lundi 22 mai 2017

Double "conversion"

6ème Dimanche de Pâques    17 / A

En tous ces dimanches après Pâques, - vous l'avez remarqué -, nous suivons, dans la première lecture, le récit continu des "actes des Apôtres" : nous revivons par là l'histoire des commencements de l'Eglise.
C'est la puissance de la résurrection du Christ qui nous est montrée en actes.
La résurrection de Jésus,
- pas seulement comme évènement certain de l'histoire,
- pas seulement comme un mystère à toujours approfondir,
- mais comme un ferment de vie qui transforme les croyants (et d’abord les apôtres),
- mais comme une force qui, peu à peu, transforme le pays des Samaritains, une force qui peut transformer le monde.
C'est ce que nous montre la première lecture de ce dimanche.

Jusqu'alors, les apôtres sont restés à Jérusalem pour témoigner de la résurrection de Jésus. On les arrête, on les met en prison, on les juge, puis on les relâche en leur défendant de parler.
Mais, par la force du Ressuscité,  ils remplissent tout Jérusalem de leur foi ; et la communauté des croyants devient de plus en plus nombreuse.

Si bien que les apôtres sont submergés ! Et pour se décharger, ils se font aidés d’hommes à qui ils confient un nouveau ministère : celui de diacre. Parmi eux, il y a Etienne : il est si ardent en prêchant la résurrection de Jésus qu'il déclenche une persécution, et les chrétiens sont obligés de se disperser pour échapper à la mort.

C'est dans ces circonstances que Philippe, l'un des Sept, arrive dans une ville de Samarie en y proclamant le Christ?
Voyez comment Dieu mène les événements et se sert de tout en vue du Royaume : c'est parce qu'il doit fuir Jérusalem que Philippe arrive en Samarie. Ce qui est fuite de la persécution, Dieu le transforme en occasion favorable pour la mission.

Et pour quelle mission ! Car, nous le savons, la Samarie, pour un Juif, est une terre étrangère, terre hérétique même. S’étant trop mêlés aux païens, ils avaient fait bande à part ; ils n'admettaient comme "Ecriture Sainte" que les Livres de Moise, en rejetant les prophètes ; ils avaient bâti un temple rival sur le mont Garizim. Bref, la Samarie, pour un Juif, c'est une terre impure et un peuple hérétique.
La Samarie existe toujours ! Les Samaritains, ce sont, peut-être, ceux qui paraissent très étrangers à notre foi ; ce sont, peut-être, qu'on rejette, de façon plus ou moins consciente, qu'on rejette de notre univers chrétien, qu'on juge inapte à entrer en notre Communauté de croyants !

Et voilà, justement, que Philippe arrive en cette terre, en cette Samarie. Ce que Jésus avait fait pour une femme de Samarie qui s'était ouverte à sa parole, Philippe va le faire pour une ville entière : "Et là, en Samarie, il proclamait le Christ".

Et de même que la Samaritaine était devenue croyante à la parole de Jésus, de même ces Samaritains accueillent la Parole de Dieu annoncée par Philippe.

Telle est la force de la Parole de Dieu, telle est la puissance de la Résurrection qu’aucun homme, qu’aucun peuple n'en est exclu. Oui, même des hérétiques peuvent l'accueillir et en être transformés ; voilà ce que constate Philippe, et avec quelle joie ! Quel sujet de réflexion !

La scène suivante se passe à Jérusalem où, malgré la persécution, les apôtres sont restés. Et ils apprennent que les gens de Samarie ont accueilli la Parole de Dieu ! On a l'impression, en lisant le texte, qu'ils sont un peu étonnés : Quand même ! Des Samaritains qui se font chrétiens. C’est à n’y rien comprendre ! A peine croyable ! Bien sûr, les apôtres se souviennent que Jésus avait parlé avec une Samaritaine. Ils en étaient restés tout étonnés... Ils se souviennent même que Jésus avait parlé plusieurs fois des Samaritains, et toujours en bonne part. Bien sûr!
Mais tout de même, la Samarie...!   On pourrait faire facilement des comparaisons !

Alors ils envoient Pierre et Jean, les principaux responsables, pour voir. Et quand ils arrivent, ils trouvent des croyants, ils trouvent des gens qui ont même reçu le baptême : voici que la puissance de la résurrection de Jésus a gagné la Samarie et que ce peuple, jusque-là regardé comme hérétique et impur, est entré dans la communauté des croyants.

Pierre et Jean, responsables de la Communauté, n'ont plus qu'à "confirmer" l'oeuvre de Dieu commencée par Philippe : ils imposent les mains aux Samaritains, et ceux-ci reçoivent l'Esprit-Saint, Esprit d'unité, Esprit de de paix, Esprit de joie.      

C'est une double conversion que celle décrite par cette première lecture :
- conversion des Samaritains, aucun peuple, aucune race, aucune culture ne peuvent être exclus du salut ;
- mais aussi conversion des apôtres qui découvrent que le don de Dieu est pour tous les hommes, sans distinction.

Philippe, Pierre et Jean sont devenus "témoins de la résurrection", en un double sens :
- d'une part, ils ont annoncé la résurrection comme vérité de foi dont ils pouvaient témoigner.
- Mais d'autre part, ils ont été témoins de la puissance de la résurrection chez les Samaritains.

Quel exemple à méditer.
Car c'est à nous de continuer les "actes des Apôtres" aujourd'hui. Pour annoncer le Christ vivant et sauveur, aucune situation n'est désespérée : pas plus l'indifférence de notre monde actuel que la persécution au temps de Philippe.

Demandons à Dieu lumière et force pour être toujours "prêts à rendre compte à ceux qui nous le demandent, de l'espérance qui est en nous". C'est ce que nous demande St Pierre dans la seconde lecture.
Et l'Apôtre ajoute : "Faites-le avec douceur et respect !" Sans suffisance ou arrogance qu'on a put observer parfois au cours de l'histoire.
Et le Christ lui-même nous en donne explication dans l'évangile : D'ici peu, dit-il à ses apôtres, le monde ne me verra plus ; mais vous, vous me verrez vivant et vous vivrez ainsi, car je prierai le Père et il vous enverra mon Esprit.
... Si bien que même si vous ne me voyez pas à côté de vous, comme maintenant, je ne vous laisserai pas seul, car je serai en vous, par mon Esprit !

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