lundi 17 octobre 2016

Missionnaire !

29e Dimanche du T.O. 16/C   

En cette "Journée missionnaire universelle",
il est bon de se redire : nous sommes, nous devons être missionnaires parce que chrétiens. Il est bon de nous rappeler cette évidence. Car la mission n'est pas une spécialité ; elle est un devoir pour tout baptisé : il a été "appelé" pour être" envoyé". Une telle exigence nous concerne donc tous. Aussi faut-il nous demander quelles sont les conditions d'une authentique mission. Si vous le permettez, j'en retiendrai trois :
- Le missionnaire doit être envoyé.
- Le missionnaire doit transmettre la foi.
- Le missionnaire doit prier.

1. Le missionnaire doit être envoyé.
Il n'est pas inutile de le rappeler, car bien des gens - et même des chrétiens - se croient une mission parce qu'ils se la sont donnée à eux-mêmes ! Or cela est absolument contraire à l'esprit chrétien, évangélique !

Nul n'est missionnaire de lui-même - pas même le christ qui a déclaré : "Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même". La mission du chrétien est participation à la mission du christ qu'il a reçue du Père : "comme tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés". Et qui a-t-il envoyé dans le monde ? Pierre et les Apôtres ! Et après eux, leurs successeurs : le Pape et les évêques. (cf. Vat. II). Ce sont eux qui, à leur tour, donnent mission à ceux qui veulent collaborer au salut des hommes en Jésus christ !

La mission, la nôtre, sera toujours divine et jamais humaine. Ceux qui organisent leur vie chrétienne et leurs diverses activités apostoliques selon leurs propres critères et jugements font obligatoirement fausse route ; et - la plupart du temps - n'en reçoivent guère de joie sinon celle - bien modeste - que peuvent donner les hommes. Et souvent, d'ailleurs, ils sont tiraillés entre ce qu'ils pensent et ce que pense l'Eglise, entre ce qu'ils font et ce que fait l'Eglise au nom du Père par Jésus christ et sous l'action de l'Esprit-Saint. Cela est très important, me semble-t-il : nous sommes des envoyés de Dieu et non de nous-mêmes !

2. Le missionnaire doit transmettre la foi !
"Cela va sans le dire ; cela va mieux en le disant !" (selon la célèbre formule de Talleyrand, appliquée à autre chose que la foi, évidemment !). Le missionnaire ne transmet pas son idéologie : en témoignant de sa propre foi, il doit transmettre la foi des apôtres, et reçue, vécue dans l’Eglise. Dans la deuxième lecture, St Paul invite son disciple Timothée : "Tiens-toi à ce que tu as appris et dont tu as acquis la certitude". Le missionnaire reçoit la foi au sens d’un contenu "donné" par le Christ, l’Eglise. Et il a, sans cesse, à en vérifier le bien fondé, de sorte que vivent de plus en plus sa relation avec Dieu et sa relation avec ses frères.

Il a à en “vérifier le bien-fondé” pour lui-même ! D'abord ! C’est-à-dire réfléchir sans cesse à tout ce que le Christ nous a dit et nous transmet encore par l’Eglise. Il ne s'agit pas de se cramponner à des formules dogmatiques ou à des rites liturgiques sans souci de leur origine et de leur développement. Il s'agit - conformément à la parole de la première lettre de St Pierre - "d'être toujours prêt à rendre raison de l'espérance qui est en nous, avec douceur et respect". Si nous sommes parfois si peu "missionnaires", n'est-ce pas parce que notre foi n'est pas suffisamment éclairée ?

Certes, il n'est pas nécessaire d'être théologien pour faire son salut et être missionnaire ; mais il ne suffit pas de se contenter des souvenirs vagues et à moitié oubliés du lointain catéchisme de notre enfance

Jean-Paul II, Benoît XVI et, aujourd'hui, notre pape François ont souvent recommandé aux prêtres de cultiver leur foi. On pourrait faire, me semble-t-il, la même recommandation à tout chrétien ! Certains disent qu'ils préfèrent "partir de la vie", pour rencontrer Dieu, car ils aiment le concret. Et c'est bien ! Mais "partir de la vie" est bon à condition que cette démarche soit sans cesse confrontée avec la Parole de Dieu qui doit inspirer et régir toute notre vie.

3. Le Missionnaire doit prier !
Les lectures d'aujourd'hui nous apportent un enseignement sur la prière !  Dans la première lecture, l'auteur du livre de l'Exode nous décrit Moise les mains étendues dans l'attitude du "priant", intercédant pour son peuple. Et dans l'Evangile, Jésus lui-même nous invite, par une parabole, à une prière inlassable et même importune. Oui, si le missionnaire ne prie pas, il se décourage vite devant l'échec ou se glorifie vite de ses succès.

Si Thérèse de Lisieux, au fond de son Carmel a été déclarée patronne des Missions, c'est qu'elle offrit sa vie monotone et héroïque, comme une prière, pour l'extension de l'Eglise. Alors, "il faut prier sans cesse", comme le demandait St Paul, lui le Missionnaire par excellence !
Et cette affirmation doit nous interroger : "Sur qui comptons-nous? Sur Dieu ou sur nous-mêmes ?" C'est tout le sens de la question de l'évangile   : "Le Fils de l'Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?". A voir le petit nombre que nous sommes à prier, chaque dimanche, la question se pose en effet. Et nous-mêmes dans nos journées, quelle place laissons-nous à la prière ? Serions-nous en reste par rapport à certains qui n’ont pas reçu la Révélation du Christ, comme Gandhi, lui qui affirmait : "La prière est la clef du matin et le verrou du soir".

Oui, avons-nous un rendez-vous quotidien avec Dieu ? Oh je sais, on dit : "Je n'ai pas le temps !”. Et c’est vrai parfois ! Ou encore : “je ne prends pas le temps... !”. Et c’est encore plus vrai. Car prier, c'est d'abord prendre du temps pour Dieu, lui accorder un peu de notre temps. Si on aime quelqu'un on prend le temps d'être avec lui, de l'écouter, de lui parler, de l'aimer. La prière est ce rendez-vous avec Dieu ; elle nous expose au rayonnement de son Amour comme on s'expose au soleil.

Et puis, si vous avez véritablement que très peu de temps, je me permets de vous rappeler une façon de prier qui est très ancienne et qui n'exige que deux ou trois secondes, le temps suffisant d'une respiration pour élever son âme vers Dieu dans un acte d'offrande, d'action de grâces, de demande. Si au cours de la journée, on utilise très souvent cette manière de prier qui ne dure que le temps d'un souffle, d’une respiration, alors, je crois qu’on parvient vite à respirer la vie même de Dieu. Et respirant cette vie divine, on est comme naturellement disposé à l'insuffler aux autres par le souffle d'une parole évangélique, d'une parole missionnaire.

N'oublions donc pas : Le Chrétien doit être missionnaire. Car c'est un envoyé qui transmet ce qu'il a reçu du Christ avec qui il communie sans cesse par la prière. Le Christ a besoin des hommes, de vous-mêmes comme de moi-même !

Aussi, pour terminer, je vous livre quelques réflexions récentes du pape François sur la prière. Chacun pourra en faire, me semble-t-il, son profit :
"Lorsqu’un chrétien prie, il ne s’éloigne pas de la foi, il parle avec Jésus !
Mais prier, ce n’est pas "dire des prières". Une chose est de prier, et une autre de dire des prières ! Comme le dit Jésus : "Quand tu pries, va dans ta chambre et prie le Père dans le secret, dans un cœur à cœur !".
Et le pape de mettre en garde : ceux qui ne prient pas, abandonnent la foi et la transforment en idéologie moraliste, sans Jésus ! La foi, pour ainsi dire, devient une idéologie. Et l’idéologie ne rassemble pas. - Jésus n’est pas présent dans les idéologies avec sa tendresse, son amour, sa douceur. Les idéologies sont rigides, toujours !
Quand un chrétien devient disciple d’une idéologie, il a perdu la foi : il n’est plus un disciple de Jésus, il est devenu le disciple de cette manière de penser. La connaissance de Jésus est transformée en une connaissance idéologique et même moraliste qui ferme la porte avec toutes ses prescriptions.
La foi devient une idéologie et l’idéologie fait peur, l’idéologie chasse les gens, éloigne les personnes et éloigne l’Église des personnes. C'est une maladie grave d’être un chrétien idéologue, "sans bonté". 

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