Epsilon 3
VIE DE
PRIERE - 2
... ...
Oui, la
première condition d’une “vie de prière“, c’est d’être ouvert à la vérité de
Dieu sur nous-mêmes, en reconnaissant, avec grande humilité, que Dieu prend
les hommes “tels qu'ils sont et là où ils en sont“.
Aussi,
surtout à propos de la prière, il ne faut pas faire ce que j’appelle souvent
une “inversion sacrilège“ : personne n’est l’énergie (la source) de ses
énergies. Dieu seul est l’énergie de nos énergies ! Dieu d’abord et
toujours ! Ce n’est pas David qui doit construire une maison au
Seigneur ; c’est le Seigneur qui
construira une “maison“ à David (Cf II Samuel 7).
Sachons nous
présenter devant le Seigneur, tels que nous sommes et là où nous en sommes !
Isaïe dira
de même, à sa façon :
“Malheur à qui, cruchon parmi les cruchons de glaise, chicanerait
celui qui l'a formé ! L'argile dira-t-elle à celui qui lui donne forme :
"Que fais-tu?", et l’œuvre réalisée par toi dira-t-elle : "Il
n'a pas de mains !" ? (Is 45.9)
(Cf. aussi Is 29.16)
Or,
“Vous êtes dans ma main, gens d'Israël, comme l'argile dans la
main du potier“. (Jr 18.6)
St Paul dira, lui : “Qui
es-tu donc, homme, pour entrer en contestation avec Dieu ? L'ouvrage va-t-il dire à
l'ouvrier : Pourquoi m'as-tu fait ainsi ? Le potier n'est-il pas maître de son
argile pour faire, de la même pâte, tel vase d'usage noble, tel autre d'usage
vulgaire ? (Rm 9.20)
Surtout à
propos de la prière, il ne faut pas faire cette “inversion sacrilège“. Notre Seigneur dira que ce n’est pas nous
qui prions, mais c’est l’Esprit, son Esprit qui vient en nous et nous apprend à
prier… ! Parce que nous, "nous ne
savons pas prier comme il faut" (Rm 8.26)
Le perfectionnisme
individuel en ce domaine comme une beaucoup d'autres, n’est pas de mise.
D’ailleurs,
en bien des domaines, le sublime, l’idéalisme, le perfectionnisme est la pire des
maladies (d’orgueil
souvent). On manie
de belles idées, de beaux principes. Et arrive fatalement un jour où une
circonstance difficile fait tout s’écrouler ! Alors, on s’aperçoit qu’on
“se met le doigt dans l’œil“, si je puis dire, parce qu’on ne pratique pas
finalement ces beaux principes, cet idéal qu'on s'était forgé soi-même. On
s'aperçoit qu'on ne prie pas parfaitement.
Et on n’en finit pas de se reprocher de
n’être pas ce qu’on devrait être. Alors si on ne s’empoissonne pas soi-même, on
empoisonne toute l’atmosphère.
Et au lieu d’utiliser toutes ses énergies à
progresser humblement - “marche
humblement avec ton Dieu“ (Mi. 6.8) - on les emploie contre soi-même par un incessant sentiment de
culpabilité. On se stérilise en confondant sentiment
de culpabilité qui est un regard (morbide) sur soi-même (l’orgueil va jusque là) et repentir
qui est un regard quêtant l’amour de l’offensé…, de Dieu. C’est très
différent !
Et, de plus, quand on ne s’aime pas soi-même “tel
que l’on est et là où on en est“, on n’aime pas non plus les autres. Et
n’aimant pas les autres, on ne peut aimer Dieu ! Et on ne prie plus !
C’est une maladie terrible, le perfectionnisme !
Oui, David est un bon compagnon de route pour
nous apprendre à prier. Il nous apprend à faire comme Dieu, à prendre les hommes (nous-mêmes d’abord) “de chair et de sang“, “comme ils sont et là
où ils en sont“ ; et progressivement, à leur apprendre à employer leurs
énergies (que Dieu
leur accorde), à les concentrer, les polariser
pour la construction de la personnalité que Dieu désire pour eux, de cette
"maison" que lui veut construire, qui est d’“être à l’image et
ressemblance de Dieu“.
Et cela se
fait par la prière qui, en nous, modèle toute notre vie destinée à entrer en la
VIE ETERNELLE, la VIE de Dieu ! Notre vie devient une vie de prière,
d’action de grâces incessante. On accomplit ce que St Paul dira :
“Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, quoi que vous fassiez, faites tout pour la
gloire de Dieu“. (I Co. 10.31)...
[Faire tout pour la gloire de
Dieu : sans cesse "rendre grâce" à Dieu. "Rendre toujours
grâce", ce doit être la disposition permanente de notre existence, de
toute notre vie qui devient alors prière.
C’est d'ailleurs le sens du mot
“Juif“ Yehudim. (de "Yoda" : merci !). "Yoda", ce mot que
Léa, une des deux femmes de Jacob (avec Rachel) donna à son 4ème
enfant : Juda. "Elle conçut encore et elle enfanta un fils ; elle dit
: "Cette fois, je rendrai gloire à Dieu" ; c'est pourquoi elle
l'appela Juda. Gen 29.35)].
A suivre
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