mercredi 30 septembre 2015

Un mauvais caractère, mais un saint cependant !

30 Septembre 15   -   St Jérôme

St Jérôme est un saint un peu particulier, paradoxal ! On pourrait lui attribuer, me semble-t-il, cet axiome latin : "Admirandus, non imitandus" ; "A Admirer, mais pas toujours à imiter !".  Un de mes professeurs disait naguère qu'il aurait facilement placé sur les autels plutôt Origène que Jérôme !

"Pas toujours à imiter", ce saint, à cause de son caractère très entier !
Etudiant plein de fougue à Rome, il demande le baptême à 19 ans. Dès lors, il ne peut concevoir d'autre vie que pleinement, totalement consacrée à Dieu. Oui, mais où et comment ? Ce fut longtemps sa grande question de vie !

Aussi, jamais très satisfait du lieu où il se trouve et de ce qu'il rencontre, il sera, dans un premier temps, comme un moine gyrovague, allant de droite à gauche et de gauche à droite. Il passe d'abord deux années dans un désert de Syrie. Ce sera pour lui un stage d'érémitisme, de contemplation qui lui permettra déjà de goûter amoureusement les Saintes Ecritures.

Cependant Jérôme se sent appelé également à l'action ! Il se rend à Antioche, ville célèbre pour son école exégétique. Il apprend le grec et l'hébreu. Et il reçoit le sacerdoce.

Mais il ne peut tenir en place. Il part pour la capitale, Constantinople. C'est là qu'il découvre l'exégèse d'Origène et rencontre le grand théologien contemplatif Grégoire de Nazianze dont il devient le disciple admiratif.

Toujours indécis sur ce qu'il doit devenir, il revient à Rome. Là, sa grande culture fait de lui le secrétaire du pape Damase. Il a aussi beaucoup de succès auprès des laïcs et notamment auprès de certaines "dames" de la haute société. Elles deviendront ses admiratrices inconditionnelles au point de former auprès de lui, un petit cercle, une communauté en quelque sorte.

Cependant, à la mort du pape St Damase, il doit quitter Rome où son bouillant caractère lui a valu beaucoup d'ennemis. Les "dames" de son petit cercle le suivent jusqu'à Bethléem où Jérôme fonde pour elles un petit monastère.

C'est dans cette bourgade de la naissance du Christ que Jérôme semble avoir trouvé sa vocation ! Il se consacre entièrement à l'étude de la Bible qu'il traduit en latin - la célèbre traduction qui sera appelée "Vulgate" -. Ce faisant, il se brouille avec de nombreuses personnalités, s'immisçant fortement et facilement dans les querelles de l'époque (qui étaient nombreuses, il faut le reconnaître).

Certes, St Jérôme passe dans l'histoire pour l'un des plus mauvais caractères dans la communion des saints. Mais finalement, son affectivité exacerbée le rend peut-être plus proche de nous. On le plaint d'avoir été irascible et vindicatif. Mais on l'admire pour son amour du Christ et de la Parole de Dieu qu'il s'appliquait, par une grande ascèse, à vivre le plus parfaitement possible, se dépensant totalement au service de l'Eglise !

C'est à Bethléem que, parvenu à un âge avancé, il mourut paisiblement en 420.

Aussi on peut retenir aujourd'hui et méditer quelques formules frappantes de ce tempérament bouillant, mais bouillant de l'amour du Christ :
- Vous priez ! Certes ! Mais c'est vous qui parlez toujours ! Lisez donc l'Ecriture ! C'est alors que le Christ pourra, Lui, vous parler enfin !
- Ignorer les Ecritures, c'est tout simplement ignorer le Christ !
- Ce qui a de la valeur, c'est d'être chrétien et non pas de le paraître.
Et encore cette maxime qui me semble importante :
- Sachez bien que l'on ne naît pas chrétien ! On le devient !

Devenir véritablement chrétien, n'est-ce pas là notre vocation, à tous ?

mardi 29 septembre 2015

Le combat avec St Michel

29 Septembre 15   -   Sts Michel, Gabriel, Raphaël.

Le 13 octobre 1884, à la fin de la célébration de la Messe, le Pape Léon XIII eut une vision terrifiante de l’enfer en laquelle il entendit la voix de Satan qui menaçait de détruire l’Église. "j’ai vu la terre, dira-t-il, comme enveloppée de ténèbres et d’un abîme ; j’ai vu sortir légion de démons qui se répandaient sur le monde pour détruire les œuvres de l’Eglise et s’attaquer à l’Eglise elle-même que je vis réduite à l’extrémité. Alors, St Michel apparut et refoula les mauvais esprits dans l’abîme. Puis, je l'ai vu intervenir non à ce moment, mais bien plus tard, quand les personnes multiplieraient leurs prières ferventes envers l’Archange !".

Troublé par cette vision, le pape composa une prière spéciale en l’honneur de St Michel et ordonna qu’elle soit récitée à la fin de chaque Eucharistie. Elle le fut jusqu’en 1964, à la suite des décrets de la Réforme liturgique (Inter oecumenici n° 48). Cependant, un peu plus tard, le pape Jean-Paul II exhortait : "Même si cette prière n’est plus récitée à la fin de la Messe, je demande à tous de ne pas l’oublier et de la réciter pour obtenir de l’aide dans la bataille contre les forces des ténèbres et contre l’esprit de ce monde".

Cette prière est d'ailleurs dans la continuité de l’enseignement de l’Eglise. St Grégoire le Grand, par exemple, enseignait : "Chaque fois qu’il est besoin d’un déploiement de force extraordinaire, c’est Michel qui est envoyé... !". Et ce grand pape de rappeler qu'à la fin des temps, selon l'apocalypse, "lorsque Satan sera laissé à sa propre force, il devra combattre contre l’archange Michel" qui le vaincra ! (homélie 34 sur les péricopes évangéliques)

La prière de Léon XIII reste donc une prière de choix dans le combat spirituel, une prière que conseille l'Eglise, une prière que nous pouvons reprendre souvent :
"St Michel Archange, défendez-nous dans le combat, soyez notre secours contre la malice et les embûches du démon.
Que Dieu exerce sur lui son empire, nous vous le demandons en suppliant.
Et vous, Prince de la Milice du Ciel, armé de la force de Dieu, repoussez en enfer Satan et les autres esprits mauvais qui rôdent dans le monde afin de perdre les âmes".

Oui, la vie est un combat. Nul besoin d'être prophète pour le dire. La vie est ainsi faite que nous avons de grandes et de petites batailles à livrer chaque jour. Il y a aussi des périodes qui semblent pleines de luttes incessantes et d'autres d'accalmie. Il y a des temps de victoires et parfois de défaites. Parfois, des batailles inutiles et d'autres, immanquablement, que nous devons livrer.
C'est probablement ce que l'apôtre Paul avait en tête lorsqu'il disait à Timothée : "Combats le bon combat de la foi et conquiers la vie à laquelle tu as été appelé…"  (I Tim. 6.12).

Oui, la vie est un combat depuis la création de l’Univers, où Dieu sépara la lumière des ténèbres. Et ce combat entre lumière et ténèbres est permanent. Ce combat prendra tout son sens avec l’avènement du Christ, Lui qui a dit : "Je suis la Lumière !". Il est venu pour nous sauver des ténèbres, du pouvoir de l'ombre de toute mort qu'entretient Satan, prince des ténèbres !

Dès lors, à la suite du Christ, nous, chrétiens, nous connaissons bien ce combat que Satan nous livre depuis le Jardin d’Eden en nous susurrant ses trois principales tentations toujours actuelles :
- tentation du pouvoir = être comme Dieu, mais sans Dieu !
- tentation de l’avoir = tout posséder, mais sans Dieu !
- tentation du savoir = acquérir la connaissance, mais sans Dieu !

Cependant, nous le savons, le pouvoir du démon fut détruit lors de la Pâques du Christ. Aussi, il est écrit qu’après sa mort, le Christ est descendu jusque dans l'ombre des enfers, afin de retirer à Satan tout pouvoir. Et ressuscité d’entre les morts, Jésus retourna vers son Père, où il reçut tout pouvoir au ciel comme en terre afin de nous entraîner vers la Gloire de Dieu, vers sa Lumière éternelle !

Au moment de sa mort, Jésus avait dit : "Tout est accompli !", ce qui veut dire : j’ai mené à bonne fin la mission que le Père m’avait confiée pour le salut de tout homme... Et il dira dans sa prière adressée à son Père en pensant à tous ses disciples : "Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde...", afin de poursuivre son œuvre de salut ! Aussi, dira-t-il à ses apôtres : "Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups !" (Mt 10(16). Mais, avant de les envoyer il leur donna son Esprit, l'Esprit de puissance pour accomplir cette mission.

Oui, la vie est un combat ! Mais avec le Christ désormais ! St Vincent de Paul le disait souvent : "La vie de l'homme n'est qu'un combat !”. Et, plus récemment, Mère Térésa l'affirmait également : "La vie est un combat, accepte-le !”.

Ce combat est avant tout un combat spirituel : le conflit permanent entre les deux royaumes :
- le royaume de Dieu qui est le royaume de lumière, du bien..., de l'Amour !
- le royaume de Satan qui est le royaume des ténèbres, du mal... de la haine !
Et dans ce combat, à cause de notre foi en Jésus, le monde nous persécute comme il a persécuté le Christ lui-même. Mais Jésus de nous dire sans cesse : "Prenez courage, j’ai vaincu le monde !" J'ai vaincu Satan et son pouvoir !

Oui, notre joie et notre espérance c’est que Jésus a obtenu pour nous une victoire totale sur Satan et son pouvoir néfaste. Et avec Lui, nous serons également des vainqueurs !
Non seulement il nous donne autorité et pouvoir sur toutes les forces de l’ennemi, mais, de plus, il nous donne les moyens pour remporter la victoire : principalement par ses sacrements (surtout celui de l'Eucharistie) et par sa Parole... : pas seulement ses enseignements qu'il nous a laissés, mais cette Parole, Parole de Dieu, Verbe de Dieu qui se fait vie en nous !
Cela veut dire que ce n’est pas avec nos propres forces que nous pouvons lutter contre les forces des ténèbres mais uniquement avec la force même de Dieu en nous !
Aussi St Paul de nous conseiller : "Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ et ne vous mettez pas en souci de la chair pour en satisfaire les convoitises". (Rm.13.14).
C'est ainsi que nous pouvons affirmer : S'il est vrai que les combats sont inévitables, les victoires le sont tout autant. Car nous allons au combat avec cette arme inouïe : la Vie du Christ en nous, la Vie même de Dieu qui est Amour... !

Et nous savons, avec St Jean, l'issue finale de ce combat de vie. Il est bon de le redire aujourd'hui :
"Il y eut un combat dans le ciel : Michel et ses Anges combattirent le Dragon. Et le Dragon riposta, avec ses Anges, mais ils eurent le dessous..
Et j'entendis une voix clamer dans le ciel : "Désormais, la victoire, la puissance et la royauté sont acquises à notre Dieu, et la domination à son Christ, puisqu'on a jeté bas l'accusateur de nos frères, celui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu.
Mais eux l'ont vaincu par le sang de l'Agneau et par la parole dont ils ont témoigné, car ils ont méprisé leur vie jusqu'à mourir.
Soyez donc dans la joie... car le Diable est descendu chez vous, frémissant de colère et sachant que ses jours sont comptés." (Apoc. 12.7sv).

Aussi, avec grande espérance continuons le combat de la vie..., avec St Michel, ses archanges et ses anges... !

dimanche 27 septembre 2015

Pas de monopole !

26e Dimanche  Ord. 15/B

Quel est celui d'entre nous qui n'a pas été témoin un jour ou l'autre du dévouement, de la générosité ou de l'esprit de sacrifice d'un homme (ou d'une femme) complètement indifférent ou étranger à la foi chrétienne ?

Plusieurs manières de réagir sont alors possibles.
La première est, instinctivement, une réaction de rejet, de méfiance, peut-être aussi de jalousie : “Cet homme n'est pas chrétien ; s'il agit ainsi, c'est par intérêt" ; ou bien : "Il fait semblant, ce n'est qu'un hypocrite !”. C'est un peu la réaction de l'apôtre Jean dans l'évangile : "Nous avons vu quelqu'un chasser des esprits mauvais... Nous avons voulu l'en empêcher, car il n'est pas de ceux qui nous suivent !". Il n'est pas de ceux qui nous suivent !!!
Une autre réaction est possible : étonnement, émerveillement : “Cet homme est chrétien sans le savoir ! c'est un chrétien qui s'ignore !” - Mais c’est un raisonnement faux : on ne peut être chrétien sans le savoir ; car ce mot "chrétien" désigne celui qui a fait connaissance avec le Christ et qui croit en lui. On ne peut pas être chrétien sans le savoir, c'est contradictoire dans les termes.
Une troisième réaction est celle que nous suggère Jésus : réaction d'heureuse surprise et d'accueil : “Celui qui n'est pas contre nous est pour nous !”. Voilà un homme qui se laisse animer par l'Esprit de Dieu, par l'Esprit d'amour qui remplit l'univers. Oui, l'Esprit Saint se répand, comme le constatera très tôt St Pierre, même sur des païens (Cf. Act. 10.44sv, à propos de la conversion de Corneille)

Nous avons eu et nous avons toujours tendance, plus ou moins, nous chrétiens, à croire que nous avons le monopole du bien et du vrai, que nous sommes plus ou moins propriétaires du vrai Dieu, et qu'il faut être chrétien pour profiter des grâces de Dieu, comme si Dieu ne s'intéressait qu'à nous seulement. Mais non ! Dieu est au travail dans le monde entier. “Mon Père est à l'œuvre toujours, disait Jésus, et moi aussi je suis à l'œuvre” (Jn 5.17). Dieu sème ses dons, sa lumière, son amour, dans le cœur de tous les hommes de bonne volonté. Il pousse tous les humains quels qu'ils soient à mieux fraterniser, à se réconcilier et à mieux s'aimer. Car le projet de Dieu, c'est de réaliser la communion universelle des hommes, le rassemblement de tous les humains en une seule immense famille, la famille des enfants de Dieu.        

Et c'est à cela que l'Église doit travailler, comme le Christ lui-même, comme Dieu lui-même : “Mon Père est à l'œuvre toujours, disait Jésus, et moi aussi je suis à l'œuvre” (Jn 5.17). C'est, me semble-t-il, l'une des grandes remarques à souligner et sur laquelle le pape François insiste souvent... !

Oui, au-delà de l'Église visible (nous baptisés, évêques, prêtres, religieux, religieuses...), il y a comme une Église invisible :
peuple de tous ceux qui se laissent animer par l'Esprit,
peuple sans frontières, peuple répandu dans toutes les races et toutes les religions,
peuple immense de tous ceux qui s'efforcent de vivre dans l'amour et le respect des autres, dans un esprit de dévouement et de service, dans la solidarité avec les plus défavorisés, comme a aimé à le souligner encore le pape François, lors de son actuel voyage apostolique !

L'Esprit de Dieu a des disciples partout. C'est ce que nous suggérait déjà la première lecture de ce jour : “Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son Esprit sur eux tous !” s’écriait Moïse. Comme le constatait l'apôtre Pierre au début de son ministère apostolique !
Chez tous ceux qui veulent bien s'ouvrir aux autres, Dieu suscite ces milliards de petits ou grands gestes d'amour qui se font chaque jour dans le monde entier et qui tendent à rapprocher les hommes entre eux. Le monde baigne dans cette action invisible de Dieu. “L'Esprit de Dieu souffle où il veut !”, dira St Jean ! (Cf. Jn 3.8)
  
Soyons-en persuadés : nous chrétiens, nous n'avons pas le monopole du bien, de la justice, de la solidarité... Beaucoup de non-chrétiens travaillent et agissent dans le même sens, sous la poussée de la grâce divine. Bien sûr, comme en nous-mêmes, il y a, chez eux aussi, de l'ivraie mélangée au bon grain. Car partout, les forces du mal et du mensonge s'opposent aux forces de l'amour et de la vie.

Mais alors, nous chrétiens qui croyons au Christ, nous Eglise visible du Seigneur, quel est notre rôle ?
Notre rôle, c'est d'abord de témoigner de ce vrai Dieu qui ne s'intéresse pas qu'à ses fidèles, mais qui aime tous les hommes sans exception, quelles que soient leur langue, leur race ou leur religion, qu'ils se disent chrétiens ou athées. Dieu aime tous les hommes et les attire tous à lui. “Quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai à moi tous les hommes”, a dit Jésus (Jn 12.32).
L'Esprit de Dieu nous pousse à dire à ceux qui nous entourent : “Vous aussi, Dieu vous connaît, Dieu vous aime, et chaque fois que vous vous laissez animer par l'amour désintéressé des autres, vous êtes tout proches de lui”.  Où il y a de l'amour, Dieu est là !

Notons-le bien, il n'est pas question d'imposer aux autres notre foi, mais n'ayons pas peur d'en témoigner fortement. Voilà notre vocation ! Pourquoi seules les voix de la violence, de la haine, du mensonge auraient-elles le droit de se faire entendre ? Nous n'avons pas à rougir de notre foi, mais à en témoigner joyeusement, car elle va dans le sens de la vraie réussite de nos vies et de la vie du monde. Notre foi ne doit pas être secrète. Elle doit s’exprimer. Voilà notre rôle : témoigner !
Et voilà la véritable question corrélative : que faisons-nous pour témoigner du Christ, du Dieu qui aime tous les hommes ?

De plus, n'oublions pas que, pour être efficace, notre témoignage de foi doit se faire autant par notre manière de vivre que par nos paroles. Si notre style de vie contredit nos paroles, comment pouvons-nous être crédibles ? L'évangile d’aujourd’hui le rappelle : si ta main, ton pied..., ou ton œil t'entraîne au mal…, alors, n'hésite pas : coupe, arrache… !

Oui, le cœur de Dieu est sans frontières et ouvert à tous. Il nous faut, nous qui voulons témoigner de cet amour de Dieu, acquérir un cœur à son image, un cœur accueillant, ouvert, compréhensif..., un véritable “cœur d’Eglise”, puisque "l’Eglise et le Christ, c’est tout un", disait Jeanne d’Arc. Aussi, demandait naguère le pape Paul VI : “Aimez donc l’Eglise” !
Certes, l’Eglise est sans péché, mais elle n’est pas sans pécheurs. St Augustin le disait de façon lapidaire : “l’Eglise a des enfants parmi ses ennemis, et des ennemis parmi ses enfants !”. Mais il restera toujours vrai qu’on ne guérit l’Eglise qu’en l’aimant et non en la quittant !

Bien sûr, chez nous surtout, les temps sont difficiles pour l'Eglise ; remarquez qu’ils n’ont jamais été faciles ! Mais ne nous laissons pas troubler par les commérages… des mass médias. Nous entendrons toujours parler de prêtres, de religieux-religieuses qui renoncent, de foyers détruits. Mais n'oublions pas qu'il y a des milliers et des milliers de prêtres, de religieux-religieuses et de familles fidèles. Cette épreuve purifiera l'Eglise des infirmités humaines et elle en sortira plus belle et plus vraie !

Soyons donc de cette Eglise qui témoigne de l’amour de Dieu pour tout homme !

mardi 1 septembre 2015

Prière !

Ma prière reconnaissante
                                                 monte avec force aujourd'hui vers le ciel pour toutes celles et tous ceux qui, hier, ont lancé leurs prières vers le Seigneur afin que je retrouve santé convenable... !

Face à ces nombreux témoignages de sympathie (au sens propre du mot : "souffrir avec"), je fus souvent fort ému ; et je le reste encore !
D'autant - je le sais parfaitement - que ces manifestations visibles - qui me parvenaient si réconfortantes - en cachaient bien d'autres, invisibles : élans d'union, de communion avec moi s'élevant vers Dieu-Père, par son Fils, avec le souffle de leur Esprit commun...
Car sans cet Esprit, comme dit St Paul, nous ne savons pas prier comme il faut. C'est Lui qui vient en nos cœurs pour que nous puissions nous adresser à Dieu en lui disant avec confiance : "Père" !

Grand merci
de vos prières solitaires ou collectives,
de vos prières spontanées ou liturgiques,
de vos prières silencieuses..., de vos prières mariales...,
de toutes vos prières !

A Lourdes où j'ai passé quelques jours avant mon opération chirurgicale, la Vierge Marie m'a fortement présenté toutes ces prières formulées à mon intention. Et, Elle, la Mère par excellence, les a aimablement et délicatement comme déposées sur mes propres lèvres pour que je puisse les adresser moi-même, avec son aide, à Dieu, "notre Père" !

Et alors, cette prière, mienne et comme dépositaire de tant de prières à mon égard, que pouvait-elle solliciter ?
Marie me l'a vite fait comprendre lorsque je me suis dirigé vers l'eau des piscines qui rappelle - selon le message de Notre-Dame et de Bernadette - l'eau de notre propre baptême qui toujours écoule en nous la VIE même de Dieu. Et n'est-ce pas cela l'important en toutes circonstances ? ... Et dans la mort et dans la vie à ce monde !

St Paul le disait merveilleusement aux gens d'Ephèse venus le rencontrer sur son chemin vers Jérusalem. Je voudrais bien m'en aller, disait-il, pour être avec le Christ, avec le Christ en gloire... Et cela me serait un gain... ! Mais si puis être encore quelque peu utile ici-bas, que sa volonté soit faite... ! Et, face à cette seule alternative, il demandait la miséricorde de Dieu !

Job, le "souffrant" par excellence qui annonçait le Christ en son mystère pascal, avait bien compris cette alternative : Dieu a donné, disait-il ; que son Nom soit béni ! Dieu a retiré ; que son Nom soit béni !

Certains iront alors répétant : En ce cas, inutile de demander quoi que ce soit à Dieu ! Oh ! Que si ! Car toute prière est un élan vers le ciel auquel répond toujours un souffle de VIE divine qui nous ajuste à Dieu "Père", Lui qui, providentiellement, nous conduit à travers les méandres de notre pèlerinage terrestre.
Certes, on le discerne souvent très mal, car les pensées de Dieu ne sont pas toujours nos pensées, proclamait déjà le prophète Isaïe. Et St Paul lui-même souffrait fortement de constater qu'à propos de ses compatriotes, ses frères Juifs, les chemins de Dieu étaient impénétrables !

Oui, certes, face à des difficultés qui semblent parfois insurmontables, face à des abîmes de souffrances (comme on en voit à Lourdes), nous posons à Dieu, nous aussi, cette terrible question que le Christ lui-même adressa à son "Père" : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?". Et nous savons que c'est dans cette prière douloureuse qu'il a profondément formulé la volonté de Dieu-"Père" et puisé la force de l'accomplir !

Oui, redisons-le : toute prière, même celle marquée d'une certaine incompréhension, voire d'une révolte, nous ajuste à Dieu et nous fait proches de nos frères qui traversent, comme nous, heurs et malheurs. Elle nous aide, la prière, à voir Dieu comme il nous voit et à voir tous nos frères en Dieu !

En tous les cas, la prière (la vôtre comme la mienne) nous éloigne de ce que Pascal appelait le "divertissement", cette tendance que nous avons à nous préoccuper de ceci et de cela, et de bien des choses, et... de tout, sauf de l'essentiel. "Trop préoccupés, s'exclamait St Jean Chrysostome, vous êtes trop préoccupés pour vous occuper de votre vie !" (de la VIE que Dieu donne !). Ainsi, toute prière nous ramène à la seule préoccupation qui vaille : l'amour de Dieu et l'amour de nos frères. Car "Dieu est Amour !", aimait répéter St Jean.
En ce sens, Charles de Foucault avait raison d'affirmer : "Jamais, Dieu ne manque à l'homme ; c'est l'homme qui manque si souvent à Dieu !". "Et quand nous disons qu'on doit prier, cela veut nullement dire qu'il faut demander telle ou telle chose (même si, évidemment, ce n'est pas défendu !). Cela veut dire qu'il faut plus que jamais élever son âme à Dieu, s'unir à Lui, le regarder, lui parler...!".

Ainsi donc : Merci de vos prières ! J'en reste ému !
Et veuillez recevoir la mienne !
C'est dans la prière - de louange ou de demande, gratuite ou implorante peu importe - que nous nous retrouvons en communion en Dieu qui nous aime comme un "Père" - "Notre Père" ! Et c'est là notre seul salut !

La prière - pour un souffrant comme pour un bien-portant - est toujours un enrichissement de vie. Et je ne peux m'empêcher, pour terminer, de citer Georges Bernanos qui exprime cette richesse de la prière en son style inimitable :
"Nous nous faisons généralement de la prière une si absurde idée ! Comment ceux qui ne la connaissent guère - peu ou pas - osent-ils en parler avec tant de légèreté ?
Un trappiste, un chartreux travaillera des années pour devenir un homme de prière, et le premier étourdi vous prétendra juger de l'effort de toute une vie !
Si la prière était réellement ce qu'ils pensent, une sorte de bavardage, le dialogue d'un maniaque avec son ombre, ou, moins encore, une vaine et superstitieuse requête en vue d'obtenir les biens de ce monde, serait-il croyable que des milliers d'êtres y trouvassent jusqu'à leur dernier jour, je ne dis pas même tant de douceurs - ils se méfient des consolations sensibles - mais une dure, forte et plénière joie.
Oh ! Sans doute, les savants parlent de suggestion. C'est qu'ils n'ont sûrement jamais vu de ces vieux moines, si réfléchis, si sages, au jugement inflexible, et pourtant tout rayonnants d'entendement et de compassion, d'une humeur si tendre. Par quel miracle ces demi-fous, prisonniers d'un rêve, ces dormeurs éveillés semblent-ils entrer plus avant chaque jour dans l'intelligence des misères d'autrui ? Etrange rêve, singulier opium qui, loin de replier l'individu sur lui-même, de l'isoler de ses semblables, le fait solidaire de tous, dans l'esprit de l'universelle charité.
Hélas ! On croira sur place les psychiatres, et l'unanime témoignage des saints sera tenu pour peu ou pour rien. Ils auront beau soutenir que cette sorte d'approfondissement intérieur ne ressemble à aucun autre, qu'au lieu de nous découvrir à mesure notre propre complexité, il aboutit à une soudaine et totale illumination, qu'il débouche dans l'azur, on se contentera de hausser les épaules.
Et pourtant quel homme de prière a-t-il jamais avoué que la prière l'avait déçu ?".

Je vous garde tous dans ma prière !  fr.M.G.