dimanche 22 avril 2018

Le Berger


4e Dimanche de Pâques 18/B

Nous voici rassemblés pour répondre à l'appel de l'unique Berger. Par l'Eucharistie, nous allons célébrer sa mort et sa résurrection, ce mystère immense par lequel il a réconcilié les hommes avec Dieu, par lequel il fait Alliance entre le ciel et la terre.
             
Mais son œuvre doit être continuée et actualisée de génération en génération. Il le fait par ceux qu'il a choisis et par chaque baptisé. Aujourd'hui l'Eglise nous rappelle la mission particulière du prêtre au service de l'Evangile et des sacrements, et en particulier de l'Eucharistie. Mais chaque baptisé est invité, selon sa propre vocation, à prendre sa part avec eux, à cette annonce de l'Evangile.
Or toute vocation est un appel, une réponse et un envoi.

Et le premier Appelé, c'est Jésus-Christ. Car le premier Berger, ce n'est pas Jésus, c'est Dieu qui est Père.
Déjà dans l'Ancien Testament, Il se déclare le Berger d'Israël qui est son peuple, son troupeau. Il conduit ses brebis dans de verts pâturages. Jésus le nomme son Père.
C'est ce Dieu qui le choisit à son tour comme Berger : "Tu es mon Fils Bien-aimé ; sois le Pasteur de mon troupeau tout entier, afin qu'il n'y ait qu'un seul troupeau et qu'un seul Pasteur".
             
A cet appel du Père, à cette vocation, Jésus répond : "Me voici, je viens faire ta volonté". Avant de devenir Berger par rapport à son troupeau, Jésus est l'Agneau par rapport à son Père à qui il répond : "Me voici".  
Et n'est-il pas "envoyé" pour sauver le troupeau :"Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde". Il donne sa vie pour ses brebis. Cette vie, dit-il, "nul la prend, c'est moi qui la donne". Comme l'Agneau pascal, il s'immole pour faire le don de son corps, de son sang, de sa personne.
             
On n'a pas suffisamment remarqué ce renversement, cette révolution, apportés par Jésus dans le sacrifice qu'il fait ainsi de sa vie pour son troupeau. En effet, comment d'ordinaire se comporte un Berger ? Il finit par tuer ses brebis pour les manger, car il est le Maître et il est le plus fort. C'est pourquoi l'homme a toujours tremblé devant le Dieu ou les dieux de son imagination. Il se sentait dès sa naissance condamné à l'abattoir, comme un agneau innocent qu'on a cherché plus ou moins à culpabiliser.
             
Jésus, lui, parle du loup, du mauvais berger qui vient pour égorger, voler, détruire, piller. "La raison du plus fort et toujours la meilleur", déclare La Fontaine, racontant l'histoire du Loup et de l'Agneau. Et delà vient l'angoisse des hommes devant la vie, devant le temps, face à la mort et face à Dieu.
             
Et voilà que Jésus nous révèle sa vocation de Bon Berger ; ce n'est pas de nous dévorer, mais de se laisser manger par ses brebis. "Je leur donne la vie éternelle, ma propre vie. Moi, le Bon Berger, je suis le Pain de Vie. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et moi je le ressusciterai au dernier jour". C'est le monde renversé.

Jésus nous révèle ainsi qui est Dieu, premier Berger qu'il appelle son Père. Car il suffit de le regarder : "Qui me voit, voit le Père". Dieu est bon, il est le Bon Berger, Dieu est donneur de vie. Dieu est Résurrection. Dieu est Amour. Le Père et moi, nous sommes un.

Et à la suite de Jésus, il y a les autres appelés : Jésus, le premier Appelé, va devenir le premier Appelant : "Viens et suis-moi, tu seras Berger. Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis".
             
Quand le Berger appelle, il ne devrait y avoir qu'une seule réponse possible : "Me voici, Seigneur". C'est la condition du véritable bonheur. Sinon, nous éprouverions ce que le jeune homme riche a ressenti : "Il s'en alla tout triste, car il avait de grands biens". Dieu propose toujours, mais c'est à moi de consentir librement.
Etre prêtre, en effet, c'est tout donner pour Dieu, pour le troupeau, pour l'Eglise, livrer son intelligence, son cœur, son temps, sa vie tout entière. Il ne peut être le loup qui dépouille les brebis et les dévore, ni le mercenaire, le salarié, qui tond le troupeau et l'abandonne au moindre danger. Oui, il faut prier pour les prêtres, vos prêtres, pour les jeunes en recherche afin que leur vie n'ait qu'un sens : vous dire avec Jésus et comme Lui : "Voilà mon corps livré pour vous, voilà mon sang répandu pour tous, sans exception".

Enfin l'Eglise est un Corps organique avec des membres différenciés : les diacres permanents, les Religieux, les Missionnaires, les Laïcs et leurs divers ministères : liturgie, catéchèse, action caritative auprès des malades, des pauvres, les mouvements, l'apostolat des milieux de vie...
Tous, par notre baptême et plus encore par notre confirmation, nous sommes des appelés. Chacun a sa vocation unique et irremplaçable. Regardez les divers éléments qui construisent cette église où nous sommes : tous ne peuvent être l'autel, ni la croix, ni la voûte, ni les vitraux, ni les fondations ; mais chacun, à sa place, est une pierre vivante.

Finalement, une seule question importe : Est-ce que dans l'Eglise et dans le monde qui nous attend, je viens pour servir ? Pour m'offrir ? Pour aimer ?

Brebis appelée par l'unique Berger, suis-je devenu moi-même berger pour mes frères ou loup redoutable, suivant ce vieil adage romain : "L'homme est un loup pour l'homme" ? Jésus, Lui, fut un Bon Berger qui s'est comporté comme l'Agneau livré : "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde" !

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