4ème Avent B 17-18
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On a toujours un peu le goût du
spectaculaire ! Et ce n’est pas nouveau !
La
1ère lecture nous parle d’un roi - David - qui habitait un palais de
cèdre à Jérusalem. Or, l'Arche d'alliance, symbole de la présence de Dieu au
milieu de son peuple, reposait encore, elle, sous une simple tente, comme au
temps où les Hébreux étaient nomades dans le désert. David pense que ce n'est
pas bien. Il décide la construction d'un Temple en l'honneur de Dieu. Pour
Dieu, n'est-ce pas, rien n'est trop beau ! Il faut quelque chose de grandiose,
de magnifique, et - pourquoi pas le dire - du spectaculaire !
En
France, au Moyen Âge, on a construit de splendides cathédrales : rien n'était
trop beau, trop riche pour Dieu !
A
Rome, à la Renaissance, on a construit la basilique St Pierre et tout son
environnement ; rien n'était trop beau pour Dieu !
Il
fut un temps dans l'histoire de l'Eglise où les messes étaient devenues de
splendides spectacles : rien n'était trop beau pour Dieu!
Mais
Dieu, lui, qu'en pense-t-il ?
D'après
le Livre de Samuel, le roi David s'ouvre de son projet à un homme inspiré de
Dieu, le prophète Nathan. Celui-ci lui répond d'abord : “Tu as raison ton
projet est très bon !”
Mais
la nuit suivante, Nathan réfléchit à la lumière de Dieu. Et il conclut : ce qui
fait avant tout la gloire de Dieu, ce ne sont ni de beaux temples, ni de belles
cathédrales, ni de riches œuvres d'art... - toutes choses spectaculaires qui
viennent d'un bon sentiment, qui ne sont pas mauvaises, mais qui ne sont pas
l'essentiel aux yeux de Dieu -.
Ce
que Dieu veut d'abord, c'est que son règne grandisse à l'intérieur des cœurs
et des esprits, c'est que l'on bâtisse peu à peu un monde de justice et de
fraternité, un monde qui soit le signe du Royaume de Dieu qui grandit.
Les
plus beaux temples que Dieu veut habiter et qu'il faut lui préparer, ce sont
nos cœurs, des cœurs aimants, disponibles à sa volonté, et ouverts aux autres.
St Paul dira aux premiers chrétiens : Mais “le
Temple de Dieu, c'est vous-mêmes !” (I Co. 3.17).
Mais
cela, ce n'est guère spectaculaire. Et pourtant : “Il en est du Royaume de Dieu comme d'un cultivateur qui a jeté la
semence en terre ; qu'il dorme ou qu'il soit debout, la nuit ou le jour, la
semence germe et grandit, il ne sait comment ... ”. (Mc 4.26-27)
Dès
ce soir, c'est la fête de la "Nativité du Christ" !.
Il
y aura un peu partout de belles eucharisties joyeuses, ferventes ; et c’est
bien !
Il
y aura des fraternelles festivités familiales... ; et c’est bien !
Mais
redisons-le : l'essentiel, c'est que nous ouvrions nos cœurs à
l'amour, à l'amour de Jésus-Christ et à l'amour de nos frères, et que le règne
du Christ grandisse en nous et autour de nous. Oui, c'est en nous-mêmes que
le Christ veut renaître et établir sa demeure.
Pensons
à ce récit de l'ANNONCE A MARIE (Evangile). Que s'est-il passé exactement ce jour-là ?
Rien
de spectaculaire ! Tout est resté dans le secret de Marie ; elle était dans de
telles dispositions d'amour et d'accueil à tout ce que Dieu désirait qu'elle
est devenue elle-même le Temple de Dieu pour donner à l'humanité son Sauveur : “L'Esprit-Saint viendra sur toi, et la
Puissance de Dieu te prendra sous son ombre. C'est pourquoi l'enfant qui va
naître de toi sera saint, il sera Fils de Dieu !”
Et,
le jour de la NAISSANCE DE JESUS, rien de spectaculaire non plus : naissance
d'un bébé dans une étable parce que l'hôtellerie du village affichait complet.
Tout se réalise dans le silence, la discrétion. Seuls quelques pauvres bergers
vont s'approcher ; ils seront les seuls à avoir la révélation de ce qui s'est
passé.
Alors,
il faut le redire : aux yeux de Dieu, ce qui compte surtout, ce ne sont
pas les choses extraordinaires… Ce qui compte aux yeux de Dieu, c'est que le
message d'amour du Christ, de fraternité et de paix se répande de plus en plus.
Ce
qui compte aux yeux de Dieu, c'est qu'il y ait de plus en plus de cœurs, comme
celui de Marie, ouverts à Dieu et aux autres, prêts à prendre des risques pour
que l'humanité devienne de plus en plus belle, de plus en plus digne du Christ
qui a voulu en faire sa demeure.
Tout
au long de l'évangile, nous voyons Jésus faire appel à des gens simples, mais
ardents, généreux : des pêcheurs, des publicains, des femmes peu considérées à
l’époque.
On
voit Jésus soulignant la valeur des moindres gestes, comme celui de cet enfant
qui apporte cinq petits morceaux de pain pour nourrir des milliers de personnes.
Presque rien ! Oui, mais ce “presque rien“, comme le plus petit geste d'amour
gratuit, a une valeur immense.
Tout
au long de sa vie terrestre, Jésus a repoussé la tentation du spectaculaire. Il
n'a utilisé que des moyens pauvres, y compris la croix.
Il
en sera ainsi tout au long de l'histoire de l'EGLISE. Au cours des siècles,
chaque fois que l'Eglise a connu des périodes de puissance, ce furent aussi des
périodes de tiédeur spirituelle et de décadence.
Et
chaque fois au contraire que des chrétiens ont travaillé à la remettre dans le
droit chemin de l'évangile, ce fut par un retour à la pauvreté, à la simplicité,
à l'humilité. Voyez St Bernard, St François d'Assise, St Vincent de Paul..., Bernadette
à Lourdes, Thérèse de Lisieux.
Le
Royaume de Dieu ne progresse pas à coups de sensationnel, mais discrètement,
dans le silence, dans la vie et le cœur, à la manière d'une semence qui germe
et grandit sans qu'on s'en rende compte.
L'enfant
de Bethléem que nous allons fêter est le meilleur symbole de la faiblesse, de
l'impuissance, surtout quand on sait comment sa vie s'est terminée. Mais “ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort
que les hommes” (I
Cor. 1.25).
Et
de fait, depuis 2000 ans, le message du Christ a changé radicalement le cours
des choses. Ce message d'amour gratuit qui va jusqu'au pardon, jusqu'au
sacrifice, ce message qui reste une “Bonne Nouvelle“ pour les hommes de bonne
volonté, ce message que nous allons entendre dès ce soir, ce message a déjà
transformé le cours de l'histoire et purifié la conscience des hommes. Et cela
continuera !
Ce
message de Jésus, chaque fois que nous le mettons en pratique d'une manière ou d'une
autre, en famille, au travail, en communauté de vie, dans nos divers engagements,
ce n'est peut-être qu'une goutte d'eau aux yeux des hommes, mais c'est, aux
yeux de Dieu, une perle précieuse et une avancée pour son Royaume.
Aucun
acte d'amour n'est perdu pour le Christ. Chaque fois, c'est un peu plus de
beauté que nous apportons au Monde nouveau et à l'Humanité nouvelle inaugurée
par Jésus il y a 2000 ans.
Telle
est la force de l'évangile (2ème lecture)
: un levain capable de soulever le monde. C’est ainsi que le véritable temple
de Dieu se construit !
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