Saint-Sacrement 16/C
“Fête-Dieu”, “fête du Corps du Christ” ou
encore “fête du Saint Sacrement”. La liturgie garde plusieurs façons de parler
de la fête d’aujourd’hui qui se célèbre dans l'Eglise depuis le 13ème
siècle.
Les lectures de ce jour sont là pour nous
la faire mieux comprendre !
L'Eucharistie est une fête pour tous les
hommes !
Dieu invite tous les hommes à faire
mémoire. Déjà dans l'Ancien Testament, le pain et le vin sont offerts
par le prêtre Melchisédech. Nous ne savons rien
de lui, sinon, comme le dit la lettre aux Hébreux, qu'il annonce le prêtre
parfait que sera le Christ.
Avec ce "prêtre païen", le
pain et le vin sont déjà là comme signes de ce qui est offert à Dieu. Au
moment où nous célébrons la Fête-Dieu, l'Eglise nous fait souvenir de tous ceux
qui croient au Dieu Très Haut. Elle élargit ainsi notre cœur aux hommes de
bonne volonté qui, - par le symbole d’une nourriture vitale : pain et vin
– dirigent leur pensée et leur vie vers Dieu !
Cette fête nous ouvre aux dimensions du
monde.
On ne peut fêter Dieu sans penser à tous les hommes qui s’ouvrent à Dieu dans
l’essentiel de leur vie…, à la façon de Melchisédech !
L'Eucharities est la Fête du Corps du
Christ
L'audace de Paul (2ème
lecture)
provoque notre foi. Nous voilà placés d'emblée dans la lignée des apôtres, témoins
du repas du Seigneur à la veille de sa mort et de sa résurrection.
L'Apôtre nous rappelle que chaque fois que nous mangeons ce pain et que nous
buvons à la coupe, nous proclamons la mort et la résurrection du Seigneur
dans la certitude de sa venue permanente, jusqu'à son retour en sa gloire
divine.
St Paul nous rappelle, là, le sérieux de la
foi dans nos célébrations eucharistiques. Il s'agit du Christ qui vient en
nous, pour faire de nous le lieu sa demeure, en l'attente de notre plénière
incorporation en sa vie glorieuse de Ressuscité !
C’est le Christ, Fils de Dieu qui se
déplace en nous ! Il y a déjà du divin en notre charnel, de l’éternel
dans notre temporel : c’est comme une prolongation du mystère de l’Incarnation
en nous ! Dieu n’attend pas notre mort, notre éternité pour nous
communiquer sa vie : “Si vous ne
mangez pas la chair du Fils de l’Homme - si vous ne recevez pas la présence
vivante du Christ ressuscité, lui qui a livré son Corps et son Sang par amour
pour les hommes -, vous n’aurez pas la
vie en vous !”.
Dès maintenant, le Christ nous alimente
divinement en vue de notre éternité. Sans la communion, nous risquons de faire
de l’anorexie spirituelle, d’être des sous-alimentés spirituellement.
Ce mystère de présence de Dieu dans l'intimité de
notre quotidien, doit nous faire davantage prendre conscience de l'amour que
Dieu "a répandu en nos cœurs par son
Esprit" (Rm.
5.15).
Devenus fils de Dieu par le baptême, par l'eucharistie nous devenons “Corps
du Christ”.
Et ce que chacun vit personnellement,
l'Eglise le vit comme “Corps du Christ” tout entier. "Vous êtes le Corps du Christ, dit encore St Paul aux
Corinthiens, et vous êtes ses membres,
chacun pour sa part"... "Puisqu'il
y a un seul pain, tous nous ne formons qu'un seul Corps". Le peuple de
Dieu devient le “Corps du Christ” par l'Eucharistie.
Et la mission de l'Eglise est de proclamer
cette réalité, de donner le Christ au monde. Cette mission commence en chacun
de nous dès maintenant ; notre communion nous le rappelle.
Aussi, l'Eucharisties est la Fête du don
reçu et donné
Ainsi, le Christ ayant été le premier à
faire de sa vie un don reçu et donné, il nous appartient maintenant de faire
de notre vie, à son exemple, un don reçu et donné, d’être attentif
aux personnes, aux circonstances : l'évangile nous le rappelle.
Il est tard, ces gens ont écouté
longuement. Ils en ont perdu le boire et le manger ! Les apôtres sont
impuissants pour faire face. Pourtant, Jésus leur dit : "Donnez-leur vous-mêmes à
manger". Ceci devrait nous dérouter, comme l'ont été les
apôtres.
Mais comme nous connaissons les faits par
l’Evangile, nous risquons moins de passer à côté de cette parole. Laissons
résonner en nous cette demande du Christ : "Donnez-leur
vous-mêmes à manger". Nous avons sûrement quelque chose à donner,
quelque chose que nous avons reçu. Sinon, notre foi n'est plus chrétienne.
C'est une "foi" égoïstement personnelle.
N'est-ce pas là tout le mystère de l'eucharistie
? Nous venons à la messe, nous recevons le Corps du Christ ; sa présence nous
transforme et nos manières humaines deviennent peu à peu celles de vrais
enfants de Dieu. Puissions-nous devenir de plus en plus, grâce à cette force du
mystère de l’Eucharistie, puissions-nous devenir, peut être sans éclat mais en
vérité, des "donneurs du Christ
qui vit en nous". Quand St Paul nous dit d'être des "intendants des mystères du
Christ" (I
Cor. 4/1),
il ne dit pas autre chose. Si chacun de nous vit cela, alors l'Eglise pourra
être elle-même un véritable don pour le monde. Quelle responsabilité !
Voilà ce que nous célébrons avec toute
l'Eglise.
-
Nous nous rappelons que nos ancêtres dans la foi regardaient le pain et le vin
comme des offrandes dignes de Dieu, des offrandes de leur vie.
- Ces signes ont été repris par Jésus comme
l'offrande de toute sa vie.
- Et nous, invités à recevoir le pain et le
vin, Corps et Sang du Christ, nous entrons dans cette lignée de témoins pour
donner la Vie de Dieu au monde !
Oui
- Le Pain et le vin, c'est notre vie
offerte à Dieu !
- Le Pain et le vin, c'est la vie du Christ
en nous !
- Le Pain et le vin, c'est la Vie de Dieu
reçue pour la donner, l'engendrer en nos frères, les hommes.
Avec l'Eucharistie, c'est affirmer le divin
dans l'humain !
Puissions-nous entrer dans ce mystère de
vie où recevoir et donner sont une seule et même grâce : vie reçue, vie
donnée, tel est le chemin du Royaume jusqu'à ce que le Christ revienne.