterai et je serai pour toujours avec vous.

Et il ne cesse de nous répéter, aujourd'hui même : je serai pour toujours avec vous ! Avec moi, vous cheminez vous aussi vers une vie toute autre, vers la transfiguration éternelle, là où Dieu essuiera toute larme de vos yeux, comme dit le livre de l'Apocalypse, où il effacera toute ride de vos visages qui retrouveront leur aspect originel, celui d'être "à son image et ressemblance", cet aspect voulu par lui dès le matin de notre existence, l'aspect d'enfant de Dieu !

Mais cette transfiguration éternelle, il nous faut la préparer ici-bas. Et Jésus est venu. Il vient à nous, précisément pour nous y aider. Aussi, la première question à nous poser est bien celle-ci : qu'est-ce qui défigure nos vies ?

C'est peut-être d'abord l'oubli de notre destinée éternelle en laquelle est arrivée celle qui nous rassemble. Un oubli qui n'est finalement qu'un manque d'amour et envers Dieu et envers nos frères qui cheminent avec nous. C'est cet oubli qui nous avilit, défigure le visage de notre âme plus que celui de notre corps, contredit notre dignité d'enfant de Dieu. Je n'ai guère connu Mme Rustin ; mais je crois pouvoir dire qu'elle manifestait une noblesse d'âme qui la préparait à la grandeur, à la beauté, à la bonté de Dieu lui-même !

C'était cette dignité chrétienne qui l'animait. Car si nous nous disons chrétiens du fait de notre baptême, du fait de notre profession religieuse, il nous reste toujours à le devenir jusqu'au jour éternel où "nous serons semblables à Dieu parce que nous le verrons tel qu'il est", dit St Jean (I Jn 3.2).

Ce qui défigure encore nos vies et la vie du monde, ce sont la souffrance, la misère, misère physique, psychique, morale, spirituelle... Oui, la souffrance, la misère avilissent l'homme. C'est pourquoi Dieu n'en veut pas ; c'est pourquoi Jésus lui-même a lutté contre la souffrance humaine. Les évangiles sont pleins de ces récits où Jésus guérit aveugles, paralysés et soulage de toutes sortes de maladies.
Certes, lui-même subira la mort, mais en lui imposant comme une inversion de valeur : Il a accepté la souffrance et la mort pour mieux manifester jusqu'où peut aller l'amour en luttant contre le mal. Car, en nous, la puissance d'aimer est la même que la puissance de souffrir. On souffre toujours en proportion de son amour ! Et c'est l'amour qui apporte la paix, affirmait encore Isaïe.
Mme Rustin, me semble-t-il, avait compris cela. Elle avait compris de manières diverses, que Dieu comptait sur elle, surtout après la mort de son époux, pour lutter, avec le Christ, contre les misères quelles qu'elles soient, pour essayer de voir, déjà ici-bas, en tout visage humain le visage de Dieu qui doit se manifester pleinement.
Que Dieu l'accueille en un "face-à-face" éternel en lequel elle désire désormais nous voir comme déjà transfigurés.

Ce qui défigure encore nos vies et le monde d'aujourd'hui, c'est le doute, le découragement, la peur. Bien des gens n'ont plus confiance en rien : ils sont déçus par bien des aspects de notre vie moderne. Aucune idéologie n'a répondu à leur espérance. Beaucoup même se mettent à consulter prédictions et divers "Nostradamus".  
Et pourtant, notre destin n'est jamais fixé d'avance. Il n'est pas inscrit dans les étoiles. Il nous est proposé par Dieu. Et c'est nous qui avons à le réaliser. Jésus nous montre le chemin : nous n'avons pas à avoir peur ; nous pouvons lui faire confiance. Comme dit St Paul : "Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?". Il nous a donné Jésus son Fils. Et puisque le Christ est mort et ressuscité, puisqu'il intercède pour nous, pourquoi douter, pourquoi avoir peur, pourquoi nous décourager ? Que dès maintenant, l'espérance revienne transfigurer nos visages ! Et c'était certainement cette espérance qui animait celle qui nous rassemble.

En la circonstance d'aujourd'hui, Dieu nous redit à quelle transfiguration, nous sommes appelés à la suite de Jésus. Cette transfiguration, préparons-la à l'exemple de ceux qui nous ont précédés, à l'exemple de celle qui nous unit.
Alors, nous l'espérons dans la foi, l'espérance, la charité, il nous sera dit à nous aussi : "Mon serviteur réussira, il montera, il s'élèvera, il sera exalté !".

mardi 3 mars 2015

Dieu seul, Maître, Père... !

Carême 2 Mardi  -             

"Dieu n'est pas toujours ce que l'on croit", affirmait St Jean Chrysostome ! Car trop souvent, on imagine Dieu d'une façon trop humaine - ce que j'appelle l'"inversion sacrilège" par excellence. Le sarcastique Voltaire avait bien perçu ce travers chez nombre de chrétiens : "Dieu a fait l'homme à son image, et l'homme le lui a bien rendu !".

- Dieu n'est pas un professeur, un Maître à la façon des scribes et pharisiens, si savants fussent-ils en leurs synagogues ! Ils croyaient trouver Dieu à la pointe de leurs raisonnements intellectuels !
Mais on n'enferme pas Dieu dans nos idées si élevées soient-elles à son sujet. "Vos pensées ne sont pas mes pensées", disait Dieu par l'intermédiaire du prophète Isaïe (55.8). Certes, les études - de la Parole de Dieu surtout - peuvent nous acheminer vers le Seigneur. Mais vouloir enfermer Dieu dans nos spéculations, nos axiomes philosophiques est une "inversion sacrilège" remplie d'orgueil.
Dieu est Vérité qui illumine non pas tant l'intelligence d'un savant que le cœur d'un "pauvre" très limité intellectuellement, mais prêt à l'accueillir cependant ! Le grand savant St Thomas d'Aquin avait eu cette conviction, quelque temps avant de mourir. Il demandait de brûler ce qu'il avait enseigné : "C'est de la paille", disait-il, en percevant la transcendance de Dieu !
St Jean de la croix écrivait :
"Je pénétrai où je ne savais
et je demeurai ne sachant,
toute science dépassant !"
Et sa grande confidente - Ste Thérèse d'Avila - affirmait : "Vous posséderez Dieu à proportion de votre humilité !". L'humilité d'un pauvre que nous devons avoir devant Dieu !

- Dieu n'est pas un maître de morale à la façon des scribes et pharisiens qui édictaient lois et conduites de vie. Non seulement, ils ne les observaient pas toujours, mais s'ils les observaient, c'était "pour être vus des hommes". Ils croyaient que les observances conduisaient obligatoirement vers Dieu !
C'est un danger permanent. L'évêque de Paris disait à propos de Mère Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royal, et de ses religieuses : "Elles sont pures comme des anges et orgueilleuses comme des démons !".
D'ailleurs, il faut bien le remarquer : Dieu ne choisit pas toujours les "vertueux" en vue d'une mission particulière. Bien au contraire, il "choisit" souvent des "pauvres pécheurs" - qui se reconnaissent tels - pour que lui - et Lui seul - les conduise à la sainteté ! Tel un Jacob dont le nom signifiait "le Tordu" (il en a fait des coups tordus celui-là !), tel un David qui souvent se prenait pour Dieu lui-même, tels les apôtres que le Christ a choisis ! Et bien d'autres tout au long de l'histoire de l'Eglise !
Les prescriptions d'une "bonne morale" peuvent être, certes, une bonne manière de s'approcher de Dieu. Mais, là encore, on ne trouve pas Dieu à la pointe de nos efforts de bonne conduite, efforts parfois trop orgueilleux.
Dieu seul est "Perfection" qui veut illuminer notre cœur humblement ouvert, afin de mieux accomplir la demande de Notre Seigneur : "Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait !". Dieu seul peut nous façonner "à son image et ressemblance". Que ce soit notre humble prière !

- Dieu n'est pas un "maître-es-arts", l'Esthète divin par excellence qui préfèrerait la beauté d'un chant à l'intelligence que l'on peut en avoir pour s'adresser à lui !
S'il est important de vouloir louer Dieu avec de la beauté, Dieu ne se laisse pas étreindre, atteindre par nos voix si musicales soient-elles, par nos chants si beaux soient-ils. Dieu est le "Beau" qui veut surtout embellir nos vies !


Oui, Dieu est le Transcendant par excellence ; et nos seules forces - quelles qu'elles soient - ne peuvent y suffire pour l'atteindre véritablement. Sinon même la religion conçue de façon trop humaine peut devenir une idole : on adore l'œuvre de sa pensée, de sa conduite, de son art (choral ou autre) et non Dieu lui-même !

Mais ce Dieu-Transcendent que l'on ne peut atteindre par nos propres forces est venu parmi nous : il s'est fait "Emmanuel" (Dieu parmi nous !).
Et ce Dieu devenu "immanent" nous a enseigné qu'une seule chose que St Jean résumait magnifiquement : "Dieu est Amour" ! Aussi son seul "commandement" est d'aimer : aimer Dieu et aimer ses frères, d'un même amour. C'est en recevant son amour en notre intelligence, en notre cœur, en notre sensibilité qu'il se donne à nous afin de pouvoir l'imiter, Lui seul : "Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait !".

Aussi, nous est-il dit aujourd'hui : n'appelez personne maître ou père ! "Non pas, précise St Jean Chrysostome, que l'on ne puisse appeler personne ainsi, mais pour que l'on sache qui il faut légitimement appeler "Père" ! En effet, de même que les maîtres ne sont pas maîtres par eux-mêmes, de même les pères non plus. Car c'est Lui, Dieu, leur cause à tous, aux maîtres et aux pères !" (hom. 72.3).

"Dieu est Amour !". Et c'est en recevant par la foi cet amour divin pour mieux aimer et Dieu et ses frères (1) que l'on arrivera à nous approcher de Dieu.  Jésus disait : "Moi, la Lumière, je suis venu dans le monde afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres". Et avant d'accomplir sa Pâques, il priait pour tous ceux qui croiront en lui "afin que tous soient un, disait-il, comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi !" (Jn 17.20-21). "Je leur ai fait connaître ton Nom et je le ferai connaître encore afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux, et moi en eux !" (Jn 17.26).

Le pape François dans son encyclique "Lumière de la foi" précisait : "Celui qui croit, en acceptant le don de la foi, est transformé en une créature nouvelle. Il reçoit un nouvel être, un être filial ; il devient fils dans le Fils. "Abba, Père" est la parole la plus caractéristique de l'expérience de Jésus, qui devient centre de l'expérience chrétienne" (cf. Rm 8.15).
"Dans la foi, le "moi" du croyant grandit pour être habité par un Autre, pour vivre dans un Autre ; et ainsi sa vie s'élargit dans l'Amour. Là se situe l'action propre de l'Esprit-Saint. Le chrétien peut avoir les yeux de Jésus, ses sentiments, sa disposition filiale, parce qu'il s'est rendu participant à son Amour qui est l'Esprit".

(1) St Jean Chrysostome disait encore : "Le véritable temple, c'est ton frère !".