4ème
Dimanche de Pâques 17 / A
"Moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour
qu'ils l'aient en abondance". Et Jésus ajoutait aussitôt
: "Je suis le bon berger ; le
bon berger donne sa vie pour ses brebis".
Pour beaucoup - pour les Jeunes principalement
-, le berger et son troupeau sont des images lointaines, presque irréelles.
Peut-être, peut-être... que des enfants ont vu un vrai berger avec son troupeau,
en Savoie, dans les Pyrénées… Mais c’est seulement un souvenir de
vacances ; ce n’est pas l'Évangile !
Pour nous, adultes de ma génération, la
figure du Bon Pasteur évoque peut-être une “image de première communion”... Je
me souviens de l'imagerie pieuse dont on garnissait les missels autrefois : un
doux Jésus, à la chevelure blonde, une petite brebis enroulée autour de son
cou. Cela non plus n'est pas l'Évangile. C'est de la sensiblerie
religieuse !
Dans l'Évangile que nous venons d'entendre,
il ne s'agit pas de petits agneaux ou de douceur champêtre. Quand Jésus dit : “Je suis le Bon Pasteur, le vrai Berger”,
il prononce une parole subversive qui, socialement, va lui coûter cher.
Car Jésus attaque, si je puis dire ! Il attaque les gens influents de son
peuple, les responsables, les autorités qui ne le lui pardonneront pas.
Dans le passé, on avait comparé les rois
d’Israël à des bergers pour constater qu'ils étaient de mauvais bergers...,
sauf quelques-uns comme le saint roi Josias.
Alors, Jésus dit : “Moi, je
suis le Bon Berger !”.
Au temps de Jésus, les notables religieux,
scribes, docteurs de la Loi conduisaient le peuple avec autorité. Et Jésus
disait : “Méfiez-vous, ce sont de mauvais
bergers... ce sont des guides aveugles. Et puis, ce qu'ils disent, ils ne le
font pas. Moi, je suis le Bon Berger”.
Autrement dit, en quelques mots, Jésus
écarte tous ceux qui se croyaient les bergers d'Israël ; et il se présente
comme celui qu'il faut suivre, le vrai Berger, un guide sûr pour les
hommes.
Il n’est donc pas question d'affadir ces
paroles de Jésus avec des images bucoliques, d'autant plus que le Berger évoque
la silhouette d'un solide gaillard ; un nomade certes, mais un lutteur capable
de se battre contre les bêtes sauvages qui peuvent attaquer le troupeau.
Voilà ce que Jésus a dit, ce jour-là, à ses
risques et périls, il y a 2 000 ans, en prononçant ces quatre mots : “Moi, je suis le Vrai Berger !”.
Mais, ces quatre mots-là..., prononcés par
Jésus, il y a 2.000 ans... n'ont pas vieilli. Ils sont d'une prodigieuse
actualité... puisqu'ils contiennent une réponse à une question essentielle,
que tous nous nous posons : Qui donc est Dieu ?... A qui ressemble
Dieu ?...
Et Jésus dira : “Dieu, personne ne l'a jamais vu... mais qui m'a vu a vu le Père...”.
C'est donc que Jésus, lui qui, dira St Paul, est "l'image de Dieu" (2 Co 4.4), "l'image de Dieu invisible" (Col 1.15) tient à nous le
présenter - et par ses paroles et par toute sa vie - comme le vrai Berger, un
Berger qui a des sentiments paternels pour chacun de nous, un berger de toute
l'humanité.
On se trompe sur Dieu lorsqu'on le dit loin
des hommes... Jésus nous dit au contraire
que Dieu est “sur le terrain”, si je puis dire, comme un berger ; il est
sur “tout terrain”. Toujours sur les routes des hommes, inlassable compagnon de
l'aventure humaine. Il est de tous nos voyages, sur nos grandes routes et nos
chemins de traverse, sur nos terres ensoleillées comme sur les versants
sinistres et dangereux.
Nous ne nous en rendons compte que peu à
peu... Cependant, en nous retournant sur la route de notre vie humaine, sur tel
et tel endroit de notre parcours, il nous arrive de nous écrier comme le
patriarche Jacob : Mais "Dieu
était dans ce lieu ; et je ne le savais pas !".
"Dans le lieu" - "HaMakom"
en hébreu ; et ce mot est devenu pour un Juif comme un nom divin (comme
"Adonaï", plus connu). Et devenu âgé, Jacob pourra bénir deux de ses
petits-enfants (fils
de Joseph)
en disant : "par le Dieu en présence
de qui nos pères ont marché, le Dieu
qui fut mon berger depuis que j'existe jusqu'à ce jour" (Gen 48.15).
Oui, que ce "Dieu-Berger" nous
bénisse tous également. Et nous avons raison de chanter : "Le Seigneur est mon berger, rien ne
saurait me manquer !" (Ps 23). Et sachons toujours l'invoquer selon la formule d'un
autre psaume : "Berger d'Israël,...
écoute". Ecoute nos prières
Oui, "Berge d'Israël", tu es avec
nous, toi qui t'es fait, en Jésus, "Emmanuël" - "Dieu avec nous" ! "Qui
me voit, voit le Père", nous répète Jésus" !
“Tu
es là, Seigneur, en nos vies, et c'est toi qui nous fait vivre !"
- Tu es là, sur les routes de nos labeurs !
- Tu es là, sur les routes de nos repos !
- Tu es là dans les cortèges de nos joies
comme au cœur de nos tristesses !
Tu es sur tous les chemins des hommes, comme
le Berger de toute l'humanité !
Oui, on se trompe sur Dieu lorsqu'on le dit
indifférent, impassible, au-dessus de nous ! Jésus nous dit que Dieu a lié
son sort, qu'il a parti lié avec l'humanité, comme le berger est lié
à son troupeau.
Tellement lié, tellement solidaire que,
lorsque viennent les loups ou les voleurs, ils lui passeront sur le corps. Notre
Dieu, révélé sur le visage de Jésus, le vrai Berger, est un Dieu qui donne sa
vie pour son troupeau, afin qu'aucune de ses brebis ne se perde. Le Christ, "image de Dieu" "a souffert
pour vous", nous a rappelé St Pierre. Et Prêtre éternel, il présente
toujours ses souffrances à Dieu-Père pour nous !
Oui, on se trompe sur Dieu quand on le dit
autoritaire, surveillant impitoyable... Jésus nous dit que Dieu est comme un
berger : il ne surveille pas... il "veille sur"... sur nous,
rappelle encore St Pierre, sur chacun de nous !
Et il part à la recherche de la centième
brebis égarée. Dieu est un Berger qui ne consent même pas à 1% de perte !
On n'a pas fini de s'émerveiller de ce
visage de Dieu, Berger de l'humanité, révélé sur le visage de Jésus !
Aujourd'hui, c'est la journée mondiale de
prière pour les vocations. Les vocations, la vocation... Mais nous avons tous la
vocation ! Oui, tous les baptisés ont la vocation de révéler, à leur tour,
quelque chose du visage de notre Dieu, "Berger de toute humanité",
manifesté sur le visage du Christ, son Fils éternel qui s'est fait homme !
Nous vivons dans un monde dur, rongé par
l'incertitude de l'avenir, par la violence et le mal de vivre. Eh bien ! Aujourd'hui,
dans ce monde, beaucoup de chrétiens qui veulent suivre le Christ, berger de
l'humanité au nom de son Père, se rassemblent, ici ou là, pour
- soulager des souffrants, nourrir des
affamés,
- visiter des malades, équiper des hôpitaux,
et que sais-je encore.
- défendre les petits en tous lieux de la
terre...
et cela, parfois, au péril de leur vie, comme
Jésus le Bon Berger !
Nous avons tous cette vocation-là, à la suite du
Christ. Même si c'est au goutte à goutte que nous devons donner notre
vie ! Être chrétien, c'est toujours susciter la vie, ressusciter la vie,
et parfois silencieusement !
Nous avons tous cette vocation-là.
Et certains ont la vocation de prêtres,
religieux, religieuses. Et je suis sûr que des jeunes se posent la
question ! Suivre et imiter Jésus, le vrai Berger, pour transformer
la vie, même modestement. "N’ayez
pas peur", disait naguère le pape Jean-Paul II.
N’ayons pas peur de suivre le Christ, le
vrai berger de l’humanité !
Disciples du vrai berger, soyons des êtres
contagieux de cette vie qu’il nous a donnée, Vie qui sans cesse ressuscite !
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