mardi 2 janvier 2018

Spectaculaire ?

4ème  Avent B 17-18  - 

 On a toujours un peu le goût du spectaculaire ! Et ce n’est pas nouveau !

La 1ère lecture nous parle d’un roi - David - qui habitait un palais de cèdre à Jérusalem. Or, l'Arche d'alliance, symbole de la présence de Dieu au milieu de son peuple, reposait encore, elle, sous une simple tente, comme au temps où les Hébreux étaient nomades dans le désert. David pense que ce n'est pas bien. Il décide la construction d'un Temple en l'honneur de Dieu. Pour Dieu, n'est-ce pas, rien n'est trop beau ! Il faut quelque chose de grandiose, de magnifique, et - pourquoi pas le dire - du spectaculaire !

En France, au Moyen Âge, on a construit de splendides cathédrales : rien n'était trop beau, trop riche pour Dieu !
A Rome, à la Renaissance, on a construit la basilique St Pierre et tout son environnement ; rien n'était trop beau pour Dieu !
Il fut un temps dans l'histoire de l'Eglise où les messes étaient devenues de splendides spectacles : rien n'était trop beau pour Dieu!
Mais Dieu, lui, qu'en pense-t-il ?

D'après le Livre de Samuel, le roi David s'ouvre de son projet à un homme inspiré de Dieu, le prophète Nathan. Celui-ci lui répond d'abord : “Tu as raison ton projet est très bon !”
Mais la nuit suivante, Nathan réfléchit à la lumière de Dieu. Et il conclut : ce qui fait avant tout la gloire de Dieu, ce ne sont ni de beaux temples, ni de belles cathédrales, ni de riches œuvres d'art... - toutes choses spectaculaires qui viennent d'un bon sentiment, qui ne sont pas mauvaises, mais qui ne sont pas l'essentiel aux yeux de Dieu -.
Ce que Dieu veut d'abord, c'est que son règne grandisse à l'intérieur des cœurs et des esprits, c'est que l'on bâtisse peu à peu un monde de justice et de fraternité, un monde qui soit le signe du Royaume de Dieu qui grandit.
Les plus beaux temples que Dieu veut habiter et qu'il faut lui préparer, ce sont nos cœurs, des cœurs aimants, disponibles à sa volonté, et ouverts aux autres. St Paul dira aux premiers chrétiens : Mais “le Temple de Dieu, c'est vous-mêmes !” (I Co. 3.17).

Mais cela, ce n'est guère spectaculaire. Et pourtant : “Il en est du Royaume de Dieu comme d'un cultivateur qui a jeté la semence en terre ; qu'il dorme ou qu'il soit debout, la nuit ou le jour, la semence germe et grandit, il ne sait comment ... ”. (Mc 4.26-27)

Dès ce soir, c'est la fête de la "Nativité du Christ" !.
Il y aura un peu partout de belles eucharisties joyeuses, ferventes ; et c’est bien !
Il y aura des fraternelles festivités familiales... ; et c’est bien !  
Mais redisons-le : l'essentiel, c'est que nous ouvrions nos cœurs à l'amour, à l'amour de Jésus-Christ et à l'amour de nos frères, et que le règne du Christ grandisse en nous et autour de nous. Oui, c'est en nous-mêmes que le Christ veut renaître et établir sa demeure.

Pensons à ce récit de l'ANNONCE A MARIE (Evangile). Que s'est-il passé exactement ce jour-là ?
Rien de spectaculaire ! Tout est resté dans le secret de Marie ; elle était dans de telles dispositions d'amour et d'accueil à tout ce que Dieu désirait qu'elle est devenue elle-même le Temple de Dieu pour donner à l'humanité son Sauveur : “L'Esprit-Saint viendra sur toi, et la Puissance de Dieu te prendra sous son ombre. C'est pourquoi l'enfant qui va naître de toi sera saint, il sera Fils de Dieu !”

Et, le jour de la NAISSANCE DE JESUS, rien de spectaculaire non plus : naissance d'un bébé dans une étable parce que l'hôtellerie du village affichait complet. Tout se réalise dans le silence, la discrétion. Seuls quelques pauvres bergers vont s'approcher ; ils seront les seuls à avoir la révélation de ce qui s'est passé.

Alors, il faut le redire : aux yeux de Dieu, ce qui compte surtout, ce ne sont pas les choses extraordinaires… Ce qui compte aux yeux de Dieu, c'est que le message d'amour du Christ, de fraternité et de paix se répande de plus en plus.
Ce qui compte aux yeux de Dieu, c'est qu'il y ait de plus en plus de cœurs, comme celui de Marie, ouverts à Dieu et aux autres, prêts à prendre des risques pour que l'humanité devienne de plus en plus belle, de plus en plus digne du Christ qui a voulu en faire sa demeure.

Tout au long de l'évangile, nous voyons Jésus faire appel à des gens simples, mais ardents, généreux : des pêcheurs, des publicains, des femmes peu considérées à l’époque.
On voit Jésus soulignant la valeur des moindres gestes, comme celui de cet enfant qui apporte cinq petits morceaux de pain pour nourrir des milliers de personnes. Presque rien ! Oui, mais ce “presque rien“, comme le plus petit geste d'amour gratuit, a une valeur immense.
Tout au long de sa vie terrestre, Jésus a repoussé la tentation du spectaculaire. Il n'a utilisé que des moyens pauvres, y compris la croix.
Il en sera ainsi tout au long de l'histoire de l'EGLISE. Au cours des siècles, chaque fois que l'Eglise a connu des périodes de puissance, ce furent aussi des périodes de tiédeur spirituelle et de décadence.
Et chaque fois au contraire que des chrétiens ont travaillé à la remettre dans le droit chemin de l'évangile, ce fut par un retour à la pauvreté, à la simplicité, à l'humilité. Voyez St Bernard, St François d'Assise, St Vincent de Paul..., Bernadette à Lourdes, Thérèse de Lisieux.
Le Royaume de Dieu ne progresse pas à coups de sensationnel, mais discrètement, dans le silence, dans la vie et le cœur, à la manière d'une semence qui germe et grandit sans qu'on s'en rende compte.

L'enfant de Bethléem que nous allons fêter est le meilleur symbole de la faiblesse, de l'impuissance, surtout quand on sait comment sa vie s'est terminée. Mais “ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes” (I Cor. 1.25).
Et de fait, depuis 2000 ans, le message du Christ a changé radicalement le cours des choses. Ce message d'amour gratuit qui va jusqu'au pardon, jusqu'au sacrifice, ce message qui reste une “Bonne Nouvelle“ pour les hommes de bonne volonté, ce message que nous allons entendre dès ce soir, ce message a déjà transformé le cours de l'histoire et purifié la conscience des hommes. Et cela continuera !

Ce message de Jésus, chaque fois que nous le mettons en pratique d'une manière ou d'une autre, en famille, au travail, en communauté de vie, dans nos divers engagements, ce n'est peut-être qu'une goutte d'eau aux yeux des hommes, mais c'est, aux yeux de Dieu, une perle précieuse et une avancée pour son Royaume.
Aucun acte d'amour n'est perdu pour le Christ. Chaque fois, c'est un peu plus de beauté que nous apportons au Monde nouveau et à l'Humanité nouvelle inaugurée par Jésus il y a 2000 ans.
Telle est la force de l'évangile (2ème lecture) : un levain capable de soulever le monde. C’est ainsi que le véritable temple de Dieu se construit !



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