mercredi 28 décembre 2016

Epsilon 11

Epsilon 11

PRIERE DE VIE  6.

Dans la pratique de la prière, il y a donc un énorme danger : l'habitude !
Mais il y a un remède à l’habitude : “Scruter“ sans cesse la Parole de Dieu !
Heb. 4.12 :  “Vivante, en effet, est la Parole de Dieu, énergique et plus tranchante qu'aucun glaive à double tranchant. Elle pénètre jusqu'à diviser âme et esprit, articulations et moelles. Elle passe au crible les mouvements et les pensées du cœur“.

A Capharnaüm, il y a, à côté de la Synagogue, un autre bâtiment appelé : “Beit Midrash”
"Beit" : Maison : "Midrash" vient de “drash”, qui veut dire : chercher, scruter les Ecritures.

Le grand remède est donc de se laisser investir par la "Parole de Dieu" ! Et, dans la Tradition juive, on ne conçoit pas que l’on puisse prier sans avoir d’abord écouté la Parole de Dieu.
"Shema Israël !" - "Ecoute, Israël !"
En général, une synagogue est elle-même une maison d’études !

Actuellement on cherche beaucoup de méthodes de recueillement, de méditation etc. C’est très bien ! C’est peut-être une aide ! Dans la vie artificielle, moderne d’aujourd’hui, ces méthodes peuvent aider à retrouver la concentration, le recueillement. Mais, ceci dit : aussi parfaitement que soit labourée la terre, si on ne sème pas,
(Cf. Parabole de la semence de la Parole de Dieu !)
il ne pousse rien.

Il faut se laisser ensemencer par la Parole de Dieu pour porter alors du fruit ; être de ces arbres, selon les espèces, selon les temps, qui donnent du fruit, de la fécondité…, tout en sachant adopter les rythmes de la fécondité…, Il s’agit de devenir de ces bonnes terres qui produisent 30, 50, 100 pour un.

La première disposition, c’est donc l’écoute, l’oreille…

A ce sujet, je me permets une simple réflexion biblique : Savez-vous ce qu'est que le contraire de “prêter l'oreille”  ? Cela a été démontré par un savant Père de l'école biblique, le Père Courroyer.
Le contraire de “prêter l'oreille” c'est “avoir la nuque raide” ! “Tendre l’oreille” ou “avoir la nuque raide” ! Le peuple est souvent accusé d’“avoir la nuque raide” : ne pas savoir écouter !
Je ne sais plus dans quelle cathédrale, il y a, à ce sujet, une belle sculpture qui représente celui qui ne veut pas écouter : il est semblable à l'aspic qui colle contre terre l'une de ses oreilles et qui bouche la seconde de sa queue !

L'oreille, c'est extrêmement important. Les rabbins disent que
On trouve cela aussi  chez Aristote dans le “De natura rerum”
nous avons deux oreilles et une seule bouche. On peut en tirer pas mal de conclusions. On devrait écouter beaucoup plus qu'on ne parle. La bouche peut être fermée deux fois, une fois avec les dents et une fois avec les lèvres, mais on ne peut pas fermer les oreilles.

Chez le prophète Isaïe, ce qui est important ce n'est pas tant la bouche que les oreilles :
Is. 50.4 :  “Le Seigneur Dieu m'a donné une langue de disciple pour que je sache apporter à l'épuisé une parole de réconfort. Il éveille chaque matin, il éveille mon oreille pour que j'écoute comme un disciple. Le Seigneur Dieu m'a ouvert l'oreille, et moi je n'ai pas résisté, je ne me suis pas dérobé”.

Et le psaume 40.7 dit  :
"Tu ne voulais ni sacrifice ni oblation,  tu m'as ouvert l'oreille”.
C'est curieux : dans les Septante et dans la lettre aux Hébreux, là où il est écrit : “Tu m'as ouvert l'oreille, Tu m'as creusé l'oreille”, ils lisent : “Tu m'as formé un corps”.
Heb. 10:5 : “C'est pourquoi, en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n'as voulu ni sacrifice ni oblation ; mais tu m'as façonné un corps”.  (Sept. “Alors je viens”).
Comment est-on passé de l'oreille au corps ?
Le premier organe sensible qui vient à éclosion dans l'embryon, n'est-ce pas l'oreille (Cf. Dteur Tomatis) ?
Je ne rentre pas dans le détail, mais une chose est certaine : la Parole de Dieu qui entre par les oreilles, doit descendre au fond des entrailles, au fond de l'être ; et elle entraîne alors comme un rebondissement dans l'action de grâce de tout l’être. L’incarnation - le "Verbe de Dieu fait chair" -, dans cette perspective-là, montre que la Parole demande à être appropriée jusqu'à l'incarnation. En nous ! En notre être !

En tous les cas, on devrait écouter plus que l’on ne parle.

A suivre

mardi 27 décembre 2016

L'Ami de Jésus

St Jean - 27.12.16

Fête de St Jean, du "disciple bien-aimé". Jean a d'autres titres : apôtre, évangéliste, prophète de l'Apocalypse ; il est ce "fils du tonnerre", comme le surnommait Jésus avec son frère Jacques. Pourtant, le seul titre dont il se sert lui-même pour se désigner, c'est le "disciple que Jésus aimait". Jean a été l'ami de Jésus, l'ami avec tout ce que cela suppose d'unique, d'intimité, de tendresse, de communion profonde. 

Le "disciple que Jésus aimait" ! Amour non exclusif, car Jésus n'aimait pas moins les autres disciples. On n'aime jamais moins, on aime toujours et autant, mais autrement et différemment.
Ce titre de "disciple que Jésus aimait" veut dire que Jean a perçu le sens de sa vie à travers l'amitié de Jésus, cette amitié que Jésus a eue certainement pour d'autres. Mais lui, Jean, en a fait le tout de sa vie. Avoir été l'ami de Jésus, avoir partagé si profondément tous les instants du cœur de Jésus, c'est cela qui, pour Jean, fut décisif, fondamental. Rien de subjectif en cela ! Mais ce qui fut le résumé de toute sa vie fut l'amitié avec Jésus.
Si Jean est l'auteur du 4ème évangile, le prophète de l'Apocalypse, le théologien qui nous a conduits plus loin avec son regard très pénétrant... - regard comparé à celui d'un aigle, car, dit-on, les aigles peuvent fixer le soleil de leur regard - ...si Jean nous a conduits plus loin avec son regard très pénétrant dans la connaissance du mystère de Dieu, c'est parce qu'il a été l'ami de Jésus. Quand Jean s'est penché sur la poitrine du Christ, quand il a posé sa tête sur la poitrine de Jésus au cours de la dernière cène, toute la tradition nous dit :"Il a bu au cœur du Christ les sources de son évangile". 

Effectivement, quand on lit l'évangile de St Jean, ce qui frappe, c'est qu'il a son style bien à lui, ce style que l'on retrouve dans ses lettres. Et pourtant, les paroles du Christ qu'il transmet - sans avoir pris de notes journalistiques, évidemment - nous atteignent avec une telle vérité, une telle intensité, un tel frémissement de vie, qu'instinctivement nous pensons qu'elles viennent de sortir du cœur même du Christ pour nous atteindre de façon personnelle, immédiate. Jean s'est tellement identifié à Celui qui l'aimait, il a si profondément communié par son cœur au cœur du Christ, son bien-aimé, qu'il n'y a plus de différence entre la manière dont Jésus parlait et celle que Jean emploie pour nous transmettre le message divin. On dirait que les paroles du Christ jaillissent directement du cœur de St Jean avec la même vérité que lorsqu'elles jaillissaient du cœur du Christ quand il les prononçait.  Voilà ce que fait une amitié profonde, une amitié de vie !

Mais plus encore, cette amitié de Jésus a permis ç Jean d'aller jusqu'au cœur du mystère de Jésus, du mystère de Dieu. Car si Jean a reposé sur la poitrine de Jésus au cours de la dernière cène, s'il a reposé dans le sein de Jésus, il est également vrai, - c'est le même St Jean qui le dit -, que "de toute éternité le Fils repose dans le sein du Père". C'est le même mot qui est employé ces deux fois : le sein du Père dans lequel Jésus repose et le sein de Jésus sur lequel Jean repose. 
Il y a comme une continuité vitale entre l'intimité du Père et du Fils et l'intimité de Jésus avec le "disciple qu'il aimait". C'est dans cette intimité amicalement partagée que Jean a découvert le secret de la vie de Jésus : son amour pour le Père. Et si St Jean a su nous révéler que "Dieu est amour", c'est parce qu'il a découvert, dans cette relation d'amitié avec Jésus, la relation intime d'amour qui constitue le mystère de la Sainte Trinité : le Père et le Fils vivent, dans le souffle de leur Esprit commun, le bonheur unique de l'amour qui est le secret profond du mystère de Dieu.
Et parce qu'il a découvert ce secret divin è travers l'amitié de Jésus, Dieu fait homme devenu son ami, que Jean a compris que toute vie chrétienne doit se résumer dans cet amour que nous devons avoir les uns pour les autres, dans cet amour qu'il avait reçu de l'amitié de Jésus : "Aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimés !", disait Jésus. Et Jean savait de quoi il parlait. 

Plus encore, Jean a bien compris que cet amour dont Jésus l'avait aimé, était l'amour même dont le Père aimait Jésus : "Père, qu'ils soient un comme nous sommes un !" disait Jésus. "Toi en Moi et Moi en eux, afin qu'ils soient eux-mêmes accomplis, parfaits dans l'unité !" 
Cette chaîne d'amour, Jean l'a vécue directement. Il a été l'ami de Celui qui est le bien-aimé du Père, l'ami de Celui qui était venu nous révéler l'amour du Père, pour que nous soyons les uns les autres, des frères bien-aimés.
C'est pourquoi, quand Jean s'adresse à ses disciples, Jean aimait leur parler avec cette tendresse : "Petits enfants !", ou encore : "Mes bien-aimés !". Ce n'était pas là sensibilité, sensiblerie, - n'oublions pas qu'il était le fils du tonnerre et non un doux sentimental rêveur ! -, mais Jean avait découvert, dans cette passion qui était sienne et avec laquelle il aimait, le centre de sa vie,  le centre de toute chose, la signification ultime de tout l'univers et de toute la création : l'Amour de Dieu !

Soyons aujourd'hui dans l'action de grâce - celle que nous venons d'exprimer à Noël, car Jésus, le Fils de Dieu fait homme, n'est pas l'ami seulement de Jean, mais Il est l'ami de chacun. Car le propre du cœur de Dieu, c'est d'être capable d'aimer, comme un être unique, chacun de tous ceux qu'Il aime parce qu'Il les a créés "à son image et ressemblance",  à cette image et ressemblance qu'il est venu restaurer en chacun de nous. Car "Dieu est Amour".

lundi 26 décembre 2016

St Etienne

St Etienne - 26.12.16

Dès le lendemain de la joyeuse fête de Noël, alors que nous ressentons encore profondément l'enchantement de la venue de l'Emmanuel - de "Dieu parmi nous", le panorama liturgique change radicalement : nous fêtons non une naissance, mais une mise à mort, un martyre provoqué déjà par la naissance même de Dieu fait homme !

Cependant la liturgie est toujours d'une grande logique : le martyre de St Etienne - premier martyr, ("protomartyr", comme l'on dit) du Christianisme -, entre pleinement dans la théologie de l'Incarnation du Fils de Dieu. Jésus est venu au monde pour verser son Sang par amour pour nous. St Etienne a été le premier a verser son sang par amour pour Jésus.
Nous lisons dans l'Evangile comment Jésus Lui-même a annoncé ce paradoxe de la vie de tout disciple du Fils de Dieu qui s'est fait homme et qui a souffert sous Ponce-Pilate : "On vous livrera aux tribunaux… vous serez amenés devant des gouverneurs et des rois pour témoigner" (Mt 10,17.18). "Pour témoigner" ! C'est précisément le sens du mot "martyre" : être "témoin" !

Ce témoignage de paroles et d'œuvres est donné grâce à la force de l'Esprit Saint : "L'Esprit de votre Père (…) parlera à travers vous" (Mt 10,19). Comme nous le lisons dans les "Actes des Apôtres" (ch. 7) Etienne, conduit aux tribunaux, a donné une leçon magistrale
- en parcourant l'Ancien Testament en rapport avec le Christ,
- en annonçant l'inutilité désormais du temple de Jérusalem remplacé pleinement par le nouveau Temple qu'est le Christ en lequel il se voit entré glorieusement...
- Oui, dira-t-il avec force : en Jésus s'accomplit totalement tout ce qui a été annoncé par les prophètes et enseigné par les patriarches.

De plus, dans le récit de son martyre nous trouvons une très belle allusion à la Sainte Trinité : "Etienne, rempli de l'Esprit Saint, regarda fixement le ciel et vit la gloire de Dieu et Jésus (Fils de Dieu) debout à la droite de Dieu (Père)" (Actes 7,55).
Et Etienne mourut comme Jésus, en pardonnant à ceux qui le tuaient : "Seigneur, ne prends pas en compte ce péché" (Actes 7,60) ; il pria avec les paroles mêmes du Maître : "Père, pardonne-les car ils ne savent pas ce qu'ils font" (Lc 23, 34).

Demandons à ce martyr que nous sachions vivre comme lui, remplis de l'Esprit Saint afin que, en fixant les yeux vers le ciel, nous voyons Jésus à la droite de Dieu-Père.

Cette expérience nous fera, d'ores et déjà, jouir du ciel pendant que nous sommes sur la terre.

Noël - Le Verbe de Dieu

Noël 16 Jour

C'est Noël... Tout autour de nous c'est la fête, avec la joie partagée, la joie de donner et de recevoir, la joie du repas amélioré, la joie de se retrouver et..., bien sûr, la joie de l'Eucharistie. Et la joie des hommes est également celle de Dieu qui se réjouit de voir les hommes le cœur en fête.

Que fêtons-nous vraiment ?

Nous nous arrêtons volontiers devant la crèche, touchés par le récit des Évangiles, comme nous l'avons fait dès cette nuit ; pourtant, Noël est bien plus que le rappel d'une naissance. Nous fêtons, non pas un souvenir lointain, mais la réalité de l'intervention de Dieu dans l'histoire de l'humanité, et une réalité qui continue, la venue de Dieu en personne, aujourd'hui même, chez les hommes de "bonne volonté". .

Aussi, l'Évangile selon saint Jean dépasse les personnages et les détails de la crèche pour nous présenter Jésus. C'est lui, l'essentiel de cette fête, la grande annonce de Noël, la "Bonne Nouvelle" qui vient du ciel.
Avec les mots de la Bible, l'Évangile exprime la foi des chrétiens : Jésus est le Fils de Dieu, la Parole de Dieu, Dieu lui-même, Créateur de tout l'univers. En lui, Dieu vient parmi nous en se faisant homme comme nous. "Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était Dieu, et le Verbe s'est fait homme".

Avec Jésus disparaît la distance infranchissable entre le Créateur et la créature.

Ce Dieu tout-puissant, le Très-Haut inaccessible, si lointain, qui semble nous abandonner à notre sort, comme parfois nous l'en accusons, le voici qui vient vers nous, pour demeurer avec nous. "Dieu s'est fait homme, en tout semblable aux hommes sauf le péché" (Cf. 2 Co. 5.21 ; Heb. 4.15).

En Jésus, Dieu se donne à voir. Il se présente dans la pauvreté, avec la faiblesse et la fragilité d'un nouveau-né. Il choisit le parti des petits. Il ne désespère pas des hommes. Malgré leurs crimes, leurs guerres, leurs méchancetés, les hommes, pour Dieu, sont dignes d'être aimés et sauvés.

En Jésus, Dieu vient nous parler, se faire connaître et crier sa passion pour les hommes. Tout, en Jésus, sera révélation de cet amour de Dieu, depuis sa naissance jusqu'au grand message de sa passion, de sa mort et de sa résurrection.

À Noël, Dieu nous donne son Fils ; au Calvaire, le Fils lui-même se donne ; il donne librement sa vie comme preuve de son amour sans limite. C'est bien cet amour de Dieu que chantaient les chœurs célestes, dans la nuit de Bethléem; belle façon de dire que Dieu rend manifeste ce que le ciel vit et contemple pour l'éternité, alors que notre monde a encore besoin de l'entendre : "Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu'il aime".

Dieu se penche sur la terre des hommes et confie son projet sur le monde : Il veut la paix, il promet la paix. Non pas une certaine bonne entente ou une paix fragile mais la paix véritable, le bonheur pour tous les hommes. En gage de son amour et de sa promesse, il donne son Fils, son unique, ce qu'il a de plus précieux.

Deux mille ans après, nous sommes parfois troublés, avec les guerres, la misère, les situations inhumaines sans nombre, malgré toutes les bonnes volontés qui travaillent au bonheur des autres. La construction du bonheur pour tous, il est vrai, dépasse les possibilités humaines et beaucoup jugent une telle entreprise impossible et illusoire, mais Dieu lui-même s'y est engagé. Et c'est cela que l'on oublie, la part de Dieu.

L'homme veut agir tout seul et réussir sans Dieu, alors que depuis Jésus, Dieu fait cause commune avec les hommes. Il nous propose d'être ses partenaires, mieux encore, de devenir ses enfants pour lui rendre gloire, lui donner toute sa place et pour nous rendre capables de redonner à chacun sa dignité, sa beauté.

Dieu a pris le risque d'être refusé, rejeté. Il n'en demeure pas moins présent à notre histoire et à notre vie, comme l'indique un nom donné à Jésus, "Emmanuel", c'est-à-dire "Dieu avec nous". Il parle dans le silence des cœurs et dans les événements ; sa présence discrète n'est pas absence. Mais pour le percevoir ou le reconnaître, il nous faut accepter de venir à lui et de lui dire : "Seigneur Jésus, Fils de Dieu, je crois en toi".

Oui, à Noël, Dieu se fait proche des hommes.
Chaque jour c'est Noël pour qui accueille l'amour de Dieu dans sa vie.
Chaque jour c'est Noël pour qui, avec Dieu, se fait proche des hommes.

Joyeuse et sainte fête de Noël !

samedi 24 décembre 2016

Saint Noël !

Noël 2016 nuit

"Gloire à Dieu, Paix aux hommes. Joie du ciel sur la terre !"
Voilà le message de cette nuit de Noël. Voilà le message que nous devons accueillir, réaliser et transmettre.
Paix avec Dieu. Paix entre les hommes. La première conditionnant et réalisant la seconde, car la véritable paix ne peut venir que de Dieu !

Et voici justement qu'"un enfant nous est né !". - "On proclame son nom : Prince-de-la-Paix" (Isaïe) ; et la paix qu'il établira sera sans fin.
Qui de nous peut rester insensible à cette annonce, alors que bruits de discordes et de guerres résonnent à nos oreilles tous les jours ?

Mais saurons-nous l'accueillir cette annonce de la paix ? Car Celui que Dieu nous envoie n'est pas très conforme à l'image que nous rêvons d'un "Prince de la paix" ?

- Pour certains, le prince de la paix sera un homme fort, un grand "Révolutionnaire", si l'on peut dire, qui entraînera des foules à sa suite. -
Mais Dieu, lui, envoie un Enfant qui n'aura plus tard que quelques disciples !

- Pour d'autres, le prince de la paix sera un Chef d'Etat puissant - le plus fort - qui imposera la paix en la faisant respecter.
Et Dieu nous envoie un Enfant qui s'interdira toute violence, qui ira jusqu'à dire que son pouvoir n'est pas de ce monde !

- Pour d'autres encore, le prince de la paix sera un grand penseur, apportant une théorie capable de mobiliser des foules entières.
Et Dieu nous envoie un enfant qui résumera sa prédication en deux petites phrases : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu. Tu aimeras ton prochain comme toi-même !".

Oui, face à l'attente des hommes, en vue de réaliser ce que les Grands de ce monde n'ont pas encore pu faire, Dieu, pour établir la paix, nous donne un Enfant, né dans une étable et au milieu de l'indifférence quasi générale.

Alors, sommes-nous encore capables de nous mettre à genoux, en silence, devant cet Enfant ?
Nos mains habituées à travailler, à construire, à donner, peuvent-elles encore se joindre en signe de prière devant lui ?
Nos esprits, encombrés par tant de réflexions et de recherches pour comprendre bien des problèmes, seront-ils assez humbles pour contempler l'Enfant de Bethléem, quelques instants, en acceptant d'être déroutés ?

Saurons-nous comprendre que le message des anges de Bethléem s'adresse à nous également : "Aujourd'hui vous est né un Sauveur... C'est un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire".
Aurons-nous la même foi, la même admiration et la même simplicité des bergers ?
Car Dieu nous invite non seulement à nous souvenir, mais à comprendre le message qu'apporte cet Enfant.

Dans cet Enfant de la crèche, Dieu, en effet, nous délivre un message :

- D'abord un message d'espérance, à nous qui sommes parfois si découragés. "Ce que nous n'avons pas réalisé, nos enfants le feront peut-être", disons-nous parfois.
Or, "un fils nous est donné", dit le prophète Isaïe.
C'est lui qui bâtira ce monde de paix auquel nous aspirons.
C'est lui qui le bâtira dans la mesure où nous savons l'accueillir.
Jésus dira : "J'ai vaincu le monde". Et il vient cette nuit comme pour nous dire que cette lutte contre le mal, il vient la poursuivre à nos côtés pour triompher de la haine et de la souffrance. A nous de le prendre comme guide !

- Un message qui est en même temps une invitation à regarder ce qui est petit et frêle comme un enfant, en s'engageant à collaborer à sa croissance, son développement.
Et c'est peut-être là que se trouve le message de paix de Jésus : ne pas négliger ce qui peut paraître petit et fragile, porter une attention toute particulière aux plus démunis, les aimer sans rien attendre de retour.

Dans un monde où nous sommes chaque jour invités à contempler les plus forts, les champions, les records dans tous les domaines, ce qui est spectaculaire et sensationnel, Dieu nous invite à abaisser notre regard vers ce qui est humble et fragile.

La paix se construit grâce à des hommes de grande envergure, certes ; mais aussi par nos actes les plus simples de nos journées.
Sachons encourager les petites choses qui se font autour de nous et qui conduisent vers la concorde, l'entente, la paix. La naissance d'un enfant de charpentier dans une étable ne ferait pas grand bruit aujourd'hui ! Et pourtant !

Si ce soir, en contemplant l'Enfant de la crèche, nous prenions la résolution d'avoir toujours ce regard plein d'amour pour les plus petits, les plus faibles, en pensant que c'est à travers cette faiblesse que Dieu vient nous rencontrer, alors la paix serait plus facile à construire.

Aimer ! Ce sera le témoignage de la vie de Jésus,
montrant sans cesse son amour pour son Père,
et vivant, dans les rencontres les plus brèves, l'amour de tous ses frères.
C'est dans cette conversion de nos cœurs à aimer que se trouve le chemin de la véritable paix. Ce chemin nous est indiqué à nouveau ce soir pour nous sauver de la haine, du mépris, de l'égoïsme, de l'indifférence, du découragement.

Ceux qui se sont engagés sur ce chemin en ont été transformés et sont devenus des messagers d'espérance et de paix.
Puissions-nous repartir avec cette espérance au fond de nous-mêmes et la communiquer.

Joyeuse et sainte fête de Noël !

vendredi 23 décembre 2016

Epsilon 10 de l'Avent

Epsilon 10

PRIERE DE VIE  5.

Il y a la prière du matin, la prière du soir... Et bien d'autres prières au cours de la journée ! ... ...

Mais, ce faisant, en émaillant  notre journée de prières,  il y a un énorme danger !

Il y a un grand danger pour toutes les formes de prières : c’est l’habitude !
S’habituer - mot affreux - c’est s’abandonner à un certain déterminisme inconscient. Faire toujours aujourd’hui ce que l’on a fait hier et comme l’a fait hier ! On devient des machines !
On est comme les étoiles, la lune, le soleil qui obéissent à un certain déterminisme de la nature. Ceux qui aiment ce déterminisme de la nature, en recherchent leur mécanisme, les Juifs les appelaient des “akoum“, des “adorateurs d’étoiles“.
[C'est peut-être la raison pour laquelle les Juifs avaient un calendrier lunaire, moins précis que le solaire .!?! Afin d'éviter toute habitude...!]

Il y a ainsi, religieusement, une façon d’être idolâtre, de s’habituer à un mécanisme, d’être des adorateurs des étoiles de son univers spirituel.

La conséquence de cette habitude est simple : on ne se reporte plus vers le Créateur, mais bien davantage vers les manières d’aller vers le Créateur.  On prie, certes, et le matin et le soir et à la messe… Mais on est davantage attaché à ce qui est devenu comme un mécanisme, un déterminisme de notre être spirituel. On formule de très belles prières (voire en chant grégorien), bien huilées, mais on oublie Dieu ! 

Et arrive parfois alors quelque chose d’extrêmement et diaboliquement subtil. Car tout peut devenir objet d’idolâtrie, mêmes les cérémonies, les prières qui sont pourtant établies pour éviter l’idolâtrie.
Cela se fait à partir du moment où ces cérémonies, ces prières deviennent des fins en elles-mêmes – des habitudes bien précises – alors qu’elles sont destinées à être des moyens pour se tourner vers Dieu !
Comme disait le P. Congar : “les ‘quo’ (ablatif en latin : les circonstances) deviennent des ‘quod’ (accusatif en latin : l'objet direct)”. Les “quo”, c’est-à-dire “les moyens ” deviennent des “choses en soi”. Et plus l’idole est noble, belle, plus ça peut être dangereux.
Parce que plus on s’habitue, plus notre aventure d’homme destiné à être “à l’image de Dieu”, en voyage vers Dieu, - pour "voir Celui qui nous voit sans cesse" - risque d’être contrarié, voire interrompue.

A suivre

SAINT ET JOYEUX NOËL !
vécu dans les spontanéités de l'Esprit-Saint qui vient prier en nous
et non seulement dans des "habitudes" coutumières !

jeudi 22 décembre 2016

Epsilon 9 de l'Avent

Epsilon 9

PRIERE DE VIE  4.

Il y a la prière du matin, la prière du soir... Et bien d'autres prières au cours de la journée !

- La prière en certaines circonstances… même banales
Même pour un mariage (on l'a vu).
Même avant un repas, par exemple ! Pour un Juif, prendre son repas sans bénir Dieu, c'est un vol !

A propos du pain quotidien, il y a un texte biblique qui est trop peu connu et qui se trouve dans le Livre des Proverbes :

Prov 30.7 : “Je t'ai demandé deux choses. Ne me les refuse pas avant que je meure ; éloigne de moi fausseté et mensonge, ne me donne ni indigence ni richesse ;
dispense-moi seulement ma part de nourriture, car, trop bien nourri, je pourrais te renier en disant : ‘Qui est le Seigneur ?’, ou, dans la misère, je pourrais voler, profanant ainsi le nom de mon Dieu”.
Peut-être, Jésus avait-il cela en mémoire quand Il a appris à ses apôtres à prier le Notre Père ! "Donne-nous le pain quotidien !".

A chaque instant, il est demandé dans la Bible : “Tu te souviendras… et tu béniras…ton Dieu“. Tu feras la bénédiction, l’"eucharistie" (sens premier de ce mot).
L’action de grâce c’est la clef de l’harmonie de la vie chrétienne.  "Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu !" (I Co. 10.31). Il n’est pas normal de manger sans bénir le Seigneur, sans faire le bénédicité…
Il n’est pas normal de passer toute une journée en oubliant de dire : “Que le Béni nous bénisse !“

- La prière du travail :
Faire de tout travail une prière : Guy de Larigaudie disait : “Il est plus grand de peler des pommes de terre avec amour que de construire de belles cathédrales !“
A ce propos, je vous transmets une très belle prière de Maïmonide (médecin, philosophe juif du 12ème s.) :
“Mon Dieu, remplis mon âme d'amour pour l'art et pour toutes les créatures.
N'admets pas que la soif du gain et la recherche de la gloire m'influencent dans l'exercice de mon Art, car les ennemis de la vérité et de l'amour des hommes pourraient facilement m'abuser et m'éloigner du noble devoir de faire du bien à tes enfants.
Soutiens la force de mon cœur pour qu'il soit toujours prêt à servir le pauvre et le riche, l'ami et l'ennemi, le bon et le mauvais.
Fais que je ne voie que l'homme dans celui qui souffre.
Fais que mon esprit reste clair auprès du lit du malade et qu'il ne soit distrait par aucune chose étrangère afin qu'il ait présent tout ce que l'expérience et la science lui ont enseigné, car grandes et sublimes sont les recherches scientifiques qui ont pour but de conserver la santé et la vie de toutes les créatures.
...
Eloigne de moi l'idée que je peux tout. Donne-moi la force, la volonté et l'occasion d'élargir de plus en plus mes connaissances. Je peux aujourd'hui découvrir dans mon savoir des choses que je ne soupçonnais pas hier, car l'Art est grand mais l'esprit de l'homme pénètre toujours plus avant.

- Il y a l’Eucharistie, bien évidemment ! L’action de grâce, par excellence ! S’insérer dans l’action de grâce du Christ lui-même à son Père, dont l’acte suprême fut son mystère pascal de mort et de vie !
Je ne m'attarde pas. Mais l'Eucharistie, c’est la PRIERE PAR EXCELLENCE ! "Si on savait ce qu’est la messe !", disait le curé d’Ars ! … 
A suivre

mardi 20 décembre 2016

Epsilon de l'Avent 8

Epsilon 8

PRIERE DE VIE  3.

Ainsi donc, nous devons avoir des moments de prière...., Il y a d'abord la prière du matin 

- Et il y a aussi la prière du soir :

Il y a beaucoup de textes qui nous y encouragent ! Ne seraient-ce que les citations qui notent que Jésus lui-même se retirait, souvent, le soir pour prier son Père !

Je retiens également un texte, assez amusant et qui peut paraître original (et qui me plait). Mais il est très instructif !
C’est lorsque le serviteur d’Abraham est envoyé par son Maître en son pays d’origine (Ur) pour choisir femme à l’intention de son fils Isaac : (Que voulez-vous, toute circonstance est également intention de prière !). Et Dieu lui fait trouver Rebecca ...  !

Et la scène - au retour - se termine au puits de "Lahaï-Roï", au puits du "Vivant qui me voit". (Gen. 24/62)
Il faut ici une petite explication : Lahaï-Roï" ! C'est une allusion à Agar qui, fuyant Abraham et Sara (à cause d'une histoire pas très belle de jalousie !!!) se retrouvait, abandonnée, dans le désert.
Et Dieu, pour la sauver, la dirige vers la source d'un puits (quasi miraculeux). Elle s'approche et elle voit "l'œil" de la source ! (La source de l'eau d'un puits se dit souvent, en hébreu, "ein" : l'"œil" de l'eau, de la source !).
Agar se sent vue par Dieu à travers "l'œil" de la source dont l'eau va la sauver, elle qui est en "plein désert" (comme nous parfois !). Aussi, elle s'écrit : "Tu es 'El-Roï", ("Roi" : racine 'Raa' : voir) c'est-à-dire : "Tu es le Dieu qui me voit". Car, dit-elle, "ai-je vu ici après Celui qui me voit ?" (Gen. 16.13)  Autrement dit : Ai-je vu celui qui me voit ? Voir Celui qui nous voit ! Partout dans la Bible, on trouve ce thème. C'est notre destinée ! Voir Celui qui nous voit !
"C'est pourquoi on a appelé ce puits : 'le puits de ‘Lahaï Roi’". Le puits du Dieu qui nous voit !

Et maintenant, reprenons le récit du serviteur d'Abraham qui revient avec Rebecca, comme future épouse pour Isaac :
Au coucher du soleil, Isaac s'en revenait au puits de Lahaï-Roï. Il sortit pour se promener (lasurah) dans la campagne à la tombée du soir". (24.63)
Il y a ici un mot mystérieux et intéressant : "lassurah" - "suhr"  veut dire : se promener en méditant, en priant et en méditant (comme le fera Marie : "elle méditait en son cœur !").
Et dans la spiritualité juive, on rattache cette prière de méditation vespérale à cette promenade que Dieu faisait, le soir “au souffle – ruah – du jour", dans le jardin (pardeis : paradis), en méditant… (Gen 3.8)

Et dans ce même moment - chose merveilleuse - où Isaac se promène en méditant, en priant, au souffle du jour, près du puits "Lahaï-Roï, au puits de "celui qui me voit", il est dit :
"Et levant les yeux, Isaac vit que des chameaux arrivaient".
Et, en même temps, "Rébecca (qui arrive sur ces chameaux) levant les yeux…" (24.63-64).

Voyez ! Ces yeux qui se rencontrent sous le regard de Celui qui voit, au puits du "Vivant qui me voit" ! C'est extraordinaire : il n'y a pas de hasard. !

C'est la spiritualité biblique la plus fondamentale : non pas échafauder des systèmes qu'on plaque sur la réalité, mais déchiffrer les réalités de l'existence sous le regard de Dieu au fur et à mesure que cette existence se déroule.

Il faudrait qu’au souffle (soir) de la journée, nous puissions nous promener (avec Dieu) en méditant sur les événements du jour, les rencontres qui l'on jalonné... etc., en essayant de découvrir leur signification providentielle, parce qu'il n'y a pas de hasard. Le Hasard, a-t-on dit, ce n'est que Dieu qui agit incognito.

La prière du soir : méditer le jour sous le regard de Dieu ! En trouver une signification providentielle... !

Le P. Caffarel (fondateur du mouvement conjugal des "Equipes Notre-Dame) demandait au couple de se rencontrer une fois par mois sous le regard de Dieu. Autrement dit : savoir se regarder sous le regard de Dieu qui sans cesse nous voit... comme à la "tombée du jour", des jours passés ensemble !


A suivre

dimanche 18 décembre 2016

Naissance de Dieu en nous !

4ème Dimanche de Carême 16/A

La richesse et la profondeur de ce texte d'évangile ont peut-être, à première vue, toutes les chances de crisper nos mentalités de chrétiens portés, avec nos contemporains, à tout mesurer à l'aune de la science !

Et pourtant, St Matthieu, dans sa sobriété, nous situe au palier le plus profond de la réalité : la présence agissante de Dieu en l'homme, en tout événement humain, même dans un événement qui, de prime abord, pourrait apparaître comme scandaleux, puisque Marie attend un enfant au grand étonnement de Joseph.

Remarquons d'abord qu'en insistant pour relier Jésus à un homme et une femme, Matthieu nous dit que Dieu n'agit pas en dehors de l'histoire des hommes ; c'est à travers le rôle d'un homme et d'une femme qu'il va poser le geste définitif de sa venue dans le monde.
Cela va très loin pour notre connaissance de Dieu :
Dieu n'est pas à chercher spécialement dans les nuages, dans les apparitions remplies de tonnerre et d'éclairs, comme pour Moïse,
ni dans des déchirements apocalyptiques du firmament, comme pour le prophète Daniel,
mais bien davantage dans l'histoire quotidienne des hommes, dans l'histoire, somme toute banale, d'un homme et d'une femme au fond de la Palestine.

St Matthieu semble nous dire : Dieu est là où sont les hommes, dans leurs aventures, dans leurs recherches ou dans leurs découvertes, dans leurs amours interrogatifs ou comblées.
Dieu est toujours là, même dans les méandres parfois incompréhensibles de nos existences. Et c'est à cette sorte de présence divine à laquelle Marie et Joseph ont acquiescé.
 Et nous ? Dieu est là ! En ma vie ! Saurais-je le reconnaître ?

Déjà l'homme de l'Ancien Testament l'avait bien compris, lui qui définissait Dieu comme celui qui dit : " Je suis pour vous ce que je suis pour vous" - ou encore - "Je serai pour vous ce que je serai pour vous".
En d'autres termes, Dieu peut toujours se faire connaître par ses actions dans l'histoire des hommes,
telle qu'elle se déroule aujourd'hui,
telle qu'elle se déroulera demain.
Et même, de ce qui nous étonne, de ce qui peut nous paraître déconcertant, Dieu peut toujours faire jaillir du bien. Sa présence !
Et l'homme est appelé à rendre visible, par ses actes d'homme, cette présence de Dieu au monde.

Première leçon de Joseph ! Il cherche et il trouve Dieu même dans un événement déconcertant. Il trouve parce que, avant tout, il cherche cette présence de Dieu parmi les hommes.

Mais Matthieu va encore plus loin, en parlant du rôle de l'Esprit dans la naissance de Jésus. Si Dieu agit parmi les hommes, c'est pourtant toujours Lui qui prend l'initiative de l'action. Malgré l'apparente banalité du processus biologique de la naissance d'un enfant, il y a, dans la naissance de Jésus, qui sera le sauveur des hommes, l'initiative d'amour absolument gratuit de Dieu.
Ce ne sont pas les hommes qui se donnent Celui qui sera l'Homme totalement réalisé, même si celui-ci naît dans les limites de la pauvreté d'un homme, d'une femme ; c'est toujours Dieu qui, à travers une naissance humaine, prend l'initiative de se donner aux hommes.

En prenant conscience de ce fait, bien des questions se résolvent.
Ce ne sont pas les hommes qui, par une magie quelconque, réussiraient à s'emparer de Dieu et à se Le donner. Certes pas !
Cette gratuité absolue et permanente de l'intervention de Dieu fait de sa présence dans le monde une réalité permanente et toujours nouvelle.
En effet, si Dieu a voulu venir au monde à travers un enfant au point que son Nom divin soit lié au nom d'un homme, d'une femme, c'est pour marquer que Dieu a l'habitude de se faire connaître à travers le nom des hommes, et d'être, sous des visages multiples, toujours nouveau pour ceux qui le cherchent. Tel un Clovis qui veut connaître le "Dieu de Clotilde" ! Grande leçon ! Importance de notre témoignage.
Sauf désormais, cependant, qu'il ne sera plus possible de nommer Dieu totalement sans prononcer le nom de Jésus. Bien sûr ! Mais retenons bien que Dieu a toujours l'initiative de sa présence divine parmi nous à travers les hommes eux-mêmes.

De plus, - troisième réflexion - puisque le Dieu Unique a l'habitude de se faire connaître à un autre personne unique, telle Marie, tel Joseph, ne vaut-il pas mieux comprendre sa présence au milieu de nous, en nous, à la façon d'une personne qui se découvre aimée, et parce que aimée habitée par quelqu'un, par l'Esprit de Dieu comme pour Marie ?

Tous les Saints le disent : la foi est avant tout une "co-naissance", une "naissance avec l'autre", avec Dieu qui vient naître en nous-mêmes pour nous aimer jusqu'au plus profond de nous-mêmes.    

Aussi, en ce temps d'avent, le récit de Matthieu me renvoie à moi-même dans ma "naissance-avec-Dieu", dans ma "co-naissance" de Dieu à travers Jésus.
Dieu est-il toujours pour moi l'être neuf qui m'interpelle le premier par mon nom à travers le nom de Jésus ? Dieu est-il toujours pour moi celui qui me prévient et m'enveloppe de son amour à travers l'amour de Jésus ? Finalement, "le chrétien n'est pas finalement un homme qui aime Dieu en Jésus-Christ ; c'est plutôt un homme qui croit qu'il est aimé de Dieu, habité de Dieu en Jésus-Christ".

Et c'est sans doute dans cette certitude que fut formulée la dernière réflexion de Joseph qui, après son interrogation, prit chez lui, Marie, son épouse.
Il accueille l'amour prévenant de Dieu, de ce Dieu qui a toujours l'initiative de sa présence active parmi les hommes…

vendredi 16 décembre 2016

Epsilon 7 de l'Avent

Epsilon 7

PRIERE DE VIE  2 - Prière du matin

Ainsi donc, nous devons avoir des moments de prière...., des moments où nous nous arrêtons plus particulièrement devant le Seigneur, où nous consacrons des instants pour le louer, l'adorer, le prier ....

- Il y a d'abord la prière du matin :

Un des deux plus longs textes de l’A.T. insérés dans le N.T. est le psaume 94ème
Il nous invite, chaque matin, à vivre intensément l'aujourd'hui de Dieu.
Dans la tradition monastique – antérieure même à Saint Benoit -, on commence toujours l'Office divin, souvent très matinal, par ce psaume. Aussi ce psaume est appelé ; "psaume invitatoire" : il incite les retardataires à se hâter !  Car, bien sûr, il y en a qui sont facilement  en retard ! N'est-ce pas ?
Remarque amusante : on dit facilement que ces retardataires sont "aux cent coups" ! Cents coups de cloche ! C'est le temps qu'il faut consacrer à réciter ce psaume invitatoire 94ème !

La lettre aux Hébreux nous dit bien : "Encouragez-vous mutuellement chaque jour, tant que dure cet aujourd'hui" (Heb. 3.13)  

Et avec ce psaume, nous sommes invités, dès le matin, à vivre intensément chaque jour qui nous est proposé de sorte que nous soyons, d'abord et souvent, à l'écoute de la parole de Dieu : 
"Aujourd'hui, si vous entendez sa voix,
n'endurcissez pas vos cœurs
comme cela s'est produit comme au temps de la Querelle,
au jour de la Tentation dans le désert,      (à Massa et Mériba).
où vos Pères me tentèrent, me mettant à l'épreuve,
alors qu'ils avaient vu mes œuvres".

“Si vous entendez ma voix !“.
Et la lettre aux Hébreux précise : "Vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu'aucun glaive à deux tranchants ; elle pénètre jusqu'au point de division de l'âme et de l'esprit, des articulations et des moelles, elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur. 
Aussi n'y a-t-il pas de créature qui reste invisible devant elle, mais tout est nu et découvert aux yeux de Celui à qui nous devons rendre compte". (Heb 4.12)

L’Eglise a adopté cette façon de faire. En harmonie avec cette grande tradition monastique ; elle invite ceux qui récitent l’Office divin et tout simplement les chrétiens à commencer ainsi leur journée :
“Aujourd'hui, n'endurcissez pas votre cœur,
mais écoutons la Voix du Seigneur...!”.

A suivre

mercredi 14 décembre 2016

Epsilon 6 de l'Avent

Epsilon 6

PRIERE DE VIE  1.

Si toute notre vie doit être une prière, néanmoins, il doit y avoir en notre vie des moments de prières, des prières de vie, des moments où nous nous arrêtons plus particulièrement devant le Seigneur, où nous consacrons des instants pour le louer, le prier, l’adorer…

St Paul disait encore : "Priez aussi pour nous (I Thess.5.26)

La prière est l'expression la plus haute de l'amour pour Dieu et pour les hommes. Elle supprime la distance souvent créé par l'oubli ("Loin des yeux, loin du cœur !"). La prière obtient, par les mérites de Jésus Christ, ce qu'aucun humain ne peut donner !

Aux anciens d'Ephèse convoqués à Milet, Paul, en route vers Jérusalem et devinant sa destinée, leur dit : "Vous ne reverrez plus mon visage !" (Ac. 20.25).
Puis après ses recommandations, il est dit : "Il se mit à genoux avec eux tous et pria !" (Ac. 20.36).
"à genoux" - C'est une attitude peu fréquente dans l'A.T.  Un peu plus dans le N.T. :  Jésus à Gethsémani (Lc 22.41) - St Etienne à sa mort (Ac. 7.60).  etc
On peur rappeler la parabole du pharisien qui prie "debout" et du publicain qui n'ose lever les yeux (Lc 18.11).
L'expression "à genoux" marque un sentiment de grande humilité : "C'est pourquoi, dira encore St Paul, je fléchis les genoux en présence du Père de qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom. Qu'il daigne, selon la richesse de sa gloire, vous amer de puissance par son Esprit" (Eph. 3.14).

Pour mieux se persuader de l'importance de la prière, il faut lire St Luc : son évangile - appelé "l'évangile de la prière" - et les Actes des apôtres.
- Luc commence son évangile et le finit "dans le temple" (avec Zacharie et, à la fin, les apôtres "sont continuellement dans le temps à louer Dieu !"). C'est à noter.
- Il note que les bergers louaient Dieu lors de la naissance de Jésus : "Gloire à Dieu...".
- Lui seul parle de la présentation de Jésus au temple (Avec Siméon et Anne).
- Outre le chant de louange des bergers, il note encore les cantiques d'action de grâce de Marie (à la Visitation), de Zacharie, de Siméon
- Il note encore que les disciples, lors de l'entrée de Jésus à Jérusalem, "se mirent à louer Dieu à pleine voix" (Lc 19.37).
- Lui seul parle de la prière des disciples de Jeran-Baptiste, ce qui provoque la demande des apôtres à Jésus : "Apprends-nous à prier"!
- Il note à propos du centurion Corneille - vers leqeul Pierre sera envoyé - qu'"il invoquait Dieu en tout temps" (Ac. 10.2).

Luc note beaucoup plus souvent que les autres évangélistes Jésus en prière (ceux-ci : 3 fois ; Luc 8 fois, lors de : baptême, Transfiguration, élection des douze apôtres, multiplicaiton des pains, le '"Pater", à la Cène - "J'ai prié pour que ta foi ne défaille pas !" - Gethsémani...

Aussi les disciples de Jésus doivent-ils prier.
Ils doivent prier chacun à part ;
Mais aussi en "communauté", ensemble.
Après l'ascension, la principale occupation des disciples est la prière (dans la "chambre haute", au temple...).

- St Paul soulignera un premier trait de la prière commune  : "Que le Dieu de la constance et de la consolation vous accorde d'avoir les uns pour les autres la même aspiration à l'exemple du Christ Jésus, afin que d'un même cœur et d'une même bouche vous glorifiiez le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ".
Autrement dit, pour bien prier ensemble, il faut chercher l'unité du chant et de la charité ! "D'un même cœur, ... d'une même bouche" !
Naturellement , si la Communauté s'aggrandit, on ne peut tous se réunir ensemble. Cependant, il faut toujours prier les uns pour les autres. Cf. Rm 12.6 ; Col 4.2 ; Eph. 6.18.  etc

- Le deuxième trait de la prière chrétienne, c'est la persévérance.
Les Actes des Apôtres font plus qu'affirmer la ténacité persévérante des premiers chrétiens dans la prière.
En toute occasion, les apôtres et les chrétiens prient :
+ A Jérusalem, Pierre va au temple pour la prière de la 9ème heure (3.1).
+ A Joppé, il monte sur la terrasse d'une maison pour prier (10.9 ; 11.5)
+ La prière accompagne chaque moment important de la vie de la Communauté :
* élection du 12ème apôtre (1.24).
* établissement des 7 diacres (6.6.)
* Communication du Saint-Esprit aux Samaritains convertis (8.15).
* Envoi des missionnaires (13.3)
* organisation de nouvelles communautés (14.23)
* Lorsque Pierre est incarcéré, "la prière de l'Eglise s'élève pour lui vers Dieu sans relâche" (12.5)
* Pour demander à Dieu un miracle, Pierre prie (9.40), Paul de même (28.8)
* Paul prie après l'apparition de Damas (9.11), à Jérusalem dans le temple (22.17), dans la prison de Philippes, avec Silas (16.25)

Et les chrétiens se désignent volontiers d'après l'expression du prophète Joël (2.5 ; Cf. Ac. 2.21) comme "ceux qui invoquent le nom du Seigneur" (Ac. 9.14,21; 22.16 ; I Co. 1.2 ; 2 Tm 2.22)

L'impression d'ensemble est que les premiers chrétiens prient tout le temps ; c'est sûrement ce que Luc a voulu faire comprendre à ses lecteurs en leur montrant sans cesse les premiers chrétiens en prière. L'Eglise apostolique réalise vraiment l'idéal de prier "toujours" (Lc 18.1) et "en tout temps" (21.36), idéal évangélique qui est aussi celui de St Paul.


A suivre