dimanche 7 mai 2017

Berger !

4ème Dimanche de Pâques    17 / A

"Moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en abondance". Et Jésus ajoutait aussitôt : "Je suis le bon berger ; le bon berger donne sa vie pour ses brebis".

Pour beaucoup - pour les Jeunes principalement -, le berger et son troupeau sont des images lointaines, presque irréelles. Peut-être, peut-être... que des enfants ont vu un vrai berger avec son troupeau, en Savoie, dans les Pyrénées… Mais c’est seulement un souvenir de vacances ; ce n’est pas l'Évangile !

Pour nous, adultes de ma génération, la figure du Bon Pasteur évoque peut-être une “image de première communion”... Je me souviens de l'imagerie pieuse dont on garnissait les missels autrefois : un doux Jésus, à la chevelure blonde, une petite brebis enroulée autour de son cou. Cela non plus n'est pas l'Évangile. C'est de la sensiblerie religieuse !

Dans l'Évangile que nous venons d'entendre, il ne s'agit pas de petits agneaux ou de douceur champêtre. Quand Jésus dit : “Je suis le Bon Pasteur, le vrai Berger”, il prononce une parole subversive qui, socialement, va lui coûter cher. Car Jésus attaque, si je puis dire ! Il attaque les gens influents de son peuple, les responsables, les autorités qui ne le lui pardonneront pas.

Dans le passé, on avait comparé les rois d’Israël à des bergers pour constater qu'ils étaient de mauvais bergers..., sauf quelques-uns comme le saint roi Josias.  Alors, Jésus dit : “Moi, je suis le Bon Berger !”.

Au temps de Jésus, les notables religieux, scribes, docteurs de la Loi conduisaient le peuple avec autorité. Et Jésus disait : “Méfiez-vous, ce sont de mauvais bergers... ce sont des guides aveugles. Et puis, ce qu'ils disent, ils ne le font pas. Moi, je suis le Bon Berger”.

Autrement dit, en quelques mots, Jésus écarte tous ceux qui se croyaient les bergers d'Israël ; et il se présente comme celui qu'il faut suivre, le vrai Berger, un guide sûr pour les hommes.

Il n’est donc pas question d'affadir ces paroles de Jésus avec des images bucoliques, d'autant plus que le Berger évoque la silhouette d'un solide gaillard ; un nomade certes, mais un lutteur capable de se battre contre les bêtes sauvages qui peuvent attaquer le troupeau.

Voilà ce que Jésus a dit, ce jour-là, à ses risques et périls, il y a 2 000 ans, en prononçant ces quatre mots : “Moi, je suis le Vrai Berger !”.

Mais, ces quatre mots-là..., prononcés par Jésus, il y a 2.000 ans... n'ont pas vieilli. Ils sont d'une prodigieuse actualité... puisqu'ils contiennent une réponse à une question essentielle, que tous nous nous posons : Qui donc est Dieu ?... A qui ressemble Dieu ?...      

Et Jésus dira : “Dieu, personne ne l'a jamais vu... mais qui m'a vu a vu le Père...”. C'est donc que Jésus, lui qui, dira St Paul, est "l'image de Dieu" (2 Co 4.4), "l'image de Dieu invisible" (Col 1.15) tient à nous le présenter - et par ses paroles et par toute sa vie - comme le vrai Berger, un Berger qui a des sentiments paternels pour chacun de nous, un berger de toute l'humanité.

On se trompe sur Dieu lorsqu'on le dit loin des hommes...  Jésus nous dit au contraire que Dieu est “sur le terrain”, si je puis dire, comme un berger ; il est sur “tout terrain”. Toujours sur les routes des hommes, inlassable compagnon de l'aventure humaine. Il est de tous nos voyages, sur nos grandes routes et nos chemins de traverse, sur nos terres ensoleillées comme sur les versants sinistres et dangereux.
Nous ne nous en rendons compte que peu à peu... Cependant, en nous retournant sur la route de notre vie humaine, sur tel et tel endroit de notre parcours, il nous arrive de nous écrier comme le patriarche Jacob : Mais "Dieu était dans ce lieu ; et je ne le savais pas !".

"Dans le lieu" - "HaMakom" en hébreu ; et ce mot est devenu pour un Juif comme un nom divin (comme "Adonaï", plus connu). Et devenu âgé, Jacob pourra bénir deux de ses petits-enfants (fils de Joseph) en disant : "par le Dieu en présence de qui nos pères ont marché, le Dieu qui fut mon berger depuis que j'existe jusqu'à ce jour" (Gen 48.15).
Oui, que ce "Dieu-Berger" nous bénisse tous également. Et nous avons raison de chanter : "Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer !" (Ps 23). Et sachons toujours l'invoquer selon la formule d'un autre psaume : "Berger d'Israël,... écoute". Ecoute nos prières

Oui, "Berge d'Israël", tu es avec nous, toi qui t'es fait, en Jésus, "Emmanuël" - "Dieu avec nous" ! "Qui me voit, voit le Père", nous répète Jésus" !
Tu es là, Seigneur, en nos vies, et c'est toi qui nous fait vivre !"
- Tu es là, sur les routes de nos labeurs !
- Tu es là, sur les routes de nos repos !
- Tu es là dans les cortèges de nos joies comme au cœur de nos tristesses !

Tu es sur tous les chemins des hommes, comme le Berger de toute l'humanité !

Oui, on se trompe sur Dieu lorsqu'on le dit indifférent, impassible, au-dessus de nous ! Jésus nous dit que Dieu a lié son sort, qu'il a parti lié avec l'humanité, comme le berger est lié à son troupeau.
Tellement lié, tellement solidaire que, lorsque viennent les loups ou les voleurs, ils lui passeront sur le corps. Notre Dieu, révélé sur le visage de Jésus, le vrai Berger, est un Dieu qui donne sa vie pour son troupeau, afin qu'aucune de ses brebis ne se perde. Le Christ, "image de Dieu" "a souffert pour vous", nous a rappelé St Pierre. Et Prêtre éternel, il présente toujours ses souffrances à Dieu-Père pour nous !

Oui, on se trompe sur Dieu quand on le dit autoritaire, surveillant impitoyable... Jésus nous dit que Dieu est comme un berger : il ne surveille pas... il "veille sur"... sur nous, rappelle encore St Pierre, sur chacun de nous ! 
Et il part à la recherche de la centième brebis égarée. Dieu est un Berger qui ne consent même pas à 1% de perte !

On n'a pas fini de s'émerveiller de ce visage de Dieu, Berger de l'humanité, révélé sur le visage de Jésus !

Aujourd'hui, c'est la journée mondiale de prière pour les vocations. Les vocations, la vocation... Mais nous avons tous la vocation ! Oui, tous les baptisés ont la vocation de révéler, à leur tour, quelque chose du visage de notre Dieu, "Berger de toute humanité", manifesté sur le visage du Christ, son Fils éternel qui s'est fait homme !

Nous vivons dans un monde dur, rongé par l'incertitude de l'avenir, par la violence et le mal de vivre. Eh bien ! Aujourd'hui, dans ce monde, beaucoup de chrétiens qui veulent suivre le Christ, berger de l'humanité au nom de son Père, se rassemblent, ici ou là, pour
- soulager des souffrants, nourrir des affamés,
- visiter des malades, équiper des hôpitaux,   et que sais-je encore.
- défendre les petits en tous lieux de la terre...
et cela, parfois, au péril de leur vie, comme Jésus le Bon Berger !

Nous avons tous cette vocation-là, à la suite du Christ. Même si c'est au goutte à goutte que nous devons donner notre vie ! Être chrétien, c'est toujours susciter la vie, ressusciter la vie, et parfois silencieusement !

Nous avons tous cette vocation-là.
Et certains ont la vocation de prêtres, religieux, religieuses. Et je suis sûr que des jeunes se posent la question ! Suivre et imiter Jésus, le vrai Berger, pour transformer la vie, même modestement. "N’ayez pas peur", disait naguère le pape Jean-Paul II.
N’ayons pas peur de suivre le Christ, le vrai berger de l’humanité !

Disciples du vrai berger, soyons des êtres contagieux de cette vie qu’il nous a donnée, Vie qui sans cesse ressuscite ! 

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