dimanche 10 septembre 2017

le Guetteur !

23ème  Dimanche du T.O. 17/A 

C'est la rentrée !
Depuis deux mois, nous étions dispersés aux quatre coins de la France et même du monde, peut-être ! Tous les groupes dont nous faisons partie avaient pour ainsi dire éclaté : paroisse, milieu de travail, associations diverses…, famille peut-être également. Etc.

C'est la rentrée ! Nous allons réintégrer famille, paroisse, travail, collège ou lycée, nos différents groupements.
Oui, il s'agit de "rentrer", de rentrer dans ces diverses communautés, d'y jouer notre rôle, de nous en sentir responsables !

Comme par hasard, c'est le thème des textes que  nous venons d'entendre : tous, ils nous rappellent que nous ne sommes pas faits pour vivre chacun pour soi, mais ensemble et chacun pour les autres : tous responsables les uns des autres.

«Je fais de toi un guetteur !», disait Dieu au prophète Ezéchiel. Chacun de nous doit être un guetteur, c'est-à-dire
un homme clairvoyant sur ce qui se passe autour de lui,
un homme attentif à toute souffrance à soulager,
un homme attentif au voisin qui a besoin d'aide ou au collègue de travail en difficulté,
un homme qui "guette" pour discerner les pièges où l'on risque si facilement de se laisser prendre !

«Je fais de toi un guetteur !». Il y a tant d'occasions de se laisser piéger,
quand on prend comme parole d'évangile toute information médiatique,
quand on accepte trop facilement les mentalités de notre milieu en oubliant de les confronter avec l'Evangile, avec la Parole de Dieu,
quand on manque de l'esprit critique le plus élémentaire à propos de tout ce qui peut se dire, à propos, par exemple, des voisins ou étrangers, des patrons ou ouvriers, des marginaux ou victimes de tous les fléaux répandus en notre société… etc.
Autrement dit, être guetteur, c'est avoir le regard de Jésus sur tout évènement, sur toute personne !
Oui, nous avons tous à "guetter" pour chasser cette mentalité individualiste qui nous pousse au "chacun pour soi".

«Je fais de toi un guetteur !». Etre guetteur, c'est savoir discerner tout cela, et avoir le courage d'avertir, d'exhorter, de rappeler la direction à prendre, d'apporter un peu de lumière à ceux qui n'y voient plus. Oh ! Avec grande discrétion, bien sûr ! Avec immense humilité qui est la seule manière de faire !

Car vous le savez bien : quand nous-mêmes, après avoir réfléchi et prié, nous ne voyons pas très clair - et cela arrive, évidemment -, il n'y a pas de honte à reconnaître notre insuffisance.
Je me souviens : lors d'un pèlerinage en Terre Sainte, nous posions des questions diverses à notre guide très féru en Ecriture Sainte, homme très religieux et savant. Et parfois, il faisait bien quelques réponses, mais il lui arrivait d'ajouter humblement : «Je ne sais pas. Je me pose la question moi aussi !». Cette humilité d'un savant fut pour moi une lumière.
Etre guetteur, c'est bien essayer de discerner pour apercevoir a travers le brouillard et la nuit; mais c'est d'abord reconnaître ce brouillard et cette nuit !

Quoi qu'il en soit de la lumière qui peut nous être donnée, être guetteur, c'est se sentir en tous les cas responsable des autres dans toutes les communautés ou groupements dont nous faisons partie : famille, milieu de travail, commune, paroisse, associations dans lesquelles nous sommes engagés !

Et ce n'est pas facultatif pour un chrétien, car nous sommes tous étroitement liés les uns avec les autres, et tout ensemble avec le Christ, même ceux qui l'ignorent ou qui n'y croient pas.
« Nul n'est un île !», a-t-on dit. Et j'aime bien cette image, cette réflexion de Péguy : « Le pécheur, disait-il, donne la main au saint, et le saint donne la main au pécheur. Et tous ensemble, l'un tirant l'autre, ils remontent jusqu'à Jésus ! ».
Celui qui ne donne pas la main n'est pas chrétien. Il ne faut pas sauver son âme comme on sauve un trésor, il faut se sauver ensemble.

Oui, notre rôle, n'est pas de juger nos frères, encore moins de les condamner, mais de leur tendre la main.
Un jour, le Seigneur nous demandera : « Qu'as-tu fait de ton frère ? Qu'as-tu fais pour ton frère ? ». - L'Evangile nous dit : « S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère ! ». Tu l'auras gagné, non pas pour toi, mais pour le Seigneur, ce frère que Dieu aime et pour lequel le Christ a donné sa vie !

Oui, ce rôle n'est pas facultatif pour un chrétien. "C'est une dette", nous dit St Paul ; c'est même la seule dette que nous devons avoir envers les autres. « Ne gardez aucune dette envers personne, sauf la dette de l'amour mutuel, car l'accomplissement parfait de la loi chrétienne, c'est l'amour ».
Et l'amour,
ce n'est pas simplement être gentil avec les autres, c'est les aimer
en s'engageant pour eux avec courage,
en leur consacrant un peu de notre temps,
en les aidant de multiples manières !

Mais cet amour, il faut qu'il soit délicat et désintéressé. Et c'est encore là une autre difficulté !
Cela suppose de notre part une véritable conversion. Trop souvent, comme disait encore Péguy, les « mécréants, les infidèles… comment voulez-vous qu'ils se fassent fidèles quand ils nous voient, quand ils nous voient lâches et tremblants… Cela ne les encourage pas à se faire chrétiens ! C'est de notre faute s'ils sont infidèles ! ».
St Paul ne disait pas autre chose, lui qui voulait rendre "jaloux" ses compatriotes juifs, de son appartenance au Christ ! Rendre "jaloux" nos frères, de notre vie chrétienne ! Quelle exigence pour nous !

Vous voyez : à l'occasion de la rentrée, le Seigneur nous invite une fois de plus à réfléchir, à nous convertir, à reprendre conscience de nos responsabilités de chrétiens dans tous ces groupements où nous allons, à nouveau, nous réintégrer…

A chacun aujourd'hui de décider quelque chose de précis : « Ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur », comme dit le psaume.
Oui écoutons la voix du Seigneur
qui nous appelle,
qui a besoin de nous,
qui espère en chacun de nous

qui attend notre réponse.

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