mardi 28 avril 2015

Le vrai "temple" de Dieu !

Dédicace de la Cathédrale -   I Cor 3.9sv -  Jn 2.13sv

Lorsque le roi David s'est enfin installé à Jérusalem, il se bâtit un palais. Ensuite il pense à Dieu : "Seigneur, je voudrais t'édifier une maison". (Cf. II Sam. 7). Finie la vie nomade, sous la tente, dans le désert, au hasard des étapes provisoires ! David veut installer la présence de Dieu à Jérusalem ! Un temple en dur, des pierres de taille, de l'or, de l'argent, de l'ivoire etc. etc : Dieu sera ainsi pour toujours avec nous, pense-t-il !

La réponse de Dieu peut surprendre. Il n'est pas pressé d'habiter dans une demeure définitive. Et puis, dit-il à David : "N’inverse pas les rôles, c’est moi qui vais te bâtir une maison“, une maison-dynastie (même jeu de mots en hébreu et en français). “Tu auras un descendant sur ton trône. Je serai son Père et il sera mon fils". Autrement dit, pour l'homme, il ne s'agit pas seulement de construire pour Dieu une maison de pierres… - Certes, ce n'est pas défendu !  Et Dieu permettra à Salomon de le faire ! - Mais ce qu'il faut surtout retenir : c'est Dieu qui bâtit une maison pour les hommes. “Si le Seigneur ne bâtit la maison, vain est le travail des ouvriers“, dit le psaume. Et la grande tentation consistera toujours à inverser les rôles.

Certes, encore une fois, c'est louable de construire un temple à Dieu ! Et Jésus lui-même appellera le temple : "la maison de mon Père" !

Mais le temple, une église… ne sont que des signes, signes de l'alliance de Dieu avec l'homme, de l'habitation que Dieu désire se construire lui-même en tout homme. C'est Dieu qui veut construire une maison en l'homme. Et lorsque l'homme veut prendre orgueilleusement la place de Dieu, alors Dieu se fâche en quelque sorte ; et il nous redit par Jésus : ce temple que vous, vous voulez construire indépendamment de moi, "ce temple sera détruit", "il n'en restera pas pierre sur pierre".

Cependant, il ajoute tout aussitôt, car Dieu ne se renie jamais : "en trois jours je le relèverai". Jésus nous redit par ces paroles : le vrai temple de Dieu, c'est moi. Et il est toujours en construction : "Mon Père travaille toujours ; et moi aussi, je travaille".

Et comme en écho, Paul dit aux Corinthiens : "le temple de Dieu, c'est vous" !

Retenons bien ces deux paroles qui font choc :
- le temple de Dieu, c'est moi, dit Jésus ;
- le temple de Dieu, c'est vous, nous dit Paul.

Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que depuis Jésus, il y a un changement fondamental : désormais le lieu où Dieu habite ce n'est pas une construction de bois ou de pierre, le lieu où Dieu habite, depuis l’Incarnation, c'est l'homme.

Jésus, nous dit Jean, parlait du temple de son Corps. Oui, Jésus est la rencontre parfaite, l'alliance personnifiée entre Dieu et l'humanité. En lui, en Jésus, la divinité habite corporellement. Depuis l'incarnation, à Noël, Dieu a pris corps parmi les hommes. Dieu n'habite pas des temples construits par l'homme ; mais, en Jésus, Dieu est présent parmi nous.
Et dans l'Eucharistie il nous a laissé le signe efficace de sa présence. Lorsque nous sommes rassemblés en son nom, comme maintenant, il est présent au milieu de nous. Dieu n'est pas lié à un lieu précis. Le vrai temple de Dieu, c'est Jésus ressuscité, toujours vivant.

Et Paul ajoute comme en écho : "le temple de Dieu, c'est vous, et ce temple est sacré". Oui, depuis notre baptême, nous sommes incorporés au Christ ; avec le Christ ressuscité, nous sommes le temple de Dieu et l'Esprit de Dieu habite en nous. Nous sommes pour ainsi dire "consacrés à Dieu", nous ne nous appartenons plus, nous appartenons au Seigneur ! Et à chaque communion nous recevons en nous le Corps ressuscité de Jésus, devenant ainsi comme des tabernacles vivants : "vous êtes le temple de Dieu"...  Y pensons-nous suffisamment ?

Cela est vrai pour chacun d'entre nous, mais cela est vrai aussi pour tous, ensemble, communautairement : vous êtes la maison que Dieu construit : l’Eglise, sacrement de la présence de Dieu (malgré les défauts de ses membres) !

Retenons : le vrai temple de Dieu, c'est le corps de Jésus ressuscité ; Et Jésus veut étendre cette grâce à toute l'humanité. Toute l'humanité doit devenir le corps "mystique" du Christ, le Temple de Dieu. Jésus-Christ est la tête de ce Corps et nous en sommes les membres. Et le projet de Dieu c'est que peu à peu toute l'humanité devienne Corps du Christ, Temple de l'Esprit… ; Par pure grâce, par pur amour… Car “Dieu est Amour !“.

En célébrant l'Eucharistie, nous offrons le sacrifice de Jésus par lequel il veut rassembler tous les hommes en lui. L'Eucharistie fait l'Eglise, fait le "Corps du Christ", pour que l'humanité réconciliée devienne Temple de Dieu.  

dimanche 26 avril 2015

Le Christ et l'Eglise - Berger et bergers !

4e Dimanche de Pâques 2015.B -  

En ce temps de Pâques, en ce “Jour du Seigneur”, les chrétiens se réunissent pour se réconforter de la présence du Christ ressuscité, toujours vivant.
Sachons regarder, contempler, de temps en temps, la croix du Christ qui est dans notre chapelle ! Voyons-la comme Marie l’a vue dans la foi. C'était comme “le grain tombé en terre, mort et qui maintenant porte du fruit”. Et disons comme Pierre : "Ce Jésus, pierre rejetée, est devenu pierre d'angle. En dehors de lui, il n'y a pas de salut !". Et c'est lui qui nous affirme aujourd’hui : Je suis le Bon Pasteur. Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. Je donne ma vie pour mes brebis”.

Le bon Pasteur ! Retenons cette image aujourd'hui tout spécialement, en cette "journée de prière pour les vocations". Oh, certes, certains diront que cette image est un peu désuète désormais pour les citadins que nous sommes devenus pour la plupart d'entre nous. Et cependant ! Il s'agit de Dieu et de nous. De Dieu et du monde. Le monde a besoin de quelqu'un, Il est souvent à la recherche d'un guide, d'un "berger" ! Puisse-t-il être à la recherche de Dieu, seul "guide", seul "berger" !

D’ailleurs, chacun a besoin d'un chacun ; tout le monde a besoin de quelqu'un. On ne peut s'en tirer tout seul. Nul n’est une île !
Heureusement dans l'existence tous les hommes peuvent trouver un vis-à-vis. Ce sont les parents pour les enfants, et pas seulement quand ils sont tout petits. De même les enfants pour les parents : ils échangent les expériences des âges différents… Et encore, il y a heureusement les liens d'amitié : personne ne peut se passer d'une oreille qui écoute, d'une main tendue au bon moment, d'un geste d'encouragement. Et encore, une femme pour son mari, un mari pour sa femme : il n'y a de véritable amour que si, au désir, s'allie l'invincible besoin de dévouement. Nul couple conjugal ne peut s'en passer.

Et - c’est à remarquer - les exemples que je viens de prendre sont utilisées par la Bible pour nous dire qui est Dieu : Père, Époux, ami... On disait de Moïse que “Dieu lui parlait face à face (en mot à mot : "de bouche à bouche" - Nb 12.8) comme un ami parle à son ami” (Cf Ex 33.11). Ainsi Moïse pouvait parler "sur l'ordre de Dieu" (en mot à mot : "sur la bouche de Dieu" : "al pi Adonaï" - Cf. Ex 40.36-37). C'est dire l'intimité de Dieu à Moïse, de Moïse à Dieu !

Et l'image du "Bon Pasteur" résume bien cette relation primordiale : “Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, Je donne ma vie pour mes brebis”.

Mais s’il y a cette relation de Dieu à nous illustrée par diverses images, Dieu choisit encore des hommes (comme Moïse et tant d'autres) pour s’occuper de façon visible, “sacramentelle”, pourrait-on dire, pour s’occuper des hommes en son nom. C’est le sens de la journée des “vocations”.

Dès le début de son action, au bord du Jourdain comme près du Lac de Génésareth, Jésus appelle des hommes pour qu'ils viennent avec lui : “Venez avec moi, je ferai de vous des pécheurs d'hommes”. St Marc précise en mot à mot : “Il en fait Douze” (Mc 3.14), comme s'il créait une réalité unique. L'Église "Une" était déjà là ! “Comme le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie”. Ils étaient appelés pour être, tous ensemble, l'Église, le Christ dans le monde. "M'est avis, dira Jeanne d'Arc, que le Christ et l'Eglise, c'est tout un" !

Rappelez-vous Pierre, choisi par Jésus : “Tu es Pierre… ; et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise !” (Mth 16.18). Certes, il y avait eu cette brisure du reniement ; mais, après la Résurrection, au bord du lac, le pardon : “M'aimes-tu ? Pais mes agneaux, pais mes brebis. Sois le Pasteur de mes brebis” (Jn 21.15sv).

Et dans les lettres de St Paul comme dans le livre des “Actes”, nous voyons que la force de la présence du Christ passe toujours par la naissance d’une communauté chrétienne. Aussi, chacun de nous a une vocation en cette communauté, en l'Eglise ! Que personne ne soit donc simple récepteur, mais également évangélisateur ! Ou plutôt les deux à la fois, tant il est vrai que plus on donne Jésus Christ, plus on le reçoit ; et plus on le reçoit, plus on le donne.
Et ainsi cette force du Christ devient en cette communauté, en l'Eglise, selon le mot de St Paul “la jointure et l'articulation” (Col. 2.19 Cf. Eph. 4.16) des hommes qui entendent l’appel de Dieu. On a pu dire ainsi : “Par l'Incarnation Dieu s'est fait notre frère : et c'est le Christ. Par l'Incarnation encore, il a donné à notre frère d'être pour nous le Christ... ; et c'est l'Église”.

Oh, certes, aujourd'hui comme hier, il y a toujours un unique Berger ; c'est le Christ. Mais comme il le fit hier pour les Douze, le Christ appelle des hommes à réunir la Communauté chrétienne, l'Eglise. Et l'Eglise, c'est toujours le Christ ! Et prions pour les vocations tout au long de la semaine, pour les vocations sacerdotales en particulier dont on a tant besoin en notre Occident !

Vous pouvez penser à des prêtres que vous avez connus, à des moments importants ; et par eux, vous vous êtes sentis proches de Dieu ; et cette proximité est toujours active. Bien sûr, on pourrait souhaiter qu’ils soient encore plus simples, plus purs, plus audacieux, plus inventifs, plus “Jésus Christ”. Mais, déjà, ils existent, alors qu’on se plaint de la rareté des vocations, actuellement. “Pastores dabo vobis”. “Je vous donnerai des pasteurs” : c'était le titre d’une exhortation de Jean-Paul Il… Le prêtre, disait-il en résumé, doit avoir une passion pour Jésus Christ. C’est même sa souffrance profonde de ne pas pouvoir partager cette passion… ; et qu’il soit au milieu des hommes celui qui s’efforce à chercher avec eux la solution à toute vie, même si elle est parfois exigeante.

“Qui enverrais-je ?”, demandait Dieu au prophète Isaïe. Est-ce une illusion de penser que tout jeune chrétien normalement constitué, devrait entendre quelqu'un lui transmettre cette parole du Christ… ou rencontrer un groupe chrétien qui lui donne envie d'accomplir cette tâche au milieu des hommes. Ce dont je suis sûr, c’est que bien des jeunes ou moins jeunes entendent cet appel de Dieu, mais ils ne rencontrent pas toujours un entourage, une communauté qui sache épanouir en eux cet appel.

Lequel d'entre nous ici ne serait pas capable de donner sa vie pour une cause qui en vaille la peine ? Et nous l'avons cette cause qui en vaut la peine : le Christ, Dieu fait homme !

D'un côté, nous avons un monde passionnant, mais qui vit un drame spirituel atroce. De l'autre, le chrétien sait qu'il y a le Christ qui dans ce monde continue à souffrir sa Passion et qui a toujours besoin des mains, des esprits, des cœurs d'hommes pour apporter la guérison qui ne vient que de Dieu. C’est cela être baptisé, être prêtre : être le Christ qui continue à sauver le monde.

Il n'y a pas besoin d'être un grand homme pour cela. Le monde a besoin que quelqu'un s'occupe du monde. Ce quelqu'un c'est le Christ. Il faut être simple, simple pour être humble, l'humble serviteur du Christ au milieu des hommes.

Et encore, dernière réflexion : le sacrement qui fait le prêtre comme le baptisé le met dans une proximité particulière avec le Corps du Christ que nous célébrons dans l'Eucharistie, ce Corps du Christ, tête et corps, ce Corps du Christ que nous formons tous ensemble, l’Eglise. Oui, nous formons, tous ensemble, le Corps du Christ qui toujours vit en nous son mystère pascal de mort et de vie, ce mystère que signifie sacramentellement l’Eucharistie. Tout, prêtre, tout baptisé, tous, nous avons à témoigner de ce mystère pascal. Et Dieu ne cesse d’interroger chacun pour être témoin de ce mystère pascal. Dieu ne cesse d’interroger : “Qui enverrais-je ?”

samedi 25 avril 2015

Travailler humblement avec le Christ !

25 Avril - St Marc

Beaucoup pensent - légitimement - que la finale du second évangile (16.9-26) - reconnue cependant comme inspirée - n'est pas de St Marc. Elle serait un écrit postérieur afin que cet évangile ne se termine pas sur la "peur" des femmes venues au tombeau du Christ au matin de Pâques : "Toutes tremblantes et bouleversées", à l'apparition "d'un jeune homme vêtu d'une robe blanche" (Mc 165), "elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur !" (16.8).
Pourtant, ce "jeune homme" - l'ange de Dieu - leur avait bien dit : "Ne vous effrayez pas. Jésus, le Crucifié, est ressuscité. Il vous précède en Galilée !" (16.6).

"Il vous précède en Galilée !". Cette Galilée était alors reconnue comme le "carrefour des nations" à cause des "autoroutes" de l'époque qui, du nord au sud, de l'est à l'ouest, se croisaient en cette région. Ainsi, l'écrit postérieur à l'évangile de St Marc (appelé "finale canonique") veut préciser, avec les autres récits d'apparitions du Ressuscité, le contenu de la mission confiée par Jésus à ses apôtres : une mission qu'ils doivent exercer en la "Galilée", croisement de toutes les nations, c'est-à-dire au cœur de la vie du monde, de la vie de tous les hommes, en leur "Galilée" quotidienne où le Christ les précède !

Aussi, c'est tout naturellement qu'ainsi l'évangile de Marc se termine par cette remarque importante : "Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient". Ce verset est parmi ceux qui explicitent le mieux la mystérieuse synergie entre l’envoyé et son Maître, tout à l’image de celle qui unit le Père et le Fils pour une même action salvifique. St Jean avait bien noté cette remarque de Jésus : "Mon Père est à l'œuvre (travaille) et moi aussi je suis à l'œuvre (je travaille)" (Jn. 5.17).
Et désormais, le Seigneur "travaille" toujours par ses disciples, avec eux et en eux afin de continuer à rassembler les enfants dispersés de Dieu son Père, à les rassembler autour de l’étendard de sa Croix glorieuse, afin que tous les hommes parviennent au salut. Le "travail" dont il est question est en effet le travail d’enfantement du monde nouveau, commencé par la Passion-Résurrection du Seigneur, continué tout au long de l’histoire par l’Eglise, en union étroite avec le Christ vivant en elle.

Aujourd’hui comme hier, il est urgent de proclamer la "Bonne Nouvelle" de la "Pâque" du Seigneur qui nous délivre de toute peur, de la peur de la mort elle-même. Mais pour proclamer cette "Bonne Nouvelle", il est indispensable que chacun "marche dans la voie où, lui, Jésus a marché" (I Jn 2.6), ce passage de mort à vie, ce mystère qui est sans cesse une "épiphanie", une manifestation de l'amour infini de Dieu, notre Père, en nos vies si fragiles !

Oui, nos vies si fragiles ! Car nous sommes encore, dirait St Paul, "dans les douleurs de l'enfantement" (Rm 8.22) à la réalité de cette "Bonne Nouvelle" inaugurée par la Pâque de Notre-Seigneur. Chaque jour, par la foi, nous avons à re-choisir sa "seigneurie", ce qui implique que nous renoncions à notre autonomie orgueilleuse pour nous "tenir humblement sous la main puissante de Dieu" (1ère lect.). Or "nous revêtir d’humilité" est un "travail" qu'il ne faut ni sous-estimer - ni encore moins éluder -, car nous régresserions alors vers une religiosité hypocrite, le disciple n’étant plus à l’image de son Maître.

Ce combat de l’humilité est d’ailleurs étroitement lié à celui de la foi, comme le confirme Saint Pierre : "le démon comme un lion qui rugit, va et vient, à la recherche de sa proie. Résistez-lui avec la force de la foi" (1ère lect.). Le démon ne cherche rien d’autre qu’à nous détourner du salut gratuitement offert en Jésus-Christ, en nous faisant miroiter une illusoire prétention à l’autosuffisance, qui nous permettrait de nous passer de Dieu finalement. Hélas, "celui qui refusera de croire sera condamné", car "Dieu s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce".

Tout missionnaire de l’Evangile devra donc demander quotidiennement d’avoir "le cœur bouleversé d’entendre" (Ac 2,3) cette Parole qui nous crie l’amour de Dieu et nous le rend visible sur le visage de son Christ : "Il m’a aimé et s’est livré pour moi", s'exclamait St Paul (Ga 2,20). Notre foi pourra alors devenir communion d’amour et de vie, permettant au Seigneur de "travailler avec nous" et par nous, "confirmant la Parole par les signes qui l’accompagnent".

Et ce sera, malgré les tribulations d'ici-bas, la Paix : "Paix à vous tous qui êtes dans le Christ !", nous souhaite St Pierre.
Aussi, tout particulièrement en ce lieu appelé "La Paix Notre-Dame", prions Marie, "Reine de la paix" : Vierge Marie, tu exhortais Sainte Faustine à développer trois vertus : “l’humilité, l’humilité et l’humilité” ; c’est elle en effet qui fait la vérité dans nos vies, nous purifie de l’orgueil, et nous dispose à l’accueil de la grâce. Apprends-nous à aimer l’humilité, à la rechercher, à la cultiver en ne refusant pas les petites humiliations de la vie quotidienne. Sainte Bernadette, ne disait-elle pas : “Il faut beaucoup d’humiliations pour faire un peu d’humilité !”.
Aide-nous toujours, Vierge Marie, malgré notre répulsion spontanée, à accepter avec joie le nécessaire travail d'une véritable humilité, car il n’est pas d’autre chemin pour purifier notre foi, et devenir un disciple du Christ qui lui ressemble afin de mieux témoigner de sa grâce pascale pour tout homme ! 

dimanche 19 avril 2015

Jésus ressuscité !

3e Dimanche de Pâques 2015.B

“Pourquoi vous obstinez-vous à parler de la Résurrection aux enfants ?”, demandait une dame à un prêtre au sortir d’une séance de catéchisme. Elle paraissait navrée que l'on mette dans la tête des enfants, et de sa petite fille en particulier, une pareille naïveté ! “Parlez, disait-elle, du Christ, de ses exemples de bonté, de son message d'amour…, bien sûr !  Mais cette histoire fabuleuse de revenant et d'apparitions, non ! Cela ne peut que troubler une âme enfantine et l'enfoncer dans l'imaginaire !”.

Il faut savoir que cette personne rejoint un grand nombre - je ne sais plus le pourcentage - de ceux qui se disent chrétiens, mais qui reconnaissent ne pas croire vraiment à la Résurrection du Christ.
Et il est vraisemblable que des chrétiens - beaucoup plus nombreux encore sans doute -, s'ils croient à la Résurrection de Jésus, ont bien du mal à en rendre compte, à eux-mêmes, aux autres ; et parfois ils préfèrent ne pas trop y penser.

Pourtant, les dimanches du temps pascal nous donnent l'occasion d'y repenser, à la Résurrection du Christ, d'y réfléchir.
Et ma contribution se fera autour de deux mots, faciles à retenir.

Après sa mort, Jésus s'est rendu présent de façon absolument réelle et de façon absolument mystérieuse, les deux à la fois. Ceci a été vrai pour les apôtres autrefois et ceci reste vrai pour nous aujourd'hui : présence réelle, mais présence mystérieuse.

Pour les apôtres. Les apôtres ont su qu'après sa mort Jésus était vivant car il s'est rendu présent à eux de façon privilégiée. C'est ce qu'on appelle les apparitions. Jésus s'est rendu présent de façon absolument réelle et de façon absolument mystérieuse. Tous les récits d'apparitions soulignent ces deux aspects.

* Présence de Jésus absolument réelle :
- “Regardez-moi, je ne suis pas un fantôme ; un fantôme n'a pas de corps”.
- “Regardez mes plaies ; c'est bien moi... ”
- “Avez-vous du pain et du poisson ?…”
- Et il y a bien d'autres exemples : l'apparition au bord du lac... etc.

* Présence de Jésus absolument mystérieuse :
- Marie-Madeleine ne le reconnaît pas, le prenant pour le jardinier.
- Les disciples d'Emmaüs marchent avec lui sans le reconnaître.
- Jésus leur échappe au moment même où il se laisse entrevoir.
- Les apôtres sont saisis de stupeur et le prennent pour un fantôme. etc

Oui, il est le même et pourtant, en même temps, le Tout autre.

Non, Jésus n'est pas un revenant, car il n'est pas revenu comme avant. La Résurrection de Jésus n'est pas de cette nature. Elle n'est pas simple retour à la vie... comme pour Lazare. “Quand est-ce que Jésus est re-mort ?”, demandait un enfant du catéchisme. Eh bien, Jésus n'est pas “re-mort”, jamais ; car il est vivant pour toujours. La Résurrection de Jésus n'est pas simple retour à la vie antérieure, elle est le passage définitif - la Pâque plénière - d'un homme en Dieu. C'est pour dire cela que les premiers chrétiens employaient des expressions comme : “Il a été exalté...  Dieu l'a glorifié... Il est assis à la droite de Dieu... Il est Seigneur !”.

Telle était la foi des apôtres. Même si c'était mystérieux pour eux, nous savons que c'était bien réel. Qui oserait dire que les apôtres n'ont pas “rencontré” Jésus après sa mort. Sa présence a bouleversé leur vie. Et ils ont préféré - l'un après l'autre - mourir plutôt que de renoncer à ce qu'ils croyaient : Jésus est vraiment ressuscité, vivant !

C'était la foi des apôtres. Et pour nous aujourd'hui ?
Demandons-le à bien des baptisés de la nuit de Pâques. Ils vous diront, d’une manière ou d’une autre : “J'ai découvert une présence dans ma vie. Un être qui a réellement existé il y a 2000 ans et qui, mystérieusement, existe encore, sous une forme dont je ne sais rien”. … “Se découvrir, un jour, croyant, c'est savoir qu'il y a une personne de plus dans sa vie à qui on peut se confier, quelqu'un qui est là ; qui m'aime et que j'aime”.

Certains diront : N’est-ce pas là une illusion ? Comment être sûr de rencontrer le Christ ?”. Vivant !
La question est de taille. C'est le cœur de la foi chrétienne. La réponse, on la connaît. Oui le Christ nous a donné des rendez-vous précis. On fait l'expérience de la présence réelle du Christ, même si c'est mystérieux :
- dans sa Parole, - dans la prière et les sacrements, et surtout - dans la vie quotidienne.

* d’abord : la Parole, l'Évangile
Pour certains (St Augustin, par exemple) la "Parole de Dieu" peut être le lieu privilégié de la rencontre avec Jésus ressuscité. “Si vous demeurez dans ma Parole, disait Jésus, vous me connaîtrez”. La Parole de Dieu (l'Évangile, une revue, un livre…), la "Parole de Dieu" est à notre disposition ! Mais, quand prenons-nous le temps de demeurer dans la Parole du Christ ?

* Un deuxième rendez-vous, pour beaucoup, de sont : la prière et les sacrements
La rencontre avec le Christ vivant se réalise dans la prière... Il ne s’agit pas de parler du Christ, mais de parler au Christ.
Cette étroite union se réalise aussi de façon privilégiée dans la Communion, à la Messe… Et on peut le dire aussi de tous les sacrements.
+ C'est par le baptême que nous sommes “incorporés” au Christ, disait St Paul.
+ C'est par la confirmation que nous sommes membres à part entière du Corps du Christ.
+ C'est par la réconciliation que nous renouons le lien distendu ou rompu.
+ C'est par le sacrement de mariage que l’on va puiser à la source de tout amour, pour s’aimer comme le Christ nous aime.
Oui, la prière et les sacrements sont les sources divines qui permettent de rencontrer le Christ pour mieux le connaître et le suivre !

* Le troisième rendez-vous, c'est tout simplement : la vie, notre vie
Pas besoin de quitter la vie quotidienne pour rencontrer le Christ. “Jésus où demeures-tu ?”, avaient demandé les premiers disciples. L'Évangile nous enseigne que le Christ demeure désormais à fleur de visages, dans le temple immense et tragique de l'humanité. Ce que l'on fait au plus petit de ses frères, c'est à lui qu'on le fait. Aimer comme Jésus aime.
Et cette rencontre au quotidien de la vie est un secret pour chacun - car le Christ, Dieu fait homme, ne nous aime pas "en masse", si je puis dire ; il aime toujours, chacun, "en particulier"... -. Aussi, c'est le secret de chacun, mais un secret si fort qu'il ne peut pas se manifester de façons multiples et variées. Et chacun sait le moment, le lieu, ou plutôt les moments, les lieux de rencontre avec le Christ, des rencontres bien réelles et toujours mystérieuses !

Décidément, la Résurrection de Jésus..., non, ce n'est pas une histoire de revenant. Même si la présence de Jésus est mystérieuse, elle est réelle, si bien que chaque chrétien pourrait dire au Seigneur, avec quelque humour : “Ne me dites surtout pas, Seigneur, que vous n'existez pas, je ne vous croirai pas”

lundi 13 avril 2015

Hardiesse !

Pâques 2 Lundi 2015

Les disciples du Seigneur, après la résurrection du Christ, priaient ainsi : "Les rois de la terre se sont levés et les princes ont comploté contre le Seigneur et son Christ !". Ils ont comploté et ils complotent toujours. C'est encore d'actualité ! Mais la prière se continue : "Donne à tes serviteurs d'annoncer ta parole avec une totale assurance". Alors l'Esprit-Saint se manifeste. Et, dit le texte : "Ils annoncèrent la parole de Dieu avec une totale assurance !".

Le mot français ainsi que le mot latin (“fiducia“ - “avec confiance“) paraissent faibles, me semble-t-il, en comparaison du mot grec ("parrhésia") : c’est non seulement une assurance, mais une hardiesse !

Malgré les obstacles, les contradictions, les persécutions et sa propre faiblesse, le croyant - le baptisé d’aujourd’hui - doit trouver avec le Christ ressuscité une hardiesse qui lui permet de rester stable, sans trouble ni inquiétude, même devant la mort, la pire ennemi de la vie : “Oui, nous sommes plein de hardiesse, dira St Paul ; et nous préférons quitter la demeure de ce corps pour aller demeurer auprès du Seigneur“ (II Cor. 5.8).
Avec le Christ ressuscité, la mort elle-même ne fait plus peur ! (cf. Phi. 1.21). Par le Ressuscité du matin de Pâques, avec lui, en lui, nous sommes destinés à la VIE ! Et j’ai lu quelque part que c’est même, d’après un manuscrit, cette hardiesse pleine d’espérance que Jésus sur la croix souhaitait au “bon larron“ : “Courage !“ ("sois rempli de hardiesse"), ce soir tu seras avec moi au paradis !“.

Cette hardiesse que le baptisé reçoit du Christ ressuscité, du “VIVANT“ qui a franchi la mort et qui vit en lui, lui permet, en un premier temps, de s’adresser à Dieu comme à un Père, avec cette sérénité dont faisaient preuve les apôtres.
Dans l’Ancien Testament, le croyant était plutôt un “craignant-Dieu“ qui, né pécheur, se sachant porté au mal, avait cette tendance héritée d’Adam et Eve après leur faute, de “se cacher de devant Dieu“ (Gen 3.8), par crainte.
Mais, depuis que la VIE du Fils de Dieu coule dans le baptisé, comment pourrait-il, devenu “enfant de Dieu“, avoir peur de son Père des cieux ? - “Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie “Abba-Père !“ - “Tu n’es plus esclave, s’écrie St Paul, mais fils. Et comme fils, tu es aussi héritier. C’est l’œuvre de Dieu !“ (Gal 4.7).

Oh ! Certes, nous restons pécheurs : “Si nous disons : ’nous ne sommes pas pécheurs’, nous faisons du Christ un menteur, dit St Jean, la vérité n’est pas en nous“. (I Jn 1.6,10). Mais la “parrhésie“, cette hardiesse reçue de la VIE DU RESSUSCITE l’emporte pleinement sur la peur ; elle tranquillise le cœur : “car si notre cœur nous accuse, dira encore St Jean, Dieu est plus grand que notre cœur ; et il discerne tout“. Et nous pouvons “nous adresser à Dieu avec assurance, avec hardiesse (I Jn 3.19.21).

Et, bien sûr, le fondement d’une telle prière, c’est la Vie même de Dieu qui coule en nous grâce au Christ, “Fils de Dieu fait homme“, “mort mais ressuscité“ pour nous.
Or, “Dieu est Amour !“ En vivant de cette VIE de Dieu, nous vivons de son AMOUR. Et le baptisé - même pécheur - pressent que le cœur de son Père des cieux est un cœur plein de tendresse et de miséricorde. Dès ici-bas, la vie de Dieu que le Christ nous transmet nous façonne une psychologie de “bienheureux“ qui nous permet de nous adresser à lui sans arrière pensée : “L’Esprit du Christ atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu et donc cohéritiers du Christ : ayant part à ses souffrances, nous aurons part aussi à sa gloire“ (Rom 8.17).
Adressons-nous donc à Dieu en toute sincérité comme le Christ lui-même au cours de son agonie s’est adressé “avec grand cri et larmes à Celui qui pouvait le sauver de la mort“ (Héb. 5.7).

Et cette capacité reçue du Christ ressuscité de pouvoir de nous adresser à Dieu notre Père en toute assurance et tranquillité de cœur, nous donne, de ce fait, la hardiesse de proclamer devant nos frères la Parole du Christ, du VIVANT QUI FAIT VIVRE, de la proclamer en hommes vraiment libres, délivrés de la servitude des ténèbres de ce monde.

Cette capacité de proclamer la Parole du Christ contient un pouvoir singulier. De même que les paroles de Jésus étaient “esprit et vie“ (Jn 6.63), de même, la parole du baptisé n’est pas simplement une “propagande“, une proposition de salut ; elle est “vivante et efficace“ : “quand vous avez reçu la parole de Dieu que nous vous faisions entendre, disait St Paul aux Thessaloniciens, vous l’avez accueillie, non comme une parole d’homme, mais comme ce qu’elle est réellement, la Parole de Dieu qui est à l’œuvre en vous, les croyants“. Une PAROLE DE VIE ! LA PAROLE DU RESSUSCITE DU MATIN DE PAQUES !

samedi 11 avril 2015

La foi de Thomas !

2e Dimanche de Pâques 2015.B

Il n'est même pas besoin d’avoir ouvert l'Évangile pour avoir entendu parler de Thomas, tellement il est passé dans le langage courant : “Moi je suis comme Thomas ! Je ne crois qu'à ce que je vois”.

Chaque année, dans les églises, on lit le récit de l'apparition du Christ à l'apôtre Thomas. Et c'est très bien ainsi, c'est même nécessaire. Pourquoi ?

Parce que, tout d'abord, beaucoup de croyants se reconnaissent dans les hésitations de Thomas ; et surtout il est bon, important de parfois réfléchir sur le doute ou plutôt sur ceux et celles qui se posent mille et mille questions. Peut-être en sommes-nous ? Mais, comme disait le Cal Newman : "Mille questions ne font pas obligatoirement un doute !". Il faut le savoir !

Avec moi, vous pouvez certainement évoquer des visages, le visage de ceux et celles que vous connaissez, estimez, de ceux qui, très sincèrement, posent des questions et hésitent dans l'affirmation de la foi. Ceux-là ne rejettent pas - loin s'en faut - ni Dieu, ni le Christ... Mais, ils disent ne pas savoir. Et ce serait bien mal les connaître si l'on disait d'eux que le fait religieux ne les intéresse pas, qu'ils n'en ont rien à faire. Non, ils ont mis et ils mettent toute leur honnêteté dans la réflexion religieuse, toute leur intelligence et parfois leur immense culture ; mais ils ne voient décidément pas les motifs de croire. Ils pourraient prendre à leur compte cette phrase du savant Jean Rostand : “Moi, je mets autant de ferveur dans 'je doute' que dans 'je crois'”.

Évoquer ces gens-là même dans une église où la prière nous unit, par le Christ, à tous les hommes, est très important.
D’abord pour que les croyants que nous sommes, nous sachions respecter infiniment ceux qui hésitent, voire qui doutent. Respecter ceux qui hésitent ou qui doutent, c'est estimer leur recherche, ce qui pourrait donner, d'ailleurs, des leçons à bien des croyants qui n'ont guère réfléchi au contenu de leur foi.

Les respecter et aussi les écouter, les rejoindre dans leurs questionnements diverss, accueillir la justesse de beaucoup de leurs observations sur l'Église, sur la vie des chrétiens, sur telle parole ou telle interprétation qu'il faudrait ajuster.
Les respecter, les écouter, c'est probablement aussi changer le ton de bien des croyants quand ils affirment leur foi comme un étalage complaisant de certitudes. J’ai lu dernièrement cette réplique : “Si Dieu existe, il me semble qu'il est plus honoré et respecté par le silence ou au moins la modestie des affirmations des croyants que par les discours-fleuve de ceux qui croient savoir tout de lui et sur lui”. Ce qui rejoint également la réflexion d’un évêque, il y a quelques années (Mgr Joseph Doré) : “Il y a beaucoup de gens oui ont l'air de savoir tout sur Dieu, du moins si l'on en juge par l'aisance avec laquelle les uns le nient et les autres l'affirment. On peut être sûr qu'à procéder ainsi, on passe complètement à côté de la question. Pourquoi ? Parce que Dieu est un mystère, un très grand mystère”… Un mystère que l’on aura jamais fini d’appréhender, de connaître, d’aimer. Même dans l’Eternité, ce sera notre activité si joyeuse qu’elle nous unira profondément.

Après avoir parlé de ceux qui émettent des objections sincères comme Thomas, il est bon aussi de parler des croyants sincères.
Ils ressemblent beaucoup, eux aussi, à ce même apôtre, parce que, eux aussi, ne croient pas du premier coup ! Thomas est un bel exemple du croyant sincère. En effet, la foi n'est jamais aussi sincère, aussi solide que lorsqu'elle a surmonté certaines questions, voire des doutes. Il n'y a pas de foi chrétienne qui ne passe par l'hésitation et le questionnement. Une foi sans questions, sans interrogations risque en effet de sombrer dans ce qu'on appelle le “fidéisme”, c'est-à-dire : je n'y comprends rien mais j'y crois quand même ou j'aime mieux ne pas trop réfléchir.

Les questions ne sont pas incompatibles avec la foi ; avoir la foi, c'est avoir assez de lumière pour porter ses questions et même ses doutes. Ma foi de chrétien, ma foi de prêtre cohabite assez bien avec toutes sortes de questions qui s'entêtent à rester là !

D’ailleurs, si je crois, ce n'est pas parce que j'ignore les objections ou que je veux les oublier. Mais avant tout, je crois parce que j'ai choisi. J’ai décidé de faire confiance à une personne, le Christ. Et cette confiance est plus forte que mes questions, que mes doutes et que mes affirmations elles-mêmes. J'ai choisi - et non pas une fois pour toutes - je choisis tous les jours de croire ce que le Christ a dit de Dieu son Père, de croire ce qu'il a dit de lui-même, de croire ce qu'il a dit de l'homme, de croire au chemin qu'il a indiqué, pas seulement par ses paroles mais par toute sa vie.

Et ceux qui se rassemblent chaque dimanche - et c’est un grand témoignage - rejoignent (malgré leurs propres questions) la foule de ceux qui cherchent et qui, en cherchant, se confient au Christ. C'est cela encore la foi ! Et ce n'est pas toujours facile au milieu d'amis qui disent ne pas croire ou qui croient autrement. Mais il y a cette forte décision de marcher à la suite du Christ.

Et l'itinéraire de tous ces divers croyants ressemble à l'itinéraire de Thomas. En final, nous croyons pour les mêmes raisons que Thomas. En effet, c'est après avoir mis les mains dans les plaies de Jésus qu'il se prosterne et dit : “Mon Seigneur et mon Dieu”. Il y a dans ce geste de Thomas quelque chose d'une portée inouïe pour faire le passage - la pâque - de nos questions, voire du doute à la foi.

Sincèrement, sachant ce que nous savons de la misère, de la souffrance, du mal et du malheur, jamais nous ne croirions en Dieu s'il n'était Celui qui a gardé les traces de ses plaies de crucifié.
C'est parce que Dieu, par les mains de Jésus, n'a pas touché seulement le charme de la vie, la joie des noces ou des belles amitiés…, c'est parce que ses mains ont été clouées sur une croix, c'est parce qu'il est descendu au fond de notre misère inépuisable…, c'est pour cela que nous croyons en lui.
C'est pour cela que nous disons nous-mêmes, ce matin, à la suite de l'apôtre Thomas : “Mon Seigneur et mon Dieu”. Si nous avons confiance en lui, c'est parce qu'il porte irrémédiablement les cicatrices des plaies de la souffrance humaine qui ne l'a pas épargné. Il s'est fait véritablement notre compagnon de vie, afin que ressuscité, toujours vivant parmi nous, il nous conduise pleinement à la Vie, à sa Vie glorieuse en Dieu

Au terme de cette petite réflexion délicate sur la foi, j'ai envie d'emprunter mon dernier mot à une petite fille de huit ans. La vérité sort de la bouche des enfants, dit-on. Il en est souvent aussi de la foi ! Un adulte lui dit un jour : “Je te donne dix euros si tu me dis où Dieu habite”. Et elle de répondre : “Moi je t'en donne vingt si tu me dis où il n'habite pas”. Peut-être que cet enfant rejoignait un autre enfant de la région qui expliquait, m'a-t-on dit, le sens du mot "miséricorde"," misère-i-corde" :lancer une "corde" à la "misère", à tout miséreux ! N'est-ce pas ce que Dieu fait toujours en son Fils au cœur transpercé, par l'action de leur Esprit commun, Esprit d'amour ?, 

vendredi 10 avril 2015

Du banal au sublime !

Vendredi après Pâques 2015 -

L’Octave de Pâques - disons, comme le fait la liturgie pour toute notre semaine, l’Aujourd’hui de Pâques -, se termine !
On dirait que l’Evangile que nous venons d’entendre a été choisi, justement, pour nous préparer, après de grandioses festivités, à reprendre la vie ordinaire, mais sans pour autant quitter la présence permanente et réelle du Christ ressuscité. - "Je m’en vais à la pêche", dit St Pierre. Après le sublime mystère pascal, il va reprendre la banalité de son métier !

On peut s’étonner de trouver, parmi les compagnons qui s’embarquent avec lui, Nathanaël. Si l'on apprend, ici, qu’il est de Cana en Galilée, situé géographiquement pas très loin du lac de Tibériade, on sait qu'il n'était pas un pêcheur comme les fils de Zébédée, les associés de Pierre.
On s'en souvient : Nathanël apparaît lors des premières rencontres avec Jésus. Certains pensent que St Jean voit en lui le type du théologien. Il est amené à Jésus par son ami Philippe de Bethsaïde qui lui parle de Jésus de Nazareth comme du Messie annoncé. Mais son savoir orgueilleux des Ecritures refuse cette éventualité. Aussi Jésus l'interpelle : "Quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu...".  On sait que le figuier, à cause de ses feuilles très rafraîchissantes, était, surtout en été, le lieu privilégié des docteurs de la Loi pour s'entretenir tranquillement de questions religieuses. Ainsi Nathanaël était sans doute l'un deux, un bon "théologien" en quelque sorte !
Et Jésus, passant outre sur sa suffisance, lui donne une mission : "Vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'homme". (Jn 1,45). Autrement dit, Nathanaël est appelé, comme son ancêtre Jacob auquel Jésus fait allusion, a voir l'échelle de Dieu partout plantée : pas seulement à Béthel ou même à Jérusalem, mais dans le pointillé de l'existence pour découvrir une divine signification aux choses et aux événements même les plus banals !

On sait que St Jean aime cette recherche : une noce, à Cana d'où était originaire Nathanaël, c'est banal ; c'est la vie tout simplement ! Oui, mais des noces, quand on regarde l'échelle de Jacob, deviennent signes des "noces de l'Alllance" avec Dieu. Noces qui seront consommées au jour où il ne sera plus question de verser du vin, mais de répandre le "sang de la grappe", de la vigne qu'est le Christ lui-même... en vue de la nouvelle et éternelle Alliance avec Dieu !

Voici le "banal" élevé au "sublime" ! Voir dans l'humain le divin ! Voir toujours, en toute circonstance, la présence du Ressuscité - Dieu fait homme - ! On part d'évènements très banals - une noce, une pèche - Mais, avec l'échelle de Jacob, une fois qu'elle est bien plantée en terre, tout événement nous élève très haut ; et l'on voit mieux les anges monter et descendre entre ciel et terre... !

C'est peut-être la raison de la présence de ce théologien, Nathanaël, dans la barque du simple pêcheur, Pierre. Il nous rappelle que le "banal" est également "sublime". D'ailleurs, on devrait se méfier de tout "sublime" qui n'est pas "banal". Les deux sont inextricablement mêlés depuis que Dieu s'est fait homme. Dieu s'infiltre dans notre vie de façon extrêmement "banale" et "sublime" tout à la fois !
On recherche souvent le "merveilleux" ! Et pourtant, les récits de la résurrection du Christ - évènement le plus extraordinaire qui soit - sont, intentionnellement, d'une étrange sobriété. Si on avait voulu les inventer, on aurait certainement fait de la "mythologie" ! Dans la plupart des récits, la rencontre avec le Ressuscité se fait de façon absolument banale. Comme sur la route d'Emmaüs, comme en cet événement de la pêche miraculeuse.
C'est pourquoi, il nous est bon de prier Nathanaël qui est dans la barque de Pierre : il nous aidera à voir, comme son ancêtre Jacob, à voir l'échelle de Dieu toujours bien plantée en terre, en tout événement, en toute circonstance, afin de mieux nous faire vivre de la présence divine en tout moment humain, de nous faire monter vers Dieu... avec le Ressuscité !

Ainsi, il nous faut toujours passer de la grande festivité pascale à la vie tout ordinaire où la présence du Christ, réelle et permanente, n’est pas toujours immédiatement perceptible. Car il est bon de constater encore la présence de Thomas dans la barque de Pierre ! Ce Thomas, le "questionneur" ! Il fait, lui aussi, partie de la bande qui s’embarque, comme pour nous accompagner dans nos interrogations sur la présence réelle et permanente du Christ ressuscité, et nous faire percevoir, finalement, la vérité de l'affirmation de Notre Seigneur : "Et voici que je suis avec vous, pour toujours jusqu’à la fin du monde". (Mt 28,20). En toute circonstance !
Mais, comme sur la route d’Emmaüs, comme dans le jardin où Marie Madeleine croit rencontrer un jardinier, la présence de Jésus est si discrète qu’on risque de l’oublier.
Remarquons encore ici, qu'après une nuit de pêche infructueuse, le premier à reconnaître Jésus est le disciple bien aimé. "Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre ; c’est le Seigneur !". (Jn 21,7). C’est toujours lui qui va le plus vite, mais qui s'efface devant Pierre. Il est bon de le souligner !

Pourtant il semble que les pêcheurs, quand ils débarquent, n'ont pas encore reconnu vraiment l'identité mystérieuse de celui qui se tient sur le rivage. On remarque simplement qu’il a préparé un déjeuner : "en débarquant sur le rivage, ils voient un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain". Situation curieuse apparemment ! Mais les disciples, avant même de manifester un étonnement, s'activent "banalement" à ramener le filet d'une pêche pourtant "sublime" !

Et St Jean de remarquer qu'il y avait 153 gros poissons dans le filet qu’on amène et qui ne se déchire pas.
Il y a mille et mille interprétations de ce chiffre 153, ne serait-ce que par St Augustin qui se montre parfois quelque peu pythagoricien... Je retiens pour ma part cette explication : Des connaisseurs disent, à la suite de St Jérôme, que d’après les naturalistes de l’Antiquité, il y avait 153 espèces de poissons connus.
Là encore, St Jean veut nous faire passer du "banal" au "sublime" ! Rappelons-nous que les pêcheurs du lac vont recevoir la mission de devenir pêcheurs d’hommes dans le monde entier. Jésus leur dira : "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde". (Mt 28,18)

Remarquons enfin que, comme sur la route d’Emmaüs, on ne reconnaît vraiment Jésus qu’à la fraction du pain. Geste très "banal", là encore, mais si "sublime" puisqu'il nous donne toujours la présence du Ressuscité !

samedi 4 avril 2015

Union au Ressuscité !

Résurrection 2015 -

Au moment de la résurrection de Jésus, l’évangile ne dit rien de Marie, sa Mère ! Elle est en silence ! Non pas étrangère à ce mystère, mais en silence ! C’est que Dieu enseigne souvent par des paroles, mais aussi par des silences. C’est à l’intelligence que la parole s’adresse ; c’est à l’âme que Dieu veut communiquer son Amour. Or l'amour, lui, peut se nourrir de silences qui parfois disent beaucoup plus que la parole. Oui, l’amour réclame souvent le silence.

Or, c’est le mystère de Pâques qui révèle le plus l’Amour de Dieu. Marie le reçoit donc en silence. Plus Marie reçoit l'amour de Dieu, plus elle entre dans le silence d’une vie intérieure qui la distrait des circonstances extérieures. La vie intérieure est une vie qui échappe à l'histoire ; elle se réalise en Dieu. Et ce n'est que par une vie intérieure, même imparfaite ici-bas, que nous pouvons approcher des mystères de Dieu. Avec Marie, dans le silence d’une vie intérieure, sachons percevoir le mystère de cette présence du Christ glorieux, ressuscité ! Du Christ près de nous, en nous !

Percevons ce mystère grâce à une oppositon que souligne St Jean. En effet, il écrit : “Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala se rend de bonne heure au tombeau”. En raison de son grand amour, elle s’active pour honorer Celui qu'elle aime, préparant des aromates pour son corps. Son ardeur la presse de vite revenir au sépulcre. En route, une seule préoccupation : qui enlèvera la grosse pierre qui mure le sépulcre. Arrivée, elle voit cette pierre roulée et le sépulcre vide. Effrayée, elle pense tout de suite à un vol. Elle court alors trouver Simon-Pierre et Jean : “On a enlevé le Seigneur !”. Son Seigneur lui est enlevé !

Avec eux, elle retourne au sépulcre. Les disciples font le même constat et repartent. Marie de Magdala, elle, demeure près du tombeau, pleurant. Celui qu'elle cherchait par-dessus tout a disparu. Désespérée devant ce vide terrible, sanglotant, elle se penche vers le tombeau et voit deux anges : "Femme, pourquoi pleures-tu ? - On a enlevé mon Seigneur !”. Sa douleur est si forte qu’elle ne fait même pas attention à l'apparition des anges, si extraordinaire soit-elle. Ce ne sont pas des anges qu'elle cherche, c'est son Seigneur. “Disant cela, elle se retourne”. Et Jésus est là !

Il est là, mais caché sous les apparences d'un jardinier : “Femme, qui cherches-tu ?” - “Seigneur, si tu l'as pris, dis-moi où tu l'as mis”. - “Marie !”, dit Jésus. Alors elle le reconnaît : “Rabbouni, Maître !” - “Ne me tiens pas ainsi, dit Jésus, car je ne suis pas encore monté vers le Père… qui est mon Père et votre Père”. C'est en prononçant son nom que Jésus se révèle à elle. Mais, aussitôt, il s'écarte, ne veut pas être touché.

Si Jésus apparaît à Marie de Magdala, c’est pour purifier, vivifier sa vie de foi, d'espérance et d'amour, lui rappeler les exigences d’une union plus intérieure avec lui, comme l'a compris immédiatement sa Mère, la Vierge Marie. En effet, à cause de sa douleur vécue d'une manière trop humaine, elle n'a quitté le sépulcre qu'à contrecœur, obéissant au précepte du sabbat qu’à regret, impatiente de revenir là où son cœur l'appelle, au tombeau. Le texte signale l'objet de ses pensées durant l’immobilité du sabbat. N’ayant pas trouvé le repos d’une union intérieure avec Jésus, elle s’adonne à des activités belles, bonnes, inspirées par la générosité de son cœur souffrant, mais qui étouffent en elle les exigences d’une union profonde avec le Ressuscité. En réalité, elle cherche Jésus là où déjà Il n'est plus ! 

Cependant Jésus aime Marie de Magdala ; à cause de la générosité de son amour, il lui fait le don de sa première apparition. Mais en même temps, c'est pour lui inspirer une véritable union avec lui, en lui ; en lui dévoilant le mystère de sa Résurrection, il la “corrige” par certaines épreuves ! 

D’abord, elle trouve le sépulcre vide. Quelle terrible épreuve, quand on pense à son désir si vif : être près de son Seigneur ! 
L’apparition des anges aurait pu être une consolation ! Mais, ne recherchant que Jésus, leur présence est pour elle une autre épreuve ; leur aimable question semble même l'énerver. Quand on recherche intensément une personne aimée, rencontrer d’autres personnes irrite parfois et blesse. 
Enfin, la présence même du Christ est une troisième épreuve. Il est présent et elle ne Le reconnaît pas ! Quelle humiliation : quand on aime quelqu'un, on prétend toujours pouvoir le reconnaître… Marie de Magdala est proche de Jésus, mais son amour ne dépasse pas les apparences. Jésus doit avoir l'initiative et l'appeler par son nom : “Marie !”. Il doit réveiller en elle l’idéal d’une union profonde pour qu'elle comprenne alors qui il est vraiment.

Ainsi, Jésus lui fait comprendre qu'il attend d'elle un nouvel amour, plus pur, plus divin. Elle ne peut plus Le toucher comme autrefois. Elle doit Le chercher dorénavant auprès de Dieu “son Père et notre Père”. Car c'est d’abord pour la gloire du Père qu'Il est ressuscité, et c'est auprès de Lui qu'Il demeure. C'est donc dans une foi toute divine qu'il faut Le rejoindre, rejoindre sa divinité, mais également son humanité, son corps qui doit devenir pour elle et tous ses disciples objet d’une vie intérieure, d’union avec Dieu.

Marie, la Mère de Jésus, elle, vit immédiatement de ce mystère pascal. Par sa foi, son espérance, sa charité, elle n’a jamais quitté la présence divine de Jésus, jusque dans le silence de la mort. Aussi, dès la Résurrection, Marie vit en silence de ce mystère d'amour triomphant. Elle vit, dès cette terre, de l'éternité, du grand mystère de l'amour de Dieu. Elle comprend : le cœur de son Fils a bien été mortellement blessé par la lance du centurion, mais Dieu se sert de cette blessure pour que son amour divin resplendisse à nouveau, éclate en une splendeur unique dans son cœur de chair et dans tout son corps. 
Et on peut le penser : si le premier mouvement de ce cœur glorieux de Jésus est pour le Père, pour sa gloire, il est aussi pour sa mère. Si le premier battement du cœur de l’Enfant de Bethléem fut certainement pour Dieu, son Père et pour Marie, sa Mère, il était normal que le premier mouvement du cœur de Jésus glorifié leur fût encore réservé. Jésus rendait à sa Mère au centuple ce qu'Il avait reçu d'elle.

Ce mystère, Marie le vit dans cette foi qui n’a nul besoin de signe extérieur. Elle est en silence. Ce silence enseigne que Marie est toute centrée en sa vie d’union au Christ glorieux, comme si elle-même ressuscitait déjà avec Lui et n'était plus de ce monde. St Paul nous dit : “Vous êtes ressuscités avec le Christ ; recherchez les choses d'en-haut, là où se trouve le Christ ! Songez aux choses d'en-haut, non à celles de la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu” (Col 3.1-3). Ne recherchant plus que “les choses d'en-haut”, là où est le Ressuscité, Marie vit dans un silence total, absolu, comme n'étant plus de ce monde. St Jean lui-même dut respecter ce silence sans le comprendre toujours. 

Ce mystère de la Résurrection épanouit encore l’espérance de Marie dans un élan d'être auprès du Père grâce à son Fils, avec Lui. Ce qui caractérise le Christ glorifié, c'est précisément d'être “près de son Père et notre Père". Dans son espérance, Marie n’a plus qu’un désir : vivre auprès du Père. Elle est toute tendue vers ce jour où elle pourra dire, elle aussi : “Seigneur, Père me voici !” (Cf. Ps 39.7 - Heb. 10.5-9). C’est dans le silence des choses de la terre qu’elle attend ce jour béni.

Enfin, le mystère de la Résurrection illumine la charité de Marie. Plus que jamais la vie de Marie est une vie d’union à Dieu, vie d'amour, pacifiée, transfigurée par l'amour. Jésus lui est beaucoup plus donné encore qu'à Noël, car la Résurrection est un don nouveau de l’amour de Dieu par le cœur glorifié de son Fils. Il y a là, pour le cœur de Marie, une présence plus divine, plus intime de Jésus. Et cette intensité d’amour ne se vit que dans le silence

Voilà la paix divine que goûtait Marie dans le silence, en la nuit pascale - une "Paix Notre-Dame" -, alors que Marie de Magdala guettait le petit jour pour se précipiter vers le sépulcre vide et que Jean et les autres disciples demeuraient désemparés. 
Seule, Marie veillait dans le silence d’union à son Fils, Dieu fait homme par elle, et désormais dans la gloire du Père. 
Que Marie soit pour nous tous une aide et un exemple à suivre, nous qui cheminons vers Dieu-Père, le Père de toute miséricorde.

vendredi 3 avril 2015

Sainte croix !

Vendredi Saint 2015

Quelques réflexions avant la vénération de la Sainte Croix !

La souffrance, a-t-on dit, est toujours en proportion de son amour.
Le Christ a beaucoup aimé. Il a donc beaucoup souffert !

1. Lui - le Verbe de Dieu - il était venu annoncer la Parole de Dieu ! Et les hommes ne l'ont pas reçu !
Et nous sommes insérés dans un monde qui vit sans Dieu, qui considère la mort et la résurrection du Christ comme une mythologie parmi d'autres ...
Portons, nous aussi, au plus profond de notre cœur cette souffrance du Seigneur : sa Parole n'est pas reçue ! Sa Parole salvatrice, sa Parole de Vie, qui fait vivre !

2. Jésus a pris sur lui toutes les souffrances et en a fait une offrande rédemptrice.
Vivons, nous aussi, nos souffrances avec le souci de les insérer dans le mystère pascal du Christ et de les offrir ainsi pour le salut du monde. Nos souffrances unies à celles du Christ en croix peuvent revêtir une valeur de rédemption.

3. Et puis, nous le savons, Jésus a voulu se faire proche de tous ceux qui souffraient : les méprisés, les ignorés, les malades. Avec eux il a souffert !
Avec lui, souffrons, nous aussi,
+ avec les souffrants, ceux qui sont loin de nous, car la prière et le cœur se moquent des distances,
+ avec les souffrants, ceux qui sont tout près de nous et pour lesquels nous pouvons dire et faire quelque chose.

En venant vénérer la croix du Christ, demandons-lui de nous inspirer la réelle façon de vivre nos souffrances avec lui.