lundi 14 septembre 2020

24e Dim. T.O. 20.A L’évangile de dimanche dernier nous invitait à régler notre comportement vis-à-vis des autres en nous souvenant que nous sommes “frères”, fils du même Père, d’un Père qui tient à ce que “personne ne se perde”... Aussi, concluait l’évangile, il faut tout tenter pour sauver, pour “gagner” ce frère ! L’évangile d’aujourd’hui va encore plus loin. Il rappelle que les disciples ont d’autant moins de raison d’accepter “qu’un seul de ces petits ne se perde” qu’ils sont eux-mêmes pécheurs, débiteurs insolvables dont la dette totale est cependant remise. Ils sont bénéficiaires d’un pardon qui appelle le pardon. Déjà, l’A.T. enseignait “Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, nous dit la 1ère lecture, comment peut-il demander à Dieu la guérison ?" C’était déjà, là, un immense progrès, une victoire sur la vengeance naturelle proclamée au début de l’humanité et qui, malheureusement, est parfois d’actualité ! Le livre de la Genèse rapporte l’âpreté de la vengeance d’un descendant de Caïn : “Femmes de Lamek, écoutez-moi : j’ai tué un homme pour une petite blessure, un enfant pour une meurtrissure. Oui, Caïn sera vengé sept fois, et Lamek 77 fois 7 fois". – Avec Moïse et depuis l’Alliance avec Dieu, les relations humaines devenaient moins tendues. – Mais Jésus va encore beaucoup plus loin. Son exigence, à lui, réside dans l’extension illimitée au précepte du pardon : “Non pas 7 fois, mais jusqu’à 70 fois 7 fois" (LExpression qui rappelle la formule de vengeance de Lamek). – La casuistique juive admettait au temps de Jésus que le chiffre de 3 ou 4 pardons était un chiffre acceptable. Et très souvent nous pensons de même : ne dit-on pas familièrement : “Une fois passe, deux fois pas encore, mais trois fois… !”. – Pierre qui dépasse apparemment cette mentalité en envisageant 7 pardons demeure enfermé cependant, et nous avec lui souvent, dans cet esprit humainement calculateur. Il juge légitime encore qu’un homme ne pardonne pas. Il reconnaît à un homme le droit de se croire à ce point supérieur à son “offenseur”, à son “débiteur” qu’il puisse refuser de pardonner. Or, la parabole évangélique dénie à quiconque le droit de se juger supérieur à son frère en quelque manière. Car avant de juger autrui, il doit admettre qu’il se trouve dans la situation d’un débiteur, d’un débiteur par rapport à Dieu ! Et ce sentiment doit inspirer notre charité et notre foi ! Notre charité d’abord ! Car c’est Dieu qui nous a aimés le premier : il nous a créés pour participer à son amour. Il nous a pardonnés en mourant pour nous sur une croix. Et toute notre action doit découler de cette parole : “Père, pardonne-leur ; ils ne savent ce qu’ils font”. C’est la dernière parole du Christ avant sa mort. C’est son testament … Un testament d'amour… divin ! Le pardon est la fleur de la charité. Et le chrétien doit la cueillir car il sait que c’est l’expression de l’amour même de Dieu à son égard. Le Christ nous a rachetés en pardonnant. Le chrétien doit participer à cette rédemption en pardonnant. C’est dans le mesure où il pratiquera la rédemption par le pardon qu’il entrera dans le mystère de la Rédemption du Christ et qu’il en recevra les fruits : la vie avec le Dieu-Amour L’exercice du pardon doit être également l’expression de notre foi qui est le fait de se comporter comme on demande à Dieu de le faire à notre égard, dans le “Notre Père” : “Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons”. – Cette conduite de Dieu que nous souhaitons pour nous, cette miséricorde qui nous arrachera au péché par le pardon, il faut d’abord que nous l’assumions nous-mêmes à l’égard des autres. Et c’est par là que nous manifesterons notre foi. Une foi qui fait que le chrétien prend comme conduite à l’égard de son prochain celle qu’il attend du Seigneur à son égard : “Puisque nous pardonnons, Seigneur, pardonne-nous, à nous aussi”. C’est par la foi qui se scelle dans le pardon que l’homme accédera au Royaume de Dieu puisqu'il ne peut pas y accéder en tant que juste, mais en tant que pécheur pardonné. La porte du Royaume, c’est le pardon reçu du Seigneur. Et nous croyons à ce pardon divin, source de bonheur, dans le mesure ou nous pardonnons, nous aussi : “Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera à vous aussi”. Et nous pourrions dire avec plus de justesse la prière que Jésus nous a enseignée : “Que ton Règne vienne, que ta volonté soit faite. Pardonne-nous comme nous pardonnons”