mercredi 4 avril 2018

Herméneutique !!!


Octave de Pâques - Mercredi

La guérison de l’infirme se fait à l’entrée du temple, hors du temple. Il faut se rappeler que les infirmes n’entraient pas dans le temple d’après une loi qu’on trouve dans le Lévitique :
Lv 21,18 :  "Aucun homme ne doit s'approcher s'il a une infirmité, que ce soit un aveugle ou un boiteux, un homme défiguré ou déformé" !

Les aveugles et les boiteux sont particulièrement visés. Il faut se rappeler le récit de la prise de Jérusalem par David, racontée en 2 Samuel.
2 S 5,6-8 : "David avec ses gens marcha sur Jérusalem contre les Jébuséens qui habitaient le pays, et ceux-ci dirent à David : "Tu n'entreras pas ici ! Les aveugles et les boiteux t'en écarteront" c'est-à-dire : David n'entrera pas ici. Mais David s'empara de la forteresse de Sion ; c'est la Cité de David.  Ce jour-là, David dit : "Quiconque frappera les Jébuséens et montera par le canal...". Quant aux boiteux et aux aveugles, David les hait en son âme.  C'est pourquoi on dit : "Aveugle et boiteux n'entreront pas au Temple".  

Jésus contrevient à cette loi.
Mt 21,14.15b : "Il y eut aussi des aveugles et des boiteux qui s'approchèrent de lui dans le Temple, et il  les guérit… les grands prêtres et les scribes furent indignés ".

Quant à St Jean, il a retenu, parmi les 7 signes qui composent son Evangile, deux miracles opérés dans les deux piscines qui se trouvent l’une au nord et l’autre au sud du temple : Le boiteux de Bethesda et l’aveugle-né de Siloé qui, une fois guéris, entrent dans le temple qui leur était interdit tant qu’ils étaient atteints par leur infirmité.

Le miracle, que nous rapporte cette lecture, s’inscrit tellement dans l’iconographie première de Jérusalem qu’il serait dommage de ne pas rappeler la mutation qui s’opère dans le passage de l’Ancien au Nouveau Testament.

Dans l’Ancien Testament, les maladies et les infirmités sont un handicap dans le rapport avec Dieu.
Dans le Nouveau Testament, elles sont assumées par le Christ qui est venu guérir nos infirmités comme nos péchés ; et les miracles préfigurent la restauration totale de notre humanité dans le Royaume.

Le paralytique guéri par Pierre entre dans le temple en franchissant la Belle Porte : "d'un bond il fut debout, et il marchait.  Il entra avec eux dans le Temple, il marchait, bondissait et louait Dieu".  


L'évangile rapporte l'apparition de Jésus aux disciples d'Emmaüs !  Le célèbre Renan a dit que ce texte est le plus beau morceau de littérature qui n'ait jamais été écrit.

La présence de Jésus ressuscité est plus réelle que jamais ; mais elle n’est plus perceptible immédiatement comme elle l’était auparavant. On a déjà vu cela avec l’Evangile d’hier, en parlant de Marie Madeleine qui croit d’abord voir le gardien du jardin.

Cléophas et son compagnon partagent la mentalité courante du judaïsme de l’époque qui attend un Messie restaurant la Royauté Davidique et chassant l’occupant romain.

Jésus chemine un certain temps avec eux et leur donne l’occasion d’exprimer leur déception et leur scepticisme vis à vis du témoignage des femmes qu’ils considèrent comme des racontars de pure imagination. C’est une bonne chose de laisser les gens s’exprimer et prendre, par le fait même, du recul par rapport à leurs idées toutes faites. Prendre son temps, c’est la meilleure manière de préparer celui qui va écouter à accueillir le message qui lui est destiné.

Vient ensuite la grande leçon de la lecture chrétienne de la Bible.
Lc 24,25-27 : "Alors il leur dit : "O cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu'ont annoncé les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ?"  Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait.". 

On parle beaucoup dans les cercles bibliques d’herméneutique et d’exégèse. Le mot "herméneutique" vient de ce texte :
"Il leur interpréta : "dièrmèneusen" en grec.
Il serait bon de rappeler l’origine chrétienne de cette "lectio divina" et des effets qu’elle produit : "Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et qu’il nous faisait comprendre les Ecritures ?".

On se préoccupe moins actuellement de savoir où se trouvait la maison de Cléophas. A Latrum ?, à Abou Gosh ?, ou autres lieux encore… ! 
Actuellement, quand on sort de Jérusalem vers l’ouest, on a compris que la route d’Emmaüs est d’abord et avant tout dans l’esprit de St Luc, une catéchèse eucharistique liant indissociablement la liturgie de la Parole et la fraction du Pain.

"Ils le reconnurent à la fraction du pain".

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