23ème Dimanche du T.O. 17/A
C'est
la rentrée !
Depuis
deux mois, nous étions dispersés aux quatre coins de la France et même du
monde, peut-être ! Tous les groupes dont nous faisons partie avaient pour ainsi
dire éclaté : paroisse, milieu de travail, associations diverses…, famille
peut-être également. Etc.
C'est
la rentrée ! Nous
allons réintégrer famille, paroisse, travail, collège ou lycée, nos
différents groupements.
Oui,
il s'agit de "rentrer", de rentrer dans ces diverses
communautés, d'y jouer notre rôle, de nous en sentir responsables !
Comme
par hasard, c'est le thème des textes que
nous venons d'entendre : tous, ils nous rappellent que nous ne sommes
pas faits pour vivre chacun pour soi, mais ensemble et chacun
pour les autres : tous responsables les uns des autres.
«Je fais de toi un
guetteur !», disait Dieu au prophète Ezéchiel.
Chacun de nous doit être un guetteur, c'est-à-dire
un
homme clairvoyant sur ce qui se passe autour de lui,
un
homme attentif à toute souffrance à soulager,
un
homme attentif au voisin qui a besoin d'aide ou au collègue de travail
en difficulté,
un
homme qui "guette" pour discerner les pièges où l'on risque si
facilement de se laisser prendre !
«Je fais de toi un
guetteur !».
Il y a tant
d'occasions de se laisser piéger,
quand
on prend comme parole d'évangile toute information médiatique,
quand
on accepte trop facilement les mentalités de notre milieu en oubliant de les confronter
avec l'Evangile, avec la Parole de Dieu,
quand
on manque de l'esprit critique le plus élémentaire à propos de tout ce qui peut
se dire, à propos, par exemple, des voisins ou étrangers, des patrons ou ouvriers,
des marginaux ou victimes de tous les fléaux répandus en notre société… etc.
Autrement
dit, être guetteur, c'est avoir le regard de Jésus sur tout évènement,
sur toute personne !
Oui,
nous avons tous à "guetter" pour chasser cette mentalité
individualiste qui nous pousse au "chacun pour soi".
«Je fais de toi un
guetteur !». Etre
guetteur, c'est savoir discerner tout cela, et avoir le courage d'avertir,
d'exhorter, de rappeler la direction à prendre, d'apporter un peu de lumière à
ceux qui n'y voient plus. Oh ! Avec grande discrétion, bien sûr ! Avec immense
humilité qui est la seule manière de faire !
Car
vous le savez bien : quand nous-mêmes, après avoir réfléchi et prié, nous ne
voyons pas très clair - et cela arrive, évidemment -, il n'y a pas de honte à reconnaître
notre insuffisance.
Je
me souviens : lors d'un pèlerinage en Terre Sainte, nous posions des questions
diverses à notre guide très féru en Ecriture Sainte, homme très religieux et
savant. Et parfois, il faisait bien quelques réponses, mais il lui arrivait
d'ajouter humblement : «Je ne sais pas.
Je me pose la question moi aussi !». Cette humilité d'un savant fut pour
moi une lumière.
Etre
guetteur, c'est
bien essayer de discerner pour apercevoir a travers le brouillard et la nuit;
mais c'est d'abord reconnaître ce brouillard et cette nuit !
Quoi
qu'il en soit de la lumière qui peut nous être donnée, être guetteur, c'est
se sentir en tous les cas responsable des autres dans toutes les
communautés ou groupements dont nous faisons partie : famille, milieu de
travail, commune, paroisse, associations dans lesquelles nous sommes engagés !
Et
ce n'est pas facultatif pour un chrétien, car nous sommes tous étroitement liés
les uns avec les autres, et tout ensemble avec le Christ, même ceux qui
l'ignorent ou qui n'y croient pas.
« Nul n'est un île !», a-t-on dit. Et j'aime bien cette
image, cette réflexion de Péguy : « Le pécheur, disait-il, donne la main au saint, et le saint donne la main au
pécheur. Et tous ensemble, l'un tirant l'autre, ils remontent jusqu'à Jésus !
».
Celui
qui ne donne pas la main n'est pas chrétien. Il ne faut pas sauver son âme
comme on sauve un trésor, il faut se sauver ensemble.
Oui,
notre rôle, n'est pas de juger nos frères, encore moins de les condamner, mais
de leur tendre la main.
Un
jour, le Seigneur nous demandera : «
Qu'as-tu fait de ton frère ? Qu'as-tu fais pour ton frère ? ». - L'Evangile
nous dit : « S'il t'écoute, tu auras
gagné ton frère ! ». Tu l'auras gagné, non pas pour toi, mais
pour le Seigneur, ce frère que Dieu aime et pour lequel le Christ a donné
sa vie !
Oui,
ce rôle n'est pas facultatif pour un chrétien. "C'est une dette", nous dit St Paul ; c'est même
la seule dette que nous devons avoir envers les autres. « Ne gardez aucune dette envers personne, sauf la dette de l'amour
mutuel, car l'accomplissement parfait de la loi chrétienne, c'est l'amour ».
Et
l'amour,
ce
n'est pas simplement être gentil avec les autres, c'est les aimer
en
s'engageant pour eux avec courage,
en
leur consacrant un peu de notre temps,
en
les aidant de multiples manières !
Mais
cet amour, il faut qu'il soit délicat et désintéressé. Et c'est encore
là une autre difficulté !
Cela
suppose de notre part une véritable conversion. Trop souvent, comme disait
encore Péguy, les « mécréants, les
infidèles… comment voulez-vous qu'ils se fassent fidèles quand ils nous voient,
quand ils nous voient lâches et tremblants… Cela ne les encourage pas à se
faire chrétiens ! C'est de notre faute s'ils sont infidèles ! ».
St
Paul ne disait pas autre chose, lui qui voulait rendre "jaloux" ses
compatriotes juifs, de son appartenance au Christ ! Rendre "jaloux"
nos frères, de notre vie chrétienne ! Quelle exigence pour nous !
Vous
voyez : à l'occasion de la rentrée, le Seigneur nous invite une fois de
plus à réfléchir, à nous convertir, à reprendre conscience de nos
responsabilités de chrétiens dans tous ces groupements où nous allons, à
nouveau, nous réintégrer…
A
chacun aujourd'hui de décider quelque chose de précis : « Ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur »,
comme dit le psaume.
Oui
écoutons la voix du Seigneur
qui
nous appelle,
qui
a besoin de nous,
qui
espère en chacun de nous
qui
attend notre réponse.
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