Argent
! Pouvoir !
Nous
prions aujourd'hui pour le P. Jacques Hamel, assassiné !
Nous prions
pour tous les chrétiens assassinés de par le monde !
Avec
tous les croyants, nous prions pour toutes les victimes du terrorisme !
Et,
avec Notre Seigneur, nous réfléchissons aujourd'hui sur les méfaits possibles
de l'argent, du pouvoir... jusque chez nous, jusqu'en notre cœur !
18e
Dim. T.O. 16.C :
Les querelles d'héritage sont de tous les
temps ! “Maître, dis à mon frère de
partager avec moi notre héritage !”.
Jésus vient de dire d'appeler Dieu
"Notre Père !" (Cf.
Dimanche dernier).
Et voilà qu'on lui parle de contentieux, de querelle d’argent entre frères !
Jésus est venu proclamer : Au nom de Dieu,
votre Père, soyez des frères les uns pour les autres ! Et voici qu'un homme lui
dit qu’avec son frère, il y a un litige d'argent !
C’est de tout temps ! Dans des
familles très unies, la division peut survenir lors d'un héritage ! On se fâche
et on ne se parle plus ! Tant que vivait celui dont la succession est ouverte,
on vivait en paix ! Et voici que brusquement, une crise éclate : l’amour
de l'argent l'emporte sur l'amour de ses frères !
La réponse de Jésus va droit au cœur du problème
: “Gardez-vous de toute âpreté au gain
!”. Cette sentence rejoint bien des passages de l'Evangile :
- Au jeune homme riche, Jésus conseille : "Va, vends tes biens ; distribues
le produit aux pauvres ; puis, viens et suis moi” (Lc 18.22).
- A la foule qui se presse pour l'écouter,
Jésus proclame : ”Bienheureux les
pauvres” (Mth
5.3) !
- A nous tous, Jésus dit : “Vous ne pouvez servir Dieu et
l’Argent !" (Mth
6.24). ... Il faut choisir ! Souvent,
Jésus revient sur cet avertissement : “Gardez-vous
de toute âpreté au gain”.
On peut penser, bien sûr, à St François
d'Assise auquel fait si souvent allusion le pape François ! Il vivait dans
la brillante civilisation italienne du 13ème s. Mais il avait
entendu la parole de Jésus : “Vends tes
biens et suis-moi !”... Sa famille était très chrétienne ! Tous ses membres
connaissaient l’Evangile. Mais, en lui, François, l'appel à vivre pauvrement, à
partager, avait retenti si profondément qu’on était scandalisé par ses
largesses. A1ors, il vint avec son père devant l'évêque d'Assise. Là, il se
dépouilla de ses beaux vêtements et se vêtit d'une sorte de sac, signifiant
ainsi qu'il rompait avec le monde de l'argent et du confort. Désormais, on
l'appellera “le petit pauvre d'Assise”.
A la même époque vivait un autre grand
Saint,
très riche, un puissant Seigneur disposant de grands biens, St Louis, roi de
France. En l'un et l'autre, leurs contemporains d'abord, puis toutes les
générations ont vu le reflet de l'Evangile. L'un et l'autre, le petit pauvre
et le puissant roi ont été des saints !
Alors, devant ces deux exemples, le riche
et pauvre, une question demeure : Comment être chrétien ? St Paul répondait
déjà : “Usez des biens de ce monde comme
n'en usant pas” (I
Co.7.31).
Autrement dit : n'y mettez pas votre cœur. Et cela a été le fait de St
Louis comme de St François.
On comprend que devant la difficulté de se
servir de l'argent sans en être esclaves, certains - tels beaucoup de religieux
- aient envisagé une solution radicale en renonçant à toute possession. Mais il
est bien évident que tous les chrétiens ne peuvent s’engager dans cette voie.
Toutefois l'exemple des pauvres pour le Christ nous aide à réfléchir.
Jésus, lui, est né dans le dénuement
d'une crèche comme un pauvre parmi les pauvres. Cependant nous voyons venir à
lui, à la fois, des bergers et des rois, des pauvres et des riches,
tels Nicodème, Joseph d'Arimathie. Lui-même partageait avec ses disciples une “bourse
commune”. Cela fait partie des nécessités de la vie.
Comment donc se comporter ? Il faut
bien vivre et faire vivre sa famille ! Pour cela, la nécessité d’argent
invite à travailler. Il faut “gagner” sa vie ! D’ailleurs le travail
répond à un appel de Dieu. Car, qui pourrait accepter de vivre aux dépens des
autres ? St Paul lui-même le déclare : “Si
quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus” (2 Thess 3.10).
De plus, étant donné les aléas de
l'existence, il est normal de chercher à pouvoir faire face à d'éventuels mauvais
jours. C'est de l'avenir des siens qu'il s'agit. On ne peut se désintéresser
ni du présent, ni de l'avenir de ceux dont on a charge.
Ces évidences doivent être rappelées ;
elles soulignent cependant que l'argent, la possession de quelque bien, n'interviennent
ici que comme des intermédiaires, des moyens. Ils ne sont pas un but.
Le livre des Proverbes propose une belle
prière à ce sujet, préparant celle de Jésus sur le pain nécessaire à chaque
jour.
“J'implore
de toi deux choses :
Ne me
donne ni pauvreté ni richesse.
Laisses-moi
goûter ma part de pain,
de
crainte que comblé je ne me détourne de toi et ne dise : "qui est le
Seigneur ?",
ou
encore qu'indigent, je ne vole et ne profane le Nom de mon Dieu !"..
La misère, l'indigence ne sont pas normales
; elles sont inhumaines. Mais, inversement, la richesse devient vite une
tentation, celle d'aimer l'argent, et c'est ici que retentit la sentence de
Jésus : "Nul ne peut servir deux
maîtres : Dieu et l'argent".
L'âpreté au gain nous guette tous, d’une manière ou
d’une autre. Chacun souhaite l'augmentation de ses revenus, même au-delà du
nécessaire. Il est bien difficile de déterminer dans ce désir la part d'un
souci légitime et celle d’une tentation si subtile que Jésus a cru bon nous
avertir : “Vous ne pouvez pas servir
Dieu et l'argent”.
Alors, que faire ? Peut-être que Jésus nous
dirait : l’argent est nécessaire, mais sachez aussi regarder
votre prochain, sachez partager !
Un jour, j'ai été très édifié par un jeune
couple qui, me semble-t-il, n'affichait pas de grandes convictions chrétiennes,
au demeurant. Ils avaient des ressources disons normales - “ni plus ni moins” -.
Or, ils venaient de recevoir un héritage assez modeste. Mais ce dont je me
souviens très bien, c'est qu'ils désiraient utiliser cet héritage au profit de
leur famille, bien sûr - ils avaient déjà trois enfants ! -, mais, également,
pour une part, au profit de plus déshérités qu'eux-mêmes ! Et ils me
demandaient conseil !
Oui, quelles que soient nos ressources,
apprenons à regarder notre prochain. Il faut savoir donner, partager
et le plus discrètement possible : “que
ta main gauche ignore ce que fait ta main droite” (Mth 6.3). Que l’argent soit aussi un moyen d’aimer nos frères !
Il y a quelques années, un religieux allait
mourir. Ses trois neveux et nièces étaient près de lui. Tous, après de
brillantes études, avaient de “belles situations”… Leur oncle leur dit sa joie
de voir leur avenir plein de promesses ! Puis il ajouta : "Voici mon testament ; il est
court". Après un instant de silence, il dit : "N'aimez pas l'argent !"
Il était évident que nul de ces neveux
n'était destiné à vivre dans la misère. Il ne leur demandait pas d'y renoncer.
Il leur adressait seulement la mise en garde que formule l'évangile. Il leur
livrait un secret, celui d'une existence vécue d’abord… sous le regard de
Dieu !
Il avait raison : N’aimons pas
l’argent ! C’est ce qui nous permet d’aimer Dieu et notre frère !